Luna regardait la folle en étant sur ses gardes, prête à fuir dès qu’elle ferait usage de son fouet. La posture de cette femme noire indiquait une colère immense, une rage terrifiante qui menaçait de la submerger. Luna était terrorisée au sein d’elle-même, mais elle ne comptait pas laisser ce plaisir à cette folle. De quel droit s’était-elle permise d’insulter son peuple ? Chacun des nekos qu’elle connaissait valait au moins mille fois cette folle ! A sa surprise, la femme acquiesça à se requête, en appelant son garde-chiourme pour la faire sortir.
«
Hein ? » s’étonna Luna, surprise.
Elle s’attendait à une espèce d’autre piège vicieux, mais la femme semblait décidée. Utilisant sa magie, elle balança Luna sur le garde, qui semblait relativement mécontent. En bougonnant, il l’attrapa par les cheveux, et Luna se laissa docilement faire… Plus ou moins. Elle allait sortir ? Était-ce vrai ? Tout cela n’était pas un piège ? Elle ne pouvait encore y croire, et se souciait pas mal des insultes et des menaces du servant, jusqu’à ce qu’on la balance assez vertement dehors.
Luna, reprenant ses esprits, se retrouva dans une espèce de jardin dépouillé, avec des carcasses d’arbres. Derrière elle, un petit manoir se dressait. Bien sûr, elle savait que la propriété de cette folle s’étendait sur les profondeurs, et ce manoir n’était qu’une illusion. Il avait l’air désolé, abandonné, avec ses vitres brisées, son mur ancestral, mais ce n’était qu’un mirage. Néanmoins, cela n’avait plus d’importance.
Luna était
LIBRE ! Elle tira la langue vers le manoir, heureuse et folle de joie.
«
Bon débarras, bande de dingues !! » clama-t-elle, sans se soucier qu’on l’entende, ou qu’on lui réponde.
Se retournant, elle regarda un peu mieux où elle se trouvait, et constata, effectivement, qu’il n’y avait pas l’ombre d’une forêt. Elle s’écarta un peu du manoir. Elle était dans une espèce de désert, et voyait, au loin, de longues montagnes qui semblaient former un mur immense. Le vent faisait remuer le sable cendré, et elle sentit un frisson la parcourir. Où se trouvait-elle donc ? Bah, pas d’importance ! Au moins, elle était dehors, loin de la psychopathe, et c’était tout ce qu’elle voulait. Luna renifla le sol, mais ne reconnut aucune odeur caractéristique de sa grande forêt. Aucun battement d’ailes, aucune écorce, aucune feuille, seulement le sifflement du vent.
«
Mais où est-ce que je suis ? soupira-t-elle.
Je n’arrive même pas à sentir l’odeur de mon clan… »
Elle commença à marcher, un peu au hasard, avant de se rappeler les enseignements de son clan. Pour se diriger de jour, il fallait suivre la direction du soleil, mais c’était surtout la nuit qu’elle attendait. Elle pourrait lire dans les étoiles, et serait ainsi sûre de savoir où son clan se trouvait. Cette idée l’enthousiasma, et elle avança gaiement au milieu de ce désert vide. Pas étonnant qu’il n’y ait personne ; la seule habitante était insupportable ! Mais elle ne tarderait pas à tomber sur un petit village de bûcherons ou de fermiers. Les nekos évitaient de les croiser, mais, quand ils tombaient sur des communautés de druides, ou des hameaux très isolés, ils étaient toujours très bien accueillis. Il lui fallait juste marcher un peu.
Luna gravit une dune, et sentit une pointe de désespoir la saisir en voyant que ce désert semblait s’étendre à perte de vue. Elle en aurait pour des heures ! Et marcher dans ce sable n’était pas très aisé. Il était chaud, collant, et ses petites pattes s’enfonçaient dedans. Optimiste, car elle venait après tout de quitter un enfer, elle reprit sa marche. Elle glissa en descendant la dune, et roula tout le long de cette dernière, avant de s’écraser sur le sable en contrebas. Luna se redressa, remuant son corps dans tous les sens, avant de toussoter.
