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Messages - Serenos I Aeslingr

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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: mardi 19 novembre 2024, 06:40:10 »
Elle ria, et le Roi de Meisa comprit qu’elle avait décidé de rester sourde à son offre. Il regarda un moment le plafond, maintenant que ses yeux étaient parfaitement accoutumés aux ténèbres, et expira doucement, consciemment, malgré le fait que ses poumons étaient maintenant fort avares d’air frais.

Elle se moquait de son offre, foulait du pied ses arguments et menaçait maintenant le Roi personnellement, ainsi que ses enfants. Ah, Laryë, pensa-t-il en dévisageant la déesse. Encore une fois, une autre personne te donne tort. Car Laryë, en toute circonstance et malgré son jugement impeccable, croyait qu’il y avait toujours possibilité pour la paix, croyant sincèrement qu’il fallait si peu pour réparer des ponts brisés par un début boiteux.

Le Roi de Meisa ferma les yeux alors qu’elle proférait ses menaces, et il se releva lentement de son siege de pierre, dont les accoudoirs avaient été rongés par les efforts du Roi et de la Déesse des Pierres, toisant la petite déesse de toute sa carrure, avec un air de profonde déception sur son visage. Les mains du Roi se levèrent doucement pour encadrer ce visage si jeune, si poupon, si vrai et pourtant si faux.

– Pour répondre à votre question, votre Majesté… oui.

Et Serenos plongea, penchant la tête et plaquant son front contre celui de l’avatar de la Déesse de Pierre. La peau du Roi se couvrit de frissons, et ses pupilles brillèrent comme deux petits soleils dans les ténèbres de la demeure de la déesse.

Eyia put sentir l’esprit du Roi, qui était déjà fort puissant en raison de sa grande volonté et force de personnalité, mais qui était en plus renforcé par quelque chose qui pouvait peut-être la surprendre ; Serenos avait été altéré, en chair comme en âme. Il avait le sang de la création qui brûlait dans ses veines.

La main de Serenos s’enfonça profondément dans l’être d’Eyia, avec une vitesse et une précision d’exécution propre à la main pratiquée et à l’esprit entrainée. Il n’avait pas besoin de chercher longtemps pour trouver cette chose noire et réprimée qu’étaient ses peurs et souvenirs. Si elle avait oublié ce qu’elle avait ressenti lorsqu’elle avait été scellée pour la première fois, Serenos fit remonter ces sentiments à la surface, inondant l’esprit de la déesse de ses propres désespoirs, de cette claustrophobie qui venait si naturellement à tous les prisonniers. Il lui rappela sa solitude, ce besoin si puissant de ne pas être seule qu’elle avait fait des pierres et des ombres qui l’entouraient ses sujets bien-aimés. Et Serenos fit quelque chose d’intensément cruel ; au milieu de ces sentiments, de ces souvenirs, il imposa un doute, un doute cruelle ; et si les ombres, les pierres, et tout sur quoi elle régnait, n’était rien d’autre que l’illusion créé par un esprit devenu malade par des siècles d’isolation ?

Un mensonge.

Un mensonge cruel.

Un mensonge, cependant, qui avait le potentiel de démontrer à la déesse ce que les mages étaient devenus ; ils n’avaient plus besoin de grand sorts ou d’une grande puissance. Ils n’avaient plus besoin d’imposer leur volonté à force de sceaux et de glyphe. Non, ils étaient devenus encore plus sournois, au point de faire du tour de force du mage l’ayant emprisonné autrefois un geste cru, sans raffinement, sans *talent*.

Serenos, même hors de Meisa, loin de sa forteresse où il était peut-être digne d’être considéré comme un dieu, ou du moins un être qui s’en approchait, était capable de lui faire ses plus grandes terreurs comme si elle les vivait à l’instant présent.

Le geste n’avait duré qu’un très, très court instant. Tout au plus, une seconde et demie. Et le Roi de Meisa dût se retirer de l’esprit de la Reine des Pierres, car il savait que s’il y restait, elle pourrait prendre sa vengeance.

