Une nouvelle résidente? [PV Mithra]

Enfin elle pouvait la voir. Elle avait voyagé un bon millier de kilomètres avec ça forêt pour la trouver. Trouver quoi? Une autre forêt bien sûr! Pourquoi Alraunya partirait-elle à la recherche d'un autre bois? C'est simple. Il y pousse une variété de plante n'existant qu'ici. Pour le moment, car une fois que la fleur serait entre ses lianes, elle pourrait l'analyser et la faire pousser comme les autres végétaux présents dans son domaine. Si elle fait des efforts pour l'avoir, c'est parce qu'elle a des vertus magiques. En effet, elle sécrèterait dans ses pétales une substance qui, une fois ingérée, obligerait à dire la vérité. Il n'existe à ce jour pas d'autres boissons qui ont un tel effet. Elle n'en aurait sans doute que très peu l'utilité, mais on ne sait jamais.

Les arbres vinrent s'accoler à leurs semblables inanimés, et les deux forêts se mélangèrent. Elle récupérerait assurément quelques animaux curieux, mais rien d'important.
Des lianes sensitives s'enfoncèrent sous terre, passant tout au crible avec leurs sens développés. Elle en trouva au total 163 pieds. Un seul était bien suffisant. Elle ramena le plus beau spécimen chez elle, elle serait plus tranquille. Tout cela lui prit quand même près d'une heure, et l'aurore naissante à son arrivée avait laissé place à un grand soleil dardant ses rayons sur les feuilles qui l'accueillaient avec le plus grand plaisir.

Elle reprit son chemin, désirant aller un peu plus loin pour son étude attentive de son trésor dont elle pourrait faire profiter certains.
Captivée par sa découverte, elle n'avait pas vu qu'une terranide qu'elle n'avait jamais rencontrée était sur une branche, certainement en train de se demander pourquoi tout bougeait autour d'elle. Car c'est, rappelons-le, un comportement pour le moins inhabituel chez des végétaux, surtout aussi massifs. Lorsqu'elle l'aperçut, elle la trouva très mignonne, surtout pour une hyène, qui ne figuraient d'habitude pas parmi les plus beaux morceaux. L'exception qui confirme la règle, comme on dit. Elle la laisserait tranquille le temps de trouver un bon coin où prendre racine, puis elle s'occuperait de sa ravissante petite invitée surprise.

L'araignée géante guettait les plus hautes cimes des arbres en tournant sur elle-même, ses compagnes faisant de même, alimentant ce petit manège depuis maintenant une demi-heure. Leurs multiples et énormes yeux détectèrent un mouvement qu'elles ne connaissaient que trop bien, et le morceau de viande eut à peine le temps de toucher le sol que des pinces de la taille d'un pot de fleur venaient saisir et se disputer la pitance. Le spectacle, vu du haut des branches, était particulièrement distrayant et la terranide ne put s'empêcher d'émettre un soupir amusé, balançant encore une fois un autre morceau de viande.

La journée avait été longue. Elle n'avait pas eu grand-chose à faire. Son garde-manger était plein, et elle n'était pas encore au stade de trouver quelque chose de distrayant à chasser pour le plaisir. Ça, c'était l'affaire des humains, et en parlant de ça, ils ne s'étaient pas non plus montrés, ce jour-là. Pas un seul aventurier assez téméraire pour vouloir couper par les bois et se faire arracher la jambe par un tigre à dents de sabres.
Un animal qui n'avait rien à faire était comme un homme : il s'ennuyait et trouvait le temps long. Et pour en arriver à vouloir apprivoiser des mygales géantes, c'était que le stock de distractions avait vraiment été épuisé.

La hyène se laissa glisser sur l'écorce du pin et tomba prés des bêtes qui se jetèrent sur elle... comme des chiots sur leur maîtresse. Mithra donna une petite caresse à l'une d'elles et laissa finalement tomber tout son stock de nourriture. Les créatures ne lui prêtèrent alors plus d'attention et elle continua sa route, sa longue queue balayant les feuilles mortes derrière elle.

