Le plus dur dans les longues journées de cours, c'est de répéter encore et encore le même discours. Parce qu'elle faisait principalement des cours de travaux dirigés. Donc elle avait, dans une journée, cinq ou six groupes de la même promotion. Ce qui faisait cinq ou six fois à répéter la même chose pendant une, voire deux heures. Le côté positif, c'est que ça lui évitait de trop réfléchir, et donc de s'épuiser pour un rien.
Après cette longue et harassante journée, Zoé avait décidé de rentrer à pied chez elle. Elle s'était trouvé un petit appartement, pas trop loin de chez son père, et pouvait donc faire un petit détour pour passer par le bord de mer. Le seul soucis, c'était qu'elle devait ensuite traverser le quartier de la Toussaint pour éviter de rebrousser chemin et de se rallonger.
Oh, d'ordinaire, ça ne la dérange pas. D'ordinaire, elle flâne au bord de mer et longe les habitations parfois délabrées de ce quartier qui "craignait" un peu (selon quelques étudiants). Mais ce soir-là, elle avait fini particulièrement tard. Elle avait dû déplacer une autopsie-conférence entre 18h et 20h, parce que son créneau horaire habituel avait été échangé avec une conférence en centre-ville pour ses étudiants. Ainsi donc, il faisait pratiquement noir quand elle traversa le quartier "craignos", en ce début février. La brise était fraîche. Froide même. La lune pointait le bout de son nez, se réfléchissant dans les diverses flaques d'eau qui parsemaient le chemin de la jeune professeur intérimaire.
Une voiture passa, manquant de renverser la demoiselle. Pour éviter d'être éclaboussée, et donc pour ne pas salir son tailleur rouge, tout neuf, et sa chemise d'une blancheur immaculée. Ce faisant, elle trébucha, et posa le pied sur une drôle de flaque.
Sans qu'elle n'ait le temps de comprendre ce qui lui arrivait, elle était aspirée par cette flaque et disparut de la surface de la Terre ...
... Pour arriver sur Terra.
C'est l'incompréhension qui domina, d'abord. Quelques longues secondes pendant lesquelles Zoé resta immobile, aveuglée par la soudaine luminosité, par le bruit incongru qui résonnait sur la place de ce qui devait être un marché vu les exclamations qui retentissait de partout.
Puis ce fut la peur qui l'emporta ensuite. « Mais où suis-je ? Comment... ? Pourquoi... ? »
Et enfin, ce fut la curiosité, mêlée aux deux autres sentiments, qui s'empara de la blonde Zoé.