Le Glaive et le Lotus [PV Diana Prince]

Diana fut surprise de le voir se remettre d’aplomb si rapidement. La réputation sur les Armures d’Or n’était clairement pas surfaite. Les coups que Wonder Woman avait porté étaient suffisamment puissants pour blesser même Superman... Et Shaka se tenait encore face à elle, se permettant même de la narguer. Elle esquissa un léger sourire, flottant encore dans les airs. Ce combat était tout, sauf physique. À bien y réfléchir, Shaka ne l’avait jamais attaqué physiquement, se réfugiant derrière des illusions. Un magicien... Un Chevalier d’Or magicien. Son niveau devait se rapprocher de celui des mages que Diana connaissait, comme Doctor Fate, Zatanna, ou encore Klarion. Le combat était difficile, car Diana avait toujours eu un peu de mal contre la magie... Moins que Clark, fort heureusement, mais elle n’avait pas reçu une formation contre les mages, à Themiscyra.

Shaka utilisa à nouveau de sa technique, et Diana sentit ses yeux la piquer... Avant qu’un voile ne s’abatte sur eux. Quand elle avait les yeux ouverts, tout était flou, un nuage trouble et indistinct. Impossible de voir quoi que ce soit, les couleurs explosaient. Elle était devenue aveugle... Encore une fois, l’illusionniste avait utilisé ses sortilèges pour perturber son système nerveux, et Diana posa sa main sur son visage en grognant. Elle n’avait plus l’usage de ses yeux, et retourna sur le sol. La Princesse rouvrit les yeux, mais, encore une fois, sa vision ne revenait pas... Et il n’y avait rien à faire. Le seul moyen de lutter contre ce sortilège était de lancer un contre-sort, mais Diana ne l’avait pas en sa possession.

*Concentre-toi...*

La femme à la longue chevelure brune ferma les yeux, et respira plus lentement.  Il venait de lui ôter trois sens : l’odorat, le toucher, et la vue. Elle ne pouvait donc plus compter que sur l’ouïe et le goût... Donc, essentiellement sur l’ouïe. Yeux clos, elle se rappela son passé...

Yeux bandés, elle était dans l’arène, et savait que sa mère l’observait. La Reine Hippolyte. Diana n’avait pas le droit d’échouer. Pas devant elle.

Elle sentit du mouvement dans son dos, et bondit sur le côté, évitant la lance en bois, et contre-attaqua avec son épée en bois. Elle sentit un autre déplacement sur sa gauche, et son épée en bois heurta celle d’une autre sœur Amazone.

« Pas si mal, Diana... »

L’Amazone qui la complimentait était une guerrière adulte, plus forte que Diana, mais ça n’empêchait pas la jeune femme de l’affronter. Après tout, comme ses perceptrices le disaient, une guerrière se devait de savoir se battre contre plus forte que soi, a fortiori quand elle était une Princesse amazone. Diana se battait les yeux bandés, afin de ne pas commettre l’erreur que toutes les guerrières, souvent, faisaient : se reposer trop sur sa vision. Les yeux étaient les pires alliés qui soit, car ils avaient, soit une vision trop forte des choses, soit une vision partielle, en vous faisant voir plus qu’il ne fallait en voir, ou en ne vous faisant pas voir ce qu’il fallait faire.

Cependant, se battre sans yeux était difficile. Diana devait donc apprendre...

...Et elle avait appris.

Yeux clos, elle s’envola à nouveau, se fiant à la voix de Shaka.

*Heureusement, il aime bien parler...*

Wonder Woman lui tomba dessus, et le coup fut si fort qu’elle en défonça le sol de la maison ravagée. Shaka traversa le plancher, et s’écrasa dans une ancienne crypte, renversant plusieurs colonnes en marbre au passage, avant de traverser un nouveau mur. Diana, en perdant le sens du toucher, avait également perdu la sensation de puissance... Et elle avait tapé sans songer aux conséquences sur son propre corps cette fois. Elle se référait aux sons pour essayer d’identifier le Chevalier d’Or, une tâche assez difficile, car, en l’envoyant traverser le plancher, elle avait aussi provoqué un sacré ramdam.

L'Amazone bondit littéralement vers Shaka. Comme ce dernier s'y était attendu, elle s'était fiée à sa voix pour le repérer et allait de nouveau le frapper. Du moins c'est ce qu'elle croyait. Si Diana avait encore son sens de la vue, elle aurait pu voir l'apparence du Chevalier d'Or s'estomper avant de disparaître complètement pour ensuite réapparaître quelques mètres plus loin. Le poing de la guerrière ne rencontra que le vide.

- Il me semble que tu as oublié un détail des plus importants concernant les Chevaliers d'Or : notre vitesse de réaction peut égaler celle de la lumière ! fit-il d'une voix narquoise. Pour ce qui est de la force physique pure, tu n'as rien à envier à Aldébaran, raison pour laquelle je n'ai pas cherché à esquiver tes coups jusqu'ici car je voulais voir de quoi tu étais capable à ce niveau là. Pour ce qui est de la vitesse par contre, tes mouvements sont aussi lents que ceux d'un escargot et encore un escargot bougerait plus vite...