Serenos n’avait simplement pas pris une chose en compte, et ce par simple ignorance de la nature de son adversaire ;

Il s’en prenait à la Reine des Pierres en personne.


***

– Je suis bien heureuse de te divertir, mon petit. Sache que tu m’amuses beaucoup également. Ma reine et moi, nous aimons particulièrement quand les mortels résistent – la victoire n’en est que plus belle. Si le feu n’a pas eu raison de toi, ce sera la mer qui t’avalera.

Trop noble pour se permettre un jeu de mot avec le mot « mer » et « avaler », Aldericht leva les yeux vers la géante qui venait de déferler sur les montagnes au cœur desquels ils se trouvaient. L’énorme quantité de liquide serait impossible pour le prince à arrêter, quand bien même il aurait été au sommet de sa forme et pas en train de se plier de douleur sur le sol, serrant ses bras meurtris contre lui. Il ne savait pas comment il allait pouvoir se sauver, ou même sauver ce qui restait de ces braves soldats.

Voyant le danger approcher, le prince se redressa et se tourna vers le corps inconscient de sa sœur, autour duquel s’amassaient les quelques dizaines de soldats restants à la garde royale. S’ils revenaient vivants de cette excursion, Aldericht se promit à lui-même de leur accorder l’une des plus somptueuses sépultures qu’il fut en droit de donner. Il se surprit à considérer la possibilité de la survie, qui lui laissait également savoir qu’il n’avait peut-être pas encore abandonné tout espoir de regagner sa terre natale.

– Ah, mère, murmura-t-il en titubant vers sa sœur. Veillez sur votre pauvre fou de fils.

Il redoutait son prochain acte avec la même appréhension qu’il n’aurait eu d’utiliser la force vitale de quiconque d’autre, mais alors qu’il observait Laurelian, cette créature si vigoureuse, remplie d’une magie aussi rare que puissante, il y voyait son salut, et celui des autres. Ignorant la douleur, il bondit jusqu’à son côté, et plaça une main au-dessus de son visage, avant de se tourner vers la géante et le raz-de-marée qu’elle avait convoqué.

Malgré sa décision, il existait toujours dans son for intérieur une hésitation malvenue, une hésitation qui l’empêcha de drainer l’énergie magique de la princesse comme il avait drainée celle de la terre-déesse. Quel genre de frère était-il ?

Et la question mourut dans son esprit quand il sentit une main glisser les doigts entre les siens, et joindre leurs paumes. Il n’avait pas besoin de regarder pour savoir qu’il s’agissait des doigts de la pythie. Et donc, il but. Il but de ce puit perturbé et incontrôlable, et sa force digne d’être qualifié de quasi-divine se déversa en lui à grand débit, le noyant presque dans une tourmente de pouvoir et de félicité.

Les runes magiques se tracèrent dans l’air, et avec un rugissement, le prince de Meisa leva les bras devant lui et les abattit de chaque côté. Le sol se fendit sous eux, et le groupe de guerriers disparurent dans les profondeurs sous la montagne. Aussitôt furent-ils dévorés par la bouche béante du sol qu’elle se referma derrière eux, empêchant l’eau de se joindre à eux. Après une chute de dix mètres, environ, tous les soldats heurtèrent le sol, certains parvenant à se réceptionner sur leurs jambes, d’autres sur le séant. Le duo princier, pour leur part, descendait plus lentement, Aldericht usant de son don pour se suspendre dans sa chute, et Laurelian s’accrochant à sa taille pour ne pas tomber.

Une fois au sol, le prince se laissa tomber sur le siège à son tour, et lâcha un soupir.

– Allumez les torches… surveillez les ombres, dit-il d’un ton las. Elle ne lâchera probablement pas la chose.

– Était-ce bien prudent de gagner les galeries, votre altesse ? N’est-ce pas le domaine de l’ennemi ?

