L’artefact.
Chaud. La chaleur m'étouffait. Le soleil brillait haut dans le ciel en cette journée étouffante d'été, à mon grand déplaisir. Le ciel était clair, sans l'ombre d'un nuage, brillant du bleu pale qui entourait les steppes. En parlant de steppes, je me trouvais alors dans le creux d'un petit val assez verdoyant, ressemblant de loin aux plaines de Terra. Un petit sentier peu utilisé serpentait entre les collines, tel un mince ruisseau. Au détour d'un virage, j'attends. J'attends depuis déjà quelques heures, assis en tailleur au beau milieu du chemin, les mains sur le sabre dégainé qui trône sur mes genoux.
De mon regard acéré par l'immensité du désert, je contemple le lointain, cherchant la moindre ombre de la jeune femme que j'attends. Alors que mes yeux ne cessent leurs allées et venue sur la route, mon esprit se laissa aller à revoir ce qui s'était passé depuis une petite semaine.
Il y a quelques jours, alors que nous venions de terminer un raid avec un franc succès, je constatais que deux de mes meilleurs guerriers gisaient au sol, souffrant de blessures importantes. Habituellement, nous aurions achevés les deux hommes, leur évitant des heures de souffrances, cependant, ceux-ci étaient des Sang-coureur
1, des hommes avec qui j'ai partagé mon sang et qui constitue le lien le plus fort entre un Khal
2 et des guerriers, plus encore que le lien familial.
Je ne pouvais pas les abandonner et cherchais donc un sorcier ou un guérisseur parmi les esclaves pris le jour même. Malheureusement, le seul homme qualifié pour les aider était un apothicaire tremblant. Pour le motiver à faire correctement son travail, je lui ai promis liberté, or et femme s'il soignait les deux hommes, ainsi qu'une mort lente et douloureuse s'il échouait. Malgré cela, il ne put pas faire grand-chose pour eux, leurs blessures s'infectant et étant trop sérieuses pour un simple herboriste. Je ne pouvais pas trahir pas sa promesse, le tourmentant donc pendant de longues heures, où le seul bruit qu'on entendait dans le camp était le claquement d'un fouet et les cris du pauvre homme. Entre deux hurlements désincarnés, il me donna une information. Un objet pouvait soigner les deux hommes. Un objet qui se trouvait en plus dans la région, un bâton de guérison des blessures graves. L'homme ne savait rien de plus, je m'en suis assuré par la suite.
Après avoir fini avec l'homme, je me suis mis à réfléchir, on ne pouvait pas traverser ces steppes sans passer par une ville pour un ravitaillement. Alors que je réfléchissais à quelle ville visiter, une idée s'imposa en moi. Karnak. C'était la plus grande ville de la région et la majorité des voyageurs et des aventuriers de tous poils venaient se reposer dans ce hameau de bûcherons. À peine l'idée traversa-t-elle mon esprit, que je sellais mon cheval et partais au galop, seul, en direction de la fameuse ville. Alors que je traversais la ville au trot, me dirigeant vers la seule taverne du lieu, les gens me fixaient avec mépris. Hé oui, j'étais leur ennemi après tout. Un de ces barbares sans cœur et sans pitié qui envahissent leurs terres, brûlent leurs possessions et violent leurs femmes. Ce n'était pas véritablement faux, sans être totalement vrai, mais je n'y pensais pas pour le moment, concentré sur la mission que je m'étais donné.
Alors que je pénétrais dans un établissement douteux répondant au doux nom de la Cruche Percée, constatais qu'il n'y avait que des habitués. Je discutais quelques minutes avec chacun, glanant des informations. Finalement, l'un des piliers de bar me dit en l'échange d'une pinte :
"Un bâton magique ? J'sais pas, mais je sais qu'il y a quelqu'un qui peut utiliser la magie pas loin ! C'matin, alors que finissait l'potager, une belle dame est passé par le village. Tsé, c'pas le genre de dame du coin, là c'était la belle fille, bien comme il faut, mais elle était fringuée comme les foutus aventuriers du coin, 'vec un grand arc et une épée. Le fait que j'dise qu'elle maîtrise la magie, c'est qu'elle avait des oreilles en pointes, comme les lointains elfes ! Tout le monde sait qu'ils maîtrisent la magie ..."
J'ai encore glané quelques informations, m'assurant que c'était bien là la personne que je cherchais. Une fois certain de la chose, je quittais l'établissement sans un regard pour les ivrognes, et allais reprendre mon étalon. Décidé à prendre ce bâton, je me suis mis à chevaucher à bride abattue vers le chemin où vraisemblablement la jeune femme était partie. Profitant de ma connaissance du terrain, je suis passé par des sentiers cachés, connus uniquement des locaux, pour arriver loin en avant sur le sentier. Quand mon cheval a commencer à fatiguer, j'ai posé pied à terre et ai examiné le chemin principal. Aucune trace de pas fraîches, je me trouvais devant l'elfe. C'est à ce moment que je me suis assis sur le chemin, prenant la position décrite un peu plus tôt, l'attendant avec impatience.
Je pense que vous l'aurez compris, je ne suis pas vraiment d'un naturel patient, et laisser mes penser vagabonder comme cela, sans rien faire, m'énervais au plus haut point. C'est comme cela que je me suis mis à penser à ce qui m'énervait dans la situation à venir. Le premier point était la magie. J'ai toujours eu un a priori sur la magie, car je pense que tout homme ne se battant pas avec la force de ses muscles, l'agilité de son corps et la vivacité de son esprit est un homme lâche. Devoir y recourir, même pour sauver des amis, était un calvaire pour le Khal
2 que je suis. Le second point concernait la jeune femme qu'il allait rencontrer. On lui avait décrit comme une femme guerrière, armée, ce qui pour la société misogyne des Dothrakis
3, était une aberration sans nom. C'était les hommes qui devaient faire la guerre, pas les femmes.
Il fut coupé dans ses élucubrations, croyant avoir aperçu un mouvement dans le lointain, observant la zone avec attention ...
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1 : Groupe de guerrierss / gardes, qui protègent Drogo.
2 : Titre de chef de clan, Drogo ici.
3 : Peuple que dirige Drogo.