Shaka concentra de nouveau son Cosmos et effectua un geste de la main : Diana devait sentir sa bouche devenir pâteuse, enfin quelque chose d'approchant.

- Voila je t'ai ôté le sens du goût ! Qui plus est tu ne peux plus parler ce qui fera un bien fou à mes oreilles...

Shaka n'était pas du genre ironique mais à force de fréquenter le Chevalier d'Or du Scorpion, Milo, à l'esprit caustique et à la langue acérée, il avait fini par adopter son ton mordant et ses propos ironiques. Toutefois il n'aimait pas railler pour railler : ses moqueries avaient pour but de pousser ses adversaires, ou ses disciples, dans leurs derniers retranchements, afin qu'ils puissent se dépasser, donner le meilleur d'eux-mêmes.

Et c'était ce qu'il voulait que Diana fasse : qu'elle n'aille pas jusqu'au bout de ses limites mais au-delà de ses limites. Il avait confiance en elle car il la sentait capable de s'éveiller au Cosmos, voire même plus, à l'ultime Cosmos. Après tout, le sang des Dieux, l'ichor, coulait dans ses veines et par conséquent elle en était plus que capable. Il fallait simplement la "motiver".

Eveille-toi Diana !... pensa-t-il.

La sempiternelle arrogance de ce Chevalier était des plus insupportables. Le poing de Diana heurta le vide, ce dont la jeune femme peina à se rendre compte, compte tenu du fait qu’elle n’avait accès à quasiment plus aucun de ses sens. Elle se fia donc à son oreille, car elle ne sentit pas l’impact caractéristique que son poing produit en rencontrant un objet. Elle frappa le vide, et Shaka, qui arriva quelques mètres à côté d’elle, lui expliqua que, en tant que Chevalier d’Or, il pouvait se déplacer à la vitesse de la lumière. Diana, de fait, disposait ici d’une super vitesse, mais sa vitesse n’égalait pas celle de Flash. Shaka continuait à jouer avec elle, mais il cherchait très certainement quelque chose. Diana resta en hauteur, les yeux toujours fermés, se fiant à ses oreilles pour le retrouver. Elle se devait de trouver un moyen d’en finir avec lui avant qu’il ne coupe tous ses sens, et qu’elle soit totalement bloquée.

*Ces tours d’illusionniste sont lassants !*

Shaka continua à employer ses sorts, et coupa désormais le goût, arguant que ne plus entendre Diana leur ferait le plus grand bien... Une phrase curieuse, compte tenu du fait que c’était surtout lui qui parlait tout le temps. Une véritable pipelette, qui devait adorer s’entendre parler ! Néanmoins, pour Wonder Woman, la situation devint encore plus complexe. Elle resta sur place, en léthargie, utilisant ses oreilles pour repérer les ondes sonores, n’ayant plus que cela pour pouvoir se repérer et se battre. Aussi tendue soit-elle, Diana se refusait à croire que la situation était désespérée. Il y avait encore sûrement quelque chose à tenter, elle n’avait pas encore abattu toutes ses cartes. Il fallait qu’elle comprenne le fonctionnement des attaques de Shaka. Elle avait déjà compris que ces attaques étaient des illusions, ce qui voulait dire que, en méditant, elle pourrait peut-être les surpasser... Ce qu’il ne fallait pas oublier, c’était que Shaka était avant tout un Chevalier d’Or connu pour sa sagesse, et un grand amateur du bouddhisme. Or, le bouddhisme, plus qu’une religion, était une philosophie orientale, une philosophie de la méditation. Diana n’était pas une spécialiste du bouddhisme, mais elle savait que cette philosophie, comme l’hindouisme, visait à atteindre une sorte d’état suprême, transcendantal, le nirvana. Considéré dans la langue populaire comme une sorte d’état de grande satisfaction, le nirvana était plus que ça. C’était un état nouveau, où le sujet ne ressentait plus ni souffrance, ni plaisir, mais était au-dessus de ça, dans une sorte de félicité éternelle. La grande théorie de Bouddha, au cœur du bouddhisme, était de considérer que la frustration naissait du désir, et que, pour éviter de souffrir, il fallait arrêter de désirer. En appliquant cela au combat en cours, la leçon à en tirer était d’arrêter de reposer sur ses sens pour se reposer sur autre chose... Car les sens étaient trompeurs. Diana savait que les cinq sens donnaient une appréciation déformée de la réalité. Ainsi, là où un homme voyait vert, un animal avec des pupilles différentes verrait tout en rouge. Les cinq sens du corps humain ne donnaient qu’un aperçutronqué de la réalité, et, plus Diana perdait l’usage de ses sens, plus elle était fermée, isolée sur elle-même.