– Surement. Mais vous avez vu comme moi que le monstre a protégé l’entrée pour empêcher l’eau d’inonder les galeries. Elle n’osera rien faire qui puisse mettre sa maîtresse en danger. Et j’ai l’impression que nous courrons moins de danger dans les veines de cette île plutôt que dehors.

Il eut le temps de regretter ses paroles lorsque des voix spectrales explosèrent en rire.

Maledissi, jura-t-il en se laissant tomber sur le sol.

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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: lundi 18 novembre 2024, 05:51:11 »
– Ne comprends-tu pas que s’attaquer à cette terre, c’est s’attaquer à ma chair ?

Serenos ne se laissa pas intimider par le ton de la déesse qui, bien qu’elle sembla lui parler directement, ne s’adressait visiblement pas à lui.

– Je crois, au contraire, qu’en votre sein j’ai déjà fait mes preuves. De votre réaction, je devins que votre personne et votre domaine ne sont, finalement, qu’une seule et même entité. Ne vous déplaise point, mon fils, probablement par zèle de se protéger lui-même, n’a pas les scrupules de son père, et pour tout aussi vicieux que je puisse un jour me montrer, ceux que j’ai engendré le sont tout autant, et qui plus est, je m’enorgueillis de pouvoir dire qu’ils sont encore plus intelligents et compétents que moi-même, si ce n’est qu’ils ne jouissent pas de mon talent pour la violence et l’intimidation. Si j’ai réussi à déduire que votre corps et votre domaine sont lié, croyez-moi, mon fils en a fait tout autant, sinon plus.

Le Roi fit quelques gestes habiles mais brutaux de la main et il se laissa tomber en position assise, alors qu’un trône se manifestait de nulle part, fait à même la pierre du sol. Le souverain des Trois Royaumes regarda la déesse, ses ongles noires caressant et laissant des marques blanches sur la pierre de son trône, émettant un cri sinistre à chaque passage.

–Vous avez raison de croire que la plupart des souverains n’accorderait pas à ses sujets le plus simple des regards, mais madame de Granpré, sa famille et donc, par alliance, son mari, ont été des amis fidèles de la défunte Reine de Meisa, feue mon épouse. Vous comprendrez que, par ces liens discrets et sacrés qui nouent les mortels, ces liens que nous appelons devoir et gratitude nous forcent à des actions qui nous sortent de notre monotonie habituelle. Je ne vous faute pas votre mépris des humains, mes ancêtres savent à quel point je peux moi-même les avoir en horreur, mais pour tous les maux qu’ils causent, certains méritent de voir une fin humaine et digne à leurs jours, pas broyé sous le pouvoir incalculable d’une entité qu’ils n’ont jamais même rencontré auparavant.

Il plongea alors son regard vers le sol, aux pieds de la déesse, toujours creusant la pierre de ses ongles.

– J’ai passé les quarante dernières années de ma vie à forcer les Vestiges dans leur sommeil, j’ai bâti forteresses, temples, sceaux, j’ai commissionné des chaînes créés à partir de matériaux dont l’existence relevait jusque là du mythe, je me suis frotté à des êtres si abominables et dont l’âme ne mériterait rien de moins que le pire des supplices pour protéger mes gens de créatures telles que vous. L’idée même que l’un des miens, de mes sujets, ait été écrasé par vous, oh. Oh, votre Majesté, si vous saviez, si vous pouviez comprendre, oh.

Et il n’était pas bien dur de comprendre pour la déesse ; les créatures s’arrogeant le titre de divinité était ni plus ni moins que ces concepts vivants, des émotions données formes, et pour cette raison, la plupart percevait non seulement les rêves et espoirs de chacun, qui sont parfois offerts sous le thème de la prière, mais ce qu’ils pouvait percevoir encore plus, c’était les émotions. Et en ce moment, alors que son fils et ses soldats sentaient la terre leur brûler les pieds, l’air dans la pièce où se trouvait Eyia et Serenos devint tendue. Et pas seulement ; l’air devenait vicié, pesant, comme si une fumée intense s’était propagée dans l’endroit et se collait à la peau des présents habitants.

