Jetée dans la mer, Ciri’ voyait, sous elle, et tout autour d’elle, de multiples silhouettes qui remuaient... Une eau sombre et verdâtre, avec des créatures disposant de longues queues, et qui nageaient autour d’elle, dans les tréfonds de l’obscurité... Et, alors qu’elle se retournait, elle vit, en écarquillant les yeux, d’énormes tentacules jaillir, se rapprochant lentement d’elle. Un Kraken flottait dans les profondeurs, et Ciri’ se força alors à se redresser, levant la tête.
*Mon Dieu, ce bateau est... Vraiment énorme...*
Une gigantesque masse sombre se dressait au-dessus d’elle, et elle entreprit de remonter rapidement, tout en sentant les prédateurs aquatiques se rapprocher. Elle voyait les ancres du navire qui flottaient dans la mer, avec des cordes, et sa main se rapprochait vers l’un d’eux... Quand une queue la saisit à hauteur de la jambe, et la tir avers les profondeurs. Elle poussa un hurlement silencieux, et vit le monstre, une abominable et monstrueuse sirène, lui sauter dessus. Sa gueule, parcourue de dents édentées, des crocs meurtriers, claqua dans le vide, près d’elle, et Ciri’ se débattit comme elle put. Elle, mourir dans l’eau ? Finir noyée dans les profondeurs abyssales d’une mer déchaînée ? Très peu pour elle ! Elle sentait la sirène se rapprocher, et réagit, venant planter ses pouces dans les yeux du monstre. Elle les enfonça, et sentit quelque chose de flasque se heurter, tandis que la sirène poussa un hurlement de douleur avant de s’écarter... Puis Ciri’ vit une ancre foncer droit vers elle...
Ses doigts dessinèrent un mouvement dans la mer, et Quen se reforma, puis l’ancre la heurta, et le bouclier explosa, tandis qu’elle se cramponna à la lourde corde retenant l’ancre, et entreprit de remonter. L’air commençait en effet furieusement à lui manquer, et elle enroula ses jambes autour de la corde, et commença à grimper. Elle avait appris à grimper à la corde raide auprès des sorceleurs, à Kaer Morhen, et c’est ce qu’elle entreprit de faire, la tâche étant d’autant plus simple que l’ancre filait à l’arrière du navire, ce qui, concrètement, avait pour effet de faire pencher la corde.
Cirillia finit par ressortir à l’air libre, sans aucune arme, mais en voyant, la tête en arrière, la silhouette du navire, filant au milieu de rocs et de récifs, sous la danse d’éclairs et d’énormes vagues. Reprenant sa respiration, elle commença alors sa lente reptation. Les bras en sang, le corps brisé, elle voyait la mer déchaînée sous elle, et les vagues continuaient à violemment s’abattre sur le navire et sur elle, manquant la déstabiliser à plusieurs reprises. Si ses doigts glissèrent à plusieurs reprises, ses jambes, elles, étaient bien enroulées autour de la corde, la sauvant d’une nouvelle chute mortelle, car il n’y avait tout simplement plus aucune ancre pour la sauver.
La jeune sorceleuse réussit ainsi à revenir près du navire, et s’appuya contre le rebord, puis se hissa, et s’écroula de l’autre côté, s’affalant sur le pont en bois, les bras épuisés, son cœur sur le point de mourir en elle, le corps trempé d’eau. Et, alors qu’elle reprenait son souffle, elle vit, sur sa gauche, une sorte de pont... Avec un homme se trouvant là.
« H-Hein ?! »
Elle cligna des yeux, comme pour se convaincre que ce n’était pas une apparition, et se redressa... Puis le navire tangua sur la gauche, et elle manqua s’écrouler, titubant sur plusieurs mètres, avant de faire le grand écart, mais de se maintenir.
« Qui... Qui êtes-vous ?
- Hey, moussaillon ! Tu as su attraper la corde et te hisser, hein ? J’en suis fort aise... Un si joli cul ne mérite pas de mourir dans les abysses, mais sur mon pont ! Comment trouves-tu mon navire, toi et ta petite copine ? L’Ombre des Abysses n’est-elle pas un lieu où on aimerait vivre jusqu’à l’éternité ?! »
Un éclair sabra alors le ciel, et permit à la sorceleuse de voir le visage du monstre... Un capitaine avec une tête de mort, un corps squelettique, et une lueur verte s’échappant de ses yeux, avec une multitude de crânes nichées sur son pont. La nécromancie... Voilà qui expliquait comment ce maudit navire arrivait encore à voguer avec la coque remplie d’eau. Il était animé par la magie ! Une terrifiante magie !
« Que voulez-vous ?!
- Finir le Grand Voyage, ma chérie ! Et, pour ça, j’ai besoin de carburant, d’âme fraîche et revigorante ! Alors, un champion envoyé par les Dieux en personne, héhé, penses-tu ! Tu es dans la mer la plus dangereuse de Terra, ma chérie ! Il y a tellement d’âmes à avaler ici ! Ah, que cet air vivifiant est agréable !
- Nous allons nous échouer !
- Nous échouer ?! HAHAHA ! Parce que nous traversons une petite houle ? Oh, tu es bien une vache, toi, habituée à fouler l’herbe... Ça, ce n’était qu’une petite bise ! La vraie tempête approche ! »
Le bateau se mit alors à craquer, et Ciri’ vit les cordes du bastingage se déplacer, et fondirent comme des serpents, venant la saisir et la soulever. Dans les hauteurs du navire, au milieu des mâts, elle put ainsi voir, au loin, le cœur de la tempête... Une série de tornades qui se rapprochaient vivement, ainsi qu’un énorme maelström, une sorte de trou dans la mer, formant un tourbillon, comme un redoutable puits... Et cet immense navire fonçait droit dessus.
Les cordes balancèrent alors la jeune femme, qui retourna glisser sur le pont, et heurta des caisses en bois, avant de lentement se redresser, encore éberluée par cette confrontation. Se redressant à nouveau, la femme se mit à marcher, décidée à retrouver son épée... En espérant ne pas tomber sur Ximma. Cette folle l’avait doigté et léché... Mais, avec un peu de chance, elle était peut-être, elle aussi, tombé dans le vide...