*Qu’est-ce que le bouddhisme disait au sujet des cinq sens, déjà ?*

Diana réfléchissait, revenant aux fondamentaux, et aux différences entre la pensée occidentale et la pensée bouddhiste. Pour les Occidentaux, un sens désigne la capacité d’un sujet de percevoir des éléments extérieurs à celui-ci. D’un point de vue bouddhiste, le « sens » était une notion plus délicate, plus subjective, et parlait, de fait, non pas de sens, mais de « conscience ». Pour un bouddhiste, la vue n’était pas un sens, mais une conscience, car, dans cette philosophie, pour qu’une information extérieure soit perçue par le sujet, il fallait la réunion de trois éléments : un objet à percevoir, un organe capable de visualiser cet objet, et une conscience capable de traiter l’information. Ainsi, dans le cas de la vue, il faut avoir quelque chose à regarder, des yeux pour le voir, et un cerveau suffisamment constitué pour permettre de comprendre ce qui a été vu. De cette manière, plutôt que de parler du « sens de la vue », on parlait de « conscience de la vue ».

*C’est là que les tours de Shaka doivent se jouer... Il me retire chacune de mes consciences.*

Il existait ainsi, dans le bouddhisme, non pas cinq sens, mais neuf consciences :

• Les cinq premières consciences, correspondant chacune aux sens classiques : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat, et le goût ;
  
• La sixième conscience, la conscience psycho-mentale, qui est une conséquence des cinq premières, car elle consiste à donner une appréciation subjective des éléments perçus. Cette sixième conscience consiste à dire « J’aime » ou « Je n’aime pas » en percevant un objet extérieur, et, mis ensemble, ces six consciences forment un tout dont chaque être humain a instinctivement conscience ;
  
• La septième conscience, la conscience individuelle, est une conscience tournée vers l’intérieur de soi, et concerne l’identité personnelle du sujet. Cette septième conscience se forme par opposition aux autres, car elle désigne l’affrontement du sujet avec son environnement, et sa construction personnelle à partir des choix qu’il fait. Cette septième conscience n’est rien de plus que l’ego d’une personne ;
  
• La huitième conscience, la conscience-réservoir, correspond à l’inconscient collectif, au sens bouddhiste du terme. Il fallait comprendre par là que cette huitième conscience regroupe la matrice profonde d’une personne, c’est-à-dire une sorte de tronc commun à toutes les réincarnations qu’une personne fait, la vie et la mort étant perçus, au sein du bouddhisme comme un cycle ;
  
• La neuvième et dernière conscience, la plus profonde qui soit, est la conscience pure. Une sorte de conscience cosmique où l’individu atteint l’état de transcendance, et ne fait plus qu’un avec la vie elle-même, dépassant toutes les pensées et toutes les questions de valeurs.

Shaka était en train de couper toutes les consciences initiales de Diana, et elle pensait comprendre où il voulait en venir.

*Tu me testes, Shaka...*

Diana soupira lentement, même si elle ne put s’en rendre compte. Méditer, elle savait le faire, et, quand elle le faisait, il lui arrivait ainsi de se couper du monde, et de s’enfoncer en elle-même, de disparaître, de rejoindre ce que les bouddhistes appelleraient la « septième conscience ». Il fallait ici aller encore plus loin, et, si elle rapprochait le concept des neuf consciences au Cosmos des Chevaliers d’Or, Shaka voulait tout simplement qu’elle atteigne le septième sens du Cosmos. Si Diana en croyait les informations qu’elle savait sur les Chevaliers d’Or, ils étaient tous capables d’atteindre ce septième, à partir de laquelle le Cosmos devenait pur, débarrassé de toute considération humaine... Soit atteindre la neuvième conscience.

*Mais je n’ai reçu aucune formation sur le Cosmos...*

Bah ! Diana avait la réputation d’être une femme extrêmement sage, plus proche d’Athéna que de Zeus. Mais elle disposait encore d’un sens, un sens qui continuait à lui envoyer des informations.

*Bon... Autant pousser Shaka à me le retirer également...*

Elle bondit alors sur lui, filant à toute allure, et frappa à nouveau son armure, faisant preuve de cette super vitesse dont elle était capable, et qui pouvait même surprendre Flash. Le coup frappa le torse de Shaka, et l’envoya défoncer un mur. Shaka s’envola sur une quinzaine de mètres, et atterrit dans une autre grande pièce, un vaste hall avec de multiples colonnes de marbre. Il en défonça plusieurs sur son passage, et Diana, se fiant aux sons que Shaka dégageait, s’élança à sa poursuite...

Shaka pouvait sentir le cheminement intérieur de Diana. Elle avait cessé de gesticuler et restait debout, rentrée en elle-même. Au bout de longues minutes, il put discerner une sorte d'étincelle jaillir au plus profond d'elle-même. Le Chevalier d'Or de la Vierge esquissa un petit sourire satisfait : il semblait que la belle princesse s'était éveillée au Cosmos !
Sans crier gare, l'Amazone bondit vers lui à une vitesse hallucinante, une vitesse bien supérieure à celle qu'elle avait adopté jusqu'ici. En fait sa rapidité d'exécution venait d'atteindre la vitesse du son, voire au-delà. Largement suffisant pour surprendre un Chevalier de Bronze et même un Chevalier d'Argent mais insuffisant pour l'élite de la Chevalerie.

- Ceci dit, je reconnais qu'elle apprend sacrément vite ! pensa-t-il en faisant un pas de côté pour esquiver l'attaque de Diana. Elle est pas passée loin celle-là !.

