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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: mercredi 27 novembre 2024, 19:45:30 »
Il était bien résistant, pour un petit roi ; Eyia s’en étonnait. Par le passé, toutes ses attaques avaient atteint leur but : aucun mortel ne pouvait souffrir ses assauts sans finir par en mourir, et aucun homme ne pouvait être insensible à ses charmes. Et pourtant, lui ne lâchait rien, et continuait à se battre contre elle, animé par une rage aveugle qui le rendait indestructible.
« Indestructible – n’exagérons rien ». Si la déesse était surprise par la résistance de Serenos, elle n’avait aucun doute sur ses propres capacités à l’abattre ; elle s’était juste imaginée que ce serait bien plus simple de le mettre hors d’état de lui nuire. Encore enivrée de sa colère, elle se laissa embrasser – et manqua de le mordre en sentant le coup qu’il portait. C’était comme si un éclair la traversait de part en part, l’éblouissant et l’assommant. Certes, elle répliqua, prête à rendre coup pour coup, mais elle sentit un court instant son esprit se rompre.
Un court instant, ses yeux se fermèrent – comme si la déesse venait de s’évanouir.

Eyia crut sentir un souffle frais sur sa joue, comme une brise printanière. Une odeur familière l’enroba peu à peu ; celle du bois brûlé mêlée à la senteur de l’encens embrasé, et celle d’une peau tiède dans laquelle son visage se réfugiait avec ces gestes tendres qu’ont les corps en quête de réconfort. La moindre parcelle de son corps était courbaturée, et chaque geste lui coûtait. Elle aurait voulu s’arrêter, se reposer, s’endormir même. Et pourtant, une main dans sa chevelure écartait les mèches devant ses oreilles, et une voix lui soufflait :
- Relève-toi.
Cette scène, elle l’avait vécue encore et encore. Elle n’en gardait pas de souvenirs douloureux, car chacun de ces entraînements aux côtés de sa génitrice lui avait permis d’être la forcenée qu’elle était aujourd’hui.
Néanmoins, Eyia s’étonna de revivre ce souvenir, à la façon d’une dormeuse qui réalise que ce qu’elle vient de vivre n’est qu’un rêve, et qui s’étonne d’être endormie.
« Je rêve. Je me suis évanouie et je rêve. Je me suis évanouie, putain ! »

Dans un hoquet, elle réouvrit les yeux pour faire face à Serenos, qui lui enserrait férocement les poignets. La brutalité de son attaque l’avait littéralement assommée pendant un bref instant, à peine quelques secondes. L’avait-il seulement senti ? Elle n’en avait cure, au fond.

- Combien de vos blasphèmes devrais-je commettre avant que tu ne te rendes, femme ?

Eyia ne lui répondit pas tout de suite. Serenos put d’ailleurs sentir sous lui le corps d’Eyia littéralement s’éteindre. Ses yeux se fermèrent, sa poitrine cessa de se soulever au rythme de ses respirations et sa bouche resta désespérément ouverte, à la façon d’une – une morte, oui. Son adversaire aurait pu connaître un moment de surprise, mais Eyia le savait suffisamment intelligent pour se douter qu’il ne l’avait pas tuée (quelle idée) – sinon, il lui faudrait punir ce qu’elle considérait comme un péché d’orgueil.

Quelques secondes après cette extinction de l’enveloppe charnelle d’Eyia, Serenos put sentir que l’air se faisait plus lourd autour de lui, à la manière de celui, pesant, humide et chargé d’électricité, d’un orage tropical.

En se relevant, en cherchant autour de lui, il ne l’aurait pas vu. Il était comme seul dans cette vaste grotte - comme seul, insistons sur ce terme, car Serenos était un roi doué d’une certaine intelligence (qu’Eyia lui reconnaissait sans peine, dans son infinie bonté). Elle était encore là – il pouvait le sentir – sans pour autant accepter de se rendre visible.

- Tu m’as prise pour une sorcière, puis pour une faible femme que tu pourrais faire ployer entre tes mains – tu insultes ta propre intelligence, Serenos.

C’est ce qu’il put entendre avant de la voir apparaître – ou plutôt de la sentir. Car c’est bien une main dans sa nuque, une main menue mais puissante, lourde d’une énergie divine écrasante, qu’il sentit juste après avoir entendu cette phrase ; une main qui appuyait avec violence sur cette nuque pour l’obliger à s’agenouiller en écrasant son visage sur le sol.

- Reconnais tes dieux, ordonna-t-elle d’une voix impérieuse.

Et de cette main, cette main si petite, si blanche, une puissance jaillit avec une force telle qu’elle aurait brisé la nuque, voire coupé la tête, de n’importe quel mortel. Oh, Eyia ne se faisait pas d’illusion ; il ne mourrait pas. Mais au moins souffrirait-il le martyre, et au moins ferait-il acte de pénitence, même si c’était plus de force que de gré.

*   *   *

Les ombres d’Eyia, une à une, dans un lent ballet voluptueux, se pressèrent autour de la source qui grondait dans le cœur de l’île. Trouver cet endroit était un exploit, car cela impliquait d’emprunter les voies les plus sinueuses, les galeries les plus dangereuses – celles que dont les éboulis, ou encore les stalactites et les stalagmites taillées dans un verre tranchant menaçaient l’intégrité physique de n’importe quel mortel –, les voies que n’importe quel esprit sain aurait jugé risquées.

Cette source consistait en ce qui ressemblait à une épaisse mare d’encre bouillonnante sous un dôme rocheux aux courbes impeccables, dans lequel étaient gravés des inscriptions illisibles – du moins, aux yeux de personnes qui n’y connaissaient rien au culte d’Eyia. Là était inscrite une prière ; ici, les étapes d’un rituel supposé l’apaiser ; plus loin, celles d’un autre rituel supposé réveiller sa fureur (comme si elle avait besoin d’un quelconque rituel pour cela). Les ombres y trempaient, comme n’importe quel être vivant le ferait dans une source chaude.

Il aurait été saugrenu de croire qu’il s’agissait là de la seule source dans laquelle les ombres pouvaient puiser leur force ; néanmoins, c’était la plus proche d’elles, et surtout la plus proche de leur souveraine. C’était à son contact qu’elles gagnaient en puissance et qu’elle se régénérait. En ce sens, Eyia n’avait pas tort de les nommer « ses filles ».

Pourtant, quelque chose vint troubler les ombres, alors même qu’elles reprenaient peu à peu vie. Une intuition, qui devint une certitude : on s’approchait d’elles.

- Voilà des mortels bien téméraires, souffla l’une d’entre elles.
- Nous sommes bien gardées, répondit une autre avant de plonger.

Car, bien évidemment, sur leur chemin, Aldericht, Laurelian et leurs acolytes ne pouvaient pas seulement rencontrer des obstacles rocailleux : il en fallait bien un plus menaçant, bien plus vivant. Et pourquoi, d’ailleurs, se contenter d’un seul obstacle ?

Au détour d’une galerie, ils accédèrent à une grotte dont la forme était assez intrigante. Sur sa voûte, au-dessus de leur tête, des sortes de tunnels étaient comme creusés, comme si – oui, comme si quelque chose y nichait.
Un bruit de craquement résonna dans la grotte, suivi de son écho lugubre – puis un autre, et encore un autre. Nul doute que ces sons n’étaient pas le fruit du hasard, mais la preuve qu’ils n’étaient pas seuls. Ce furent ensuite des bruits de corps en mouvement, comme des frottements, qu’ils purent percevoir, avant qu’ils puissent apercevoir le nouvel ennemi qui les attendait. Surgissant avec lenteur et assurance de leurs nids, des araignées d’une taille impressionnante, taillées dans la plus pure des opaline noires, leur faisaient face, plantant leurs yeux d’aventurine d’un même noir puissant dans les leurs.
Puis elles fondirent sur eux.


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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: mardi 26 novembre 2024, 19:20:13 »
Il aurait dû crever.

Ce qu’il venait de subir, c’était une mise à mort – la plus grande de toutes, et pour cela la pire de toutes. Certains étaient honorés de mourir ainsi ; du moins, c’est ce qu’elle en avait déduit en voyant certains des mortels qui lui vouaient un culte boire des métaux que l’extrême chaleur avait rendu liquides ou se jeter dans des brasiers. C’était un rituel qu’elle avait toujours trouvé étrange, tout en reconnaissant un certain goût pour le spectaculaire chez celles et ceux qui le subissaient. La plupart s’imaginaient ainsi pouvoir rejoindre ses ombres. « Les pauvres ». Il n’en était évidemment rien. Déesse cruelle, Eyia ne s’était jamais intéressée à ces pauvres mortels prêts à mourir pour elle dans de telles conditions.

Aucun mortel ne pouvait survivre à cette lave incandescente, à ce brasier, à cette lumière aveuglante. Aucun.

Aussi vécut-elle comme un affront ce sursaut de vie, alors que Serenos prononçait son nom dans une langue ancienne. Dans une grimace de colère, elle mit fin à la torture qu’elle réservait à la prophétesse, se tournait vers ce mortel qui refusait de mourir. Ouvrant la bouche, elle s’apprêtait à proférer menaces et insultes, quand elle sentit s’embraser cette marque qu’il avait ancré en elle. Surprise, la déesse manqua de tomber à genoux ; ses yeux mouillés par des larmes de rage se plongèrent dans ceux de Serenos. Il était en train de puiser en elle la force de la contrer – une audace qui lui donnait envie de l’achever.
Néanmoins, c’est elle qui flancha, lui offrant un instant de faiblesse dont il sut se saisir. En un éclair, la déesse se retrouva plaquée au sol, aussi étourdie qu’enragée. Le fait qu’il ose la traiter de « sorcière », par-dessus le marché, alimentait cette colère profonde qui bouillonnait en elle.

