Dextra n'avait absolument jamais désirée cela. Enfin ce n'est pas comme si elle avait eut le choix de quelques manières que ce soit ! Mais franchement, si elle avait eut son mot à dire, elle se serait permise d'attraper son professeur par le col et lui hurler combien ce genre de puérilité lui donnait envie de vomir en premier lieu, puis de fuir en second. Pourtant, la voilà dans cette situation stupide, inacceptable, absolument insupportable : Un voyage scolaire.
Dextra ne passait pas franchement le plus clair de son temps à l'intérieur du lycée Mishima. En tantque dernière année, elle devrait pourtant s'y trouver le plus souvent possible, aller étudier à la bibliothèque, demander des conseils à ses professeurs afin d'améliorer le plus rapidement possible ses notes, mais à la place ... Elle faisait tout l'inverse. Absentéiste des premières heures, la jeune femme ne se maintenait la tête hors de l'eau que par son esprit des plus tenaces, sans parler de ses quelques triches quand elle sentait que les choses pouvaient tourner mal. Cela entendait souvent l'utilisation de ses arts sombres pour lui permettre de scruter les réponses qui se trouvaient sur les feuilles des bons élèves, un procédé suffisamment efficace pour qu'elle n'ait guère le désir de faire autrement. En tout cas, vu qu'elle n'avait absolument aucuns désirs de se trouver en la présence des professeurs, encore moins celle de ses camarades par ailleurs, elle avait tôt eut fait de rester chez elle, cloîtrée, espérant alors obtenir le minimum de tranquillité qui lui permettrait de se focaliser sur ce qui avait de l'importance pour elle.
Mais non ... On ne le lui permettait pas. Mme Shuzui, sa professeure principale, avait eut le comportement le plus direct à ses yeux, ne se laissant guère décontenancée par la langue tranchante de la jeune femme aux cheveux verts, et lui avait offert une proposition que Dextra n'avait put refuser : Soit elle participait avec sa classe et d'autres au voyage scolaire qui les mèneraient tous à Oruga-Samu, un village proche qui n'avait sûrement pas le plus petit des intérêts à ses yeux... Soit elle se retrouvait avec un motif évident d'exclusion scolaire, ce qui signait son arrêt de mort pour atteindre quelques plus hautes études dont elle allait avoir le besoin en fin d'année si elle ne voulait pas finir plus ou moins à la rue, sans bourses ni aides de toutes sortes. Autant dire que le choix, malgré le dégoût et la colère qu'elle éprouvait, avait vite été fait. Et la voilà donc, deux semaines plus tard, dans un bus bondé, en direction du fameux village. Le pire ? C'est qu'elle voyait bien que seule sa classe se trouvait être présente en tant que dernière année d'étude. Toutes les autres étaient de rangs inférieurs, un constat qui ne manquait pas de l'amener à se mâcher la lèvre avec un énervement palpable. Au moins, par chance, celle qui se trouvait à côté d'elle la fermait, ça lui évitait de l'envoyer chier.
Deux heures, c'est ce qu'il fallut pour que le bus arrive enfin à destination. Point besoin de décharger les affaires, il fut engagé par la réception du Ryôkan d'emporter l'ensemble des valises dans les chambres qui avaient été réservées, permettant ainsi aux professeurs d'emporter tout ce petit monde dans les premières visites de la journée immédiatement. Joie et bonheur, elle n'avait donc pas l'occasion de s'éclipser en douce pour l'instant. Car oui, Dextra n'avait pas du tout signée pour participer à cette farce : Tout ce qui comptait pour elle était de disparaître le plus rapidement possible. Tant qu'elle était à ce voyage scolaire, elle n'avait plus d'autres raisons de bien se comporter par la suite. Elle emboîta donc le pas de ses camarades avec la ferme intention de se glisser hors du groupe dès que le moment se présentera. Ce qui n'allait pas être une chose facile, elle s'en rendit vite compte : Le professeur référent de son groupe avait peut-être l'air détendu, mais il la gardait visiblement à l'oeil, l'empêchant de quitter le tas de gamins qui l'entourait par quelques injonctions quant elle s'y essayait.