Mais, aussi rapidement cette étouffante démonstration de rage s’était manifestée, le Roi la ravala, comme un trou noir dévorait une étoile. Il secoua légèrement la tête, grommelant sourdement quelque chose à propos de contrôle et d’équilibre, avant d’inspirer profondément et de regarder Eyia.

– Il est remarquable pour moi et mon histoire de m’entretenir avec un être tel que vous, je dois l’admettre. La plupart des haut-esprits qui vivent encore sur mes terres ne sont plus que des monstres vide d’intelligence, dont l’instinct n’est aucun autre que de détruire le plus de vie possible. Certains philosophes modernes croient que leur existence n’est qu’une réponse naturelle au manque de foi et de dévotion envers le divin, que leur existence est une punition pour les fautes de nos pères et de nos confrères.

Il poussa un petit rire méprisant, le rire de celui qui connait la vérité et qui se rit de la stupidité de ses semblables. Ah, être le plus malin dans une pièce d’hommes savants, sans l’ombre d’un doute, était une expérience singulière et solitaire.

– Mais vous… vous avez encore votre intelligence. Vous avez le potentiel de changer. De mettre à part votre naturelle cruauté pour le bien de la coexistence. Donc… mettons fin aux hostilités, remettez-moi les corps des Meisaens que vous avez tué, je les embarquerai pour leur sépulture dans leur terre natale, et débutons de là. Surement vous êtes tentée de refuser, donc j’aimerais mettre mon premier argument de l’avant ; vous aimez votre quiétude, vous en avez fait la preuve plusieurs fois, que ce soit par votre dédain de ma personne et de mon espèce, ainsi que votre choix de localisation. Mais, tôt ou tard, vous serez découverte par d’autres, dérangée dans votre confort de nouveau. Peut-être pas par moi, mais par quelqu’un qui aura, probablement, une armée de mages, des ressources et une ferme intention de vous parader dans les rues. Je peux vous éviter cela, si vous consentez à une relation plus amicale.


***

La douleur causée par la déesse, ou du moins sa représentante, ne tarda pas à arracher des cris à toute l’assemblée survivantes. Au loin, les cadavres inconscients ou morts fondirent sous la température grandissante, car trop loin pour être sauvé par les efforts d’Aldericht, qui répondit à cette hausse de température avec un effort similaire, canalisant la chaleur de la même façon qu’il avait généré les éclairs plus tôt.

Pantelant, le Prince de Meisa sentit la chaleur monter en lui, de plus en plus forte et intense, et la douleur suivit, de plus en plus forte. Il se plia de douleur au sol, rugissant alors que sa peau crépitait de flammèches rouges, et pendant que leur seigneur les protégeait de la magie de la géante, les soldats se remirent sur leurs pieds et foncèrent sur elle, piques dressées et prêtes à frapper.

Le prince leva alors ses bras, dont la chair des doigts commençait à se décoller du muscle, et il lâcha sur la géante une salve de flammes.

– Écartez-vous, hurla-t-il à ses soldats, espérant en épargner quelques uns.

Les survivants des cents gardes royaux bondirent hors de la portée des flammes, qui envellopèrent alors la forme géante de la créature, comme un vent de flammes. Manipulée par le prince, sa magie et une bonne part de la magie de l’île elle-même, il maintint le sort aussi longtemps qu’il le put, avant que le manque de force n’y mette fin.

Dans ses derniers moments de force, il leva les yeux vers sa cible et, avec horreur, remarqua qu’elle était indemne.

– Hah, cracha-t-il avec un sourire méprisant. Un monstre digne de ce nom.