- Sorcière ? Tu me prends pour une putain de sorcière, mortel ?

… Oui, bon, l’ego des déesses, hein – je vais pas vous faire la leçon dessus. Néanmoins, une fois l’insulte adressée – oui, car c’était bien une insulte pour elle – elle fut comme happée par la colère du roi. Le ton haineux avec lequel il avait prononcé ces mots lui procurait une certaine joie. Elle goûtait enfin à cette rage qu’elle avait senti en lui. Le contact rapproché de leurs corps lui permettait même de la boire à même la source, comme si la colère d’Eyia se rassasiait de celle du roi.
Peu surprenant alors qu’il l’entende finalement rire – un rire amusé, doux, satisfait. Souriante, Eyia n’essayait même pas de se déloger. Elle se contentait de respirer doucement sous lui, son regard cherchant le sien. Cette effusion de rage étaient véritablement en train de la chauffer, dans tous les sens possible du terme : elle lui donnait envie de lui sauter dessus, de l’étreindre, de le meurtrir. Néanmoins, pour le moment, elle reprenait tranquillement ses forces, le corps encore un peu engourdi du coup qu’il lui avait porté.

- Tu m’as rendu mon baiser, petit roi, murmura-t-elle à son oreille. Ta haine pour moi me rend donc désirable à tes yeux ?

Un nouveau rire ponctua sa phrase. Les yeux brûlants, la souveraine lui faisait face, un sourire confiant sur le visage.

- Veux-tu que je te fasse l’honneur de t’accorder une dernière étreinte avant de t’anéantir ? Tu l’aurais bien mérité, reprit-elle du ton assuré et légèrement méprisant que peuvent avoir les bourreaux les plus cruels avant une mise à mort.

Il put le sentir, ce qu’elle fit alors : entrer à nouveau dans l’esprit de Laurelian pour l’accabler d’une migraine atroce, de celles qui te broient le crâne et te clouent au sol sans même la force d'hurler de douleur, tout en le fixant, souriante.
Et ce, juste pour jeter de l’huile sur le brasier incendiaire qui animait Serenos.

*    *    *

Le combat fut particulièrement violent.

Les ombres avaient l’habitude d’adversaires moins valeureux. La plupart se faisaient exterminer en quelques minutes par la géante qui laissait, par charité, quelques survivants aux ombres qui pouvaient ainsi s’amuser à les pourchasser dans les galeries.

Là, en revanche, elles s’épuisaient. Les ombres n’étaient pas leur souveraine qui, bouillonnante de puissance, était capable de buter tout ce beau monde en un claquement de doigts. Elles restaient avant tout des sujets qui ressentaient le besoin crucial de retourner à leur source après un combat acharné. Elles donnèrent tout dans cet assaut, parvenant à blesser et à tuer quelques mortels de plus.

Pardon, votre Majesté.

Eyia entendit à peine cette douce lamentation de ses ombres, toute amusée qu’elle était à torturer cruellement Serenos et sa fille.
Ce qu’Aldericht et ses derniers compagnons d’armes purent voir, ce furent les ombres qui disparaissaient dans un souffle épuisé, se redirigeant vers leur source pour y puiser une énergie nouvelle. Une d’entre elles, néanmoins, dans un soupir, leur murmura :

- Vous ne pourrez jamais fuir – et nous reviendrons.

Puis le silence.

3
Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: vendredi 22 novembre 2024, 10:34:41 »
- Je suis très entêté.

La déesse étouffa un « J’espère bien » lorsque ses mains se refermèrent autour de sa taille. Elle écarquilla les yeux puis fronça les sourcils lorsqu’il l’étreignit.
« Comment ose-t-il ? » Il était en effet impensable pour un mortel d’approcher la déesse sans son autorisation préalable, et encore moins de la toucher – alors l’étreindre relevait quasiment du crime. Lorsqu’elle se retrouva littéralement collée à lui, son torse s’écrasant celui du roi, son visage si proche du sien, Eyia fut partagée entre deux émotions contraires : une réelle envie de le tabasser pour lui apprendre les bonnes manières et une vague excitation – colère et désir étaient après tout deux choses qu’elle affectionnait au plus haut point.

Néanmoins, lorsqu’elle ressentit l’attaque qu’il lui lançait, le désir s’évanouit : ne resta que la colère.

Tout d’abord, elle ne comprit pas la raison de cette étreinte. Voulait-il l’écraser ? Ridicule ; elle pourrait sans trop d’efforts lui donner l’impression qu’il tenait entre ses bras de la lave en fusion. Puis arriva l’attaque. Le coup qu’il lui porta lui donna l’impression qu’une lame venait de percer son ventre. La sensation n’était pas agréable, loin de là, mais Eyia aurait pu la tolérer.
Ce qui était à ses yeux intolérable, c’est ce qu’il laissa une fois la lame sortie de son ventre : une marque. Il venait de recommencer ; encore une fois, il avait laissé quelque chose de lui en elle, souillant son intégrité en même temps que son île. La souveraine sentit un brasier incendier son cœur d’une profonde rage et d’une grande honte ; elle aurait pu en pleurer de colère. Elle ne put donc pas savourer la fin de ce supplice, ni même profiter un peu de la douce sensation d’une chaleur apaisante ; elle était aveuglée par la haine.

- Je peux continuer.

Il n’eut d’abord pas de réponse d’Eyia, à l’exception du regard chargé de haine qu’elle lui adressait. Il pouvait également sentir le souffle haletant de colère qui agitait son buste, ou voir la façon dont ses mâchoires s’étaient serrées, dessinant de façon plus nette leur ossature. En revanche, les deux mains qu’elle avait appuyées sur les épaules du roi, aussi bien pour essayer de le repousser au début de leur étreinte que pour s’y accrocher alors qu’il l’attaquait, ne bougeaient pas ; elles tremblaient un peu, et ce n’était pas de peur.

- Je m’apprêtais à te demander si tu mesurais la portée de tes actes, petit roi, murmura-t-elle, mais la réponse va de soi : tu as fait tout cela en conscience. Pour cela, crois-moi, tu ne mérites que la mort.

La déesse releva son visage vers celui de Serenos. Son regard était comme éteint, ou du moins il était à présent illisible. Doucement, elle le rapprocha de celui du roi et déposa doucement ses lèvres sur les siennes. De prime abord, on aurait pu croire à un signe de tendresse – il n’en était rien.
Lorsqu’elle retira ses lèvres, il put sentir quelque chose de piquant, puis de brûlant sur ses lèvres, comme si un magma incandescent leur coulait dessus. Cette sensation ne s’arrêta pas à sa bouche ; elle se répandait à présent à l’intérieur de sa bouche, le long de sa langue, sur son palais, puis dans sa gorge – ainsi, ce qui semblait une lave invisible glissait peu à peu dans son organisme.

Et elle, toujours dans ses bras, riait, satisfaite de son coup.

Alors qu’il sentait cette chaleur insupportable glisser toujours plus loin en lui, s’insinuant dans son œsophage et ses poumons, le roi eut un instant de faiblesse ; elle en profita pour se déloger, et retomba au sol dans un mouvement maîtrisé, époussetant ses bras et sa taille, comme pour ôter de la surface de son être l’attaque précédente, sans même lui adresser un regard.

Puis, lui tournant le dos, elle eut ce petit mouvement de la main : un claquement de doigts, puis un poing serré.

Alors, Serenos put sentir les pierres autour de lui s’embraser en s’illuminant, réverbérant une lumière aveuglante. En un instant, la grotte fut remplie de ce halo qui pouvait faire fondre n’importe quelle rétine qui oserait les regarder en face.

Ainsi se déroulait une mise à mort aussi royale que divine : en incendiant le corps de l’intérieur comme de l’extérieur, en l’assommant, l’aveuglant et l’embrasant d’une chaleur insupportable.

- « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder en face »* parait-il, récita-t-elle d’un voix forte. J’aimerais ajouter : « ni même Eyia ».

*   *   *

Sous la roche, dans les galeries, les ombres tremblaient.

C’était un fait suffisamment rare pour être relevé. Même si les ombres n’étaient pas des répliques d’Eyia, elles n’étaient pas familières de la peur. Pour plaire à leur souveraine, elles avaient appris à ne pas s’y fier. Aussi, quand la Pythie s’approcha d’elle, l’ombre ne recula pas ; elle ne flancha pas quand le frisson de terreur la traversa, même si elle devait s’avouer déstabilisée.

Comme leur reine, les ombres n’appréciaient guère les mages et les prophétesses ; cette rancœur millénaire et cette soif de revanche envers ceux qui avaient osé enfermer leur souveraine l’emportaient sur la peur. Aussi, le premier geste que fit l’ombre fut d’attraper de son autre main le poignet de Laurelian. Elle s’apprêtait à fondre sur elle, au même titre que les autres ombres, quand une voix résonna dans les souterrains :

- Petite prophétesse, je te vois.