Oui, vraiment rien à faire. Pas le moindre changement dans cette vaste forêt qu'elle connaissait pourtant sur le bout des pattes. Mais il suffit que la jeune femme décide de prendre un chemin différent de celui pris à l'aller pour s'apercevoir que la journée n'était pas terminée.

Contournant des feuilles de sa propre taille, elle eut tout d'abord la facilité qu'elle avait d'habitude en découpant les lianes, mais au fur et à mesure, celles-ci devinrent plus denses, et surtout, plus épaisses. La chasseresse fronça les sourcils en se prenant une branche dans le visage. C'était quoi cette plante ? Elle n'avait jamais eu affaire à des végétaux aussi résistants pendant ses balades quotidiennes... qu'est-ce que c'était que ce truc ?
La question ne resta dans son esprit que peu de temps. Sa cheville se prit dans l'une de ces monstrueuses racines et elle trébucha en couinant, avant de s'effondrer par terre, hors du mur de plantes et à l'air libre. Elle grogna et releva la tête avant de stopper net.

Non, y avait définitivement un truc qui n'était pas normal par ici.

Depuis quand il y avait d'autres maisons que les siennes par ici, et en plus habités par des terranides -des mâles, par-dessus le marché- à moitié à poil ?
Occupés dans leurs activités quotidiennes, ceux-ci avaient cessé d'avancer pour fixer cette étrangère d'un air surpris. Elle ne tarda pas à se relever d'un air effaré, et ils reculèrent d'un pas.

"Mais v... D'où vous arrivez, vous ? Qu'est-ce que vous foutez chez moi ?!"

Plus surprise qu'en colère, le ton de voix rauque de la hyène donnait pourtant l'impression qu'elle était prête à leur arracher les os, et ce fut sûrement ça qui poussa les hommes à sortir lances et flèches à la vitesse de l'éclair, avant de tirer sur la terranide, qui remit bien vite son museau entre les fourrés. En les entendant arriver en nombre, elle n'eut d'autre choix que de se mettre à courir à quatre pattes, même si c'était une technique qui ne lui plaisait pas le moins du monde.

Arrivée dans un coin qui lui paraissait correct, Alraunya fit stopper la forêt. La petite hyène venait de descendre de son perchoir, et tomba directement sur l'un des villages terranides. Un peu toutes les races étaient mélangées, aussi mâles que femelles, et comme ils n'avaient pas l'habitude des étrangers dans ces bois gardés, ils sortirent leurs instruments de chasse pour lui faire la course.
Elle les fit s'arrêter bien vite grâce à une odeur qu'ils connaissaient. Un système de communication pratique pour les fines truffes. La fille dut s'en apercevoir, puisqu'elle s'arrêta un peu plus loin, hors de portée et surtout de vue des villageois.

La plante n'avait rien contre elle, bien au contraire, elle avait les terranides en affection. Celle-ci était si mignonne. Rapidement, elle apparut sous forme humanoïde derrière l'intruse involontaire. Elle parla d'une voix tranquille et un peu joyeuse, comme une jeune femme qui aurait trouvé un adorable petit chiot dans la rue.


« -Bonjour, toi! Tu es perdue? Ne t'en fais pas, tu ne crains plus rien. Je vais tout t'expliquer, mais il va falloir me suivre. »


Elle tourna les talons et avança lentement entre les arbres, qui semblaient lui dégager le passage, comme faisant une haie d'honneur. Une dizaine de minute plus tard, elles arrivèrent  vers un gros rocher en plein soleil. Elle s'installa dessus, et fit signe à son invitée de la rejoindre.

« -Un peu de soleil est agréable, non?
Je me présente, Alraunya, reine de céans. *écarte les bras pour montrer les arbres aux alentours*. Je suis désolée que les villageois t'aient pourchassée, mais ils n'ont pas l'habitude des nouvelles têtes.
J'ai le regret de te dire que tu n'es plus dans ta forêt. Elle a fusionné un moment avec la mienne, pour certaines raisons, et lorsqu'elles se sont séparées, tu n'étais pas dans la bonne. »


Elle attendit une réaction. La jeune devait avoir plein de questions concernant ce fait que l'on ne voyait pas tous les jours.
Pendant ce temps, elle effectua dans un autre endroit l'analyse de la fleur récupérée. Étudiant bien la forme, le parfum, les couleurs. Puis elle la dégrada pour pouvoir étudier son A.D.N. Ainsi que le reste de sa composition cellulaire, allant même jusqu'à répertorier les micro organismes vivants dessus. Elle pourrait bientôt la reproduire.