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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: vendredi 15 novembre 2024, 20:51:24 »
Le concept même de la vénération d’un haut esprit n’était pas quelque chose que Serenos comprenait dans ses fondations. Les esprits, comme les humains, ne se conformaient qu’à leur propre nature. Inutile, donc, de prier un esprit des tempêtes de calmer son tourment, puisque sa nature même voulait qu’il soit parfaitement incontrôlable et déraisonnable.

Devant lui se trouvait maintenant une petite femme qui, si elle posait le pied à terre, n’aurait eu la tête qu’au niveau de son torse, le forçant à baisser la tête pour croiser son regard. Un autre que lui aurait probablement vu cet esprit, cette « déesse », et aurait pensé qu’elle n’était pas une menace. Pas Serenos. Serenos le Sorcier s’était tenu devant des monstres titanesques, devant des Vestiges. Il avait ressenti leur force, leur puissance, et devant Eyia, il ressentait exactement ce même sentiment de panique et le besoin urgent de se retirer de sa présence au plus vite, probablement un sentiment partagé par ceux qui se trouvaient devant lui dans ses mauvais instants.

Dans le plan astral, dans lequel il avait toujours un pied trempé, il pouvait même ressentir un silence complet autour de cette femme. Aucun autre esprit, hormis les ombres qu’elle semblait affectionner, n’était présent dans cette pièce. N’était présent que les effluves de rancœur, de haine et peut-être une pointe de curiosité malsaine, toutes émanant de la petiote.

Au sort réservé aux prospecteurs, il comprit que les vénérateurs s’étant perdus sur cette île n’avaient pas eu une très longue vie, malgré leurs suppliques.

Avec un air hautain et fier qui manqua presque de rappeler au Roi leur différence de calibre et faillit lui faire oublier la sensation de danger imminent, elle lui commanda de continuer à parler, d’élaborer ces « comptes » à régler.

– N’allez-vous point me proposer quelque rafraichissement ou un siège pour m’assoir ? demanda le Roi avec une mine faussement étonnée. Pardonnez mes complaintes, votre Grâce, mais vos servantes ont été fort rigoureuses dans leur accueil.

Il indiqua son flanc ensanglanté ainsi que sa jugulaire presque tranchée. Son torse, lui, était luisant de sueur, de sang et de poussière de ses combats antérieur.

Comme Eyia, Serenos était propriétaire d’un sang-froid surhumain, mais il était également téméraire et irrévérencieux, simplement parce qu’il refusait de laisser à quiconque l’impression qu’ils avaient le dessus sur lui. Cependant, à titre de geste diplomatique, il rengaina tout de même son arme, pas qu’une épée, toute magique qu’elle était, ne lui servit à grand-chose contre une femme de ce calibre.

– Vous avez tué plusieurs de mes citoyens. J’aimerais comprendre en quoi cet acte était nécessaire. Ce n’était que de pauvres humains, sans pouvoir, sans mauvaise intention autre que de trouver de quoi nourrir leur famille. Un être de votre puissance, de votre autorité, n’avait guère besoin de quelque chose d’aussi définitif que le meurtre pour se débarrasser de quelques inconvénients. Dépendant de votre réponse, j’ose espérer que nous puissions trouver une façon de rétablir les torts commis. Autrement… eh bien, comme vous le savez surement, l’arrogance humaine et sa déraison ne connait aucune limite.


***

- Vous avez réveillé la gardienne, prononça-t-elle doucement. Cela faisait si longtemps que je dormais. Je suis bien heureuse d’avoir de quoi me divertir.

Devant l’apparition de la géante femme, un homme normal aurait probablement été terrifié. Un homme normal, comme toute créature rationnelle et capable de reconnaître quand elle est en danger, aurait pris la fuite. Un homme normal aurait peut-être même supplié ses dieux de lui épargner le sort que cette chose lui réservait. Mais alors que la géante les dévisageait, un homme peu normal se tira de son groupe. Encore une fois, Aldericht, Prince de Meisa, se tenait devant ses hommes avec un air furieux.

