Le beau temps n'était guère vraiment au rendez-vous ces derniers jours. La pluie tombait, des fois en fine brume, d'autres fois elle se déguisait en rideaux de fer qui donnaient l'impression de ne pas pouvoir être traversés. Vent froid, douche naturellement chaude, tout cela variait bien trop mais que voulez-vous ? On ne peut contrôler la météo. Le ciel était d'une jolie teinte grise, sublimé de moult nuages cotonneux. Mais rien de tout ceci ne pouvait miner le moral de la belle Lucie. Certes, avec ce genre d'inconvénients, la rondouillette ne pouvait guère s'occuper de son potager correctement, ni même de son jardin dans son entièreté. Souvent, la promenade de Starky et de Lola se terminait en bain de boue et en shampouinage intense. Il y avait quelque chose d'épuisant dans ce temps, mais la jeune femme s'y faisait. À quoi bon râler sur quelque chose qu'on ne peut maîtriser ? Autant le prendre avec le sourire et tout passe mieux.
C'est la fourche en main que Lucie avait commencé sa journée assez tôt, qui plus est. Dans sa petite grange, la jeune femme avait préparé au préalable les ballots de paille à défaire pour changer celle salie dans les enclos. Ses deux chèvres et son cheval, Athos, n'en étaient que plus ravis. Mais il manquait quelque chose à son
Shire. Le pauvre marchait étrangement depuis quelques jours. Durant son ménage, la rondouillette prit le temps de vérifier l'état de ses sabots, notamment ses fers et bingo ! Ils étaient bien les fautifs. La jeune femme s'en voulut l'espace d'un instant, d'avoir trop traîné avant de les lui faire changer. Son cerveau fonctionnait toujours à mille à l'heure, et c'était souvent que la Française pouvait oublier certaines choses, c'est pourquoi elle tenait un calendrier.
Une fois ses tâches finies, Lucie se dirigea vers sa maisonnée pour passer à la douche et se débarrasser de toute trace de son dur labeur. Lorsqu'elle eut fini, enroulée dans une grande serviette, la jeune femme vérifia le fameux calendrier où elle y notait tout et c'est avec horreur qu'elle découvrit qu'elle avait passé la date pour le ferrage de son canasson. Allant s'habiller en quatrième vitesse, les cheveux à peine coiffés, la rondouillette se chaussa de ses plus belles baskets, histoire d'être à l'aise, se couvrant d'un pantacourt en jean et d'un
top en cache-coeur vert. Attrapant son sac à main et son téléphone portable en chemin, elle finit par fermer sa maison à clé avant de prendre la route à pieds. Ses doigts potelés se mirent à pianoter rapidement afin de trouver une forge au plus près de chez elle, ou tout du moins un nouvel endroit où elle pourrait commander des fers pour Athos. L'ancien forgeron qui les lui faisait avait pris sa retraite et n'avait guère trouvé de repreneur...
- Oh !Un large et franc sourire vint étirer les lèvres charnues de la jeune femme. Google Maps venait de lui indiquer qu'une forge se trouvait dans la zone industrielle, non loin de sa maison. Elle n'aurait pas à marcher indéfiniment, ni prendre trente-six transports en commun pour arriver à destination.
Une demie-heure plus tard, Lucie s'arrêta devant une boutique, observant son téléphone puis la devanture. Visiblement, soit ils avaient mis un bon coup de peinture, soit ils avaient changé de propriétaire et donc toute la décoration extérieure avait été refaite. Poussant la porte de la boutique, c'est une vague d'une extrême chaleur qui lui fouetta le visage et tout son corps. Elle aurait pu fondre littéralement sur place. Le soleil de son sud natal n'était pas si caniculaire, Lucie avait tout de même l'habitude des températures chaudes, mais là...Ses vêtements auraient presque fusionnés avec sa peau. Se ventilant d'une main, comme si cela allait arranger quelque chose, ses yeux d'azur cherchèrent dans la boutique après quelqu'un qui pourrait l'aider. Visiblement, la personne était occupée à l'arrière.
- Y'a quelqu'un?Une fois...Deux fois...Trois fois...Crescendo. Ça ne suffit guère. C'est après qu'elle remarqua la cloche. Tirant sur la chaînette, elle la fit tinter la fameuse cloche. Tididing ! ♫
La joviale Lucie patienta tranquillement, toujours à se ventiler d'une main pour ne pas suer la grosse goutte.