Effectivement, ce n'était pas quelque chose que l'on voyait tout les jours, même pour une voyageuse comme la hyène, qui devait déjà avoir fait le tour de beaucoup de questions du genre. En s'asseyant en tailleur sur l'énorme rocher, celle-ci nota qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de s'avacher dessus avant, ce qui prouva que la plante avait raison : elle n'était plus dans sa forêt, plus dans son territoire. Elle devait donc montrer un minimum de respect à la maîtresse des lieux. Les terranides hyènes avaient beau être cupides de nature (et elle n'échappait pas vraiment à la règle pour une fois), elles connaissaient les limites de leurs terres sur le bout des griffes et ne les franchissaient que lorsque c'était vraiment nécessaire.

Mithra avait été surprise, comme n'importe qui, mais juste pour quelques minutes. Elle était habituée aux évènements et aux créatures sortant de l'ordinaire, après en avoir vu de toutes les couleurs durant son voyage dans les déserts et les jungles les plus arides. Lorsque Alraunya s'était présentée, sa réponse s'était résumée en un reniflement bruyant, pas particulièrement adepte des bonnes manières. Elle était beaucoup plus concernée par ce changement soudain de territoire qui impliquait forcément faiblesse, voire soumission, de son côté.

La jeune femme sentait son épaule lui piquer depuis un moment et elle fit courir sa main dessus pour mettre les doigts sur une flèche qui s'était légèrement enfoncée, assez pour tenir et la faire passer pour une idiote en tout cas. Sa poigne se referma dessus et elle enleva la pointe de sa chair avant de la jeter par terre. Après quoi, elle se retourna vers cette étrange femme-plante qui la lorgnait avec de grands yeux malicieux.

Qu'avait-elle de particulier pour être observée de cette façon ? Tout comme Mithra, Alraunya devait forcément avoir déjà vu des terranides semblables. Peut-être était-elle plus encline aux rencontres fortuites, mais Mithra aurait largement préféré se retrouver dans un bon bain chaud pour se remettre de cette journée ennuyante, plutôt que de se retrouver dans une forêt inconnue et ainsi perdre tout ses repaires.

"Et ma forêt à moi ?"

Fut sa première question, hésitante, un peu vive, sans doute. Mithra se demandait surtout ce qu'il allait advenir d'elle, maintenant que la maîtresse des lieux se retrouvait devant elle, et pas forcément avec de bonnes intentions. La sauvage renifla autour d'elle dans l'espoir de reconnaître des odeurs familières, mais elle ne trouva qu'une forte odeur qui lui était totalement inconnue.

Cela dit, en plein milieu de cette effluve angoissante, une petite fragrance se rapprochait, pour finalement arriver presque à ses pieds.

Quelque chose sauta dans ses bras et se frotta avidement contre son torse. En baissant les yeux, Mithra reconnut une des araignées géantes qu'elle avait nourri quelques heures auparavant. La créature semblait réellement terrifié, s'étant sans doute perdue pendant que les deux forêts cessaient de fusionner. L'animale soupira. Au moins quelque chose qu'elle reconnaissait au milieu de tout ce bordel.

Alraunya vit la flèche que la terranide retira de son épaule, ne semblant pas plus inquiète que ça au sujet de ça blessure. Elle devait être un peu déboussolée, les hyènes sont des animaux territoriaux, et se retrouver d'un coup dans un monde inconnu, sans même s'en apercevoir... Elle demanda des nouvelles de sa forêt.