- Pas mal du tout ! fit-il en frappant dans ses mains, je vois que ça commence à rentrer !. Il concentra de nouveau son Cosmos et fit un geste de la main : cette fois la fière guerrière vient de perdre l'ouïe ! Comme elle ne pouvait plus l'entendre, il choisit de s'adresser directement à son esprit :

- Te voila désormais privée de tous tes sens ! Tu es hors d'état de nuire à qui ou quoi que ce soit !

Il se tut, attendant la suite des évènements. Il la sentait capable d'élever son Cosmos au même niveau que celui des Chevaliers d'Or, voire même au-delà, et d'accomplir ce que la plupart des mortels appellent un Miracle. Bien entendu, il était possible que la priver de ses cinq sens fut insuffisant et dans ce cas, Shaka savait qu'il lui restait encore une dernière possibilité. Restait à savoir s'il allait devoir l'utiliser et si l'autre serait capable de la supporter...

- Elle n'aimera certainement pas ça mais s'il faut en arriver là pour qu'elle s'éveille, qu'il en soit ainsi !

Le coup de Diana manqua Shaka, ce que Diana réalisa en entendant pas le son de son pied heurtant une armure d’Or. Au lieu de ça, elle n’entendit... Rien, puis le vide. Son pied faucha le vide, et Shaka, plutôt que de l’attaquer, en profita pour lui ôter son dernier sens. Débarrassée de sa vision, de son ouïe, de son odorat, de son goût, et du toucher, Diana était pour ainsi dire coupée du monde extérieur. Elle resta sur place, en sentant un vide abyssal la saisir, et perçut la voix moqueuse de Shaka résonner dans sa tête. Diana ne sentait plus rien, une expérience des plus troublantes... Inhabituelles. Une expérience qui lui rappelait ses séances de méditation à Themiscyra. C’était comme si elle dormait sans dormir. Elle n’avait aucun moyen de savoir combien de temps s’écouler à l’extérieur, ni tout simplement de savoir ce qui se passait. Restant debout, Diana était figée, immobile... Et resta au raisonnement qu’elle avait tenu. Éveiller d’autres consciences, éveiller ce qu’elle était, au plus profondément d’elle-même. Wonder Woman se concentrait silencieusement, son rythme respiratoire calme.

*Je n’ai pas peur... Je suis calme et apaisée, face à moi-même...
Pas effrayée ? Pas effrayée d’avoir échoué ? Ne ressens-tu pas le poids de la honte étreindre tes épaules ? Ne ressens-tu pas le poids de l’échec et de la culpabilité ?*

Diana était coupée du monde extérieur, seule face à elle-même. Une autre Diana se tenait devant elle, comme une vision fantasmagorique et accusatrice d’elle-même. Poings serrés, Wonder Woman la regarda, et ce décor noir évolua, se transforma...

Elle était dans l’arène de combat de Themiscyra, le long de la plage, entourée par ses sœurs. Mais Themiscyra, au loin, était en feu, et, le long de la plage, Diana pouvait voir des charniers et des bûchers géants.

« Tu as échoué ! Tu as attiré le mal sur Themiscyra en te rapprochant du monde des hommes ! En te rapprochant d’un monde qui ne pourrait que nous causer un préjudice ! »

Diana s’élança sur elle, et les lames se heurtèrent.

« Le préjudice a déjà été causé par nos mensonges ! Nous avons agressé ce monde ! Nous avons rejeté notre appartenance par la peur et l’ignorance ! Nous avons rejeté l’héritage des Anciens par notre isolationnisme et notre sexisme !
 -  Et qu’est-ce que le monde extérieur t’a appris des valeurs des Antiques ? La cupidité, la jalousie, l’égoïsme, la haine ! Voilà les valeurs de ce monde que tu chéris tant, Diana ! Princesse amazone, super-héroïne... Tu as toujours privilégié le fait d’être Wonder Woman que d’être une Princesse, que d’être notre gardienne ! Le sang de Themiscyra est TON sang ! »

L’épée de l’autre Diana frappa la sienne, et l’envoya au loin se ficher dans le sable. Serrant les poings, Diana bondit en arrière, évitant un coup de lame, et balança du sable sur le visage de l’autre, la faisant hurler... Puis elle se reçut un coup de genou dans le ventre, suivi d’un coup de poing qui la repoussa.

« J’ai fait ce qu’il fallait faire ! J’ai protégé Themiscyra !
 -  Si tu en si sûre, pourquoi tant d’hésitation ? »

Le décor avait changé, et Diana reconnut un hall concentrique de l’Olympe. Elle se retourna, et vit la Déesse Athéna, dans une étincelante armure dorée, qui s’avançait vers elle. Diana banda les jambes, en l’observant lentement.

