Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Les landes (PV)

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Les landes (PV)

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Cyanne

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 30 vendredi 24 avril 2009, 19:52:12

http://www.youtube.com/watch?v=TdOYXlcKjGY&feature=related
musique d'ambiance ;D

Cyanne eut un cri quand il saisit sa main, ne le reconnaissant pas pendant un moment, le fixant ebahie, ses yeux grands ouverts en sa direction. Elle deglutit difficilement, sans le quitter des yeux, et passa sa main sur sa nuque. Elle eut un sursaut, et reconnut quelque chose de familier au sommet de son dos. Elle avait les mains moites comme jamais, trempées comme si elle venait de les tremper dans de l'eau, et eut un sourire eclatant et étonné un instant. Elle fixa Khral, les yeux grands ouverts, toute joyeuse, sans pour autant pouvoir ajouter un seul mot, ceux-ci se cognant dans sa gorge sans pouvoir sortir. Elle attrapa la main de Khral, la serrant comme jamais, et tout à coup ... tout changea.

Ses jambes s'illuminérent violemment, eblouissantes. Elle eut un rire enfantin, sans pour autant le lâcher, et ferma les yeux, son sourire toujours plaqué au visage. Elle sentait des picotements dans tout son corps, comme des brûlures, et ouvrit les yeux à nouveau. Ses vêtement disparurent petit à petit, une partie de son buste et ses jambes se recouvrérent d'ecailles lentement, tout d'abord comme si de petites étoiles tombaient sur elle, pour laisser apparaitre son corps " normal " ( selon elle ) . Au bout de sa queue de poisson apparut une nageoire argentée. Elle passa sa main libre sur ses jambes, le sourire aux lévres.


- Khral ... begaya t'elle.

Elle agita sa queue de poisson sur le sol, toute souriante.

C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs.




Saïl Ursoë

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 31 dimanche 26 avril 2009, 18:44:09

Si tu le prends comme ça

Elle paniquait : de toute évidence, ses cauchemars l’avaient sévèrement atteinte, si bien qu’elle passait maintenant par cette phase bien connue durant laquelle la personne ne sait pendant un instant plus différencier la réalité du rêve. A ajouter à cela qu’elle n’avait rencontré Saïl que depuis peu, sa mémoire à court terme n’ayant par conséquent eu que trop peu de temps pour faire passer les informations sur l’homme-loup dans sa mémoire à long terme et ainsi le reconnaître comme un être familier et non un parfait inconnu. Malgré cela, Khral n’en maintint pas moins sa prise sur la petite menotte, non sans remarquer désormais un détail fort troublant : Cyanne était couverte de quelque chose de liquide qui lui couvrait apparemment l’intégralité du corps, collant ses vêtements à sa peau et humidifiant la paume de son protecteur, et que celui-ci ne pouvait attribuer à des sudations, l’odeur ne laissant en réalité que peu de doute sur l’origine d’une telle substance.

(Soluté aqueux mêlant comme composants principaux du H2O et du NaCl : de l’eau de mer !) Diagnostiqua en un clin d’œil son flair habitué à identifier pour ainsi dire tout composé connu d’un esprit humain et même plus.

Ce constat soudain impossible mais bien réel le laissa pantois, émerveillé devant ce qu’il concevait à bon droit être un miracle, et tel était manifestement aussi le cas de l’adolescente, qui n’avait plus l’air de savoir où elle en était, tâtant son corps comme si elle doutait qu’il fût encore le sien. Suivant du regard la main qu’elle portait à sa nuque, le cœur de Saïl fit un bond dans sa poitrine lorsqu’il aperçut à la faveur d’un pétillement des flammes devenues vacillantes l’éclat d’une pierre précieuse qu’il ne tarda pas à lier à ce que sa propriétaire retrouvée lui avait raconté à ce sujet. C’était véritablement un miracle, et à l’instar de la miraculée, le visage du loup-garou se fendit d’un grand sourire d’exultation enthousiaste légèrement incrédule, ne se souciant désormais plus de l’apparence que pouvait lui donner cette expression faciale qu’il redoutait pourtant tant : la magie saturait l’air ; quelque chose d’hors du commun allait se produire, et la seule chose qu’il espérait était que cela ne serait pas trop douloureux pour l’ex-sirène qui risquait bien de ne plus être si « ex » que ça si leurs espoirs à tous les deux ne se voyaient pas trompés. En tout cas, il l’accompagnerait dans ce changement, et il raffermit cette résolution en repositionnant sa patte de manière à ce que Cyanne pût s’en saisir sans s’écarteler les doigts, ne bronchant nullement lorsque, à sa grande surprise, il sentit une légère douleur lui parcourir le bras… non, en fait il ne s’agissait pas tant d’une douleur à proprement parler que d’une sensation de voir son énergie être consommée, comme de la cire alimentant une flamme. Il ne savait pas si cela était dû à son imagination qui, cumulée à la fatigue qu’avaient induite les extraordinaires évènements récents et présents, faisait s’abattre tout à coup tout le poids de telles péripéties sur lui ou si c’était réellement le contact de la jeune fille qui drainait ses forces, mais toujours était-il qu’il campa sur ses positions, décidé à ne pas quitter son chevet, ses prunelles rivées dans les siennes en signe de soutien.