« -Ta forêt va bien, elle est intacte, à une fleur près. A chaque fois que je fusionne avec une autre, des animaux ou d'autres personnes se retrouvent piégés ici. C'est pour ça que j'évite généralement de le faire.
Y retourner te poseras un problème, on en est déjà bien loin. »


Tout en prononçant ces paroles, elle passa son doigt sur la blessure de la fille. En sécrétant une sorte de pommade à base de plantes aux propriétés médicinales magiques, elle se referma presque instantanément, laissant une légère chaleur apaisante à la place.
Une araignée géante courut pour sauter dans les bras de la nouvelle venue, se serrant fort sur sa poitrine. C'était si mignon! La plante lui grattouilla le dos avec un doigt, et la bestiole la regarda d'un œil curieux. Sans que Mithra ne puisse le voir, elle communiqua avec l'araignée. Celle-ci vint alors lui faire une sorte de câlin, puis partit se remettre sur la terranide.


« -Cette pauvre petite est dans le même état que toi. Mais maintenant elle a comprit qu'elle est en sécurité. Ça me désole que de telles choses arrivent, mais on n'y peut pas grand-chose. »


Un parfum fut sécrété. Rien de choquant, juste une petite fragrance de bois humide comme les arachnides appréciaient tant.
Elle émit aussi une phéromone. Inodore, elle provoquait chez les canidés de tout poil un sentiment de sécurité, ce qui permettait d'acquérir leur confiance beaucoup plus rapidement.


« -On va essayer de trouver une solution. En attendant, sois libre de jouir des bienfaits qu'offre cet endroit. Une source chaude se trouve à une centaine de mètres derrière nous. Du gibier doit être non loin de cet endroit. Fais comme chez toi, il n'y a rien ici qui puisse te nuire. »


La vérité était qu'elle ne voulait pas la renvoyer d'où elle venait, mais bien la garder ici. La laisser seule découvrir les lieux dans un cadre idéal. Lui montrer la belle vie qu'elle pourrait avoir ici. Une femme-hyène aussi jolie était extrêmement rare, et la reine végétale en aurait bien fait son petit animal de compagnie. Sa peau était si douce, elle voulait pouvoir la caresser tous les jours, jouer avec, et pas que sexuellement.


« -J'ai hélas nombre de choses à faire, mais je reviens dès que possible.
*Grattouille l'araignée*
Amusez-vous bien!^^ »


Elle n'avait bien sûr pas à s'absenter, elle pouvait tout faire en même temps dans cet endroit, mais elle observerait comment cela allait se passer, voir si sa future protégée se plaisait ici.

« -J'ai hélas nombre de choses à faire, mais je reviens dès que possible.
*Grattouille l'araignée*
Amusez-vous bien!^^ »

"Ah... non mais, hé !"

Son appel n'avait pas vraiment de but, si ce n'était que l'idée de se retrouver seule au milieu d'un endroit où elle venait de se faire attaquer ne lui plaisait pas vraiment. Si encore elle avait reconnu certaines choses... mais les arbres, les buissons, le sol, tout se ressemblait et semblait s'enchaîner sans fin. D'accord, sa forêt aussi avait ce défaut, mais elle avait appris à le combler au fil du temps en collectant certains détails (la mousse sur un arbre, un ruisseau coupant la terre) et son odorat était aussi très utile. A cet instant précis, rien n'était reconnaissable à ces narines, seule une odeur de mousse fraîche qui évoquait un sol d'automne.
Et en parlant de choses inconnues, c'était qui, ça, d'ailleurs ? D'où elle sortait, avec sa forêt ? Elle devait sûrement y avoir un grade assez élevé pour l'accueillir ainsi, ou alors... ben, c'était peut-être une simple hôtesse, qu'en savait-on.
Et puis, "fusionner avec la forêt" ? C'était quoi, ici, une sorte d'entité végétale ? Le caillou à ses pieds, là, il était vivant ?
...
Après tout, rien ne l'empêchait de considérer tout ce désordre comme un nouveau voyage. Elle se devait de rester méfiante, mais l'être en permanence ne lui servirait qu'à amasser le stress, qui était bien plus malsain chez un animal que chez un homme.
En plus, si l'on occultait les mâles armés de tout à l'heure, si la maîtresse des lieux était bien cette étrange femme, elle avait l'air moins dangereuse que les jaguars dont la hyène s'occupait tous les jours pour son petit-déjeuner.
Les plantes carnivores aussi, elles avaient l'air inoffensives pour les mouches, cela dit...

"...Qu'est-ce que t'en penses, toi ?"