« Je...
 -  Tu te sens coupable pour le sort de tes sœurs, Diana. C’est pour ça que tu as réalisé une odyssée jusqu’au Mont Olympe, que tu t’es coupée de tes amis, de tes anciens camarades.
 -  Vous me retardez, Athéna ! Pourquoi m’avoir envoyé Shaka ?
 -  Et pourquoi pas ? Tu es appelée à un destin grand, Diana... Tu as un rôle important à jouer, et Shaka... Shaka a été envoyé pour vérifier si tu étais fidèle à ce qu’on disait de toi.
 -  Je ne suis pas une poupée que tu manipules à ta guise ! »

Wonder Woman bondit vers la femme, tenant à nouveau une épée, et elle heurta celle d’Athéna, provoquant des étincelles.

« Ta colère masque ta souffrance et les reproches que tu te fais. Tu refuses d’admettre cette part de responsabilité que tu penses avoir dans ce désastre. Shaka ne t’a pas aveuglé, il a révélé que tu ne savais plus voir. »

Diana ne cherchait même plus à répondre, et frappa à nouveau... Mais Athéna évita, et tendit la main, envoyant une puissante onde de choc qui repoussa Diana comme un fétu de paille. Elle passa à travers une vitre, et tomba sur un sol rocailleux, au milieu d’un camp de travail dans un désert poussiéreux et rocailleux. Elle se redressa lentement, et sentit son cœur se serrer en reconnaissant les femmes enchaînées taillant dans le sol, creusant des galeries.

« Je sais où se trouve ton peuple, Diana... Mais tu ne pourras jamais le secourir si tu n’apprends pas à voir...
 -  Tu m’as menti !
 -  C’est toi qui n’as pas écouté. C’est toi qui n’as pas voulu comprendre. »

Diana se reçut un autre coup, et tituba lentement, puis tomba à genoux... Et la colère laissa place aux larmes et à la souffrance.

« C’est mon peuple... Je devais les protéger, je ne devais pas échouer.
 -  Ta souffrance est sincère, mais tu as agi par arrogance... Tu as cru pouvoir les sauver seule, sans l’aide de personne, en pensant que seul ton courage et ta détermination suffiront. Mais, vois-tu, peu importe le courage et la foi d’un homme, une cathédrale ne se bâtit pas par un seul homme. L’arrogance des Amazones les a coupés du monde extérieur, les a coupés de la moindre aide possible... Et ta souffrance t’a aveuglé. Admets-le, Diana. »

Diana soupira longuement, prostrée sur le sol, tête penchée vers le bas.

Puis elle l’admit.

Diana sentit alors une lueur l’envelopper, et sa tête se tourna vers Shaka.

*Je te vois...*

L’air se mit à vibrer autour d’elle, et elle bondit vers l’homme, et frappa. Un coup si fort que le sol se fissura, que les murs tremblèrent, et qu’il y eut comme une violente explosion. Toute la structure s’effondra sur elle-même, et Shaka connut un nouveau vol plané. Cette fois, Diana avait atteint la vitesse des Chevaliers d’Or, ou celle de Superman : celle de la lumière. Un coup surpuissant, et elle se releva ensuite en l’air.

Et, dans cette obscurité, elle sut où étaient ses sœurs. Elle vit leur position, mais vit aussi autre chose. Quelque chose de terrible et de cauchemardesque. Elle vit un œil rouge qui flamboyait au-dessus du sol, un œil écarlate et dangereux, et elle sut qu’il était son véritable ennemi.

Celui derrière l’attaque de Themiscyra.

S'il pensait recourir à la dernière extrémité auquel il venait de penser, à savoir ôter le sixième sens, c'était peine perdue : le corps de la splendide Amazone s'auréola d'une lumière dorée tandis que ses yeux retrouvaient leur éclat habituel, signe qu'elle venait de recouvrer la vue, ainsi que ses autres sens.

Elle venait d'éveiller au Septième Sens.

L'image de la belle guerrière s'estompa pour finir par réapparaître juste devant lui.

- Kh... commença-t-il avant de sentir le poing de Diana le percuter violemment. Il y eut une déflagration qui emplit l'air et l'instant d'après Shaka sentit son corps se soulever dans les airs. Il avait l'impression d'avoir subi la charge d'un taureau furieux et n'eût été son Armure d'Or, il aurait passé un sale quart-d'heure. La protection amortit en grande partie l'impact mais il sentit néanmoins l'onde de choc se répercuter à travers tout son corps ; il sentit ses os - y compris ses dents - et ses organes vibrer, des étoiles dansaient devant ses yeux et l'air s'était échappé violemment de ses poumons.

Il était tellement secoué qu'il n'arrivait même plus à rassembler ses pensées de manière concrète. Pendant un moment il crût même qu'il venait de passer de vie à trépas mais que son esprit n'avait pas encore réalisé cet état de fait.

Un second choc, moins violent toutefois que le précédent, le ramena en quelque sorte à la réalité. Il comprit alors qu'il venait de chuter au sol. Même Shaka, l'Homme le plus proche des Dieux, était malgré tout soumis à certaines lois de l'univers, l'une d'entre elles étant la gravité...

Il se releva péniblement, la tête en feu. Sa vision était un peu trouble mais elle redevint normale au bout de quelques secondes. Il sentait encore le contrecoup du fabuleux coup qu'il venait de recevoir mais il ne faisait pas partie de l'élite de la Chevalerie d'Athéna pour rien : il concentra son Cosmos et prononça un mantra. Instantanément des ondes de chaleur bienfaisantes se répandirent dans son corps, réparant les micro-fissures provoquées par l'attaque de Diana. Au bout de quelques secondes il ne restait plus rien du traumatisme qu'il venait de subir.