Le ton de cette phrase était presque chantonnant.
Laurelian n’eut aucune difficulté à reconnaître là la voix qui l’avait assaillie lors de son arrivée sur l’île. C’était bien celle d’Eyia qui, profitant d’un moment d’accalmie pendant ce qu’elle estimait être la lente mise à mort de Serenos, se tournait à nouveau vers sa fille. Dans une théâtralité qui la caractérisait, Eyia faisait cette fois entendre sa voix à tout le monde, et non pas seulement à Laurelian.

- Tu te souviens de moi, n’est-ce pas ?

Un léger rire ponctua cette phrase – puis Laurelian put nettement sentir la déesse pénétrer à nouveau son esprit. Un vacarme de cris et de bruits de corps brisés résonna à nouveau sous son crâne.
Quant aux ombres, elles comprirent qu’il s’agissait là d’un signal pour lancer leur attaque. D’un même mouvement, elles fondirent sur leurs adversaires.



* Allez hop, un peu de La Rochefoucauld

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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: mardi 19 novembre 2024, 11:54:15 »
Elle l’avait laissé s’approcher, sans le craindre, sans reculer ; une attitude qui reflétait son absence de peur.

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, on le lui avait toujours inculqué : n’aie pas peur, jamais. Une divinité, quelle qu’elle soit, ne devait jamais avoir peur ; elle devait inspirer la peur. Alors, même quand quelque chose comme son instinct lui disait de se méfier, de reculer, de prendre quelques secondes pour réfléchir un peu, elle n’en faisait rien : elle fonçait, elle s’exposait, quitte à prendre les premiers coups. « Sois l’adversaire qui sait prendre les coups sans broncher, et qui sait les rendre avec fureur » ; voilà avec quel genre de préceptes elle avait été élevée.

Pas de peur, beaucoup de colère ; voilà ce qui composait en grande partie le tempérament d’Eyia.
Lorsqu’il s’insinua dans son esprit, elle fit néanmoins l’expérience d’une émotion qu’elle avait presque oubliée à force de ne plus la côtoyer : la peine.

Son cœur se tordit, étranglé par un battement sourd, alors que remontaient à la surface les émotions qui l’avait traversée, hantée, torturée, pendant son enfermement : la solitude profonde et le silence lourd, les murs froids et le temps qui s’évapore, la rage continuelle et la douleur cinglante. Avec le temps, tout cela s’était comme estompé, et ne restait de cet emprisonnement que colère et rancœur, et quelques souvenirs entamés par le temps. Mais là, à cet instant précis, tout réapparut dans une violence éclatante, annulant du même coup tout ce lent travail salvateur du temps qui consistait à atténuer la peine.
Un doute l’assaillit – celui d’avoir tout rêvé, dans un délire de prisonnière qui se ronge la tête à force d’isolement et de séquestration. Peut-être n’était-elle jamais sortie de cet enfer, peut-être n’avait-elle jamais été libre, peut-être-

Au moment où Serenos s’éloigna, souvenirs et illusions se dissipèrent. Sonnée, la souveraine ne mit pas longtemps à reprendre ses esprits, comprenant ce qui venait de lui arriver.

Sois l’adversaire qui sait prendre les coups sans broncher, et qui sait les rendre avec fureur.

Dans son ventre, la peine s’était écroulée ; de ses décombres avait surgi la colère.

La noirceur de ses yeux brûlants se planta dans le regard de son adversaire. Ses mâchoires, aussi serrées que ses poings, retenaient péniblement les injures qui lui brûlaient les lèvres.

- Je vais te briser.

Et elle fondit sur lui dans un mouvement vif. Au vu de sa petite stature et de celle, imposante, de son adversaire, on aurait pu croire un geste inconsidéré. Espérait-elle faire tomber son adversaire ? Le frapper de ses petits poings ? Si elle avait été une mortelle, nul doute qu’elle se serait fait écraser – mais il n’en était rien. Frappée dans son orgueil et dans ses souvenirs les plus douloureux, animée d’une telle rage, la déesse était dans les meilleures dispositions pour rendre coup pour coup.

Serenos put sentir une main glacée se poser sur le haut de cage thoracique, puis s’y appuyer, provoquant ainsi la désagréable impression que des doigts étaient en train de saisir l’os de son sternum. Certes, heurter la peau, la chair, les muscles était douloureux, mais bien trop classique – alors qu’offrir à son opposant la sensation qu’on venait griffer ses os, faisant résonner cette sourde vibration dans toute son ossature, était infiniment plus jouissif*. La petite déesse s’était élevée dans les airs afin de lui faire face, et d’ainsi décrypter les moindres émotions que trahiraient ses traits.

Puis, d’un geste vif, elle ôta sa main, profitant de l’étourdissement que cette attaque provoquait généralement chez ceux qui la subissaient pour lui rendre ce geste supposément tendre qu’il lui avait adressé précédemment : ses deux mains encadrèrent le visage du roi. Il put ainsi avoir la sensation de ces mains a priori inoffensives étaient en train de littéralement écraser sa mâchoire, comme s’il s’agissait là d’une matière aussi friable que de la craie ramollie par la pluie.

- Tu te penses sincèrement capable de te mesurer à la reine des pierres ? Quelle arrogance. Rien ne me résiste.

*   *   *

Une fois que la mer s’était retirée, la géante constata dans un soupir de déception que les petits humains  avaient trouvé un subterfuge. Ne restaient, accrochés à des arbres, écrasés contre la pierre ou flottant à la surface de quelques flaques, que des corps déjà morts. Se concentrant un instant, elle posa la main sur la terre gorgée d’eau ; un sourire se dessina sur son visage.

Ils étaient toujours là, en-dessous d’elle, sous la terre – un territoire auquel elle n’avait pas accès (pour des raisons logistiques évidentes). La créature poussa un nouveau soupir, et, d’une voix douce :

- Je vous les laisse. Prenez-en soin.

Puis elle retira dans la nuit.

Sous terre, Aldericht, Laurelian et leurs troupes purent en effet, un temps, faire l’expérience d’une forme d’apaisement. Dans leur champ de vision, plus aucune géante capable de faire se mouvoir les éléments à son gré – c’était déjà ça.
Néanmoins, il serait erroné de croire qu’ils étaient mis hors de danger. Ils venaient d’atteindre un espace où les ombres étaient particulièrement puissantes. Tissées de ténèbres, elles s’épanouissaient dans les espaces plongés dans l’obscurité – et ce particulièrement au contact d’une pierre nourricière.

L’excès de confiance d’Aldericht fut sanctionné de leurs rires. Néanmoins, les ombres ne se jetèrent pas sur eux comme des créatures sanguinaires incapables de se contrôler ; elles leur laissèrent le temps de découvrir les galeries où ils venaient d’atterrir. A priori, rien que de la roche suffisamment bien taillée pour permettre à des êtres, quelle que soit leur nature, de progresser aisément. Quand leurs yeux commencèrent à s’habituer à cet espace obscur, ils purent apercevoir autre chose. Des sortes d’inscriptions gravées avec ce qui semblait être une craie en silicate rouge ou du charbon. En s’approchant, ils se seraient rendus compte qu’il ne s’agissait aucunement d’inscriptions ésotériques mais de noms ou de messages d’adieux – et qu’ils n’étaient pas tracés à la craie, mais bien à l’aide d’un sang séché.

Et plus loin, dans des recoins, s’éparpillaient des ossements partiellement brisés ou brûlés.

- Prenez vos aises, chers convives, prononça une voix caverneuse avant d’éclater de rire.

Des ombres qui tapissaient les murs commencèrent alors à s’extraire lentement – avec une forme de théâtralité qui n’était pas sans rappeler la dramatisation qu’affectionnait leur déesse – des ombres de formes féminines aux ongles acérées.





* Quiconque s’est fait tatouer sur des zones osseuses peut témoigner du fait que c’est la pire sensation. Chers lecteurs, chères lectrices : réfléchissez à deux fois avant de vous faire tatouer les côtes.

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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: lundi 18 novembre 2024, 18:32:34 »
La déesse l’écouta patiemment. Pendant qu’il parlait, elle s’était trouvée une assise taillée dans la roche, non loin de lui ; une sorte de vaste méridienne en rubis qu’on aurait dit, de loin, tissée de soie. Les reflets de la pierre donnaient à sa peau diaphane une teinte d’un rouge précieux et piquant à la fois. Ainsi, telle une souveraine, elle – s’affala élégamment dessus. Installée sur le ventre et le coude, le visage posé dans ses petites mains, les pieds relevés pour mieux les balancer au rythme de ses paroles, elle le regardait ; une manière de lui témoigner son attention, mais aussi de le laisser apercevoir les moues qui se dessinaient sur son minois tandis qu’il parlait.

Eyia n’avait jamais été très protocolaire, du moins la concernant. S’asseoir sur un trône avec toute l’élégance du monde ? Flotter longuement dans les airs, le dos droit, les épaules et le menton relevés pour en imposer ? Ew. Elle restait attachée à cette posture un peu adolescente, insolente, impertinente qu’elle n’avait, au fond, jamais quitté. Cela avait parfois l’avantage de décontenancer ses interlocuteurs, voire de leur laisser penser qu’elle n’était qu’une petite conne ; avantage dont elle parvenait toujours à tirer profit.

Elle l’écoutait, donc. Lorsqu’il lui annonça avoir fait le lien entre l’île et son propre corps, elle manqua de le gratifier d’un « Pourquoi m’attaquer, alors ? » – mais se retint, se contentant de froncer les sourcils. Au moment où il évoqua ses liens la famille des feu mineurs, une légère grimace d’étonnement froissa son visage ; néanmoins, elle hocha la tête, compréhensive, quand il parla de son mépris des humains. Mais, alors que sa colère se matérialisait, rendant l’air doucement irrespirable, un large sourire se traça sur ses lèvres. La déesse eut l’air intensément satisfaite en sentant l’air s’appesantir et lui coller à l’épiderme comme le feraient les effluves enfumées d’une source chaude.