*
Une vraie odyssée ! J’en aurais, moi, des choses à raconter au clan ! Mais, pour l’instant, il faut se concentrer sur l’essentiel, et rejoindre la forêt. Allez, Luna, du nerf !*
Elle continua à s’élancer, gaie et heureuse, se sentant légère comme une petite plume. Le sable diminua rapidement pour laisser place à une sorte de terre aride et sèche, parcourue de petites failles et zébrures dans le sol. Luna renifla un peu ce sol orangé, fronçant les sourcils, puis continua sa marche, suivant le soleil. Elle chantonnait entre ses lèvres, pour se donner du courage, et piqua un petit sprint, rigolant joyeusement. Elle traversa ainsi plusieurs dizaines de mètres, et arrêta sa course, remuant joyeusement la queue, avant de miauler longuement et fort.
«
Je suis libre, je suis libre ! » s’exclamait-elle.
C’est à ce moment qu’elle entendit des croassements sinistres. S’interrompant, Luna se redressa, et vit des espèces de points noirs grossir dans le ciel, fondant sur elle. Des oiseaux ? Ils semblaient gros, pour des oiseaux, et relativement hostiles ! Fronçant les sourcils, Luna parvint à distinguer leurs traits, alors qu’ils fondaient sur elle… Des aigles immenses, ou, plutôt, des espèces de corbeaux géants, vu leurs plumes noirâtres. Leurs becs acérés, leurs serres édentées, fondaient sur elle, et elle se mit à détaler rapidement, poussant des hurlements de panique.
«
KOAAAAAA ! KOOOOAAAAAAA !! mugissaient les corbeaux dans un enfer de plumes noirâtres.
-
Au secours ! Au secours ! Au secours !! » répétait Luna en filant sur ses quatre pattes.
Elle entendit le bec d’un corbeau claquer dans le vide, à côté de sa queue, mais un autre la recouvrit, prêt à planter ses serres dans son dos. Luna ferma les yeux, et entendit alors une détonation.
*
BANG !*
Un liquide chaud s’étala sur son dos, alors que le corbeau lâcha prise. Les autres se dispersèrent alors.
*
BANG !* entendit-elle encore.
Surprise, Luna se retourna, et vit un autre corbeau géant s’écraser sur le sol, tandis qu’elle comprenait, en utilisant sa queue, que ce qu’elle avait sur le dos était un mélange de plumes collés sur du sang. Le corbeau qui avait failli la tuer gisait sur le sol, mort, la tête explosée, et un autre avait été abattu. n’y comprenant rien, Luna tourna la tête.
*
Mais qu’est-ce que… ?*
Elle sentit alors quelque chose l’atteindre au niveau du cou, et sentit un vertige la saisir. Sentant ses forces l’abandonner, la neko utilisa sa queue pour tirer une espèce de fléchette.
*
Mais que… ?*
Luna s’écroula ensuite mollement sur le sol.
*
* *
«
Debout ! Putain, ouvre tes yeux, sale pute ! »
Des coups sonores, violents, qui résonnaient contre quelque chose de métallique. Faiblement, Luna ouvrit ses yeux, et un autre coup contre sa cage la fit se réveiller. Elle sursauta, et heurta l’arrière de sa petite cage étroite.
«
Hein ? Qui… ? -
Ah, elle est réveillée ! Magnifique ! ricana quelqu’un, un homme dont elle ne voyait que les jambes.
-
Où… Où suis-je ? -
Au paradis, bouton d’or ! »
L’homme s’éloigna en riant, et Luna secoua la tête, clignant des yeux à plusieurs reprises. Elle vit une quantité d’hommes et de femmes assis ou debout dans une grande cour sablée, au milieu de ruines. Elle reconnut, à voir le fantôme d’une tour, une espèce de bastion ravagée, et vit plusieurs hommes attablés autour d’un feu, discutant entre eux. D’autres époussetaient de longs objets métalliques avec des canons, d’autres se tenaient sur un mur, semblant surveiller l’horizon, et elle aperçut d’autres cages, sur sa droite et sur sa gauche, avec d’autres prisonniers. Elle tourna son regard vers un jeune garçon qui portait un simple pagne, et parla.
