Mon réseau d'information m'avait informé tôt dans la matinée qu'une jeune vachette avait été repérée dans la ville de Nexus. Les terranides de la branche bovine étaient très rares et ça, j'en savais quelque chose. Les esclavagistes se fendaient le cul pour en trouver une. Étrangement, j'en vins à penser à Don. Lorsque j'ai rencontré Fiela, j'avais remarqué la marque sur sa fesse gauche et elle m'avais dit qu'elle venait de son précédent maître. Mais j'ai revu cette même marque sur la fesse d'Hana. Selon les informations que j'ai pu obtenir, cette marque appartient à un esclavagiste à part. Personne ne savait qui il était vraiment, il apparaissait et disparaissait aussi vite, vendant des esclaves d'un bout à l'autre du monde. On savait seulement son prénom et à même là, qu'est-ce qu'un nom? Tout le monde peut mentir. Enfin, je l'identifiais à celui qui a été le plus souvent entendu dans le milieu des esclavagistes, celui de Don. Ce personnage était un être que je méprisais grandement, mais surtout que j'avais très envie de briser. Détruire son esprit jusqu'à la racine était quelque chose que j'avais plutôt à coeur.
Le soir tomba, je marchais, accompagnée de ma servante Neko, Leila, dans les rues des bas-fonds, suivant à quelques mètres près derrière la jeune vachette. La jeune terranide regardait les objets dans les magasins avec une envie qui se voyait très bien. J'eus un petit pincement au cœur à la regarder. J'avais envie de tout lui acheter, mais je devais la protéger des esclavagistes pendant leur séjour dans cette ville. J'entendis alors une voix. On aurait dit un russe, de la manière dont il roulait ses "R", mais sur terra, les russes se faisaient plutôt rare, le portail de Russie étant dans les montagnes, je doutes que des gens viennent en cet endroit pour si peu. Bâti comme il l'était, il aurait pu me broyer tous les os du corps d'une accolade.
Heureusement, J'avais pensé à trainer mon Zanbatô avec moi, ce qui était pratiquement le seul réconfort que je pouvais avoir. Le "Russe" était un vrai géant de deux mètres, baraqué comme pas deux, bronzé et les cheveux crépus. Je vis alors la petite vachette, devant lui. Mes yeux brillèrent d'un éclat d'avertissement. Les informations sur cet homme entrèrent dans ma tête et je paniquai pour la jeune femme. Ses informations disaient, en clair, que ce type était dangereux pour la gamine, très dangereux.
Leila, ma servante, se dirigea vers eux, poussée par une force inconnue à empêcher la gamine de faire une bêtise. Son instinct de mère protectrice la poussait à aller à la rescousse de la jeune fille, ayant accouché, il y a onze mois, d'un bébé mort-né, qui était vraisemblablement le fils de l'esclavagiste. J'ai tenu l'enfant de ce monstre dans mes bras, tentant de le ramener à la vie pour la mère éplorée qui voulait son bébé, mais c'était peine perdue, je n'étais pas un dieu. L'instinct maternelle de la jeune femme n'en fut point affecté. La belle servante ouvrit la bouche, sa voix douce comme le miel raisonna dans l'allée, sur une note claire.
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Elle risque d'avoir encore plus de problèmes si elle suit un étranger, aussi gentil soit-il...Puis, elle se tut. Je ne savais pas qu'à ce moment-là, si elle ne se souvenait pas de Don, son subconscient et son corps, eux, s'en souvenaient parfaitement. Elle recula, prise de frayeur, plaquant sa main sur sa bouche. Cela confirma mes soupçons, mais je mis cela sur l'instinct de survie des neko qui les poussait à s'éloigner du danger. J'entrai alors en scène, scrutant la moindre contraction des muscles de l'homme. Je me plantai devant l'homme, derrière la fille, que ma servante s'empressa d'écarter de notre chemin. Je le dévisageai avec attention, prêt à dégainer mon kriss au moment opportun. Comme le disait Bugs Bunny à la télé quand j'étais gosse, il ne faut jamais suivre un homme qui nous offre une sucette, ou, dans ce cas-ci, un appât. Dans cette ville, il y avait trois cercles de transmutation. Tous me permettaient de faire une transmutation majeure et les éléments y étaient tous, par mes soins. Je parlai alors avec un sourire poli, comme si je venais de revoir un vieux pote.
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Je m'excuse de cette intrusion, mon bon monsieur, mais je crois qu'il est inapproprié pour un inconnu de demander à une jeune fille d'entrer dans sa demeure.Bon, remarque, la suivre n'était pas non plus des plus galants, mais je lui avais évité une grave bêtise. Dans les informations que mes pupilles m'avaient transféré, j'ai découvert quelques uns de ses défauts, soit sa naïveté. Elle pourrait croire n'importe qui sans même réfléchir à deux fois. Ce n'était pas de l'idiotie, mais de la confiance aveugle et nuisible.
L'apparence de la servante