L’adrénaline.

Eyia a toujours été très sensible à sa propre colère – je ne vais pas revenir dessus. J’aimerais néanmoins préciser que la colère des autres lui procurait une sensation assez proche de l’enivrement. Dès lors, elle n’écouta qu’à moitié ses propositions de paix. C’était, somme toute, des propositions assez honnêtes ;  elle l’aurait elle-même reconnu si elle n’avait pas aperçu cette rage en lui, cette rage qu’il avait réussi à contenir mais qui ne donnait à déesse aussi joueuse et effrontée qu’une envie : la provoquer à nouveau.

Alors, elle se redressa doucement, pour s’asseoir de manière un peu plus correcte sur cette méridienne. Les halos lumineux du rubis lui conféraient une aura inquiétante, se mêlant à l’éclat amusé qui venait de s’allumer dans son regard.

- Tu me parles de coexistence ? Aucun de vous ne mérite de vivre à mes côtés.

… Ce qui est très agréable chez Eyia, c’est vraiment cette bienveillance mêlée d’humilité qui la caractérise, auxquelles s’ajoutent une grande indulgence et un profond respect d’autrui, non ?
Non, bien sûr que non. Elle sait être insupportable ; elle sait même trop bien l’être, et ce en particulier lorsqu’il s’agit de faire enrager quelqu’un.

- Qu’est-ce que tu crois, petit roi ? Qu’un autre mage viendra m’enfermer ici ? Que j’ai peur – pfeuh – d’eux ? Que j’ai une quelconque leçon à recevoir de leur part ?

Sa réplique fut ponctuée d’un petit rire. Le ton était teinté de colère ; une colère à la fois sincère (elle se sentait en effet un peu attaquée dans son ego) et amusée, dopée à l’impertinence. Elle qui était appuyée sur sa méridienne se releva doucement, le regard planté dans le sien, avant de poser ses mains sur un des accoudoirs du trône sur lequel Serenos était assis. Lentement, ses ongles s’enfoncèrent dans la roche, comme s’il s’agissait pour elle d’une quelconque mie de pain. Alors, à voix basse, toute proche de lui, elle murmura d’une voix douce et d’un ton serein :

- Vous qui êtes venus, vous allez tous crever ici. Tes troupes dont il ne reste déjà presque plus rien, ta gamine prophétesse que je finirai par rendre folle, ton fils que ma géante va écraser – et toi, que-

Elle s’interrompit un instant, le visage fermé.
L’attaque que venait de lancer Aldericht sur la géante venait de fouetter sa chair – gênant du même coup son petit laïus. « Ah, ces mortels, vraiment – que ne gâche-t-il pas, je vous le demande ». Dans un sourire, elle reprit donc :

- Et toi, à qui je vais faire regretter cet excès de confiance.

Prononcer des menaces à un individu tout en se tenant aussi proche de lui ; voilà une situation qui pouvait avoir l’air étrange. Un sentiment d’étrangeté renforcé par le fait que, d’une part, elle n’était pas dans une position repli mais se tenait littéralement à disposition de son adversaire, et d’autre part elle ne semblait pas lancer d’offensive pour accompagner son geste. Elle se contentait de le regarder en souriant, attentive à la réaction de Serenos – et avide d’apercevoir à nouveau sa colère.

*   *   *

En effet, la géante s’était vue blessée par cette attaque ; une attaque qui avait, depuis, interrompu la sienne, rendant au sol sa température habituelle. Les ombres qui formaient son épiderme furent un court instant traversées de faisceaux lumineux, comme autant de griffures enflammées. Il ne lui fallut néanmoins que quelques secondes pour reprendre ses esprits, son regard balayant un instant le carnage qu’elle avait initié pour ensuite se poser sur Aldericht.

Elle répondit à sa réplique par un sourire et un hochement de tête.

- Je suis bien heureuse de te divertir, mon petit, souffla-t-elle. Sache que tu m’amuses beaucoup également. Ma reine et moi, nous aimons particulièrement quand les mortels résistent – la victoire n’en est que plus belle.

La géante pouvait percevoir leur fatigue réciproque. À trop drainer la magie de l’île, il s’épuisait – et l’épuisait aussi. Pourtant, là, dans les entrailles de la terre, bouillonnait encore une énergie vive capable de l’animer suffisamment longtemps pour l’éradiquer. Alors, la géante rentra à nouveau ses griffes dans le sol, se concentrant un instant.

D’abord, rien, sinon le silence.
Puis un bruit sourd.

- Si le feu n’a pas eu raison de toi…

Un bruit sourd, comme celui d’une vague.
Un mur semblait se former, au loin, dans le dos de la créature ; un mur qui avançait. D’un claquement des doigts, la géante verrouilla l’entrée de la grotte afin de ne pas impacter sa déesse et son hôte , juste quelques secondes avant qu’une immense vague n’approche, prête à s’écraser sur la montagne. Les vagues, c’était facile, surtout pour une géante ; elle arrivait généralement à noyer ainsi ses adversaires dans ce qui, pour elle, n’était qu’une sorte de bassin dans lequel elle barbotait allègrement en regardant ces pauvres mortels mourir.

- … ce sera la mer qui t’avalera.


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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: dimanche 17 novembre 2024, 12:29:07 »
Lorsqu’il rangea son épée, la déesse hocha la tête dans un sourire. C’était, à ses yeux, un signe de sagesse. S’il l’avait brandie devant lui en signe de défi ou s’il l’avait agrippée, elle se serait bien volontiers moquée de lui – quelle idée saugrenue que de croire qu’une arme pouvait la mettre en difficulté. Même si tout dans l’attitude de Serenos était la démonstration d’une forme d’insolence – ce qu’elle aurait d’ailleurs pu interpréter comme le signe qu’il fallait le buter fissa – Eyia mettait volontiers cela sur le compte d’un orgueil propre aux souverains confiants en leurs capacités. Il ne ressemblait pas à un bête mage arrogant, soucieux de se mesurer à une divinité pour parachever son parcours initiatique ; il se comportait comme un roi.

Eyia sembla s’apaiser un peu. Elle posa le pied à terre, une forme de respect qui marquait le fait que, dans une certaine mesure, ils pouvaient être mis, un temps, sur un même pied d’égalité.

- Mes ombres se sont comportées avec toi comme tes soldats se comporteraient avec moi si je venais envahir tes terres, lui répondit-elle. Du moins, si ce sont des hommes fiables et loyaux.

La souveraine approcha sa main de ses plaies, une manière de mesurer leur gravité. Elle fronça les sourcils, marqua un temps de pause et resserra son poing. Lorsqu’elle l’ouvrit, une poudre compacte qui scintillait comme le ferait un diamant s’était matérialisée dans le creux de sa main. Approchant ses lèvres, elle souffla doucement sur cette poudre ; quelques unes de ses effluences s’envolèrent pour venir se déposer sur les plaies du roi.
En quelques secondes, il put se sentir soulagé : ses blessures étaient en effet en train de cicatriser.

- J’exècre les mages, mais je respecte les rois. Parce que tu es un peu des deux, je te soigne, mais ne compte pas sur moi pour te proposer de quoi te sustenter. Si tu veux t’asseoir, tu trouveras de quoi faire dans la roche, continua-t-elle en indiquant un pan d’un mur richement décoré d’inscriptions religieuses. Je l’ai creusée pour m’y reposer pendant mon « séjour » ici.

En effet, certains pans étaient sculptés afin de pouvoir s’asseoir, s’allonger, s’écraser parfois. Le travail était si fin que l’on sentait à peine les aspérités de la pierre, devenue presque douce sous ses doigts. À cette époque, elle avait même utilisé des pierres minuscules, taillées comme des perles, pour se tisser de quoi garnir une forme de couche ; certains restes de coussins et de couvertures erraient ici et là, couverts d’une pellicule de poussière.

Eyia mit un temps avant de formuler sa réponse à la dernière question que lui avait posé Serenos. Les sourcils légèrement froncés, le visage fermé, elle cherchait ses mots – et ce non pas parce qu’elle ne savait pas quoi répondre, mais bien parce qu’elle ne comprenait pas que l’on puisse lui poser une telle question. Pour Eyia, les divinités avaient un droit de vie et de mort sur les mortels qui s’approchaient trop près d’eux ; c’était une évidence. L’expliquer lui paraissait inutile ; le justifier, inenvisageable, surtout auprès de l’un d’eux.

- Je suis chagrinée, vois-tu. Je n’aime guère avoir de compte à rendre à un mortel, répondit-elle enfin, en appuyant avec un léger mépris sur ce dernier mot (un léger mépris appuyé par un roulement d’yeux). Néanmoins, tu es un roi, et je comprends que tu puisses te soucier de tes sujets, même si cela m’apparaît pour le moins – curieux, disons.

D’ordinaire, les souverains se moquaient pas mal que quelques uns de leurs sujets crèvent, surtout au contact d’esprits qu’ils avaient provoqués. D’une part, rois et reines avaient autre chose à faire que de s’occuper de leurs subalternes ; d’autre part, si ces derniers s’étaient attirés des ennuis, c’était leur problème – surtout si ces ennuis impliquaient des divinités auxquelles les monarques, au fond, ne souhaitaient pas se frotter. De fait, Eyia ignorait si cela faisait de Serenos un homme vraiment valeureux ou particulièrement fou.

