Hades sourit imperceptiblement alors qu'il rejoignit la surface une fois de plus, cette fois ci dans la monde des humains. Il ne lassait jamais de la surface, bien qu'il soit condamné à régner pour l'éternité sur le royaume souterrain, les enfers... Il se rappela une fois de plus avec un air nostalgique les longues années de discussion avant que Zeus, Poséidon et lui même ne se mettent d'accord sur l'attribution des domaines. C'était le bon vieux temps, où ils vivaient ensemble. C'était aussi la guerre d'un autre côté, avec les incursions des Titans au plus près du mont Olympe et les batailles quotidiennes. Combien de millénaires s'étaient écoulés depuis lors, combien de siècles, d'éternités à juger les âmes des défunts et à les guider vers le lieu de leur dernier repos. Les Champs Elysées, le Tartare, la Plaine des Asphodèles... c'était avant les nouvelles religions. Maintenant, les enfers servaient de purgatoire, un simple lieu de transit entre Enfer et paradis, plus de jugement si ce n'est pour les quelques rares âmes croyant encore aux dieux grecs et romains. D'où son ennui profond qui l'avait poussé à quitter sa demeure afin de faire un tour au hasard dans un des mondes. Et ses pouvoirs l'ont téléporté ici, en bordure de Seikusu, près de Kyoto au Japon.
Revenir en ce lieu lui fit remonter des souvenirs, plusieurs conquêtes récentes afin de... passer l'ennui il y avait quelques années de cela. Peut être trouverait-il de quoi se divertir une fois de plus? A peine eut-il fini cette pensée qu'une odeur lui parvint aux narines, lui rappelant les grottes de son royaume et les innombrables richesses qu'elles contiennent, lui rappelant la corne d'abondance, autrefois si souvent utilisée lorsque les fermiers le priaient de faire en sorte que leur récolte soit exceptionnelle. Il ferma les yeux, cherchant à déterminer l'origine de cette fragrance. Aussitôt les sensations envahirent son esprit, et il entraperçut une bâtisse excentrée par rapport au centre ville, dans une banlieue calme de Seikusu. Dedans, il sentait des richesses, des Pierres, et pas n'importes lesquelles, rubis, émeraudes, diamants, grenats, toutes sortes de pierres de toutes les couleurs possibles et imaginables, et en quantité assez importante pour attirer sa curiosité.
Et puis il y avait la présence, la propriétaire de la bâtisse. Il ne savait pas trop quoi penser d'elle, pas assez d'information. Il pouvait toutefois sentir un lien profond entre elle et ses gemmes, elle retombait directement dans la juridiction d'Hades, et pourtant il savait n'avoir aucun contrôle sur elle. C'était... imprévu, intéressant, intrigant même, et il décida de ce pas d'aller en savoir plus. Il regarda autour de lui, et laissa échapper un petit bruit de mépris à la vue de tous ces humains s'affairant, ignorant complètement son apparence surréaliste. Il devait admettre que ce n'était pas de leur faute, il avait l'habitude de voyager sous une légère illusion masquant son inhumanité, mais il se souvenait que dans les anciens temps, alors même que la technologie des hommes était tellement peu avancée, ils savaient observer leurs alentours, et une telle illusion n'aurait donc pas suffi. Les temps changent, et l'humanité avec eux. Il fit un simple geste de sa main gantée et le monde sembla s'ouvrir devant lui. A la seconde d'après il avait disparu, le trou dans l'espace temps s'étant aussitôt refermé après son passage.
Il réapparut devant la villa et aussitôt put sentir l'Essence de la propriétaire des lieux. Il sut qu'elle n'était pas humaine immédiatement. Elle avait l'aura de l'Ancien Monde, et ça voulait dire qu'elle était au moins aussi vieille que lui. Restait la question de savoir pourquoi il ne l'avait pas repérée plus tôt. C'était une bonne question, mais il savait qu'il ne la lui poserait pas. Ça serait admettre une faiblesse ce qu'il répugnait de faire. Les dieux ont leurs péchés, et l'orgueil faisaient partie de ceux d'Hades. Il savait qu'elle avait dû le sentir arriver, il était lui même trop connecté aux richesses du monde souterrain pour qu'une être comme elle puisse ignorer son arrivée.
C'est pourquoi il ne changea pas l'illusion autour de lui même. Une telle illusion, aussi faible ne tiendrait pas un quart de seconde devant son regard, et elle pourrait le voir tel qu'il était, la peau d'un brun sombre éclairée au niveau du visage par un tatouage tribal orange au niveau des yeux, les cheveux blancs cascadant autour de son cou et lui arrivant au niveau du torse et des habits semblant tout droits sortis d'un univers médiéval fantastique, mêlant les rouge, noir et blanc dans une tenue à la foi princière et rappelant très légèrement celle des bouffons royaux d'autrefois, avec ses chaussures rouges pointues. Des plumes de corbeaux étaient accrochées à divers endroits de sa veste, aux épaulières et au niveau de sa taille principalement. Après tout, les corbeaux étaient bien chargés, entre autres, de guider les âmes vers son royaume. Des psychopompes, voila le terme qu'employaient les mortels. Amusant, mais au final hors de propos. Il portait également des protège avant-bras des mêmes couleurs que son costume et des gants noirs. L'ensemble pouvait paraître pour le moins hétéroclite, mais il aimait bien cette tenue et il la portait donc souvent. Il avait laissé armes et autres artéfacts dans son royaume, si ce n'était sa Kunée, ces quatre cornes trônant sur sa tête. Il ne se séparait jamais de son symbole de pouvoir, son heaume d'invisibilité.
Il s'approcha nonchalamment de la porte et toqua simplement. Autant ne pas déroger aux règles les plus simples de la courtoisie, ça serait bien mal commencer cette conversation.