«
Où sommes-nous ? Qu’est-ce que je fiche ici ? -
Tais-toi, tais-toi, s’égosilla le garçon, hystérique, ses grands yeux renvoyant un état de terreur pur.
Tu dois te taire, il faut que tu te… -
Okay, j’ai rien dit… -
…taises, que tu te taises, oh mon Dieu, non, pitié ! »
Un homme s’énerva, jetant son jeu de cartes sur une table, et s’approcha des cages.
«
Ta gueule, le marmot ! -
Non, s’il-vous-plaît, ne…. -
Et puis merde, j’en ai assez de t’entendre chialer ! »
L’homme sortit une petite télécommande, et l’enfant poussa des hurlements de terreur. Le garde nota le numéro de la cage, tapa sur quelques touches, et appuya sur un gros bouton. Le collier qui se tenait autour du cou de l’homme se mit à s’illuminer, et des piques s’enfoncèrent contre son cou, lui coupant la respiration. Luna vit les lumières vibrer dangereusement, et la tête du garçon se mit à grossir. Ses yeux s’écarquillèrent, prêts à jaillir de leurs orbites, et sa tête explosa brusquement dans un geyser de sang, de morceaux de cervelle, et de bout d’os. Le garde se contenta d’éclater de rire, tandis que Luna, horrifiée, voyait le corps du jeune homme chuter sur le sol.
«
Voilà ! Comme ça, tu pourras enfin rejoindre toute ta foutue famille ! »
Il éclata à nouveau de rire, et sembla alors s’intéresser à la neko se trouvant à côté. En souriant, il pointa son doigt vers une espèce de sac, et Luna fronça les sourcils. Le sac était torué et déchiqueté, et quelque chose en dépassait. Une espèce de tête cadavérique, à qui il manquait les deux yeux, la plupart des dents, et une bonne partie de ses cheveux.
«
C’était sa Maman. On l’a traîné dans ce sac le long de notre van jusqu’ici ! Bon prince comme on était, et comme il arrêtait pas de chialer, on lui a mis sa mère sous son nez. Il l’a jamais quitté, même quand on l’a enculé avec le canon de nos armes ! Et, malgré tout, il nous en voulait encore… L’ingratitude des gosses… »
Un nouvel éclat de rire saisit l’homme, qui retourna jouer aux cartes. Terrorisée, le regard de Luna oscilla entre le cadavre en décomposition de sa mère, et celui de son fils, dont le sang continuait à s’échapper de son cou. Un haut-le-cœur la saisit.
«
Ne vomis pas », lança une voix sur sa droite.
Surprise, Luna se retourna, et son regard se fixa sur une autre prisonnière, une neko, qui la regarda.
«
Si tu vomis, ils feront de même avec toi. Toi aussi, tu as ton collier. »
Luna prit alors effectivement conscience qu’elle avait un collier autour du cou, similaire à celui du jeune garçon, et un nouveau frisson la saisit.
«
Mais qui sont-ils ?! -
Des…. -
Des raiders ! intervint la voix d’un autre garde, s’avançant vers sa cage.
Des types qui obéissent à personne d’autre qu’eux-mêmes, une communauté libre qui chie sur Tekhos, Ashnard, Nexus, et toutes ces conneries d’États dictatoriaux ! »
Ne connaissant aucune de ces localités, Luna frissonna, se recroquevillant au fond de sa cellule, tandis que l’homme fléchissait les genoux, en lui souriant. Il vit le regard de la neko osciller vers le cadavre du jeune garçon, et sembla comprendre quelque chose, ce qui le fit sourire.
«
Non, bouton d’or, rassure-toi, on t’a pas sauvé des corbacs pour te flinguer ensuite ! -
Les… Les corbacs ? -
Les piafs géants, si tu préfères. On veut pas te faire de mal, bouton d’or, au contraire. Tu es toujours vierge, alors il est dans notre intérêt de te conserver. »
Et, disant ça, l’homme se mit à sourire, sortant une cigarette d’un étui pour la fumer.