Serenos était le sorcier le plus puissant de Meisa, sans l’ombre d’un doute. En termes de puissance pure, personne, sur tout le continent ayshanran ne lui arrivait à la cheville. Cependant, Aldericht, lui, était le magicien le plus talentueux de sa génération, en grande partie parce qu’il était l’un des premiers à voir eu une éducation en bonne et due forme depuis la restauration et l’instauration de l’académie.

Le prince leva les bras, les paumes vers le ciel, les doigts repliés comme des serres, alors que du sol, et donc de l’énergie même de l’île, il enfonça ses crochets dans la magie environnante et la pliait à sa volonté, causant l’apparition d’un réseau de faisceaux électriques émettant une vive lumière dorée. L’énergie pure, ainsi libérée, se condensa dans les paumes du prince, qui frappa ses mains l’une contre l’autre, puis les sépara. L’énergie suivit le mouvement des mains pour former un javelot électrifié, qu’il agrippa d’une main avant de le lancer droit vers la créature, alors que du même mouvement, il frappa le sol du pied et déchaina cette même force déstabilisée dans le sol, faisant vibrer celui-ci comme sous l’effet d’un tremblement de terre.

Derrière lui, les gardes perdirent pieds, mais parvinrent à se supporter les uns les autres et à se rétablir rapidement du choc sismique, ce qui n’était peut-être pas le cas de l’ombre géante.

La voyant se reformer, Aldericht songea qu’il devrait peut-être éventuellement considérer la retraite, à un moment. Mais, ne se laissant pas décourager aussi facilement, il se prépara à répéter son exploit, quitte à drainer encore plus de la magie de l’île, quitte à enrager davantage sa propriétaire, et quitte, probablement, à se faire écrabouiller. En espérant que son champ de force puisse supporter la pleine puissance de cette créature. Ou même une partie.

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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: vendredi 15 novembre 2024, 06:19:34 »
- Penses-tu que tu mérites d’être ici, petit roi ? demanda une voix dans l’air.

Immobile devant le portrait d’une femme que Serenos ne pouvait faire autrement que qualifier de « belle », il prit un moment au Roi pour réaliser que la maîtresse des lieues s’adressait à lui. Comme première réponse, le souverain des Trois Royaumes pencha la tête sur la droite, puis sur la gauche, comme pour délier les muscles de son cou, un geste qui, souvent, servait à communiquer son absence de surprise ou de peur. Cependant, parler avec la chose lui permettait au moins de confirmer qu’elle était encore là, et alerte de sa présence, et donc qu’elle lui portait une attention toute particulière.

– Il faudrait déjà que je susse préalablement ce qu’être ici signifiasse pour vous, esprit, pour que j’eusse déterminé mon droit d’apparaître. Mais à votre ton, je peux deviner que quand bien même je serais l’être le plus important de ce plan ou d’un autre, votre accueil aurait été probablement le même.

Pas qu’il s’arrogea d’une telle présomption, car malgré son manque de diplomatie présente, il était capable de déterminer et de juger l’influence de sa réputation ou de son titre, en temps normal. Mais il n’avait rien de normal dans cette situation, et les haut-esprits jugeaient le mérite et le rang d’un être d’une façon bien différente de la sienne. Il devenait donc inutile de faire discours.

– Tout ce que je sais, esprit, c’est que nous avons des comptes à régler.

Et le Roi se détourna du portrait, mais il ne fit pas trois pas qu’il sentit son pas titubant. Il s’appuya contre un mur et porta une main à son visage, puis essuya les sueurs qui perlaient sur son front, avant de porter une main à son pouls. Le manque d’air commençait à faire son effet sur lui. Depuis combien de temps marchait-il ? Difficile de déterminer en l’absence d’un astre, ou encore mieux d’une montre, pour évaluer le temps passé.

