Le Spatioport / Re : [Jack Marston & Thanasia ] Meeting In Transit
« le: jeudi 07 août 2025, 01:59:53 »Son sourire tordu se défroisse à mesure qu'elle l'écoute.
Quand le regard réminiscent de Jack glisse de ses jolies jambes, il tombe sur celui de la demoiselle à ses pieds et l'atmosphère entre eux change à nouveau.
Les sourcils de Thanasia sont dressés bien haut et son sourire s'étire placidement comme un air d'évidence lasse.
Jack a soudain l'impression de radoter, de lui avoir raconté cent fois cette histoire. Pourtant, pour la première fois, il sait qu'il a son entière attention, accompagnée de ce qui ressemble à de la bienveillance ( ? ).
Ce n'est pas de la compassion féminine. Pas celle qu'ont les femmes de l'arrière pour les histoires de soldats en permission. Ce n'est pas le soutien silencieux de l'ancien camarade autour d'un verre dans un tripot. Alors pourquoi la pilote lui donne-t-elle l'impression de déjà connaître intimement son histoire ?
Son air supérieur persiste dans son regard, avec bien trop d'aplomb pour qu'il s'agisse d'une posture suffisante d'officier de troisième ligne. Elle a, elle aussi, l'éclat discret des guerrières, mais pour qui les conflits des autres sonnaient comme des banalités.
C'était ça. Jack avait enfin trouvé une expérience commune à leurs existences si différentes : Ils étaient anciens combattants, tous les deux. Deux guerriers en temps de paix.
Ils avaient rencontré la brutalité du monde, vu le nuancier de ses horreurs.
Simplement, l'expression entendue de Thanasia démontrait qu'elle en avait observé plus de couleurs que lui.
A la question de Jack sur l'âge du Moniteur, Thanasia pouffe, amusée de le voir réaliser certaines choses. Elle croise les bras, cigarette entre les doigts.
« Tu as du toupet d'oser encore m'adresser la parole après avoir comparé mon tabac à de la vulgaire sciure. » Un évent capte son soupir en forme de nuage gris. « Je donne vraiment de la confiture aux cochons... » se lamente-t-elle.
Son sourire revient en même temps que son regard.
« Tu es dans un ISM Modèle Cinq, imaginé au beau milieu des tensions autour de... ce gros caillou bleu, là, au delà des systèmes indépendants. A l'époque, le moindre module offensif aurait brisé le cessez-le-feu entre les trusts. Pas le moindre canon sous cette coque. »
Le 'gros caillou bleu' ne pouvait que référer à Talenta, une planète sans atmosphère au delà de toute juridiction. Là se disputaient les intérêts de nombreuses compagnies minières, depuis maintenant plus d'un siècle.
« J'opérais dans le domaine de la subtilité, à l'époque. Mes employeurs aussi. Alors quand les salves de torpilles cinétiques sont revenues à la mode, ces engins ont atterri sur le marché gris. C'est devenu un outil de travail, puis une possession. »
Prononçant ces mots, son talon effleure l'oreille de Jack, d'une façon qu'on aurait dit machinale si elle n'avait pas soutenu son regard.
Thanasia semblait se soucier de peu de choses, mais elle tenait à ce vaisseau.
La pilote avait répondu à Jack en faisant mine d'esquiver sa question. En effet, quand "les salves de torpilles cinétiques étaient revenues à la mode" sur Talenta, les parents de Jack étaient encore enfants. Quand aux torpilles cinétiques, on les retrouvait parfois dans les musées dédiées aux guerres entre trusts ou dans les caches de petits seigneurs de guerre has-been.
Un râle électronique annonce la fin du cycle de recalibration.
Quittant sa parenthèse nostalgique, la demoiselle retrouve ses hauteurs joyeusement dominatrices.
« Tu n'as pas que les manières d'un cochon, tu en as aussi l'hygiène. Ribaud ! Tu ne quitteras pas cette coque sans que je t'introduise au principe même d'une douche ! »
Une fois de plus, Thanasia se vautre dans l'exagération à des fins purement blessantes ; L'odeur de transpiration sur Jack est à peine perceptible. Mais avant qu'il puisse rétorquer quoi que ce soit, la petite peste s'est déjà faufilée hors du cylindre métallique et grimpe des échelons qui avaient échappés à l'officier.
Dehors, dans le conduit de maintenance, toutes les lumières blanches sont rallumées et les diodes-système pulsent de couleurs saines. Ils avaient fait du bon travail, tous les deux.
« Allez, allez ! » insiste une voix familière depuis le pont supérieur.
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Jack se hisse dans un long couloir tubulaire. Le seul couloir, en vérité, colonne vertébrale menant du poste de pilotage (qu'on devinait au delà du siège) à l'ascenseur de poupe.