En entendant Mithra lui adresser la parole, la petite araignée grimpa avec souplesse sur son épaule et couina d'un air joyeux, chantonnant presque. Après avoir autant couru, elle devait avoir soif, et la hyène devait bien s'avouer qu'un bon bain serait idéal pour vraiment se détendre. C'est dans cette optique qu'elle rebroussa chemin, observant les environs avec attention, même si Alraunya lui avait certifié qu'elle n'aurait rien à craindre.
Après avoir franchi un bosquet étroit, la terranide fut accueillie par un nuage de vapeur qui précédait la fameuse source chaude. La créature sauta de son épaule pour aller s'abreuver dans un petit ruisseau aux alentours. La sauvage se contenta d'ôter ses pagnes d'un mouvement de doigt sans faire attention à une quelconque présence autour des lieux : la pudeur n'avait jamais été son souci principal, après tout. D'ailleurs, si vous l'interrogiez sur le sujet, elle ne saurait sans doute pas vous dire le sens du mot. Mais bref.

Les éclaboussures partirent un peu partout lorsque le corps svelte, mais musclé de la terranide heurta la surface de l'eau. Elle fit quelques brasses et replongea plusieurs fois, pas habituée à se laisser aller dans un bain chaud sans le transformer en piscine. Au bout d'un quart d'heure, elle finit tout de même par poser son dos derrière un rocher et observer les alentours au travers de l'épaisse fumée blanche que formaient les sources chaudes.
La détente était presque assurée, elle n'était pas du genre à s'inquiéter systématiquement. En apercevant la petite mygale sortir des fourrés proches avec un léopard mort entre les crocs, comme un chien qui rapporterait la baballe à son maître, elle laissa même un de ses rires si caractéristiques lui échapper.

La terranide était simplement sublime. Son corps bien proportionné avait des lignes plus qu'avantageuses et sa petite truffe était à croquer. Elle la regarda patauger un bon moment avant de se décider à revenir, peu après que l'araignée ne ramène une proie, qui, au vu de sa taille, était assez conséquente. Elle avait même un peu de mal à le trainer.


« -Je vois que tu as trouvé ton diner. Le bain t'a plu? »


Alraunya s'avança pour s'installer confortablement au bord de l'eau. Assise sur un coussin d'herbe qui venait de pousser, les pieds dans l'eau, elle faisait face à son invitée.


« -J'ai une mauvaise nouvelle pour toi. J'ai envoyé des oiseaux en reconnaissance vers ta forêt, et il va t'être impossible d'y retourner avant un bon moment. Une armée d'Ashnard, accompagnée d'un florilège de créatures a fait son campement sur le chemin. Ils attendent visiblement leur équivalent de Nexus pour une bataille, et ma forêt est sur le trajet de cette dernière.
Nous allons donc devoir à nouveau nous déplacer. Deux cent kilomètres seront suffisant, mais cela nous éloignera encore plus de ton bois. Si tu restes dans mon domaine, tu t'en sortiras vivante à coup sûr. Par contre si tu décides de partir maintenant, j'ai peur que tu ne coures droit à ta perte.
Mais la décision est tienne. Tu as jusqu'à demain matin pour prendre une décision, après quoi je partirai pour un lieu offrant plus de sécurité. »


La situation était réelle, mais désirée. Elle aurait très bien pu aller à un autre endroit bien avant déjà, mais elle n'avait pas grand-chose à craindre de ces armées, quelque soient leur taille ou leur composition et tant  que ça pouvait servir ses intérêts...
Elle bascula en arrière, disparaissant dans la terre, puis se retrouvant juste derrière la mignonne petite hyène, sa bouche au niveau de on oreille. La fille-fleur n'avait pas bougée en réalité, mais était juste sous terre tandis qu'une autre poussa rapidement et silencieusement dans le dos de la terranide.


« -Mais avant tout ça, profitons de cette soirée pour prendre un peu de bon temps. Tu ne m'as toujours pas donné ton nom, ravissante créature forestière. »


Et elle commença à lui masser les épaules gentiment, sans beaucoup de force. Juste pour voir si elle se laissait faire.