Il se dirigea vers la belle Amazone et lui dit d'une voix changée, pleine d'admiration et de respect :

- Je te félicite ! Tu as réussi à t'éveiller au Septième Sens, annulant ainsi la perte des cinq premiers. Ta vitesse d'exécution atteint maintenant celle des Chevaliers d'Or et tu es certainement capable de projeter de l'énergie hors de ton corps pour effectuer des attaques dévastatrices. Pardonne-moi si j'ai pu te sembler arrogant, méprisant et vaniteux mais je n'ai pas trouvé mieux pour te euh... stimuler. Athéna m'a demandé de te tester et c'est ce que j'ai fait. Quoi qu'il en soit, notre Déesse peut être fière de toi.

Il se tut, attendant une réponse de Diana. Ce faisant, il venait d'enfin de se rendre compte d'une chose qui aurait sauté aux yeux de tout mâle normalement constitué : Diana était d'une beauté à couper le souffle ! Le regard du Chevalier d'Or s'attarda sur sa chevelure soyeuse, l'ovale parfait de son visage, ses magnifiques yeux bleus, sa bouche sensuelle, son corps de déesse, ses jambes fuselées...

Ses joues rosirent légèrement et pour masquer son embarras, il toussa et se détourna, fixant l'horizon, comme s'il venait d'apercevoir quelque chose au loin.

- Si tu veux un coup de main pour la suite de ta quête, je me ferai une joie de t'aider...

Il espérait qu'elle ne s'était pas rendue compte qu'il venait de la reluquer comme devait le faire n'importe quel homme lambda. Son entraînement spirituel l'avait préparé à beaucoup de choses mais certainement pas à ce genre de situation.

- Ô Bouddha, prête-moi ta force !... pria-t-il intérieurement.

Shaka expliqua à Diana que ce combat n’avait été qu’un entraînement, un test imposé par Athéna. Diana, après ce qu’elle avait subi entre les mains de cet illusionniste, restait toujours légèrement méfiante... Mais, après sa vision, elle se sentait surtout moins rancunière envers Shaka, car son esprit était préoccupé par d’autres choses. Elle avait eu une étrange vision, où elle avait eu un aperçu de quelque chose qu’elle n’aurait jamais cru accepter, un concept dont on parlait dans les contes et dans les histoires pour enfants pour effrayer ces derniers... Le Mal absolu. Diana avait encore du mal à croire à cette vision, à ce qu’elle voulait dire, et avait la conviction qu’Athéna n’avait pas été totalement honnête avec elle... Mais pouvait-on attendre des Dieux qu’ils soient totalement honnêtes ? Diana avait depuis longtemps compris que les Olympiens étaient des Dieux menteurs, égocentriques, dupeurs, ce qui valait même pour Athéna, pourtant la Déesse la plus juste et la plus sage de cette famille.

Diana y pensait encore quand elle nota le trouble de Shaka, en l’entendant... Tousser ? Elle le regarda silencieusement, en le voyant détourner le regard, et esquissa un léger sourire. Jadis, elle aurait sans doute pu se laisser abuser, mais Diana avait quitté son île depuis des années, et, à force, connaissait bien le monde des hommes.

« Je ne vous en veux pas, Shaka. Je ne suis en réalité guère surprise qu’Athéna m’ait mise à l’épreuve. J’ai perdu mes sœurs, et j’ai été incapable de les défendre, alors que je suis, pour moitié, la fille de Zeus. »

Elle marcha encore un peu, s’approchant de Shaka, bras croisés en lui tournant le dos, permettant ainsi à ce dernier, en baissant les yeux, de voir sa chute de reins, sa silhouette parfaitement musclée... Et ses fesses, superbement moulées dans sa culotte étoilée, à la base de magnifiques jambes fuselées.

« Je ne suis pas de Terra, Shaka, je viens d’un autre monde, où se trouvaient jadis les Olympiens, avant qu’ils ne viennent ici. Mes Amazones ont été attaquées et asservies, emmenées quelque part sur ce monde. Je suis venue voir Athéna pour qu’elle m’aide à les retrouver. Et, si elle m’a envoyé auprès de toi, Shaka, c’est que tu es utile. Ce dont je ne doute pas une seule seconde, j’ai souvent entendu parler du pouvoir légendaire des Chevaliers d’Or, et tu es à la hauteur de leur réputation. »

Diana était une guerrière, habituée à devoir se battre pour s’entraîner, et elle n’en voulait donc pas tant que ça au Chevalier. Vouloir éprouver ses compétences était une chose naturelle, et, même s’il était assez arrogant, c’était un trait de personnalité qu’elle connaissait chez bien des personnes.

Wonder Woman se retourna donc vers lui, et lui sourit alors. Dans son dos, le soleil étincelait sur elle, et plusieurs de ses mèches de cheveux, poussées par le vent, glissaient autour d’elle.

