Les premières semaines aux enfers avaient été rudes pour Hana. Elle avait dû s'habituer aux nouveaux yeux que je lui avais offert afin de voir parfaitement dans l'obscurité. Ca rajoutait une lueur dorée captivante à son regard habituel déjà fort passionnant. Je lui avais fait connaître mon domaine, l'initiant à chacune des zones et à leur fonction. Contrairement à ce qui se passait dans l'ancien temps, les enfers étaient ici reliés au Paradis et à l'Enfer, ces deux conceptions chrétiennes de l'après vie. Je ne me souvenais plus exactement de quand j'avais fait le raccord, mais ça n'avait pas dérangé plus que ça Dieu, puisque les âmes continuaient d'arriver. Cependant, je n'étais plus responsable que de la migration de milliards d'âmes, les rares demeurant aux enfers étant négligeables par rapport à la masse des transits. Mais les enfers survivaient, plutôt bien après tout... Voila ce que j'offrais à Hana, mon élève. La connaissance de ce que les Chrétiens appelaient le purgatoire. J'en étais le maître et je prenais mon rôle de juge très à coeur. Cependant, tout ceci était une responsabilité, et je comptais bien apprendre à mon élève à se battre, ne serait-ce qu'un minimum, afin de sauver sa peau et de protéger ce qu'elle voulait protéger.
C'est pourquoi, dans un lieu désert, un lieu désolé où nulle âme ne vagabondait, un lieu dans lequel j'avais recréé un bord de falaise, surplombant un océan déchainé par un soir d'orage, les éclairs balayant le ciel de leurs flammes bleutées, je me trouvais avec Hana, mon élève, mon amante. J'avais tenu à séparer amour et entrainement, et c'est pourquoi je tenais à me montrer exigeant avec elle. Pour son bien et celui de son apprentissage. Je ne lui laissais passer aucune erreur, la punissant à chaque fois en conséquence. Jamais violemment ou injustement, mais toujours de manière à ce qu'elle se souvienne de mes leçons et de ce que je lui avais inculqué. Et aujourd'hui ce seraient les bases du combat. Je tenais à garder Hana vivante le plus longtemps possible. Et s'il fallait lui faire entrer les mouvements dans le corps par la douleur, je le ferais. Parce que malheureusement c'était une des uniques manières d'inculquer l'art de se battre. Elle avait choisi la dague comme instrument de prédilection, grand bien lui fasse... Personnellement je préférais les armes plus volumineuses.
Je troquai néanmoins mon sceptre pour deux poignards recourbés, afin de mieux lui enseigner les bases du combat. Car pour vous dire la vérité, je n'étais pas sûr qu'elle pourrait battre un enfant armé d'un bâton en bois avec son niveau actuel...
Abaisse ton centre de gravité, reste toujours à observer ton adversaire. Le principe du combat à la dague c'est de harceler son opposant, d'être plus rapide que lui et de lui infliger de multiples blessures mineures sans te faire toucher. Tu dois anticiper chaque attaque que ton adversaire fera, et y répondre par un coup précis. Si tu as une question, pose là, j'y répondrai, sinon je vais te laisser m'attaquer, voir un peu comment tu te débrouilles.
Ce serait une petite évaluation sur le tas, histoire de voir l'étendue du travail que je devrai lui faire subir.