Quoi qu’il en fût, ce qui se tramait chez elle ne tarda pas à éclater sous forme d’un liseré d’une puissante lumière nacrée qui entoura la partie inférieure du corps de la demoiselle comme un cocon d’énergie pure. Surpassant le son légèrement stridulent qui accompagnait pareille manifestation, l’éclat de rire cristallin de la fillette résonnait comme l’écho de quelque splendide nymphe sur les parois de la caverne, se répercutant sur les parois gravées de symboles qui en avaient presque l’air de s’illuminer également tels des glyphes mystiques alors que ce qui ne pouvait être qu’une métamorphose se produisait sous les yeux de Saïl, aussi extatique que sa chère amie en dépit de l’impression d’absorption qui ne faisait qu’aller croissant, semblant puiser sans mesure apparente dans les considérables forces de l’homme-loup.
Pour autant, il n’en prêtait pas moins une attention presque vorace à la transformation qui s’opérait sous ses yeux, et qui commença par la disparition pure et simple des effets vestimentaires de Cyanne, comme sous l’effet d’un fuseau invisible qui aurait effiloché à grande vitesse les étoffes qui couvraient son corps, attentat à la pudeur dont l’importance se voyait fortement minimisée par le caractère féerique de la situation : en une inqualifiable sublimation de l’être, elle reprenait la forme qu’elle avait jadis revêtue et qu’elle n’avait perdue que pour la regagner en ce moment même alors qu’une mystérieuse puissance divine la parait de ses plus beaux atours, remplaçant progressivement les jambes humaines par une prolongation délicatement écailleuse de son bassin qui allait en s’effilant. Résultat de cette alchimie qui dépassait les bornes du physiquement possible, une magnifique queue de poisson qui donnait tout son sens au conte d’Andersen, ou plutôt qui faisait croire qu’il avait été écrit en ayant en tête cette image précise d’exquise créature aquatique.

Doucement, comme un grondement d’orchestre s’achevant progressivement pour laisser les spectateurs ébouriffés et sans voix, l’intensité lumineuse baissa pour donner un caractère plus posé à la scène qui en conservait toutefois tout l’enchantement. La voix hésitante de Cyanne, ponctuée d’un hoquet latent de bonheur, se fit alors entendre, Saïl l’observant avec toujours autant d’attention. Ce dernier, en bon praticien, avait gardé une expression placide qui n’empêchait pas le grand sourire qu’il offrait de s’afficher dans tout ce qu’il avait de chaleureux : on aurait dit un médecin constatant avec une grande joie le redressement spectaculaire d’un patient. Il cligna lentement des paupières en une sorte de conclusion posée de ce qu’il venait de voir, conservant un air bienveillant et éveillé en dépit de la fatigue qu’il sentait poindre en lui :

« Je t’avais dit de ne pas perdre espoir. »
Diagnostiqua-t-il.

Puis il ne se contint plus, et au lieu de s’en tenir à agripper sa main, il porta ses paluches à son buste pour soulever la radieuse sirène dans les airs, se levant d’un bond alerte pour la promener en un joyeux ballet tournoyant qui les porta à l’extérieur de la grotte où Khral brandit sa protégée à bout de bras comme pour mieux l’observer sous la lumière lunaire, s’exclamant triomphalement :

« Je te l’avais dit ! »
« Modifié: lundi 27 avril 2009, 15:55:11 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Cyanne

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 32 lundi 27 avril 2009, 18:16:43

Cyanne fut un peu surprise de se retrouver ainsi, secouée dans les airs. La transformation avait rendue sa queue de poisson sensible, et le moindre choc était douloureux. Elle avait l'impression de se réveiller avec une longue année de convalescence, les muscles endoloris, la peau sensible comme couverte de bleus, les yeux qui lui piquaient et la bouche séche comme du papier buvard. Elle sentait son coeur battre dans sa poitrine, comme s'il allait sauter hors de sa cage thoracique et de son buste. Elle eut un petit sourire un peu forcé, ne voulant pas mettre Khral mal à l'aise, et lui hurler " Tu me fais mal !! ". Elle se contenta de savourer l'instant, elle même n'en revenait pas. Sa pierre lui brûlait la nuque, comme un feu allumé dans ses cheveux. Si on avait pu s'attarder sur ses yeux, on aurait remarqué qu'il bougeaient, que l'ocean se reflétait dans son iris qui avait grandis, et sa pupille devenant plus petite.

- Khral ... Peux-tu ... me reposer par terre, s'il te plait ?

Il la posa sur le sol ( je prends des initiatives, je pense que de toute façon tu m'aurais posée sur le sol ), et elle admira encore son nouveau corps. Sa main passa sur sa nuque, et une inondation de bonheur passa en elle. Dieu qu'elle était heureuse ... elle passa sa main le long de ses " jambes " , et sentit la queue fremir sous son contact. Elle plia les genoux et une douleur affreuse la traversa tandis qu'elle sentait et entendait craquer ses nouvelles arêtes. Elle eut une grimace de douleur, et reposa sa main sur sa pierre. La queue de poisson s'evapora, lui rendant la tenue que recupere chaque siréne en quittant sa queue de poisson : une toge blanche, fine et légére, au contact doux. Elle releva les yeux vers Khral.

- Si je peux ... tu peux, dit elle en fremissant. Il suffit que ... tu y crois. Je ne sais pas comment j'ai fait, c'est ... inexplicable !