« Tu as de très beaux yeux, Shaka. Je serais folle de refuser ton aide, mais... Tu es sûr que tu vas bien ? Je te sens... Perturbé. Est-ce mon attaque qui t’a tant troublé ? »

Elle plaisantait à moitié, car elle pensait savoir ce qui le troublait vraiment...

- Je ne vous en veux pas, Shaka. Je ne suis en réalité guère surprise qu’Athéna m’ait mise à l’épreuve. J’ai perdu mes sœurs, et j’ai été incapable de les défendre, alors que je suis, pour moitié, la fille de Zeus.

Tout en disant cela, elle s'était avancée vers Shaka de manière à lui présenter son dos. Le Chevalier d'Or de la Vierge ne put s'empêcher d'admirer à la dérobée les muscles de son dos, le galbe de ses fesses, le grain serré de la peau de ses cuisses fuselées, la sombre cascade de ses cheveux... Son trouble augmenta davantage mais il sut garder une expression neutre comme il savait si bien le faire d'ordinaire.

Les Chevaliers d'Or étant l'élite de la Chevalerie d'Athéna ils se devaient de montrer l'exemple aux Chevaliers de rang inférieur, aux apprentis et aux gens du peuple, et de ce fait ils étaient sensés n'afficher ni ressentir aucune émotion. Bien entendu, ils n'étaient que des humains à la base et ne pouvaient pas rester continuellement de marbre. En un sens, c'était rassurant.

- Je ne suis pas de Terra, Shaka, je viens d’un autre monde, où se trouvaient jadis les Olympiens, avant qu’ils ne viennent ici. Mes Amazones ont été attaquées et asservies, emmenées quelque part sur ce monde. Je suis venue voir Athéna pour qu’elle m’aide à les retrouver. Et, si elle m’a envoyé auprès de toi, Shaka, c’est que tu es utile. Ce dont je ne doute pas une seule seconde, j’ai souvent entendu parler du pouvoir légendaire des Chevaliers d’Or, et tu es à la hauteur de leur réputation. continua la sublime Amazone.

- Je te remercie pour ces paroles noble guerrière. dit-il en hochant la tête, un léger sourire aux lèvres. Il se demandait comment ses camarades se seraient comportés face à cette superbe demi-déesse.

Camus du Verseau et Mü du Bélier seraient restés stoïques, surtout le premier. Aldébaran du Taureau aurait été rouge comme une pivoine. Aiolia du Lion et Aiolos du Sagittaire lui auraient dédié un sourire chaleureux tandis que Milo du Scorpion l'aurait couvé d'un regard ardent. Saga des Gémeaux lui aurait sûrement fait une cour empressée. Shura du Capricorne était tellement obsédé par le perfectionnement de sa technique de combat, la fameuse Excalibur, qu'il lui aurait à peine jeté un regard, mais allez savoir ? Dohko de la Balance était tellement vieux que ça ne devait plus tellement le travailler. En ce qui concernait Aphrodite des Poissons, Shaka savait qu'il était un esthète, admirant la beauté par-dessus tout mais on ne savait pas grand chose sur ses penchants ; d'ailleurs la plupart des habitants du Sanctuaire se perdaient en conjectures à ce sujet. Un plaisantin avait émis l'hypothèse qu'il était une femme se faisant passer pour un homme, afin d'échapper au port du masque.
Quant au dément Masque de Mort du Cancer, il aurait certainement voulu accrocher la tête de Diana dans son Temple, afin de l'ajouter à sa macabre collection...

Diana se retourna et une fois de plus Shaka fut troublé par sa beauté. Les rayons d'un soleil couchant la baignaient d'une lumière à la fois dorée et orangée et le vent animait sa belle chevelure sombre. Elle lui dit, avec un petit sourire malicieux :

- Tu as de très beaux yeux, Shaka. Je serais folle de refuser ton aide, mais... Tu es sûr que tu vas bien ? Je te sens... Perturbé. Est-ce mon attaque qui t’a tant troublé ?
- Je dois avouer que je ne me suis pas pris une telle dégelée depuis un petit bout de temps !... répondit-il après un petit temps d'hésitation, retrouvant néanmoins sa contenance. Quoi qu'il en soit, mettons-nous en route car tes sœurs ont besoin de toi.

Il observa un petit temps de silence puis reprit avec une expression perplexe :

- Bizarre, ta tenue me fait penser au drapeau américain...

Pour un homme prônant la philosophie bouddhiste, il éluda la question de Diana avec un tact qui ne manqua pas de la faire sourire, en se contentant de dire qu’il avait reçu un sacré coup. Diana voulait bien croire qu’elle l’avait surpris, car elle savait que Shaka était souvent considéré comme l’un des plus puissants Chevaliers d’Or. Ces guerriers se battaient à l’aide d’une technique qui n’était pas celle de Diana, la maîtrise du Cosmos. Pour autant, elle avait réussi à l’utiliser, quand elle n’avait plus rien en stock. Et cette déflagration d’énergie avait surpris Shaka, et l’avait blessé, même si son armure avait pu encaisser le choc. Quoi qu’il en soit, ils en avaient fini ici, mais, avant le reste, Shaka avait une question sur le design si particulier du costume de Diana.

