Ouvert depuis quelques heures déjà, une petite foule peuplait le salon principal et les pièces annexes. Sous les échanges langoureux, les mains baladeuses, les corps s’échauffaient dans les canapés écarlates. Lorsque le désir, l’envie atteignait leur paroxysme, ils disparaissaient en quête d’intimité. Madame Sawada, l’élégante propriétaire, s’occupait de l’accueil. Dès que l’occasion lui venait, elle appréciait découvrir -ou redécouvrir- les visages qui viendraient peupler son club. Des habitués faisaient alors leur entrée. Après quelques bavardages futiles, ils trouvaient leur chemin. La femme s’était inscrustée auprès d’amis de longue date. L’homme s’était faufilé jusqu’au bar pour retrouver la serveuse, Ava. A peine installé, son regard se perd dans l'avantage décolleté, sur cette robe trop courte. Un silence s’installa, long et lourd de sens. Le désir ne se dissimulait pas en ce lieu libidineux et les pénibles avances ne tardèrent à tomber. La blonde ne répondait jamais lors de ses heures de travail et encore moi à ce qu’elle et ses collègues surnommaient : le gros porc.
Ce surnom, il le méritait pour ne pas comprendre la négation des employées, harcelées presque chaque soir. Mais l’argent résolvait ce problème et tant que les autres clients n’en faisaient pas les frais, aucune mesure n’arriverait. Au point qu’Ava ne rêvait plus qu’à la fin de sa soirée. Pour supporter sa répugnante présence, son regard, son attention se perdait sur les couples installés aux tables et dans les canapés, aux échanges aussi discrets que sensuels. Elle les enviait. Si d’autres devenaient insensibles à cette vue répétée, elle n’y voyait que son désir attisé. Ses lèvres se pinçaient, ses pupilles jades ne les quittaient alors que distraitement, elle nettoyait les verres entre ses mains. Mais l’homme revenait à la charge, la sortait de ses lubriques pensées et l’agaçait d’autant plus. Son attention se perdit cette fois, sur sa montre, discrètement posée à côté de l’évier. Désormais, l’étudiante comptait les minutes qui la séparaient de la fin de son service, de la délivrance. Si cette dernière ne devrait tarder, l’appel de sa patronne sonna comme une délivrance.
Face à un homme des plus séduisants, visage inconnu pour l’habituée employée, l’ordre fut donné de lui faire visiter les locaux. Et à son oreille, la propriétaire ajouta qu’à l’instant où la visite se terminirait, son travail prendrait fin pour la soirée. Elle serait libre de vaquer à ses occupations ou de rentrer chez elle. Libérée d’un poids, la précipitation lui en avait fait oublier sa montre. Trop tard, tous les prétextes étaient bons pour éviter de retourner derrière le bar face à l’immondice qui y campait toujours.
Ses pupilles retombèrent sur le client qu’elle prit quelques secondes pour détailler. Mais sans oublier la politesse et son devoir, la blonde se présenta.
« Je suis Ava. Afin de vous aider à vous familiariser avec les lieux, je vais vous faire visiter. Je vous prie de me suivre, Monsieur… ? »
Quittant le sas d’entrée, ils pénétrèrent dans le salon principal. La décoration était discrète. Un bar se situait dans un coin, fourni en alcool et devancé par une rangée de tabourets. A quelques mètres, des canapés entouraient quelques tables. Des couples étaient encore présents, discutés vivement, chastement. Mais la plupart tatait déjà le terrain. Leurs mains se gissaient entre les cuisses de certaines, sous les jupes d’autres. Les femmes n’étaient en reste, parfois assise sur les genoux de leur amant d’un soir ou les doigts jouant avec les boucles de leur ceinture. Comme un jeu de frustration, la pièce n’était qu’un avant-goût de la luxure plus audacieuse que l’on retrouverait au fil de la visite.
« Ici, les couples se rencontrent, font connaissance. Ils partagent un verre et discutent. La gérante tient à ce que ce salon reste… un plus chaste ? Un prélude aux ébats plus animés que nous pourrons trouver ailleurs. Si vous vous sentez prêt, je vous invite à me suivre. »
A peine la porte franchie, des bruits obscènes venaient peupler l’étroit et sombre couloir où ils se trouvaient. Ava n'était pas indifférente à ce spectacle auditif. Lèvres pincées, jambes serrées, elle essayait pourtant de faire bonne figure.
« Le club offre de nombreux services pour répondre à toutes les attentes. Si vous souhaitez de l’intimité après avoir trouvé un ou une partenaire, vous pourrez vous rendre à votre droite. De nombreuses chambres sont mises à disposition. Cependant, si vous aimez les expériences plus publiques, d’autres pièces sauront sans doute vous ravir. Avez-vous une préférence ? Un endroit que vous aimeriez absolument voir ? »