Elle eut un grand sourire et passa sa main dans ses longs cheveux. Elle voulut se redresser sur ses pattes, mais tomba en arriére. Tout revenait, comme au début. Elle ne pouvait plus marcher ... ça viendra, songea t'elle en souriant, positive. Elle tendit sa main a l'être devant elle, un grand sourire sur les lèvres, une ecaille qu'elle s'etait arrachée dans la paume de cette main, comme un cadeau, un tresor.

C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs.




Saïl Ursoë

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 33 lundi 27 avril 2009, 19:35:55

A voir le sourire crispé qu’elle afficha, Saïl se douta que quelque chose clochait, que la transformation ne s’était pas faite aussi idylliquement sans douleur qu’il l’aurait pu croire, doutes raffermis par le teint que sa peau avait pris : celui-ci, auparavant d’un beau rose velouté, était devenu rouge vif, comme victime de fort douloureuses irritations qui auraient mis à mal chacune des parcelles de son corps. Si émerveillé qu’il fût de la métamorphose qui s’était produite sous ses yeux, Cyanne paraissant maintenant tout bonnement une personne toute autre, il n’en était pas pour autant sourd à ses protestations, et ce fut avec un sentiment de déconfiture qu’il la déposa précipitamment avec tous les égards dont il était capable, se gourmandant amèrement pour s’être montré si brutal, balbutiant maladroitement une chaîne d’excuses diverses et variées. S’écartant ensuite respectueusement de la créature sacrée qu’il avait osé balader aussi étourdiment, il la laissa constater les résultats obtenus sans piper mot de son côté, les mains croisées au niveau de son bas-ventre en l’absence de quelque chose d’utile à faire. En tout cas, elle semblait se délecter de son retour aux sources en dépit de l’expression de souffrance semblable à celle d’une femme en labeur qui s’afficha sur son visage lorsqu’elle tenta d’agiter sa queue.
L’homme-loup eut un hoquet de surprise lorsqu’il vit cet appendice caudal marin disparaître comme par magie (quel mot aurait pu davantage convenir que celui-ci pour cet être fée ?) pour être remplacé par un bas de corps tout ce qu’il y avait de plus humain. Une fraction de seconde, il amorça un mouvement d’une de ses pattes pour la porter à ses yeux et ainsi cacher la vision fort peu convenable qui aurait pu s’offrir à lui, mais poussa un soupir intérieur de soulagement en voyant qu’une toge d’une élogieuse blancheur était aussitôt apparue pour cacher les formes exquises de la désormais sirène. Vêtue ainsi, elle avait quelque chose d’une vestale, ces prêtresses dont la beauté n’égalait que la pureté, cette comparaison étant renforcée par la virginité que Cyanne avait de toute évidence retrouvée pour que le port de cette pierre fichée sur sa nuque lui fû à nouveau accordé. Bien entendu, tout cela défiait encore une fois les lois de la physique, mais quelle importance ? Saïl ne s’étonnait maintenant plus de rien, et sans qu’il fût pour autant blasé, s’émerveillant toujours autant de ce qu’il découvrait, il était capable de prendre davantage de recul par rapport aux évènements extraordinaires dont il pouvait être témoin.

La voix de la jeune fille, porteuse d’un message d’espoir, le rappela à la réalité. Malheureusement, si enthousiaste qu’elle fût, elle ne pouvait avoir raison : de la même manière que la science n’aurait apparemment rien pu faire pour elle, rappeler à lui ses origines humaines par des efforts mentaux, si forts pussent-ils être, n’aurait eu d’autre effet que de lui donner la nostalgie des jours passés.

« J’ai bien peur que non. » Répondit-il d’une voix aussi neutre que possible en secouant catégoriquement la tête. « Un produit chimique m’a mis dans cet état, et seul un antidote lui aussi chimique pourra m’en sortir. »

Ce n’était peut-être pas tout à fait vrai, mais il n’en démordrait pas, car il y avait une autre raison qui le poussait à vouloir explorer cette voie-ci et pas une autre : son orgueil toujours aussi prononcé quelles que fussent les circonstances le poussait à vouloir résoudre ses problèmes par lui-même, sans qu’il fût besoin de demander l’aumône à quelque puissance supérieure. Il n’était pas n’importe quel petit grouillot de laboratoire, mais un génie, et il montrerait au monde entier ce dont il était capable, nom de Lavoisier ! Pour autant, ça ne l’empêcha pas d’apprécier l’attention de Cyanne à sa juste valeur, et de recevoir ses encouragements avec un grand sourire qui se mêla d’attendrissement lorsqu’il vit les efforts infructueux de sa protégée pour se mettre debout, pareils à ceux d’un tout jeune faon ne tenant encore que maladroitement sur ses jambes, mais ne désespérant pas pour autant d’être bien vite capable de se mouvoir à son gré comme le montrait le sourire radieux de la demoiselle aux cheveux d’or.
A propos d’or, le regard de Khral fut attiré par un scintillement venant de la main tendue de l’adolescente, brillance qui venait d’une écaille encore luisante dont elle lui faisait manifestement don. Quel cadeau ! C’était le deuxième, et bien que le premier fût d’une valeur gastronomique autant que sentimentale inestimable pour Saïl, le second représentait indubitablement quelque chose qui n’avait pas de prix : il était conscient que beaucoup auraient été prêts à se battre pour pouvoir mettre la main sur une écaille de sirène, mais lui se moquait de sa valeur monétaire car il s’agissait d’une parcelle de son être dont il prendrait le plus grand soin du monde.