«
Je… Je ne comprends rien… -
On vient attaquer Miss Arkenviir. -
Qui ? s’étonna-t-elle.
-
Alaunriina Arkenviir. Celle qui t’a acheté, et qui t’a balancé dans le désert. La magicienne noire. Elle a le cul bordé de nouilles, comme on dit, et on vient la délester de tout son pognon… Et lui exploser la tête, au passage. »
Alaunriina Arkenviir… Sur le coup, elle ne se souvenait en effet pas que la femme lui ait donné son nom. Pas étonnant qu’elle soit aussi mauvaise, avec un nom aussi imprononçable ! Luna secoua la tête, avant de regarder le raider.
«
Elle vous tuera… C’est une magicienne terrifiante ! »
Le mercenaire éclata de rire à cette idée, et jeta son cigarette, en sortant une autre.
«
Cette salope est trop présomptueuse, mais elle est forte. Néanmoins, elle ignore deux choses qui lui seront fatales, bouton d’or. La première, c’est qu’on a suffisamment voyagé pour savoir que les magiciens out tous un talon d‘Achille. -
Hein ? -
Ouais, une foutue faiblesse… Terra recèle de trésors inimaginables, dont des cristaux aux propriétés spéciales, des cristaux qui, s’ils sont bien travaillés par des alchimistes, et bien coupés, permettent d’annuler les pouvoirs magiques en émettant des ondes spéciales. »
L’homme sortit de sous ses vêtements un collier avec, au bout, un cristal blanchâtre, lumineux et éblouissant.
«
J’ai oublié comment ça s’appelait, alors, je me contente de la surnommer notre ‘‘kryptonite’’. Quand on sera face à cette salope, chacun de nous sortira sa kryptonite, et elle ne pourra plus utiliser ses précieux pouvoirs magiques. Il nous suffira de la torturer un peu pour qu’elle avoue où se trouve son magot, puis on la flinguera. »
Luna fronça les sourcils. Le plan avait l’air un peu trop simple, sachant combien cette femme lui semblait invulnérable. Sa curiosité attisée, la neko poursuivit toutefois.
«
Et l’autre chose ? -
T’es une curieuse, toi, hein ? Mais bon, après tout, c’est grâce à toi qu’on sait où elle se cache, cette salope. Indirectement grâce à toi, devrais-je préciser. Bref… J’crois que la salope a trop tendance à faire confiance à ses employés, surtout à ceux qui sont de sa même race de dégénérés. -
Hein ? -
Le Drow, le type qui a été t’acheter, et qui t’a foutu dehors… C’est lui qui est responsable de toute cette organisation. J’crois qu’il en a marre de cirer les pompes de la foutue salope. C’est lui qu’a été voir notre Colonel au moment de t’acheter, et qui lui a offert la moitié de la somme que la salope lui avait donné pour t’acheter. T’es tellement belle, mon chaton, qu’il a pas du avoir de mal à convaincre cette Gripsou que la somme payée était tout à fait normale. Quoiqu’il en soit, c’est lui qui nous a guidé jusqu’ici. Le plus grand talent de cette hyène, c’est d’avoir réussi à se planquer dans le désert, mais on connaît sa planque, et on connaît les entrées de service. Tout ce que le Drow souhaite, c’est qu’on le laisse la tuer. Il a avec lui de la kryptonite, bien planqué dans les entrailles du château, et, quand le service de sécurité de la belle sera occupée avec nous, quand on sera jusqu’à elle, il se chargera de la tuer, et de prendre sa place. En échange de quoi, il nous r’filera l’or, mais, étrangement, j’crois pas qu’il sera consentant à nous donner tout l’or de la vieille… ‘Faudra peut-être qu’on le flingue aussi… -
Vous… Vous comptez vraiment l’attaquer ? Vous risquez de perdre bien des hommes… -
Yep, mais ça fera moins à partager, comme ça, sourit l’homme.