Rien, de la disposition des portes, à l'absence de signalétique, jusqu'à l'agencement électrique n'obéissait au moindre standard spatial, présent ou historique.
Le Moniteur n'avait pas été construit pour passer un contrôle, mais pour emporter les modules furtifs les plus puissants de l'époque et les caser dans le plus petit vaisseau possible.
Placée entre lui et le sas arrière, Thanasia ouvre une porte coulissante dans la cloison et referme la trappe avec son pied.
« Douche. » annonce-t-elle en désignant le cabinet. « Et hâte-toi, il me reste à faire. »
Pour appuyer son propos, elle active le mode 'couvre-feu' sur un panneau adjacent, plongeant le vaisseau dans une atmosphère plus chaude et tamisée. Le doigt sur l'interrupteur, elle observe la réaction de l'humain comme s'il s'agissait d'une créature dans un vivarium.
Mais comme ce temps de réaction est supérieur à 1,2 secondes, Thanasia écarte Jack de son chemin pour se rendre vers le sas extérieur, sans doute pour ranger le matériel resté sur le landing pad.
En s'éloignant, elle s'étire avec lassitude, bloquant ses bras derrière sa tête.
« J'ai besoin d'un verre... » soupire-t-elle avant que la section de couloir ne se ferme derrière elle, 'emprisonnant' Jack dans la partie centrale du vaisseau.
Le vétéran se retrouve debout dans l'embrasure de la salle de douche.
Cette demi-portion l'avait déplacé d'une seule main. Le souvenir du verrou de jambes s'enroulant autour de sa nuque revient à l'esprit.
Dans le couloir, seul le bourdonnement familier du Moniteur subsiste pour lui tenir compagnie, remerciement implicite pour le labeur qu'avait exigé la réparation de ses systèmes vitaux.
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La salle d'eau est loin d'être neuve mais il semble impossible qu'elle soit d'origine. Chaque bouton, chaque poignée est de trop bonne facture pour un vaisseau si peu axé sur le confort de ses occupants. Dans ce cabinet étroit, tout ce que Jack touche, sent et voit n'évoque que la nostalgie d'une époque révolue de l'aérospatiale.
La cabine de douche aveugle a de quoi rendre claustrophobe une fois qu'on s'y trouve nu et mouillé, mais l'impression de Jack doit être atténuée après des heures passées à ramper dans un réduit de maintenance. Le Moniteur s'étant lié aux citernes du spatioport, son eau est chaude et abondante. Pour autant, la quantité de bouteilles d'hygiène a de quoi faire hésiter. Lotion Fourrure, Huile pour Ecailles de type B, Dissolvant Mucus Tenace, Dix-huit en Un, Lave Membrane...
Jack finit par rassembler deux contenants labellisés For the Human dont la complexité des flacons en verre suffisait à annoncer le coût.
Le parfum est nouveau et étranger, passé de mode pourtant. Il sent (et seule cette étrange description lui vient à l'esprit) comme un ambassadeur du siècle dernier...
Lorsqu'il ressort, une serviette blanche l'attend à la place de ses vêtements. Ils ont tous disparus.
Une musique douce et discrète joue dans les speakers du vaisseau. Lorsqu'il actionne la porte de la salle de bain, serviette nouée en pagne, Thanasia passe devant lui dans le couloir. En guise de sous-vêtements, elle porte des bandes adhésives en fibre de carbone, faites sur mesure pour s'accrocher à la forme de sa poitrine et de son entrejambe.
Sa combinaison de vol noir n'est plus qu'un souvenir. Elle se déplace pieds nus, dévoilant avec nonchalance la blancheur de sa peau d'albâtre, la clarté de ses épaules, les formes pures et discrètes de ses jambes nues.
Entre ses doigts se balancent deux verres à pied en cristal. Son regard de côté vient trouver celui de Jack.
« Tes... guenilles t'attendent dans le cockpit, à côté de la sortie. Maintenant, hors d'ici, tu es congédié. »
Elle marque un silence alors que ses yeux bleu glace voyagent entre les gouttes qui perlent encore sur la poitrine du soldat. Elle sourit, sa hanche s'inclinant vers lui, le cristal tinte entre les verres.
« ...Ou bien reste. Et continue de me servir si tu y as pris goût. ♪ Rejoins moi en haut et admet ta soumission... avec tout ce qu'elle implique.»
Le sourire de Thanasia s'élargit jusqu'à libérer sa longue canine, accrochant sur sa lèvre inférieure. Ses pupilles auraient tout aussi bien pu tourner au rouge, à cet instant. L'officier avait pu déceler chez elle un intérêt pour son physique masculin, mais il se subordonnait à une soif indéniable. Il n'y avait pas d'autre mot pour la qualifier. Il s'agissait bien de cela : Jack lui avait donné soif.