« J’y ferai attention comme à la prunelle de mes yeux. » Promit-il avec solennité d’une voix émue tout en se saisissant précautionneusement du précieux souvenir qu’elle lui concédait.

Et maintenant que l’exaltation des premiers moments était un peu retombée, la félicité d’un pareil miracle restant cependant d’une même intensité, que convenait-il de faire hormis de rester dehors à contempler Cyanne ? Non pas que l’activité fût déplaisante en soi, mais il devait bien être possible de trouver quelque chose de plus constructif : il pensa un moment à ce qu’ils rentrassent tous deux pour éviter qu’elle ne prît froid dans un air aussi humide, mais il se ravisa et se dit qu’il y avait quelque chose qu’elle devait désirer plus ardemment depuis un bon moment.

« Dis Cyanne, tu voudrais aller à la mer ? »
Proposa-t-il, un demi-sourire engageant sur les lèvres.
« Modifié: lundi 27 avril 2009, 20:11:14 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Cyanne

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 34 mardi 28 avril 2009, 15:04:33

Cyanne cligna des yeux brusquement, passant sa main sur sa toge pour la repasser " avec les moyens du bord ". Elle stoppa toute activité, restant stoïque et immobile, comme si on venait de lui pointer une arme sur sa tempe. Elle eut une grande inspiration violente, comme prise d'une reflexion intense. La mer ... on venait de lui proposer une petite ballade à la mer. Revoir la mer, sentir le sable, caresser les poissons et jouer avec les algues, avancer toujours plus loin , "et celle qui gagnera la course aura le droit de venir manger chez moi ce soir !! ". Elle eut un petit sourire en repensant à ses chéres amies, qui ne cessaient d'être avec elle, et de ces courses qu'elles organisaient où jamais elle ne gagnait, mais où toujours elle avait le droit de venir manger chez son amie. Elle se frictionna quelque peu les bras, se relevant maladroitement, s'agrippant à Khral. Elle posa son regard dans le sien.
- Ne vas pas te fatiguer. Je peux y aller moi même, dit elle simplement.

Elle fit claquer ses doigts, une autre ecaille apparut entre ses doigt. Elle la cala au fond de sa paume, au chaud, et se retourna vers Khral.

- Fais de même, et concentre toi trés fort sur moi, d'accord ? Il ne faut pas que tu te perdes. Tu fermes les yeux, et tu penses trés fort à moi.

Elle ferma ses yeux, un air paisible sur le visage, murmurant quelques paroles dans sa langue, et l'écaille se mit à briller. Elle inspira violemment, se concentrant. La falaise ... la grotte ... le recif ... le rocher ... l'île ... elle releva un peu le visage, les yeux toujours clos. Il ne fallait pas qu'elle se trompe. Elle faisait souvent ça pour rejoindre ses amies : on arrache une écaille et HOP, on les rejoint. Cela demandait beaucoup de concentration, notamment pour elle. Il fallait qu'elle l'emmene, le depose dans un lieu dont elle ne souvenait trés bien. Elle hocha la tête, la repoussa en arriére violemment, et sentit l'ecaille chauffer. Et tout se passa trés vite ... Elle eut la sensation que sa tête lui tourner, puis qu'un de ses ganglions allait exploser pour sortir de sa gorge, comme si son coeur battait dans sa gorge. Ses cheveux battaient dans tout les sens, sa toge se relevée légérement, et elle tomba lourdement sur le sol. Elle passa sa main par terre, et ouvrit les yeux.

- On y est ! On y est !

Elle se releva, ferma les yeux et songea trés fort a son ami, lui envoyant par télépathie ( yeaah ! telepathie power !! ) un message pour qu'il lui suive et fasse comme elle. Elle tourna sur elle même, contemplant les lieux : elle y était ... la plage, la grotte, la falaise, et l'île au loin. Son peuple ne devait pas être loin ...

C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs.




Saïl Ursoë

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 35 mardi 28 avril 2009, 17:46:42

