Les alentours de la ville / Re : Flashback (Lucrezia)
« le: dimanche 18 mai 2014, 01:10:49 »Soupir de soulagement. Voilà qu'elle s'exprimait à peu près normalement. Virgile avait connu énormément de patients qui ne tenaient que des propos incohérents. Il ferma les yeux, encaissant les mots. "Je suis ici car j'ai tué." Le vampire secoua la tête, passant une main dans ses cheveux, puis sur son visage. Tuer. Tuer. Ces mots sonnaient toujours de la même façon, dans sa tête. Devrait-il être interné, lui aussi ? Après tout, il ne comptait plus le nombre de morts qu'il avait à son actif. Il avait simplement appris à vivre avec. Ce n'était pas si grave. Certains chassaient les cerfs, les lapins, lui préférait les humains, tout connement. Au moment de choisir entre sa propre survie et celle de ses anciens semblables, Virgile n'avait pas hésité longtemps.
Son regard se balada dans la pièce, se posant sur les fleurs. Des hortensias. Il en avait eu, à une époque.
- Tu as tué des gens, oui.
Continua t'il.
Il répétait ces mots aussi bien pour elle que pour lui-même. Tuer. Tuer. Le vampire n'était pas obsédé par le fait de donner la mort, mais il y pensait souvent. Après avoir tué, en regardant le corps vide de toute vie, sur le sol, en sentant le goût salé du sang dans sa bouche, Virgile ressassait pendant quelques instants tout ce qu'il avait en tête. Depuis longtemps, il avait décidé que cela ne le rendrait plus triste ni en colère. Il s'efforçait de vivre à sa façon.
- Et si, demain, tu sortais ... Saurais-tu t'arrêter ou continuerais-tu ?
Il posa sans un bruit son dossier sur un bureau, se rapprochant d'elle. Virgile finit par s'accroupir en face d'elle, détaillant son visage de ses yeux clairs.
- Que ressens-tu, au moment de tuer ? Du soulagement, du plaisir, de la rage ? J'aimerais savoir. Cette simple sensation peut faire toute la différence. Concentre-toi.
Virgile n'avait pas peur d'elle, elle pouvait le deviner à travers sa voix, rassurante, ses gestes qui ne tremblaient pas, son regard qui ne se baissait pas pour fixer le sol, comme le font tout ceux qui se sentent mal à l'aise.