- Je fais ce que je veux, petit roi.

C’est dans un sourire aussi royal qu’impertinent qu’elle lui répondit.

- Je fais ce que je veux, surtout de ceux qui osent venir sur mes terres. Nous parlons là de mortels, leur existence n’a pas la moindre importance, surtout au regard de celles de divinités – qui sont, reconnais-le, infiniment supérieurs à ces petites créatures. Et puis ils ne pouvaient que mourir – ou alors d’autres seraient venus. Des gens se seraient installés sur cette île, qui sait ? Peut-être même se seraient-ils cru chez eux. Et qu’auraient-ils fait, ensuite ? Ce qu’ils font toujours : piller, amasser, vider chaque lopin de terre qu’ils envahissent de sa moelle, de sa vie, pour mieux se gaver. Je-

La déesse s’interrompit, tournant son visage vers le petit souterrain par lequel Serenos était entré. Elle porta une main à son ventre, tandis que sur ses traits se dessinait un mélange d’affliction et de colère. Elle venait de ressentir en elle le coup qu’Aldericht avait porté à la géante - une douleur vive, piquante. Une telle atteinte à son intégrité la fit enrager.
Tout comme Eyia se tourna vers Serenos, la géante se pencha sur Aldericht ; toutes deux avaient le regard noir.

- Ne comprends-tu pas que s’attaquer à cette terre, c’est s’attaquer à ma chair ?

Cette phrase, Eyia et la géante l’avaient prononcée d’une même voix – une voix sourde, lourde, caverneuse, gonflée de colère.

*   *   *

Au-dehors, la géante eut un geste similaire à celui de sa souveraine : la main sur le ventre, elle tâtait la zone de son corps endolorie par l’attaque. Certes, la blessure s’était refermée, mais la sensation avait été vive. Parce que ce mage drainait l’énergie de l’île pour la rediriger contre elle, la géante se savait plus sensible aux attaques ; raison de plus pour être plus offensive.
Alors, elle se redressa, pour mieux frapper le sol de la paume de la main, l’ébranlant violemment – ce qui eut pour effet de faire trembler les murs de la grotte où se tenaient les deux souverains. Le sol s’agita d’un soubresaut violent, ce qui fit vaciller pas mal de soldats. Et elle recommença, encore une fois, et encore une fois – avant de diriger sa main vers les troupes, pour les frapper d’un revers, en envoyant certains voler à quelques mètres, et d’autres s’écraser dans les arbres environnants.

Puis son visage se dirigea vers Aldericht.

- Les petits mages oublient trop vite qu’ils ne sont pas des dieux, souffla-t-elle.

Sa main se dirigea vers lui, et il ne fallut que quelques doigts pour le heurter et le faire tomber au sol, avant que ses ongles ne s’enfoncent dans la terre. Car non, elle n’avait pas cherché à l’attraper, à l’écraser dans sa main – même si elle aurait pu le faire. Non, non, elle leur réservait quelque chose de plus divertissant. Sous leurs pieds, Aldericht comme ses hommes pouvaient sentir que cette terre, déjà tiède comme le serait un corps, était en train de monter en température. Le sol devint chaud, puis brûlant. La sensation n’était pas des plus agréables, d’autant qu’elle finirait par les faire littéralement suffoquer, avant de les brûler vifs – du moins, c’était là l’intention de la géante.

Bien évidemment, cette brutale montée en température du sol n’atteignit pas la montagne, et ni Serenos ni Eyia ne pouvaient en ressentir les effets.

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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: vendredi 15 novembre 2024, 16:15:46 »
Tout ce qu’il se passait sur l’île, elle l’avait jusque-là regardé de loin, allongée dans ce lit rond entourée de voiles et de tissus – qu’on aurait pu croire accrochés arbitrairement, même si l’on finissait par se rendre compte que chacun d’eux concourrait à faire de ce lit un vaste cocon, quelque part entre le nid et la toile d’araignée – qu’elle n’abandonnait que très rarement.
Mais elle le savait : il lui fallait maintenant le quitter pour se présenter devant ce roi. Était-ce par goût de la théâtralité, pour saluer son courage, pour le scruter de plus près ou pour se mesurer à lui ? Était-ce pour faire honneur à son sens logique, et parce qu’elle avait décelé dans ses derniers mots une forme de compassion qui lui avait fait honneur ? Peut-être bien un peu de tout ça. D’un geste de la main, elle drapa son corps d’une de ces toges noires qu’elle affectionnait, et qu’une broche en diamant accrochait à son épaule droite, dénudant l’autre.

Quand Serenos releva les yeux vers ce portrait, il put avoir l’étrange sensation que ses pupilles se mettaient à frémir, comme si son regard s’apprêtait à bouger. En réalité, quelque chose comme une ombre noire faite de fumée se matérialisait devant ce regard. C’était pour la souveraine, qui adorait dramatiser chaque pan de son existence, une manière de soigner son entrée ; sa peau très pâle ne pouvait que trancher, dans un clair-obscur inquiétant, avec le nuage obscur d’où elle s’extrayait, flottant dans les airs un petit moment avant de descendre à son niveau.

La voir demeurait toujours une expérience paradoxale. Eyia était une déesse relativement petite, pâle et frêle, et sa carrure était loin d’être impressionnante ; elle donnait l’impression qu’un vague coup, même pas si puissant que ça, pouvait lui casser quelques os. Et pourtant, ce regard, cette façon qu’elle avait de se tenir et de ne pas trembler, ses expressions faciales trahissaient à la fois son rang et ce qu’elle avait de potentiellement dangereux – voire létal. Une venimeuse petite déesse ; voilà ce qu’elle inspirait.
De facto, malgré le fait que Serenos soit bien plus grand et impressionnant qu’elle, la déesse lui tenait littéralement tête.

- Tu ne t’es pas trompé. Qui que tu sois, je t’aurais accueilli de la même façon ; comme une personne qui n'a rien à faire chez moi tant que je ne l'ai pas conviée. Néanmoins, le simple fait que je me présente à toi est un honneur – j’espère que tu en as conscience.

Je vous présente l’ego d’Eyia. Un vrai petit joyau, n’est-ce pas ?

- Tu ne t’es pas trompé non plus sur la nature de ce lieu, ajouta-t-elle sur un ton chargé d’une colère plus ou moins bien contenue. « Emprisonner un haut-esprit », comme tu l’as si bien dit ; voilà la grande idée qu’a eu un mage, un beau jour. Ce que tu peux contempler ici est de mon fait. C’est le fruit de toutes ces années passées ici, dans cette montagne.

La déesse poussa un long soupir, et répéta, dans un souffle épuisé :

- Tout ce temps passé ici…

Elle se tut tandis que ses yeux balayaient la grotte, chargés d’une forme de nostalgie mêlée de haine. Puis, sur un ton rageur, elle ajouta vivement :

- C’est ici que ces petits cons sont venus me prier, m’honorer, me rendre hommage, après mon évasion. Ils ont fait de ma prison un lieu de culte.

Cette dernière phrase avait été prononcée avec autant de dédain que de colère. Pour Eyia, ce genre de choses confirmait la bêtise infinie des mortels. N’importe quel être un tant soit peu intelligent aurait compris que transformer sa prison en lieu conçu pour l’honorer était une décision des plus stupides. Peu étonnant, alors, qu’elle ait fait le choix de transformer cette île en lieu maudit.
Reprenant ses esprits et sa stature royale (c’est-à-dire plutôt hautaine), elle s’adressa de nouveau à Serenos :

- Mais je ne vais pas commencer à t’assommer de paroles – le manque d’air le fait déjà bien assez, mh ? Nous avons des comptes à régler, me dis-tu ? Continue. Je t’accorde audience ; sois-en digne.

*   *   * 

Les ombres se déchaînaient sur les mortels, à la lueur de flammes qui illuminaient des scènes particulièrement violentes. Ici, une ombre serpentine se ruait sur un soldat pour mieux lui mordre le ventre et lui arracher les entrailles d’un coup sec ; là, d’autres soldats parvenaient à terrasser ce qui ressemblait à une chimère, mi-lionne, mi-lézard, et elle agonisait dans des hurlements fracassants.
Seule une troupe venue d’une contrée magique, dirigée par des mages, pouvait leur tenir tête ; si tel n’avait pas été le cas, les ombres n’auraient fait qu’une bouchée de ces pauvres petites créatures mortelles, et aucune d’entre elles n’aurait été blessée.

Quant à la jeune soldate qui faisait face à la femme qui dirigeait ce cortège funèbre, elle ne se laissait pas impressionner ; alors que l’ombre se jetait sur elle, elle était parvenue à la blesser à la cuisse. Malgré le sang noir, poisseux, qui coulait de sa plaie, l’ombre revint à la charge, parvenant à clouer au sol la pauvre mortelle. Alors qu’elle dirigeait sa main vers son visage, bien décidée à lui crever les yeux, la soldate parvint à lui transpercer le ventre.

Alors, le silence se fit.

Les ombres sont des créatures loyales et dévouées, je vous l’ai déjà dit ; c’est là leur redoutable force comme leur plus grande faiblesse. Elles sont aussi bien incapables d’agir sans chef à leur tête ; aussi, dès lors que celle qui les dirigeait s’écroula lourdement sur le sol, elles marquèrent un temps d’arrêt, avant de lentement retourner dans la nuit.