Thanasia poursuit son chemin dans le couloir, laissant planer dans son sillage son parfum de promesses et de périls, à l'équilibre entre ses petites fesses blanches et ses ongles noirs et pointus.
Complètement indifférente au choix que suivrait le soldat, Thanasia atteint le bout de la coursive tubulaire et pose les pieds sur une plateforme qui la soulève vers l'étage supérieur. Après un instant, la plateforme revient à vide.
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L'ascenseur emporte Jack à son tour à l'étage, dans le repère de la vampire.
Son regard découvre une large chambre aux cloisons arrondies autour d'un lit principal. Plus large que profond, cet espace avait dû autrefois servir de pont de commandement, à en juger par la longue baie vitrée dans son dos, zébrant la pièce de lumière extérieure à travers les stores. De l'usage précédent du Moniteur, il ne restait aucune autre trace.
L'officier se tient dans une chambre sobre mais luxueuse, arrangée autour d'un matelas ovale aux dimensions impressionnantes.
Les cloisons sont entièrement tapissées de compartiment de toutes tailles, s'ouvrant sur des casiers au contenu baignant dans une lumière blanche.
Alors qu'elle tire une bouteille de sa cave à vin, le mur de casiers, tout ouvert, se referme à l'unisson devant Thanasia, d'une simple pression de télécommande.
Mais Jack a le temps d'apercevoir leur contenu pendant une fraction de seconde.
Il est certain d'avoir vu un chevalet métallique fait pour y attacher un homme adulte en position fœtale, un panneau exhaustivement garni de membres aux formes et aux dimensions diverses, ainsi que les ceintures et harnais destinés à les équiper.
Il est sûr d'avoir aperçu une demi-douzaine de masques privant un à plusieurs sens, ainsi qu'une batterie de martinets et autres fouets plus ou moins rigides. Tout cela en moins d'une seconde. Un flash qui laisse songer avec effroi à tout ce que son cerveau n'avait pas eu le temps d'intégrer.
Chaque objet était noir comme dans une collection d'art, véritable arsenal de débauche en sommeil.
Mais bientôt, chaque tiroir clique calmement dans son logement, faisant tout disparaître hors de vue, comme après un mauvais rêve. Thanasia revient vers lui. Un plateau d'argent en lévitation traîne dans son sillage. Il ne porte que les deux verres en cristal et l'inoffensive bouteille qu'elle avait sélectionné.
Avec deux gestes du poignet, Thanasia remplit les verres de moitié. Du bout des ongles, elle fait offrande du liquide bordeau à son 'serviteur', lui jetant un regard méfiant.
« Laisse le s'aérer, veux-tu ? »
La demoiselle s'éloigne en agitant le vin contre les parois transparentes de son verre, puis laisse ses notes subtiles envahir ses narines. Elle s'allonge au bord du lit et contemple le mâle resté debout, comme une impératrice admirerait une sculpture de marbre.
« Approche. » Encore ce ton surnaturel qui démange sa jambe de faire un pas en avant. Elle sourit, comme à chaque fois où sa langue s'apprêtait à se délier.
« Laisse moi être très claire. Tu ne mérites ni le contenu de ce verre, ni de respirer l'air de cette chambre... »
Alors qu'elle parle, son pied droit se tend vers le ventre de Jack et le caresse doucement. Elle boit une courte gorgée de son vin mystérieux.
« … Mais maintenant que tu es là, tu es à moi pour de bon. »
Voilà trois fois que Thanasia déclarait Jack sa propriété. Mais cette fois ci, elle l'avait prononcé avec la langueur que provoquent les nudités partagées.
« J'ai hâte de découvrir ce que cachent ces muscles tendus. Violence ou douceur ?» Son pied droit remonte remonte entre ses pectoraux.
« Je m'en moque, tu m'entends ? Sauvage ou dressé, tu n'as qu'une seule consigne : Ne. M'ennuie. Pas. »
Le pied gauche de Thanasia atteint le pagne blanc qui se dénoue et choit au pied du lit. La vampire découvre avec satisfaction l'entrejambe de son 'servant'. Ses pieds ne perdent pas de temps à explorer sa virilité et appuyer contre ses testicules. Un rictus inquiétant apparaît sur le visage de la demoiselle.
« Si je te surprend ne serait-ce qu'à penser une phrase telle que: 'Je ne voudrais pas lui faire de mal.', je te tue, c'est compris ? »
Curieusement, là où il aurait pu s'attendre à l'agonie, les dix serres noires aux pieds de Thanasia chatouillent a peine la sensibilité de Jack. Elle repose son verre sur le plateau en lévitation, attirant l'oeil de Jack sur un discret flacon d'huile transparente qui lui avait échappé.
« Je donne vraiment de la confiture aux cochons... » soupire la demoiselle, dont les mains avaient machinalement commencé à se promener sur sa peau blanche.