De toute évidence, la proposition était très tentante pour la jeune (?) sirène si l’on se fiait au sourire rêveur qu’elle arborait, les yeux perdus dans le vague, sa vision ayant certainement plongé par la fenêtre de sa mémoire dans de lointains souvenirs heureux de l’époque où elle avait fait partie intégrante de ce peuple des eaux étonnant et inconnu. Pour que des remembrances du passé fussent si poignantes pour elle, passer du temps en tant que simple humaine avait dû être quelque chose d’éprouvant, encore plus que de se retrouver métamorphosé en homme-loup pour Saïl, car si ce dernier avait gagné en force, en vigueur et en perceptivité en se voyant doté d’attributs animaux, elle devait avoir perdu toute une part d’elle-même. Bien sûr, il n’aurait rien voulu davantage que de permettre à Cyanne de retrouver les contrées de son enfance, et ferait tout ce qui était en son pouvoir pour se permettre, mais il redoutait d’un autre côté que la déconfiture fût au rendez-vous pour elle : et si jamais elle venait à être considérée comme une paria parmi les siens pour s’être détournée des voies de son peuple ? Et si, pire, rien ne venait à être comme elle l’avait connu, son pays natal ne consistant plus qu’en des ruines de la civilisation jadis prospère et majestueuse de laquelle elle aurait fait partie ? Mieux valait ne pas s’échafauder de pareils scénarios-catastrophes, et plutôt attendre de voir quelle serait la décision de l’intéressée et ce qu’il en ressortirait… et à ce propos, si la teneur de sa réponse fut celle à laquelle il s’attendait, il eut de quoi écarquiller les yeux lorsqu’elle répondit catégoriquement pouvoir se débrouiller par elle-même pour faire le trajet : la mer la plus proche était à des kilomètres et des kilomètres, comment pouvait-elle espérer s’y rendre sans que cela prît un temps si considérable que la route s’en voyait littéralement rendue virtuellement impossible ?!
En dépit de son scepticisme, le diligent Khral n’en aida pas moins le plus obligeamment du monde sa protégée à se relever, s’apprêtant tout de même à lui faire la remarque de ses estimations logistiques. Toutefois, ses yeux qui avaient depuis sa transformation quitté leur teinte café crème pour prendre celle d’un bleu océan d’une troublante profondeur luisaient d’un pétillement d’astuce qui portait à croire qu’elle avait une idée derrière la tête, mais laquelle alors ? La réponse à cette interrogation incrédule ne tarda pas à venir sous la forme d’un claquement de doigts sonore suivi d’une courte étincelle de lumière qui laissa apparaître la sœur jumelle de ce que le loup-garou tenait toujours précautionneusement dans sa main. A être spectateur de pareille prestidigitation, il se douta qu’il était loin d’avoir fini de voir de la magie, et il s’avéra très vite qu’il ne se trompa pas lorsque, après des recommandations dignes d’une apprentie hôtesse de la mer que la sirène était de bien des façons, elle commença à entrer dans une sorte de transe, yeux fermés, psalmodiant des paroles de quelque idiome inconnu tandis que l’écaille se mettait à scintiller d’une brillance tout simplement surnaturelle.

(Ca va secouer !)


Pressentant à bon droit qu’un considérable remue-ménage était imminent, le loup-garou se précipita d’un bond vers sa « porte » qu’il referma avec un grognement d’effort, calant hâtivement l’énorme rocher contre l’ouverture de sa maison afin qu’aucun intrus ne pût en franchir le seuil durant l’absence qu’il prévoyait. Ensuite, ne sachant trop que faire d’autre, il revint en vitesse aux côtés de Cyanne pour se saisir de sa main libre qu’il serra étroitement comme un point d’amarrage vital tout en se concentrant autant qu’il lui était possible sur ce petit morceau de queue dans son poing : fermant les yeux, il se représenta ce qu’il enserrait comme étant le portail vers un monde qui, bien qu’inconnu, ne demandait qu’à le recevoir. Évidemment, à part ça, il nageait complètement dans le brouillard, et devait laisser à contrecœur la partie la plus importante du travail à la magicienne dont il ne pouvait comprendre l’incantation bien qu’il devinât que celle-ci allait s’intensifiant d’après les mouvements de plus en plus agités qu’il percevait. De son côté, il sentit une chaleur étrange, comme celle ressentie en se plongeant dans une eau bouillonnante, sourdre dans sa paume pour envahir son bras puis l’entièreté de son corps tel un courant qui le liquéfierait petit à petit. Il avait l’impression d’être un cosmonaute en attente de la dépressurisation d’un sas, et cette sensation se fit d’une netteté redoublée lorsque son souffle fut soudain coupé et que ses membres lui parurent ballotter dans un indicible vide, comme catapulté vers des horizons inconnus dont il ne pouvait rien discerner à cause de ses paupières closes : la tentation était grande de laisser son regard embrasser ce au sein de quoi il pouvait bien filer en ce moment même, ne fut-ce que pour se rassurer et pouvoir se dire qu’il n’était pas en train de faire un aller simple pour l’au-delà, mais, conservant bien en tête les impératifs dictés par celle qui était à l’origine même de ce sortilège, il se gardait d’un pareil manquement avec la plus grande résolution, car la magie lui était en cette occasion plus que jamais un domaine où il était néophyte, et comme le voulaient les règles les plus basiques de sécurité, il ne fallait pas se laisser aller à contrevenir aux instructions de personnes plus chevronnées dans le domaine où vous évoluiez.
En revanche, si l’humain faisait de son mieux pour garder la tête froide, mordant sur sa chique pour ne pas céder à la terreur en attendant que cette espèce d’éjection voulût bien prendre fin, le loup était de son côté complètement paniqué, et bien qu’il se retînt de pousser des jappements d’effroi (c’est qu’il avait sa fierté tout de même !), il ne put empêcher des geignements couinants de monter de sa gorge.