Aldericht et ses troupes purent savourer l’accalmie qui s’offrait à eux. Elle ne dura néanmoins pas longtemps.

Car du fond de la nuit une créature lentement s’approchait. Une créature, oui ; elle était seule, et elle avait en effet l’aspect d’une femme. Sa seule particularité, c’était sa taille : c’était une géante, elle aussi faite d’ombres de fumée. Sur son visage, un sourire tranquille.

- Vous avez réveillé la gardienne, prononça-t-elle doucement. Cela faisait si longtemps que je dormais. Je suis bien heureuse d’avoir de quoi me divertir.

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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: jeudi 14 novembre 2024, 17:32:19 »
L’adrénaline.

Le cœur de certains individus, dit-on, ne bat qu’à son rythme ; ils sont surnommés « fous » et « têtes brûlées », et on les regarde de loin sans jamais oser s’en approcher. De ce qu’Eyia avait pu observer, le roi qui foulait son île du pied faisait partie de cette caste. Si la peur de tous ceux qui l’accompagnaient était palpable – elle l’avait dégustée avec beaucoup de plaisir – la témérité du souverain détonnait. Comme un feu follet dans une nuit épaisse de brume, elle brûlait, elle scintillait, comme si rien ne pouvait l’éteindre.

Pendant qu’ils progressaient dans la forêt, la souveraine avait pris du bon temps avec ses ombres – elle en avait bien besoin pour garder les idées claires. Adrénaline et fureur avaient une fâcheuse tendance à attiser son désir ; le mélange des trois mettait le feu à son cerveau qui, rongé par cet incendie, prenait bien souvent les pires décisions – d’où la nécessité de ces petites orgies improvisées pour raison garder.
Et maintenant qu’elle avait récupéré toute sa tête dans toute sa clarté, Eyia observait ces pauvres mortels progresser avec le plaisir d’une spectatrice qui observe la restitution d’un show qu’elle a orchestré. Elle gratifia d’un « Futé » la décision du roi de s’aventurer seul : toute une troupe qui panique dans des tunnels souterrains n’est jamais une situation enviable. Elle assista, sereine, au spectacle que lui offrait ses ombres. Aussi vives que soucieuses de plaire à leur souveraine, elles se ruèrent en essaim sur Serenos. Comme Eyia l’avait prévu, il répliqua, au point d’en blesser une – ce qui fit mi-grimacer, mi-sourire la déesse. Rarement une ombre s’était laissée prendre. « Cela leur apprendra à ne pas se reposer sur leurs lauriers, tiens ».
Et il avait progressé. Il s’approchait du noyau de la montagne, de son cœur palpitant, si précieux aux yeux d’Eyia qu’elle s’en voulut d’avoir été aussi désinvolte par goût du spectacle. Comment avait-elle pu le laisser faire ? La déesse serra les poings, sentant ses joues rougir de colère. « C’est toi qui te repose sur tes lauriers, idiote », s’invectiva-t-elle.

- Que comptez-vous faire, ma Reine ? l’interrogea une ombre.

Eyia souffla, le regard dans le vide.

- Vous savez pourquoi je tiens à cette île, mh ?

La question était évidemment rhétorique ; elle ne laissa donc pas ses ombres répondre.

- Il y a des années – des années reculées – un mage m’a enfermée dans cette montagne. J’étais une jeune déesse, pas très maligne ; je me suis laissée piéger avec tellement de facilité que j’en ai encore honte aujourd’hui. C’est pour cela que les autres dieux appellent cette montagne – pour se moquer de moi – mon berceau. J’ignore combien de temps je suis restée là-dedans, mais je me souviens très bien de la manière dont je me suis occupée pendant les longues heures qui ponctuaient ces journées d’une lenteur atroce.

Et c’est cela que Serenos eut sous les yeux, alors qu’il progressait dans la montagne. D’abord, il put apercevoir comme une mosaïque étrange commencer à se former au détour d’un tunnel ; en s’approchant, il put se rendre compte de quelle matière elle était composée. Ici, de minuscules pierres précieuses taillées comme des perles et soigneusement alignées ; là, une roche percée de filaments dorés. La moindre parcelle de ses murs rocheux avait été travaillée, taillée, sculptée avec les pierres et les roches les plus précieuses qui soient. Au début, c’était de vagues motifs qui dessinaient les contours de silhouettes étranges – des dieux, des créatures, des paysages – ou qui traçaient les signes d’un langage inconnu. On se serait cru dans un sanctuaire.

En suivant les dessins, au détour des souterrains, le roi atteignit une grotte plus vaste où il fit face à un immense portrait : celui d’Eyia, comme allongée sur la pierre, avec ses yeux noirs de charbon, ses lèvres rouges de rubis, sa peau blanche ici faite de la craie, là taillée dans de l’aragonite, ses cheveux d’un même blanc tissé de goshenite et de diamant. Même les stalagmites et les stalactites étaient fausses, taillées dans de l’obsidienne, du quartz, de l’émeraude. De façon assez singulière, elles semblaient briller, comme si une flamme palpitait en leur sein – comme si quelque chose de vivant y remuait.

Il ne lui fallut que quelques secondes avant d’entendre une voix distincte, mais dont il ne pouvait pas encore repérer la source :

- Penses-tu que tu mérites d’être ici, petit roi ?

*    *    *

- C’est aussi là-bas que je vous ai rencontré, mes filles, continua Eyia. C’est vous qui m’avez libérée.

Ce qu’Aldericht et les autres soldats purent apercevoir, dans la nuit profonde qui venait de recouvrir l’île, ce fut tout autre chose. Pas de jolies pierres précieuses qui font briller les yeux, non ; ce qu’ils perçurent, ce fut d’abord un souffle. De prime abord, on aurait pu croire qu’il s’agissait là du bruit du vent mais, en y prêtant plus d’attention, on se rendait compte qu’il s’agissait plutôt d’une respiration – lourde, épaisse, bruyante.
Des soldats, en suivant Aldericht, prirent l’initiative de brandir des torches enflammées afin de percevoir ce qui se cachait dans cette lsourde obscurité.

Et, chose étrange, ils ne virent qu’une seule chose se dessiner au bout d’un des chemins qui menait à la grotte : la silhouette d’une femme, seule, immobile. De loin, elle était particulièrement sombre ; impossible de discerner ses traits. Quand elle se mit à avancer doucement vers eux, d’un pas léger, ils purent tous se rendre compte qu’elle n’avait aucun visage. Elle était comme un amas d'ombres et de fumées qui s'entrechoquent, se fondent les unes dans les autres, en mouvement permanent.
Un des soldats, pris de panique ou de curiosité, n’attendit pas d’ordre et lança immédiatement une flèche dans sa direction ; la flèche traversa la silhouette sans même l’atteindre, et elle continua à d’avancer vers eux.

Mais dans son dos apparaissait autre chose.
Il fallait récupérer ses esprits pour se cesser de concentrer sur cette femme énigmatique pour voir que, derrière elle, des formes qui n’avaient rien d’humain, ni même rien de reconnaissable, progressaient en rampant, certaines autres en plantant leurs griffes dans le sol : une armée de chimères obscures aux traits monstrueux, aux gueules béantes, aux crocs acérés. Leur nombre semblait assez honnête, et correspondait au nombre des membres des troupes royales – car, dans son désamour des mortels, la reine savait être juste et proposer des combats équitables (du moins, dans un premiers temps).

La silhouette féminine s’arrêta, à quelques pas de l’armée d’Aldericht ; elle leva la main, fit claquer ses doigts. Alors, les créatures se jetèrent sur eux.

- C’est ici que vous êtes nées, mes petites. Du sang de toutes ces pierres taillées avec toute ma colère.

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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: mercredi 13 novembre 2024, 11:01:15 »
Ah, comme cela l’amusait, de torturer des prophétesses. Eyia avait savouré, dans un léger rire frissonnant, les cris de douleur de Laurelian. Elle avait presque oublié ce petit bonheur qu’offrait une cruauté satisfaite ; ça lui donnait comme une envie de recommencer. Alors que la déesse se penchait à nouveau sur la Pythie, elle eut la déception de constater que celle-ci était éteinte, inaccessible – probablement protégée par un sortilège ou évanouie. « J’en ai connu des plus résistantes ».
Néanmoins, la déesse restait attentive à ce qui se tramait sur son île, à peu près certaine que les émois de la prophétesse ne seraient pas suffisants pour faire dégager tout ce beau monde. Au fil des décennies, elle avait pu le constater elle-même : ces individus n’écoutaient qu’à moitié les oracles. On ne comptait plus, au banquet des déités, les anecdotes qui prenaient leur source dans une prophétie négligée ou dans la tentative malheureuse d’un humain de la contrer. Alors que, la tête basse, les épaules détendues, elle profitait des lents frissons du massage que lui prodiguait son ombre, elle se rapprocha à nouveau de l’île.

Et c’est là qu’elle le sentit.

Sa tête se redressa violemment, et ses yeux s’écarquillèrent. Une colère noire bouillonnait dans ses pupilles ; c’est ce que l’ombre qui lui faisait face pu constater. Cette dernière voulut avoir un geste tendre pour sa souveraine, et porta la main à ce visage froissé par la rage ; d’un froncement de sourcils, Eyia arrêta son geste.