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Putain, il va jamais me lâcher... "
Ses mots furent perçus par une camarade, qui baissa la tête immédiatement, de peur de subir la mauvaise humeur de celle que tout le monde appelait la sorcière aux cheveux verts. Et remarquant cela, ce ne fut pas sans un sourire que Dextra commença à échafauder son plan. Après tout, même si elle était connue pour son mauvais caractère, elle évitait généralement bien des problèmes. Pourquoi ? Parce qu'une bonne partie de ses camarades la craignait. Ceux qui avait osé s'attirer ses foudres finissaient généralement avec une malchance de tout les diables, comme si une mauvaise étoile couvait leur destin en permanence. Tout le monde voulait l'éviter... Ou l'aider à faire ce qu'elle avait envie, de peur sinon de se retrouver dans une fâcheuse situation. Alors la demoiselle regarda autour d'elle, à l'affut d'un visage familier qu'elle pourrait utiliser à ses fins. Ce ne fut pas sans mal, peu de ses collègues de classe aurait la malhonnêteté de la suivre dans ses mauvais comportements, mais il y en avait une dont elle connaissait la plus ironique des faiblesses, et ça allait lui être bien utile !
Malheureusement, il lui fallut attendre la pause déjeuner pour enfin la trouver, mais ce ne fut pas sans un grand plaisir. Après avoir supporté trois longues heures de visites culturelles, elle ne pouvait d'ailleurs attendre plus longtemps avant de mettre son plan à exécution : Elle s'approcha de Nita Kuboshi, une jeune demoiselle parfaitement normale, fine et élancée, avec une timidité terrible mais des sentiments aussi fort que sa personnalité était terne. Ce que cette jeune fille désirait depuis des mois, c'était son professeur principal. Ce que Dextra désirait, c'était la liberté. Et là où leurs désirs coïncidaient, c'était dans la personne qui était à la fois le tortionnaire actuel de la sorcière, et l'amour de sa vie de l'ingénue. S'approchant donc sans trop de discrétion, l'étudiante s'assied sans la moindre forme de gêne ou de réflexion à côté de la timidité incarnée, ne manquant pas de la faire sursauter par la même occasion. Puis sans plus d'introduction, elle se mit à lui parler, à voix basse, usant de ses talents naturels pour lentement rentrer dans l'esprit de la demoiselle. De sa main gauche, elle écrivait sur la chaise de sa camarade les runes qui lui permettraient bientôt de donner un coup de fouet à cette idiote, tandis que sa langue la distrayait :
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Bonjour Nita, charmante sortie n'est-ce-pas ? -
Qu-Qu'est-ce-que tu veux ? -
Droit au but, hein ? Si je m'y attendais... "
Une rune, plus que trois.