Mais comme toute chose au monde, le voyage finit heureusement par toucher à son terme, en une sorte d’atterrissage forcé qui fit retomber Khral cul par-dessus tête sur une surface poussiéreuse familière où il boula quelques secondes avant de se reprendre et de se dresser par réflexe sur ses pattes, chancelant, et de prendre une inspiration à faire éclater ses poumons tout en ouvrant grand les yeux. Aussitôt, ses sens furent littéralement saturés par la cascade de nouveaux éléments qu’il avait à constater : du sable, du sel, de l’iode… une plage, une mer, une île… et juste devant lui, Cyanne qui exultait, poussant de grands cris de joie d’avoir manifestement réussi ce que Saïl ne pouvait désormais appeler d’un autre nom que téléportation.
C’était tout bonnement incroyable, et il dut se mordre la lèvre avant de pouvoir se dire que tout cela n’était pas un rêve, qu’il avait véritablement fait une espèce de saut dans l’espace-temps avec l’aide d’une magie sirénienne qui l’avait propulsé à au moins des dizaines de kilomètres de l’endroit où il se trouvait auparavant. Mais d’ailleurs, où étaient-ils ? Le paysage qui s’offrait aux yeux de l’homme-loup lui était complètement inconnu, et il se sentait encore plus étranger qu’il ne se l’était jamais senti depuis son arrivée sur Terra : instinctivement, il se ramassa sur lui-même, les nerfs à vif, parcourant les alentours du regard par crainte d’éventuelles menaces, croisant et décroisant les mains en un geste nerveux qui lui était propre lorsqu’il sentait qu’il perdait prise sur ce qui lui arrivait.

« Mais où ? »
Parvint-il à articuler, autant pour lui-même qu’en réponse aux jubilations de la sirène qui semblait de son côté avoir tout parfaitement sous contrôle.
« Modifié: mercredi 06 mai 2009, 09:47:28 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Cyanne

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 36 mardi 28 avril 2009, 18:56:49

http://www.youtube.com/watch?v=idd_92ajjwY

Cyanne se retourna vers Khral, le visage rayonnant. Jamais les yeux de la petite n'avait autant refleté l'ocean... On les auraient jurés habités. La pierre dans son cou brillait de mille feux, eclatante, comme un petit soleil. Elle eut un long soupir de plaisir, et se rapprocha vers Khral. Elle était dans un état d'excitation et de bonheur intense ... et ça se remarquait. Ses yeux n'avaient plus de globe ni de pupille : il ne restait plus que cette iris bleu. Ces yeux étaient devenus des petits aquariums, dans lequel nageait des populations de poissons, cétacés, requins. Elle s'etira un peu, rejetant ses épaules en arriére, et tendit une autre écaille à Khral, un sourire sur les lèvres.

- Pour toi ... que tu puisses-tu retourner chez toi, tu sais comment faire à présent. Pense trés fort à ton "chez-toi" et tes pieds fouleront immediatement ton sol.

Elle passa sa main sur une de celles de Khral, la serrant violemment. Elle inpira violemment, les paupiéres battantes, le coeur battant. Elle avait en elle une emotion violente, comme si elle pouvait enfin vivre, retourner avec les siens, heureuse à jamais, comme promis. Elle poussa un long soupir, à nouveau, se plaçant prés de Khral. Elle le fixait, presque neutre, partagée entre tristesse et joie. Elle passa sa main au dessus des épaules de Khral, regardant la mer sans rien dire et rien faire de plus que respirer. Elle reconnaissait cette plage, ce lieu, là où elle venait avec sa famille et ses amis, là où les requins nageaient tranquillement, là où elle avait vécue. Tout se mélangea en un instant : elle s'avança doucement vers la mer, prenant le temps de la respirer, d'admirer les vaguelettes, et siffla doucement. Aussitôt, d'autres sifflements jaillirent de l'eau, stridents et doux à la fois, répondant à ses appels. Elle se retourna vers lui, les larmes aux yeux. Larmes de joies, de tristesse ? Impossible de savoir. Elle passa sa main dans ses longs cheveux, sifflant une derniére fois, defit sa toge et plongea dans l'eau.

Il fallut attendre 1 minute avant qu'elle ne revienne à la surface. Elle eut un mouvement de tête gracieux afin de rejetter ses cheveux en arriére, et s'adressa à Khral dans un langage inconnu, puis se reprit en toussotant.


- Je ... te remercie, Khral. Je serais toujours là, pour toi ...

Elle eut un agréable sourire rempli d'attention et de remerciements, passa ses mains sur ses joues pour effacer ses larmes, et plongea dans l'eau, pour ne plus en ressortir.

( je tient a ce que tu repondes  ;D )

C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs.




Saïl Ursoë

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 37 vendredi 01 mai 2009, 04:21:51