Elle l’avait senti dans les tréfonds de sa chair : comme une petite morsure sur sa taille. Rien qu’une « petite morsure », me direz-vous ? Allons, nous parlons d’une reine éternelle, ajouteriez-vous ensuite. Pour quelqu’un comme Eyia, c’était déjà de trop.
Dans son dos, l’ombre avait cessé de la masser ; elle aussi avait senti la décharge, et savait ce que cela signifiait.

- Un putain de mage ? Sur mon île ? Chez moi ?

Les deux derniers mots avaient été prononcés sur un ton enragé, enrobé de cette tonalité d’outre-tombe qui caractérisait la voix en colère d’Eyia : une voix grave, qui frappe à la gorge et au ventre.
Par le mot « mage », elle désignait de façon très générale quiconque maîtrisait la magie avec suffisamment d’expertise pour l’atteindre ; sinon, ils étaient surnommés « petits sorciers de merde » ou autres surnoms affectueux du genre. Il n’était pas difficile de deviner que la déesse ne les portait pas spécialement dans son cœur : parce qu’ils avaient la possibilité de lui répondre, de vraiment l’emmerder, elle ponctuait toute mention d’un mage par « Raaaaaah » ou un « Aaaaargl » qui traduisait mieux que n’importe quel mot son désamour pour eux.

La déesse posa sa main sur sa taille ; la sensation de morsure irradiait encore.

- Il vient de marquer mon île.

Les ombres poussèrent un même soupir indigné ; loyales et respectueuses envers leur souveraine, elles étaient sincèrement choquées d’apprendre qu’on osait la défier.
Se levant de son lit, le corps enveloppé d’un des drap, Eyia avança lentement dans la pièce, attentive aux moindres évènements, les sourcils toujours aussi froncés, les yeux toujours aussi noirs. C’est alors qu’elle entendit les paroles de cet homme ; paroles qui la laissèrent aussi perplexe qu’outrée.

- Une audience, souffla-t-elle à l’intention de ses ombres. Il veut une audience.
- Comme s’il l’avait méritée, répondit l’une d’elles.
- Mais quel affront ! s’exclama une autre.
- Pour qui se prend-il ? renchérit une troisième.

La souveraine leur répondit avec un franc sourire. Aucune compagnie ne valait la leur ; chaque jour en était la confirmation. Elle se rapprocha du lit, sur lequel elle s’allongea à nouveau, prenant le visage de l’une d’elles dans ses mains.

- Voilà ce que nous allons faire. Vous trois, là, vous allez rester ici, avec moi, dans ce lit, car votre reine a besoin de vos caresses pour se détendre. Quant aux autres – j’ai besoin de huit d’entre vous.

À ces paroles, huit ombres se matérialisèrent aux pieds de son lit.

- Vous, vous irez dans cette grotte – car ils vont finir par y aller. J’espère que vous allez laissé comme tels les corps de nos chers petits mineurs ; ainsi, ils verront ce qu’ils n’ont pas su entendre. Ils le verront tous. Ils verront leurs corps démembrés, leurs traits terrifiés sur ce qu’il reste de leur visage, les ongles qui ont gratté la terre et les dents qui se sont brisées sur les rochers. Soyez sûres, mes filles, que cela ne les arrêtera pas – car ils avanceront, je le sais. Un homme aussi sensible à la puissance magique de cette île ne pourra qu’être attiré par ce qui dort dans le ventre de cette montagne.

Elle marqua un temps de pause, le temps de savourer les baisers de son ombre qui s’échouaient dans sa nuque ; puis elle reprit :

- Et c’est là, alors qu’ils progresseront, que vous ferez ce que vous faites de mieux : terrifiez-les. Touchez-les, griffez-les ; murmurez ou criez à leurs oreilles ; proférez des menaces acérées ; faites tomber des roches ; apparaissez, puis disparaissez – peu importe. Je veux qu’ils aient peur. Je veux qu'ils crèvent de peur.
- Et lui, ma Reine ? Celui qui a osé vous toucher ?
- Lui n’aura pas peur. Si vous voulez essayer de l'effrayer, allez-y, mais ne vous faites pas trop d'illusions. Et surtout, méfiez-vous de lui ; s’il a su m’atteindre, il saura en attraper une de vous. Or, vous savez ce que cela signifie.

Les ombres hochèrent la tête, puis s’évaporèrent.

Sur l’île, Serenos ne put que constater que les choses s’étaient comme calmées, comme si la déesse s'était enfuie, comme si elle les avait laissés tranquille après l'intervention de Serenos - comme si le cœur battant de l’île, ce cœur animé par une magie aussi sombre que divine, s’était déplacé. Il palpitait à présent, frénétiquement, sous la roche de la montagne.

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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: mardi 12 novembre 2024, 17:52:17 »
Le temps s’était écoulé – calmement.

Après avoir envoyé ses ombres régler le problème que posaient les mineurs, Eyia avait pris du bon temps, enfin rassurée ; personne n’était plus sur son île (enfin, du moins, personne d’encore vivant). Ses pierres ne risquaient donc plus rien.

Quelle ne fut pas sa déception – et sa rage – quand, quelques jours plus tard, elle fut réveillée par cette même sensation d’écrasement. Elle ne mit que peu de temps à faire le lien avec Petrichor ; chaque pas étranger sur cette île lui donnait l’impression que l’on foulait du pieds son propre ventre. C’est pour calmer la colère qui remontait en elle avec fracas qu’elle appela à elle ses ombres afin qu’elles l’apaisent. Au cours de cette petite éternité qui était la sienne, elle avait bien appris au moins une chose : s’il était nécessaire d’écouter sa colère, cette dernière ne devenait pleinement audible qu’une fois passée sa tempête.

C’est donc après une petite heure à se faire masser par ses ombres qu’Eyia put enfin remettre ses idées en place. Sa première réaction fut de pester :

- Vous savez quel est le problème avec ces êtres inférieurs ? Ils ne savent plus interpréter les signes.

Eyia n’était pas une de ces déesses « traditionnaliste » – pour reprendre ses propres termes – et se foutait globalement des vieux rituels, des cultes ancestraux, des prêtresses et autres thaumaturges, et même parfois des autres déités. Ce n’était que dans le cadre de grandes occasions au cours desquelles sa présence était requise qu’elle ne retournait auprès de ses congénères. L’idée qu’elle se faisait de la vie idéale ne reposait pas sur l’entretien d’une religion par une foule de croyants zélés. Nul besoin d’un temple, ni même de sacrifices : elle vivait sa meilleure vie ici, dans ce manoir, avec pour seule compagnie ses ombres, à veiller sur ses pierres et à s’amuser.

En peu de mots : elle ne regrettait les vieilles traditions que quand ça l’arrangeait.

C’est d’ailleurs cette distance qu’elle avait prise peu à peu avec tout l’appareil cultuel et surnaturel qui l’empêcha de repérer la présence de Laurelian – du moins, de réellement la repérer. Elle avait bien senti que, dans cet amas d’êtres vivants qui venaient de débarquer chez elle, il y avait quelque chose d’étrange – enfin, quelqu’un, comme une présence enveloppée d’une aura indistincte qu’elle ne parvenait pas encore à identifier clairement. « Merde, mais je reconnais ça ». Les sourcils froncés, le visage serré entre ses doigts, elle mit un temps à remettre sa mémoire en place.

Quand elle réussit à mettre le doigt sur les bons souvenirs, un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres d’un rouge qui n’était pas sans rappeler la couleur du sang.

- Une pythie.

L’ombre qui s’appliquait à masser ses épaules marqua un temps d’arrêt.

- Je vous demande pardon, ma Reine ?
- Ils ont une pythie.

La souveraine se détendit lentement, intimant à son ombre de continuer son massage avant de reprendre la parole d’une voix calme :

- Cela faisait si longtemps que je n’avais pas vu de pythie. Souvenez-vous de ces femmes. Vous vous souvenez, n’est-ce pas ? Ces êtres inférieurs, ils ne savent pas toujours très bien nous sentir. Ils nous entendent à peine – aussi faut-il toujours faire tonner l’orage, bousculer leur petit monde avec une tempête, pour qu’ils daignent comprendre que nous nous adressons à eux. Mais elles, elles perçoivent jusqu’à nos murmures, jusqu’à nos intentions quelquefois.

À cette pensée, elle eut un petit rire.

- Les pauvres petites.

À la suite de ces deux petits mots, son sourire se retraça sur son visage, à une nuance prés : il avait gagné en cruauté.
Les ombres savaient à quoi s’en tenir : dans le passé, Eyia s’était souvent et longtemps amusée à torturer de pauvres prophétesses, si bien que plus aucun « être inférieur » – comme elle les appelait – n’avait osé entrer en contact avec elle (ce qui, par ailleurs, arrangeait bien la déesse). Certes, quelques téméraires avaient cherché à le faire, sacrifiant quelques femmes pour cela ; mais ils l’avaient amèrement regretté. C’était la raison pour laquelle aucune pythie ne reconnaissait la voix d’Eyia, sinon par contraste ; les plus malignes comprenaient vite d’où venait cette voix glacée qu’elles n’avaient jamais entendue d’elles-mêmes, mais dont on leur avait parlé – souvent à voix basse, d’un ton inquiet, le regard fuyant et agité, comme on parlait, en somme, d’une malédiction.
La déesse ferma ses paupières, et ne prit que quelques secondes avant de s’approcher de Laurelian –  pas physiquement parlant, bien entendu, mais la jeune femme put entendre avec beaucoup de clarté, comme si la déesse se penchait à son oreille pour le lui murmurer, d’un ton froid et péremptoire :

Vous n’avez rien à faire ici.