Ce qu’le Drow ignore, c’est qu’on a aussi nos petites surprises, comme Grundy. -
Grundy ? Qui est-ce ? -
Tu vois ce gros conteneur, là ? fit-il en désignant une grosse boîte.
Ben, Grundy, c’est… -
Il suffit, soldat ! » lança une voix forte.
Le raider se tut, et Luna vit un homme élancé jaillir depuis des marches, tenant dans ses mains gantées un cigare.
«
Oui, Colonel ! »
Le Colonel, ce que Luna ne pouvait savoir, était en réalité un terroriste activement recherché au sein de Tekhos, pour ses coups de bombes, ses prises d’otages multiples, et sa volonté affichée de renverser le pouvoir en place, se cachant derrière une soi-disante égalité des sexes pour revendiquer ses attentats. Le Colonel était cependant fauché, ayant perdu ses entreprises, son appui militaire, et avait décidé de se refaire une santé en attaquant la vieille elfe aigrie richissime qui se terrait dans le coin. Une opération risquée, mais le Colonel était de ces hommes qui aimaient le risque et la difficulté. Le Colonel descendit les marches, menant au milieu de la cour.
«
Nous allons bientôt nous mettre en marche, Camarades ! s’exclama-t-il.
Ce soir, Terra sera purifiée d’une autre des saloperies qui la hante, et nous aurons avec nous suffisamment de moyens pour lancer la Révolution ! »
Des cris enthousiasmés lui répondirent, et le Colonel sourit, avant de regarder les esclaves.
«
Organisez le rodéo final avant l’assaut ! -
Ouais ! Yippie ! Vive le Colonel ! » répondirent les raiders.
On libéra les esclaves.
«
Le… Le rodéo ? -
Une chasse aux esclaves. On leur laisse cinq minutes pour détaler avant de les massacrer. Une forme d’entraînement quelconque. Mais, rassure-toi, ça ne s’applique pas pour toi. Le Drow a l’air de s’être attaché à ton petit cul, et il nous paiera une petite prime si on te rend à lui. Bien sûr, comme on compte probablement le flinguer, en définitive, on te revendra sur une place aux esclaves. Estime-toi chanceuse », fit-il en lui caressant la tête.
Comprenant qu’elle ne serait jamais libérée, et retournerait chez des esclaves, Luna réagit comme elle aimait le faire. Ses dents pointèrent, et elle mordilla violemment l’homme à la main. Ce dernier en hurla de douleur, et lui perdit l’un de ses doigts.
«
Je ne serais JAMAIS une esclave ! fulmina Luna, toutes griffes dehors.
-
Salope ! Salope, salope, salope ! Foutue pétasse de merde ! Okay, sale conne, bordel, tu veux jouer, hein ? Putain, putain, putain, PUTAIN ! Préparez cette salope au rodéo, je lui éclaterais moi-même la gueule ! »
Des raiders s’approchèrent avec des matraques électriques, et Luan poussa des hurlements de douleur, avant qu’on ne l’attrape par une laisse, pour la tirer le long de la cour. Le raider mutilé enroula sa main dans un bandage, et on la balança par le mur. Luna rebondit contre le sable, et vit des esclaves courir vers des montagnes à proximité. Secouant la tête, elle leva la tête, et vit une balle tomber à côté d’elle.
«
Cours, espèce de conne ! Il te reste 45 secondes ! »
Ne comprenant rien à ce qui se passait, Luna se mit à courir rapidement, sous les rires des individus. Le fort en ruines était dressé sur une petite colline, et elle courut vers une montagne à proximité, sentant les secondes défiler rapidement. Elle entendit des coups de feu et des hurlements de plaisir, et entendit des vrombissements. Jaillissant du fort, des motards filèrent sur des motos, tandis qu’un énorme van, une fourgonnette équipée de herses métalliques, jaillit également. Les raiders filèrent vers leurs proies, et Luna courut, courant comme elle n’avait jamais couru de toute sa vie.