La hyène se retourna en souriant de tout ses crocs à la créature qui s'adressait de nouveau à elle. Pas pudique pour un sou, elle se releva et indiqua d'un hochement de tête brusque que l'eau était bonne. Le bébé mygale acquiesça et repartit de nouveau entre les branches, histoire d'aller se trouver son propre dîner et pourquoi pas, une bande de copains sûrement.

C'est en la voyant partir que Mithra recommença soudainement à être sur ses gardes. Cette bestiole était sa seule attache dans cette forêt qu'elle ne connaissait pas, et sans, elle se retrouvait un peu comme une enfant perdue dans un magasin... et sans doudou. Une bien étrange comparaison quand on connaissait la bête.
Pendant qu'Alraunya s'asseyait sur le bord, Mithra se rassit dans l'eau en appuyant ses bras sur le rebord d'herbe pour écouter ce que la maîtresse des lieux avait à dire. Ses sourcils se froncèrent à la fin de la tirade. Les ennuis se succédaient, et il aurait fallu être sacrément idiot pour ne pas suspecter cette étrange créature émeraude qui arrivait comme un cheveu sur la soupe. Pourtant, la priorité pour la sauvage n'était pas de découvrir qui était derrière tout ça, si ce que disait la plante n'était pas vrai. Elle se préoccupait surtout pour les pauvres bêtes qui allaient finir piétinés... et pour sa chère cabane, qui risquait surtout de finir squattés par des soldats crasseux, ou brûlée vive, tout simplement.

"Pfff, j'ai mis trois semaines pour la construire !.."

L'animale s'était plainte tout haut, mais plus pour elle-même, vu qu'Alraunya ne risquait pas de comprendre la cause de son désarroi. Ou même de s'en occuper, en fait. On privilégiait rarement une cabane quand on matait en toute tranquillité sa voisine. Pourtant, avec l'intégralité de son corps et de sa fourrure mouillée, Mithra ressemblait plus à un gros chien après son bain qu'à une star du porno. Et elle en avait l'odeur en plus.
Ce n'était pas tant une odeur de crasse que celle de la terre humide. Elle gardait un minimum d'hygiène, parce que ses sens olfactifs était facilement saturés par sa propre odeur de sueur, mais ça ne l'empêchait pas de se rouler dans la boue et de rendre son eau de bain toute boueuse après chaque passage.

D'ailleurs, elle finit par en sortir, de cette eau. Quelques secondes pour s'ébrouer et s'étirer devant la fille-fleur qui devait bien profiter du spectacle, la terranide s'accroupit devant la carcasse pour en arracher la fourrure, puis la découper à l'aide de ses griffes avec précision. De la boucherie qui n'avait rien de moderne, mais ça restait propre et beau à voir pour les amateurs de la chose, bien entendu. Mithra avait souvent plaint ces humains qui étaient forcés d'user de couteaux avec leurs pattes riquiquis, alors qu'elle pouvait découper tout et n'importe quoi en un clin d’œil.

En dégustant la viande fraîche, la sauvage jeta un coup d’œil dans le petit carré de ciel qui n'était pas masqué par les arbres. Le soleil s'était couché, l'atmosphère se rafraichissait et elle commençait à frissonner. La saison n'était pas pour le nudisme et sa fourrure pas encore assez épaisse pour pallier à ça, aussi avait-elle en tête de chercher ses maigres vêtements et de demander un abri à la créature pour la nuit. Mais celle-ci avait autre chose en tête. Chose qui se précisa quand elle demanda sensuellement son nom à la hyène, penchée sur son oreille.

Mithra ne s'attendait déjà pas à ça, vu que la femme-plante se trouvait devant elle aux dernières nouvelles. Mais quand en plus ses mains se posèrent sur son épaule, son esprit primitif crut à une embuscade. Ce qui entraîna le tableau suivant : ses crocs plantés dans le bras de la femme verte, heureusement pas plantés très profond puisque la sauvageonne eut le temps de se rendre compte de son erreur.
La hyène s'écarta en se retournant, et ne connaissant pas les excuses et autres désolations que les humains utilisaient entre eux, elle se contenta de regarder avec des yeux ronds la plaie qu'elle avait faite dans le bras d'Alraunya, et d'où s'écoulait...
...du sang vert ?