Que se passait-il ? Que faisaient-ils ici ? A quoi rimait tout ce remue-ménage ? Par quel effet le sortilège qui avait été utilisé les avait-il amenés jusqu’à cette plage ? Cyanne savait-elle seulement ce qu’elle faisait ?
Ces questions restèrent à dessein irrésolues, excepté pour la dernière, dont la réponse était bien évidemment oui : rien que de voir le regard flamboyant de certitude et de détermination de sa protégée repoussait ses doutes sans qu’ils pussent opposer aucune résistance à une pareille volonté. En réalité, Saïl n’avait plus son mot à dire dans l’affaire, car ils se trouvaient désormais sur le terrain d’un domaine complètement sirénien, sur lequel il n’avait aucune maîtrise, aussi le mieux qu’il pouvait certainement faire était de garder les yeux grand ouverts et de se tenir prêt à tout ce qui pourrait arriver pour se cantonner au rôle de spectateur privilégié qu’il semblait devoir revêtir pour l’occasion. Comment aurait-il pu prétendre pouvoir mettre le holà à ce qui advenait lorsque cela impliquait qu’il s’opposât à cette merveilleuse sirène plus sirène que jamais, dont les yeux avaient tellement l’intensité pure et insondable de la mer que c’en était presque effrayant, et à tout moins saisissant ? Il aurait bien voulu savoir sous quel enchantement il avait l’impression d’une netteté absolue de sonder les tréfonds de l’océan d’un simple coup d’œil dans ceux de la splendide créature qui se trouvait en face de lui, parangon des immensités marines qui resplendissait des forces immortelles et invincibles de son lieu de vie natal, mais il sentait sans aucun doute possible que c’était un de ces mystères sacrés auquel il ne fallait pas chercher d’explication et qu’il valait mieux embrasser dans toute sa magnificence : oui, pour l’une des rares fois dans sa vie, il laisserait la partie scientifique de son être de côté pour goûter pleinement ce moment unique.
Cela dit, il n’était pas aussi à l’aise qu’il l’aurait voulu ; non pas à cause de son absence de contrôle sur les évènements, mais parce que ceux-ci avaient un caractère définitif indubitable : si heureuse que Cyanne parût, il y avait quelque chose qui était de l’ordre d’un adieu dans ses gestes, et auquel il ne parvenait pas à croire. Si peu de temps après qu’ils se fussent rencontrés, eussent fait connaissance, eussent tissé des liens, il fallait déjà qu’ils se séparassent ? Cette simple idée faisait naître une désagréable boule dans sa gorge, et pourtant, il savait qu’il aurait été aussi futile de la repousser que de vouloir empêcher le flux et le reflux : de fait, elle lui fit à nouveau cadeau d’une écaille pour son retour, son retour mais pas le sien à elle, signe que c’étaient là que leurs chemins divergeaient.

Sentir sa main délicate sur sa grande paluche, sans doute pour la dernière fois, lui déchira son cœur d’artichaut, mais il se laissa faire sans opposer de résistance et sans même lui rendre un geste pourtant si tendre, d’une part parce qu’il était trop tétanisé par ce qu’il éprouvait pour pouvoir faire autre chose que sentir et constater, et d’autre part parce qu’il se disait que s’il se mettait à serrer lui aussi, il ne pourrait se contrôler et la broierait aussi férocement et maladroitement que ce grand dadais de Lenny des Souris et des Hommes. Pourquoi fallait-il qu’elle le regardât avec ces yeux si irrésistibles ? Pourquoi fallait-il qu’elle l’observât comme si elle attendait quelque chose de sa part ? Il aurait voulu pouvoir faire quoi que ce fût, par exemple lui parler, mais dès qu’il essayait de prononcer une syllabe, les mots se bousculaient dans sa gorge nouée dont il ne parvenait à sortir qu’une plainte muette venue tout droit de sa poitrine qui se gonflait sporadiquement sous le coup des émotions, aussi il conservait son mutisme pour mieux contenir les larmes qui lui montaient aux yeux.
Toucher d’une douceur insupportable que celui de sa peau douce sur son poil épais qui ne faisait rien pour atténuer les frissons qu’il ressentait à se dire qu’il pourrait faire une croix sur de tels contacts avec le départ de cette petite fée des eaux. « Ne pars pas ! », « Ne me laisse pas ! », « Reste avec moi ! », voici les suppliques qui lui brûlaient les lèvres, mais l’altruisme dont il était imprégné repoussait à contrecœur pareils désirs : vouloir la garder avec lui aurait été comme mettre un oiseau en cage et le priver de la voie des airs, ou plutôt comme mettre un poisson dans un aquarium et le condamner à dépérir dans cet ersatz d’habitat aquatique.

Faisant de son mieux pour penser à autre chose, il observait la plage environnante, mais si pittoresque qu’elle fût à regarder, Saïl n’y voyait que le lieu d’adieu de sa chère Cyanne là où il aurait auparavant contemplé avec émerveillement le résultat de forces de la nature ainsi que tout un écosystème d’un admirable équilibre. Lorsqu’elle se détacha de lui, il eut un geste soudain et instinctif pour la retenir, voulant projeter son grand bras pour l’enlacer et la serrer fort fort fort contre lui, mais cet appendice d’ordinaire si habile pour capturer des proies ne parvenait dans le cas présent qu’à s’agiter de soubresauts pathétiques qui faisaient peine à contempler et que la sirène ne pouvait heureusement pas voir, trop occupée qu’elle était à se retrouver et à rappeler à elle tout ce qu’elle avait été forcée de laisser derrière elle auparavant.
Elle siffla… serait-ce là la dernière chose qu’il entendrait d’elle, ce son si peu humain après tous les mots gentils qu’elle avait eus pour lui ? Cela les éloignait encore plus l’un de l’autre et ce sentimental d’homme-loup dut se mordre la lèvre pour s’empêcher de pleurer, quitte à faire couler le sang à la place. Lorsque des bruissements semblables jaillirent de la mer, de célèbres vers de Poe venus de son poème Annabel Lee surgirent immédiatement à la surface de sa mémoire :


So that her high-born kinsmen came               de sorte que ses proches de haute lignée vinrent,
And bore her away from me,                          et me l'enlevèrent,
To shut her up in a sepulchre                          pour l'enfermer dans un sépulcre,
In this kingdom by the sea.                           en ce royaume près de la mer.