Il serait idiot de croire qu’elle s’arrêterait à ces quelques mots. Après un temps de pause – pour ménager un peu de suspens – elle reprit, dans un sourire cette fois :

Je sais que tu m’entends, petite fille – et tu sais (car tu es la seule à le sentir) que vous êtes ici chez moi. Vous n’êtes donc pas à votre place. Et sais-tu ce qui arrive aux êtres comme vous, ceux qui oublient le respect qu’ils doivent à leurs dieux ?

Ce que Laurelian put entendre ensuite ? Ce furent les cris de détresse de Basile, Alban et leurs apprentis,  comme s’ils étaient là, juste à côté d’elle, en train de la supplier de leur venir en aide, de les épargner – et, finalement, d’abréger leurs souffrances.
Ce petit supplice dura un temps, avant que la souveraine n’y mette fin pour lui souffler :

Partez – ou vous connaîtrez le même sort.




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Les contrées du Chaos / Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: dimanche 10 novembre 2024, 17:38:55 »




- Elle te fait pas un peu peur, cette île ?
- C’est rien que de la terre et de la roche – de la bonne roche, tu verras.

Dans une légère brume blanche qui semblait respirer au rythme des mouvements des vagues venait d’apparaître la silhouette de l’île Petrichor, l’île principale d’un agrégat de morceaux épars de territoires perdus au milieu de la mer. Tout au long de leur traversée, ils étaient passés à côté de petites îles vertes accueillantes, de volcans endormis, de lagons et de leurs coraux qui se révélaient, à la faveur de la nuit, fluorescents. À présent, il était temps de débarquer au cœur de cet archipel, qui constituait le but de leur voyage – et cette perspective n’enchantait pas vraiment Basile.
Il n’avait jamais vraiment aimé la mer ; raison pour laquelle il avait choisi de devenir mineur. La terre et ses entrailles étaient, à ses yeux, bien plus rassurantes que cette étendue d’eau instable par nature. Après des années à la fréquenter, à la fouiller, à la posséder, il avait fini par si bien connaître la terre qu’il osait se vanter qu’il était capable de prédire le moindre de ses mouvements. En mer, en revanche, il avait l’impression constante d’être assis sur le dos d’un monstre dont les accès de violence étaient aussi imprévisibles que violents. Les îles étaient, de fait, des espaces qui l’inquiétaient - « trop de mer, pas assez de terre », comme il le répétait. Néanmoins, leur guilde avait besoin de se renouveler pour survivre ; en tant que juré*, il avait dû prendre sur lui pour prospecter sur ces lopins de terre perdus au milieu des flots. Alban, son bras droit, l’accompagnait. Bien moins superstitieux, il avait néanmoins l’œil aguerri par des années de labeur ; il « sentait » (comme il le disait) les terres et les roches prometteuses. C’est d’ailleurs lui qui avait suggéré de se rendre sur l’île de Petrichor. Si Basile se disait que ce n’était pas sans raison que cette île n’avait jamais été exploitée, Alban y voyait plutôt une forme de bêtise ou de paresse de la part des mineurs – aucune raison qui soit valable, donc.
« Petrichor – ça vient de petra, “pierre”, et de ichor, “sang” » avait glissé Alban à Basile au moment d’embarquer ; explication qui n’avait guère rassuré ce dernier. Plus ils approchaient, fendant la brume pour s’approcher d’une jungle sauvage d’où surgissait des pans de pierre noire, plus il avait envie de fuir.
Ce n’est donc pas sans émotion qu’il posa le pied sur le sable blanc de l’île.



Ma reine, on s’approche de moi.

C’est dans un sursaut que se réveilla Eyia. Le cœur battant, elle se redressa dans son lit, écartant vivement les draps qui – elle en avait l’impression – pesaient une tonne sur ses frêles épaules. Son regard agité balayait la pièce vide. La main posée sur le ventre, elle mit un temps avant de reprendre ses esprits ; son regard passa alors de perdu à noir. Quelqu’un avait osé s’approcher de son île, berceau de ses pierres.

- Venez, mes filles.

À peine ces mots furent-ils prononcés que deux ombres se matérialisèrent dans son champ de vision, l’une surgissant de l’ombre du rideau, et l’autre de celle de sa bibliothèque.

- Vous avez entendu, n’est-ce pas ?

Les deux ombres hochèrent la tête.

- Cela faisait longtemps, votre Majesté, que personne n’avait atteint Petrichor, souffla l’une d’entre elles.
- Ils sont bien incapables de retenir la moindre leçon, pesta Eyia.

Les poings serrés, elle mit un temps avant de réfréner sa colère.

- Qui peut bien vouloir retourner là-bas ? Pour quelle raison ?
- Nous vous apportons ces réponses, ma Reine.

Un mouvement de tête de la part d’Eyia et les deux ombres s’exécutèrent. Disparaissant de la chambre de leur souveraine…

… Elles surgirent des ombres que dessinaient les roches que Basile et Adam, aidés de quelques apprentis, scrutaient avec autant d’attention que d’enthousiasme. Ils venaient d’entrer dans une caverne - « trop bien creusée pour que ce soit l’œuvre de la nature » avait remarqué Basile – et, à la lueur de leurs lampes, ils s’y enfonçaient peu à peu.  De retour sous terre, Basile se sentait rassuré ; il était ici en territoire conquis. Au fur et à mesure de leur avancée dans le souterrain qui prolongeait la caverne, il partageaient de plus en plus l’enthousiasme d’Alban : les roches étaient prometteuses, et on pourrait, il en était sûr, extraire des minerais d’une qualité rare. Les deux hommes se voyaient déjà rentrer à Meisa, les bras chargés des échantillons de roches que leur apprentis récupéraient dans des gestes encore maladroits. Tout en marchant, ils planifiaient leur installation prochaine sur l’île. Les membres de la guilde n’auraient plus rien à craindre pendant un moment ; ils en étaient persuadés.

Pourtant, c’est un bateau vide aux voiles déchirées et aux mâts brisés qui rentra dans le port de Meisa une dizaine de jours après leur départ. Cet évènement avait fait grand bruit ; certains racontaient qu’ils avaient vu, sur le pont, des ombres de forme humaine bouger ; l’une d’elles, disait-on, avait même fait un signe de la main à la femme de Basile qui, ce jour-là, se promenait sur le port. La pauvre en avait perdu la tête ; morte d’inquiétude, elle n’osait plus rentrer chez elle et passait des heures à faire face à ce navire fantôme que personne n’osait vraiment approcher.






* Les jurés d’une guilde sont choisis parmi les maîtres et les patrons qui la composent pour en être les représentants.

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Le coin du chalant / in my soul i've got a snake - see if you can find it.
« le: mardi 13 septembre 2016, 17:39:52 »
(from Louisahhh!!!'s song)

Jouons un peu ; oui car moi, moi, j'ai envie de jouer.

Je vous propose une multitude de choses (et de personnages), bien que ma petite Eyia me manque cruellement - d'où ma volonté de la mettre en avant. Que ce soit Neena, ZI.UA, Niki, Louhi, Selkis, Cyanne, Alevtina, Blanche-Neige, Liirzyn, Hel, les soeurs Yume ... Et tellement d'autres. En bref, j'ai autant de la tueuse à gages, de la déesse furieuse, de l'extra-terrestre pétée, de l'humaine acide, de la dealeuse expérimentée, de la vampire romancière, de la scientifique russe que de la sirène déchaînée. Et encore. C'est parce que je n'ai pas tout en tête.

Toujours est-il que, si ça vous intéresse, si ça vous parle, si vous avez toujours secrètement rêvé d'écrire avec moi un jour, envoyez-moi un message sur ce compte. On discutera de quoi, comment, pourquoi, et on trouvera des p'tits sujets bien adaptés à nos personnages (c'est pour cette raison que je n'ai rien ajouté, niveau "scénarios éventuels" - autant faire du sur-mesure).


Voilà. Bon. Eh bien ... C'est à vous <3

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Blabla / Re : Horloge parlante
« le: vendredi 26 août 2016, 17:47:54 »
AAAAAH LA TELE REALITE M'AVAIT MANQUEE A UN POINT.
Je suis refaite. Aaaaah NRJ12 que serais-je sans tes anesthésiants pour cerveau.






17 : 49

14
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: samedi 20 août 2016, 22:18:32 »
Après les châteaux de Gilles de Rais en Vendée, après la côte bretonne en randonnée sauvage ; ROME.
Aaaaaah, Rome. Jpp tellement c'est beau. Je meurs je fonds. Je me dilue entre les restes du forum romain, du Colisée, des thermes de Caracalla. Je chiale devant le Bernin et le Caravage.



Gnn j'adore cette ville omg.


22 : 31

15
Blabla / Re : Re : Horloge parlante
« le: vendredi 15 juillet 2016, 16:00:24 »
Citation de: Eyia
Y'en a encore beaucoup des vieilles têtes ici, dis donc dis donc.

J'espère qu'on a pas pris trop de rides depuis le temps !

14h00

Si peu, si peu. Le temps vous effleure à peine.

Que veux tu Héra. On va pas te laisser toute seule :)
12h47

Effectivement, ahah !

16:10

Eeet ce soir c'est Lost, bavette, piccalili et atelier coiffure <3 ah que la vie est belle, tout de même.

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