-Oh si...
La pression sur la gorge de Cyanne ne s'atténue pas. Pas le moins du monde... Est-ce que tu vois ta vie défiler devant tes yeux, petite proie sans nom? Quelle est la pensée qui traverse les brumes de ton orgasme?... Tu te dis peut-être que les livres ne finissent pas toujours bien, et que les beaux jeunes hommes ténébreux ne s'intéressent pas forcement aux princesses pour les bonnes raisons...
Contre lui, il sent le corps de Cyanne lutter pour une nouvelle bouffée d'air, pour se défaire de l'orgasme dévastateur qui la paralyse, pour avoir sa chance... Sa chance d'attraper le Sig Sauer, probablement. Seulement, petite, cela n'arrivera pas. Je suis le plus fort, et tu es vaincue. Tes coups sans force m'ont laissé de marbre. Regarde comme tes muscles ont cessé de te répondre, comme bientôt ils cesseront de remuer... Déjà, tu te laisse glisser dans les ténèbres, les ténèbres brûlantes de ta jouissance. Tu t'y perdra, fillette. Tes sens t'ont été arraché, et ton esprit s'est encore enfouit un étage plus profond. Tu n'as plus conscience de souffle, de mes bras qui te serrent, de mon membre en toi, qui poursuit cruellement son va et vient... Tu es seule, perdue dans cette fabuleuse explosion dont tu rappèlera toute ta vie. Car j'ai décidé de te laisser vivre, petite proie. Mais tu n'en sauras rien avant de reprendre conscience, et à ce moment là, je serais déjà loin.
Ses doigts se relâchent, et il laisse l'air envahir les poumons de la jeune fille. Elle est molle, absente. Comme une poupée désarticulée. Avec un luxe de précautions, Érogène Jones la soulève, et l'allonge délicatement sur le sol. Respiration régulière, pouls normal, compte tenu des circonstances... Son visage crispé de plaisir est la dernière trace de l'enfer délicieux qu'elle est en train de traverser. Il sourit, se penche, et dépose un doux baisé sur sa joue. Ce n'est qu'un rêve, petite proie. Un rêve terrible et merveilleux dont tu finira par sortir. Il ramasse le T-shirt de Cyanne et s'en sert pour la border.
Érogène Jones se relève, passe son propre T-shirt et boucle son pantalon. Son érection est intact, mais il se moque de sa propre jouissance. Ce n'est pas de cette manière qu'il assouvit ses pulsions ; le corps immobile de Cyanne peut en être témoin... De plus, la nuit ne fait que commencer. Il trouvera bien une autre victime pour lui accorder ce petit bonus. Déjà, il se met à siffloter.
La porte s'ouvre, laissant un faisceau de lumière crever l'obscurité. Silhouette de sa proie sur le sol, à laquelle il jette un dernier regard amusé avant de la refermer.
Une fois dans le couloir du métro, il se mêle à un groupe qui se dirige vers la sortie. Érogène Jones, prédateur conquérant, les cheveux encore en bataille, et sur sa peau l'odeur d'une victime. Bientôt celle d'une autre. Et pourquoi pas cette femme à l'écharpe bleu, qui se dandine quelques pas devant lui?
-J'ai deux amours, mon pays et Paris...