15
« le: vendredi 06 janvier 2023, 17:33:14 »
Ce qui est bien à Seikusu, c’est qu’on ne s’y ennuie jamais. La culture occidentale est arrivée tard au Japon mais une fois bien en bien établie, les japonais n’ont eu aucun mal à l’ajouter à leurs coutumes. Ils en ont tiré le meilleur parti et aujourd’hui, on peut aussi bien prévoir de passer la soirée au Onsen qu’aller se déchainer sur la piste de danse d’une boite qui ferait pâlir de jalousie celles de n’importe quelle capitale européenne. La jeunesse japonaise s’adapte à tous les styles, des plus sages aux plus excentriques. Leur scène musicale est variée et divertissante, leurs musiciens brillent parmi les meilleurs du monde, leur cinéma s’étend à l’occident … bref, quand un japonais imite un occidental, la comparaison est parfaite et puis soudain, l’élève dépasse le maitre.
La mode gothique a plusieurs origines mais Londres et Berlin restent quand même des hauts lieux de ce mouvement assez mal compris. Un jour, un touriste japonais a dû faire un tour par là-bas, s’est dit que cette dark vibe était sympa et l’a ramené chez lui. Depuis, le style s’est étendu à la jeunesse nippone et il n’est pas rare de croiser dans les rues des hordes de jeunes au teint blafard, maquillés de circonstance et chaussés d’énormes trucs en cuirs cloutés. Alors les adultes haussent les yeux au ciel en demandant aux ancêtres de pardonner ces dérives tandis que les jeunes s’en foutent et boivent des litres de sang frais. Non … ça c’est pas vrai…
Cette mode, Bee, elle l’aime bien. Dès son arrivée à Seikusu, elle s’en est imprégnée. Déjà parce qu’elle aime le noir et aussi parce que contrairement aux idées reçues, c’est un milieu sympa où on s’éclate bien. Les conversations ne tournent pas autour de thèmes comme le suicide ou les vampires et derrière ces kilos de mascara, y’a des gens super cools. Ils ont leurs lieux bien à eux, se regroupent dans des établissements de nuit qui diffusent des sons bien hard (ce que Bee aime aussi) et quand il s’agit de tomber le pantalon où relever les jupes, ils ne sont pas les derniers. Ça, c’est important parce que ce que Bee aime plus que tout, c’est le contact charnel et tout ce qui s’en suit. Elle ne sait pas pourquoi elle est sur Terre ni qui elle est d’ailleurs, elle a juste pour consignes de s’éclater et c’est bien avec son corps qu’elle le fait.
Bee, c’est la fille que tout le monde regarde et qu’on a pas envie d’oublier. Elle n’est pas grande (en fait elle est petite) mais sa bouille adorable mangée par ses immenses yeux aux pupilles dorées est irrésistible. Ses cheveux courts aussi clairs que des champs de blés collent tout à fait avec le look qu’elle arbore ce soir et c’est avec entrain qu’elle pousse la porte du Chat Noir, ce club qu’elle a récemment découvert et qu’elle apprécie. Le vigile la reconnait. Elle porte du latex, du cuir, noir et jaune ou jaune et noir selon les goûts. Son corps svelte est moulé de manière a provoqué une certaine émotion chez ceux qui la regarde. Elle est maquillée, trop, et ça lui va bien. Ce soir, c’est soirée gothique et on va bouffer des enfants ! Non non … ça aussi c’est une légende.
Il y a du monde. Elle se fraye un chemin jusqu’à l’étage où la musique bat son plein. C’est lourd et brutal, les basses dominent et elle est happée par une bande de jeunes déjà passablement alcoolisés. Elle n’est pas timide Bee et elle danse avec l’un puis l’autre. Des mains la palpent, elle rit et s’esquive pour glisser plus loin, suivant le rythme de la musique, bras levés, se déhanchant.
Et puis un beau gosse la frôle. Mmmmhh prometteur ! Mais il ne l’a pas vu et l’homme va se coller derrière une femme dans un geste particulièrement obscène. Sanction immédiate, il termine au sol les bourses broyées. Juste châtiment ! Sa némésis est … fatale. Belle et dangereuse, sombre mais … envie de croquer ses lèvres !!!
L’inconnue et Bee se font face et le contact est immédiat, le lien, assuré. Elles auraient pu commencer par - viens, on baise – c’aurait été pareil.
La musique est assourdissante. La femme fait le premier pas, Bee fait le second. Emboitées ? Certainement ! Le petit visage de Bee ne pointe pas plus haut que le cou de la femme ; sa petite poitrine n’a aucune chance de rivaliser avec celle de sa nouvelle … amie ? maitresse ? domina ? Elle doit presque crier pour se faire entendre.
"Oui, presque nouvelle ! … Les guêpes ça pique ! Moi je suis gentille, comme les abeilles ! Je m’applique à bien faire les choses…"
Ses mains remontent aux hanches de la femme et viennent triturer les boucles de la ceinture. Bee a devant elle une authentique beauté froide…sous laquelle doit couler de la lave en fusion, elle en est sûre. C’est décidé, pour ce soir, ce sera elle ! Bee a envie d’avoir mal aux reins et elle sait déjà qu’elle ne sera pas déçue.
"Je m’appelle Bee ! Ce n’est pas une blague."