Une moto-crosse jaillit vers une neko. Le raider se trouvant derrière le pilote tenait un fusil à canon scié, et tira des cartouches, atteignant les jambes de la neko, qui hurla de douleur. La moto s’arrêta dans un rugissement, et retourna vers la cible.. Une batte de base-ball s’écrasa sur le visage de la petite neko, achevant ses cris. Luna n’était toutefois pas là, et galopait au-dessus d’une dune, sentant le fourgon la poursuivre furieusement, klaxonnant terriblement. Elle était sûre que l’homme qu’elle avait mutilé se trouvait dedans. Luna fila dans un petit troue entre deux rochers, évitant ainsi le fourgon, qui dut faire un détour, permettant à Luna de se faufiler dans une grotte.
Le van s’arrêta à l’entrée de la grotte, et ses phares se mirent à éclairer la grotte, visant Luna, recroquevillée au fond de la grotte. Tout son corps tremblait de peur, et elle vit des hommes descendre, en rigolant.
«
Te v’là dans le trou… Y reste plus qu’à t’enterrer… »
Les hommes ricanèrent, et l’un d’eux sortit une espèce d’énorme objet. Un lance-missiles venant tout droit de Tekhos ! Il visa la grotte.
«
Va chier des poils en Enfer, salope ! Yeeeeeeeaaaaaahhhhh !!! »
Dans un hurlement hystérique, le soldat balança un missile. Le missile heurta le mur de la grotte, provoquant une violente explosion qui fit s’effondrer la grotte, ainsi qu’une partie de la petite montagne de rochers dans laquelle Luna s’était réfugiée. Ce que ces derniers ignoraient, c’est que Luna avait survécu en se faufilant dans un petit conduit, très étroit. L’explosion avait soufflé toute la structure, et le sol s’effondra sous les pieds de Luna, la faisant tomber dans un miaulement terrorisé. Elle roula sur un sol cahoteux, et s’écrasa mollement dans une galerie profonde.
Sonnée, la jeune neko mit plusieurs minutes avant de se redresser. Elle toussota, épuisée, et se convainquit de ne pas bouger pendant des heures… Jusqu’à ce que son intuition l’incite à se retourner. Avec ses yeux pouvant voir dans la nuit, en se retournant, elle crut faire une crise cardiaque en voyant une myriade de pattes pointues tendues et regroupées autour d’un gros corps noirâtre avec une pointe, un dard acéré. Elle vit huit yeux rougeâtres la fixer, et sentit sa fatigue disparaître, alors que l’immense araignée s’apprêtait à la planter. Luna se mit à détaler rapidement, tandis que l’araignée s’élança à sa poursuite. Luna courut rapidement, mais sentit soudain quelque chose la happer au niveau des fesses, l’amenant à tomber par terre. Un filament craché par l’araignée, une toile qui la ramenait rapidement. Tremblant, Luna, dans un sursaut de raison, se retourna, et trancha le fil avec ses griffes. L’araignée la poursuivit toutefois sans relâche, voyant ce repas délicieux, et Luna continua à galoper le long des galeries.
Son pied s’enfonça sur des planches en bois friables et affaiblies, et elle tomba à nouveau dans un hurlement de terreur, s’écrasant dans un grand couloir sombre aux murs nus. Elle s’écrasa sur des caisses en bois, et soupira, le dos endolori. Luna entreprit de se redresser, sanglotant à moitié sous la douleur, et comprit qu’elle ne se tenait plus dans une grotte, mais dans une espèce de sous-sol désaffecté. Elle comprit qu’elle était finalement retournée dans l’immense complexe d’Alaunriina, probablement dans une zone abandonnée et condamnée. En entendant des grognements dans son dos, Luna se retourna en sursautant. Des paires d’yeux rougeâtres s’avancèrent dans l’obscurité, et elle vit ce qui se rattachait à ces yeux : des espèces de chiens à la peau rosâtre, et aux crocs édentés. Des Warg !
Affamés, les bêtes se ruèrent vers elle, mais l’un des Warg fut fauché par l’une des toiles de l’araignée. Luna se mit à décamper rapidement, filant dans les couloirs sombres et vétustes.