Cette dernière en sourit légèrement.

« Oui. C’est exact. »

Elle portait un haut rouge, un minishort bleu avec des étoiles blanches... Autrement dit, la tenue reprenait les couleurs du « Stars And Stripes », et, tout en s’envolant légèrement, elle fit quelques précisions sur l’origine de cette tenue, qui l’assimilait à la plus sensuelle et à la plus sexy de toutes les pin-ups, à travers les générations.

« Vous avez l’air de connaître l’histoire de la Terre... Ce costume a été fait quand ma mère s’est décidée à sortir de l’isolement de Themiscyra, afin de rejoindre le monde en guerre, pendant la Seconde Guerre Mondiale. La guerre était venue jusqu’à notre île de beauté, et les Amazones ont estimé qu’il était temps d’intervenir, et d’annihiler les forces de l’Axe. Pour ça, ma mère, Hippolyte, a confectionné un costume spécial, dont le rôle était de montrer aux Alliés que nous partagions leurs couleurs, mais aussi leurs idéaux. Cette uniforme est un symbole, un symbole de ce pour quoi je me bats, et de ce pour quoi les États-Unis devraient se battre. La justice, la liberté, la protection des faibles face aux tyrans, ou aux catastrophes climatiques. C’est le rôle de Wonder Woman, et c’est ça que ce costume signifie. »

Elle regardait le ciel en parlant. Quand Hippolyte était partie de Themiscyra, elle avait été la première Wonder Woman, et avait toujours été plus charismatique et plus respectée qu’elle, car, contrairement à Diana, Hippolyte avait régné pendant des siècles avant de quitter l’île pour intervenir à l’extérieur, et ce contre une menace certaine et clairement identifiable. Diana était ensuite arrivée, mais avait passé davantage de temps à l’extérieur, et, en apprenant les secrets sombres de son peuple, avait tenté de moderniser les coutumes et les rites amazones.

Diana avait ainsi appris que son peuple, pour se reproduire, n’hésitait pas, depuis des siècles, à attaquer les navires qui filaient le long de la Méditerranée, violant les hommes à bord, avant de les égorger et de jeter leurs corps dans la mer. Quand elle avait appris ça, Diana avait voulu changer les choses, transformer Themiscyra, faire passer des réformes destinées à moderniser en profondeur cette dernière... Et, en définitive, son île avait été détruite.

« Mais, pour en revenir à mes sœurs perdues, notre combat m’a permis d’avoir une piste... Il me faut retourner à l’Olympe pour en savoir plus auprès de leur bibliothèque. »

Elle lui sourit alors, en se retournant vers lui, flottant légèrement au-dessus du Chevalier.

« Tu m’accompagnes ? »

Diana lui répondit quand il évoqua le fait que sa tenue faisait penser au drapeau américain : en effet, la mère de Diana, Hippolyte,  avait décidé que les Amazones ne pouvaient rester les bras croisées sur leur île tandis que l'une des guerres les plus meurtrières de l'histoire de l'humanité faisait rage sur la quasi-totalité de la planète. Pour ce faire, elle avait confectionné le costume que portait à présent la demi-déesse, afin de montrer aux Alliés que les fières guerrières de Themiscyra partageaient les mêmes idéaux que les américains, à savoir la lutte pour la paix, la justice, la liberté et la protection des faibles.

Shaka, tout en admirant l'évolution dans les airs de la belle jeune femme, eut une moue devant les paroles enflammées de la jeune femme et ne put s'empêcher de répondre avec une pointe d'ironie dans la voix :

- Moui... Je ne suis pas très calé en géopolitique mais je sais que le seul intérêt des américains n'est pas la lutte contre l'injustice, la tyrannie et l'oppression mais le pétrole, tout simplement... Ils devraient savoir que cette substance malodorante était appelée Aqua Infernalis c'est à dire "eau infernale". Autrement dit, ils la volent à Hadès, qui possède toutes les richesses du monde souterrain. Ils devraient prendre garde car ce dernier, un jour, pourrait leur demander des comptes...

Il fut quelque peu étonné par la suite quand elle lui dit qu'elle avait un piste mais qu'elle pourrait en savoir plus en consultant la bibliothèque de l'Olympe. Après qu'elle lui eut demandé s'il voulait bien venir avec elle, il répondit avec un peu d'amusement dans la voix :

- L'Olympe rien que ça ?! Ma foi, cela m'a l'air fort tentant... Visiter cet endroit merveilleux, surtout en si charmante compagnie me comblerait d'aise !

Il se tut et se rendit compte qu'il venait de commettre une bourde. Il se rattrapa, avec un brin d'embarras dans la voix : euh, je voulais dire "en si noble compagnie"... Il se détourna de cette femme trop belle qui avait le don de lui faire perdre ses moyens : bon sang, pensa-t-il, mais qu'est ce qui m'arrive ?! J'ai l'impression d'être un adolescent ordinaire découvrant ses premiers émois amoureux ! Il faut que je me ressaisisse....

- Bon, eh bien allons-y alors... fit-il en se retournant vers elle, avec un petit sourire gêné.