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Je crois savoir que tu as quelques désirs inassouvis ? Souhaiterais-tu un coup de main ? -
Comme si j'allais faire confiance à la sorcière de l'établissement, marmonna l'étudiante, le rouge au joue. T'en as rien à faire de mes désirs, je le sais, et tu vas juste me porter malheur. -
Mais non allons, je viens juste pour te donner un petit élan ! Après tout ... Il te regardait déjà tout à l'heure. -
C-C'est vrai ? "
Trahison de la demoiselle par ses propres émotions, elle s'était tournée avec espoir vers Dextra avant de se rendre compte de son engouement maladroit, et de rapidement se retourner pour adresser son nez au sol. Oui, il était évident de qui Dextra parlait, sa camarade le savait parfaitement, c'est ce qui rendait d'ailleurs la situation d'autant plus pernicieuse. La fourberie de la femme aux cheveux verts n'était pas une nouveauté, seul les plus idiots s'y laissaient prendre d'ailleurs. Et dans le cas présent... Nito était embourbée jusqu'au coup dans les mesquineries de Dextra. Il était, en soi, déjà trop tard pour elle, trois des runes étaient déjà inscrites (métaphoriquement) sur son assise, ne restait que la quatrième pour que le sort s'enclenche. Il ne manquait que quelques secondes à la sorcière auto-didacte pour atteindre son objectif, aussi ne fit-elle pas dans la dentelle : Elle attrapa sa camarade par l'épaule de sa main libre, lui intimant ainsi de ne pas quitter sa chaise, puis elle alla se glisser discrètement à son oreille, meilleure moyen de jouer la confidence pour la garder immobile :
"
Allez, prends ton courage à deux mains. Tu files lui parler, tu lui touche la main, peut-être même que vous parviendrez à trouver un endroit discret pour discuter ? Y'a une heure et demi de pause déjeuner, c'est bien assez non ? -
T'es complètement dingue ! Je .... Je peux pas faire ... Pas faire ... -
Oh ta gueule hein ? Tu veux juste faire la donzelle effarouchée mais dans le fond, on sait tous ce que tu veux. -
N-Non ! -
Alors prouves le moi. Va le voir, dis lui ce que tu as sur le coeur... On verra bien comment tu réagira par la suite. -
C... Connasse ! Va te faire foutre, sincèrement ! "
Si les mots auraint put faire croire que Dextra avait échouée, c'était tout le contraire. Piquée dans son orgueil, sa camarade de classe venait de se lever de sa chaise, cramoisie, mais un feu ardent dans le regard, pour se diriger droit vers son professeur principal. Le coeur battant la chamade et l'esprit gonflé d'un désir qu'elle n'assumait pas, la petite demoiselle traversa la salle où ils déjeunaient tous pour se diriger vers la table des enseignants, tandis que Dextra jubilait. Parfait. Non seulement elle avait déjà finie de créer son sortilège, mais en plus elle avait eut le temps de le glisser de l'assise au corps de Nita. Au premier contact, le professeur répondrait positivement aux attentes de l'étudiante, trouvera sûrement une excuse pour qu'ils s'éclipsent, influencé par le sort suggestif que la demoiselle aux cheveux verts avait conçu... Tant et si bien que Dextra ne fit même pas plus d'efforts pour cacher son action suivante : Dès lors que le nouveau couple engagea la discussion, elle se dirigea vers la sortie et s'éclipsa sans la moindre forme de discrétion. Elle n'en avait juste plus besoin.
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* *
Aaaaaah l'air extérieur. Elle respira à plein poumon ce synonyme de liberté. Plus de professeurs pour la garder à l'oeil, plus de connards d'élèves débiles pour lui farcir le cerveau de gueulantes sottes et de réflexions stupides. Si la salle qui les avait accueillis pour la pause midi se trouvait au milieu du village, Dextra n'avait nullement perdu de temps pour s'en éloigner : Slalommant entre les vieilles bicoques et les boutiques de gri-gris d'un autre temps, elle avait rapidement remontée une des voies principales de cette bourgade pour enfin atteindre un jardin public de grande taille. Entre chemins valonnés pour la partie inférieure et flanc de colline pour la partie supérieure du jardin, le choix était vite fait par ailleurs. La demoiselle s'approcha lentement de la zone haute, se mit à se glisser entre les hauts arbres des lieux, puis se dirigea entre les rochers avnt d'y trouver un vieil escalier permettant d'atteindre les points de vues les plus élevés. La meilleure des cachettes, sans parler du plus agréable des lieux pour se reposer. Une marche après l'autre, elle atteignit la plate-forme bien dissimulée aux yeux d'autruis, et s'y installa nonchalamment. Un soupir d'aise s'échappa de ses lèvres.
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Eh bah voilà, c'est bien plus acceptable ainsi ! "