Qu’il aurait été facile de se prétendre dans une situation aussi tragique ; qu’il était tentant de crier à l’injustice et de se lamenter qu’on la lui arrachait des mains pour remplacer le chagrin par la colère ! Mais Saïl n’était pas aussi simple ni abattu au point de se bercer d’illusions : Cyanne n’était en rien son grand amour, et ceux qui venaient à sa rencontre ne la forçaient en rien à venir étant donné qu’elle s’acheminait vers eux de son plein gré. Il devait la laisser partir sans lui donner davantage de regrets que ses beaux yeux bleus embués l’exprimaient. Pourquoi fallait-il qu’elle fût au bord des larmes elle aussi ? Il en venait à lui hurler intérieurement de partir au plus vite et sans se retourner pour ne pas qu’elle pût voir dans quel était lamentable il était en train de se mettre, et dut se faire violence pour imprimer à sa nuque raide un hochement afin d’encourager la petite à revenir parmi les siens.
Splendides cheveux dorés volant au vent comme la crinière de quelque animal hors du commun qui faisaient ton sur ton avec la blancheur immaculée du vêtement qu’elle retirait d’un geste si simple et pourtant si lourd de sens ! Cette fois, il ne détourna pas les yeux, car il voulait capturer jusqu’aux dernières miettes d’images qu’il pourrait obtenir d’elle, et tant pis pour les idées de pudeur : d’ailleurs, ce corps juvénile dénué de tout vêtement lui apparaissait maintenant comme une sorte de consécration de cet art pictural du nu ; dépourvu de tout caractère pornographique, tout bonnement essence même d’une sensualité radieuse !

Lorsqu’elle plongea, le bruit d’éclaboussure résonna en même temps que le craquement dont sembla être victime son cœur, et il ne put plus résister : en quelques foulées d’une folle précipitation, il rejoignit le bord des flots salés et se rua sur cette tunique, seul vestige qu’il conserverait d’elle avec cette écaille qu’il gardait toujours précautionneusement au creux de son poing. Ne pouvant plus contenir sa douleur, il plongea son museau dans cette étoffe à la fragrance si cruellement douce et familière, agité de sanglots qui laissèrent le champ libre à deux ruisseaux de larmes qui s’écoulèrent lamentablement pour se perdre dans sa toison faciale alors qu’il serrait le bout de tissu contre lui : il se moquait bien d’offrir la scène la plus pitoyable qu’on eût pu concevoir, car il était malheureux, et n’avait plus le courage de contenir ses émotions. Envahi d’une rage impuissante, il se mit à frapper le sol trempé à ses pieds de toute la force de ses énormes poings, projetant autour de lui des gerbes de sable gadoueux en poussant une sorte de grognement hululant entrecoupé de hoquets, et il aurait pu continuer ainsi longtemps si ses oreilles n’avaient pas attiré son attention dans la direction de Cyanne qui refaisait surface : à la contempler ainsi, elle était véritablement rayonnante de joie… et pourtant elle pleurait, affectée par la séparation elle aussi. Cela mit un peu de baume sur le cœur brisé de Saïl qui en avait bien besoin, car par cette communion qui les unissait toujours, il pouvait être sûr qu’ils ne seraient au fond jamais loin l’un de l’autre, ne fut-ce que parce qu’ils ne s’oublieraient jamais. Il n’eut pas besoin de la traduction qu’elle lui offrit, car rien qu’à son expression et aux intonations chaleureuses des phonèmes, il avait pu deviner quel était leur sens, peu importât le langage. Les mots refusaient toujours de sortir de sa gorge mais, essuyant ses yeux d’un geste décidé, il lui rendit son sourire d’une manière qui concentrait tout ce qu’il pouvait donner de plus beau, de plus panaché et de plus affectueux… or, même ainsi, cela ne lui suffisait pas : il voulait exprimer ce qu’il éprouvait pour elle dans toute la concentration de sa puissance brute, et ce fut le loup qui trouva la solution.

(Plutôt que de pleurer, saluons-la !)

Oui ! Il allait lui offrir un adieu… non, un au revoir digne du plus passionné des loups ; un au revoir qui se graverait dans sa mémoire et dont elle pourrait se souvenir peu importât le temps qui viendrait à passer ! Délaissant pour le moment la toge blanche, il se positionna à quatre pattes, et gonfla les soufflets de forge qui lui servaient de poumons au maximum de leur contenance pour ensuite pousser un hurlement d’une intensité telle qu’il put s’entendre à des kilomètres à la ronde, et à plus forte raison sous les flots, jusqu’aux oreilles de celle à qui il était destiné. Nul malheur dans ce cri du cœur, mais au contraire tout le bonheur qu’il avait de la connaître, et la promesse d’un souvenir éternel et de retrouvailles un jour ou l’autre, car il était toujours son gardien et elle sa pupille : elle serait là pour lui, il serait là pour elle.

Plein de cette fantastique certitude, Khral se redressa, à bout de souffle, et ramena la tunique contre sa poitrine avant de se laisser lourdement tomber en arrière, haletant, moitié sanglotant d’émotion, moitié gloussant de joie ivre. Ah quelle journée, quelles péripéties, quelle sirène ! Voilà qui resterait incrusté dans l’esprit de Saïl et qui aurait perpétuellement une place de choix dans ses souvenirs : il avait rencontré l’être le plus fantastique qu’il eût jamais connu jusqu’ici, et c’est alors qu’il contemplait le ciel étoilé au-dessus de lui qu’il murmura son nom.

« Cyanne. »


Fin de l’épisode
« Modifié: jeudi 14 mai 2009, 02:12:20 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.




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