Tout hybride qu’il était, il restait homme, et donc humain, et son corps avait besoin d’air frais, ce qui n’était pas forcément le cas pour les habitants de cette caverne. Quand bien même l’air serait empli de gaz toxique normalement scellé dans le sol, il ne serait pas affecté, car il était généralement indifférent face à de tels dangers, mais il savait que plus il s’enfonçait dans les tréfonds de la terre, et moins d’air il y trouverait.

Il ramena de nouveau son attention sur la mosaïque et il remarqua les détails que l’artiste y avait dissimulée par un langage plus artistique ; les marges, le langage non-verbal, le regard du sujet. Un malaise. Une colère. Une résignation.

Le regard d’un prisonnier, un regard que, lui-même, ne connaissait que trop bien, à la fois pour l’avoir évoqué chez d’autres, et pour l’avoir vécu lui-même.

Il vint alors à se questionner si le geste avait été fait par un être humain, auquel cas il était donc normal que l’esprit leur soit hostile. Et les esprits avaient la mémoire longue, très longues. Certains pouvaient même conserver une soif de vengeance pour des siècles, des millénaires si le cœur y était.

– Emprisonner un haut-esprit…

Voilà un geste d’arrogance qui équivalait, voire surpassait, ceux des anciens Roi-Mages de sa terre natale.

***

Le garde royal tira en vain sa flèche, et s’attira par la même occasion un sourcil froncé de la part du Prince de Meisa.

L’apparition d’une armée de monstres arracha un grognement à quelques-uns des soldats, Malgré leur expérience martiale, ils avaient tous un entrainement qui les préparait à des rencontres avec des êtres humanoides plutôt que des créatures qui s’apparentaient aux engeances générées par les Vestiges. Même si cela ne suffit pas à les terrifier, ils savaient déjà qu’ils ne risquaient pas de se sortir de cette situation indemne.

Aldericht laissa quelques hommes protéger le corps inconscient de sa sœur, puis il matérialisa son glaive personnel. L’arme, dotée d’un manche d’un mètre et demi, arborait d’un côté une lame acérée à double tranchant, et de l’autre une pique pointue. Une fusion harmonieuse entre la portée d’une lance et la dignité d’une épée, c’était une arme toute désignée pour la chasse aux monstres qui, normalement, ne s’embarrassaient pas d’une armure.

Les créatures foncèrent vers eux, et Aldericht fit de même, accompagné d’une poignée des gardes royaux, venant de lui-même à la rencontre de ces bêtes, et la bataille s’engagea, et bien vite, le sang macula le sol de pierre et de sable.

De la mêlée, cependant, jaillit une femme, une guerrière, qui atterrit devant la silhouette féminine et qui engagea le combat directement avec la créature qu’elle supposait diriger le groupe de monstres qui s’en prenait à ses camarades et confrères. Elle n’y adressa aucun mot, ni ne poussa un cri de guerre à l’approche, mais quelque chose dans sa démarche experte et le fait qu’elle ne semblait aucunement apeurée par l’entité magique laissait savoir qu’elle était prête à tuer, qu’elle l’avait fait autrefois et qu’elle était prête à recommencer.

Le problème, pour un narrateur, avec les mêlées, c’est qu’un combat, surtout lorsqu’il s’agit non pas de deux armées qui s’affrontaient à l’aide de stratégie et de talent martial, mais de pure violence, c’est qu’il n’y avait pas grand-chose à en dire ; un chaos s’installait, et pour chaque vie prise par les chimères, les guerriers Meisaens semblaient encore redoubler d’énergie. Il était inutile de chercher à encercler les créatures ; elles étaient capable de bondir hors d’un encerclement, il ne restait donc qu’à profiter de leur absence de raison pour frapper, ensemble, en groupe, de toutes les directions possibles.

Une ombre jaillit alors et, imitant l’apparence de Basile, se dressa devant Aldericht, le séparant de la chimère que le prince cherchait à mettre hors d’état de nuire, puis elle ouvra la bouche, poussant des ricanements avant de soudainement se mettre à imiter sa voix et ses cris, tels qu’elle les avait mémorisés dans les derniers instants du pauvre prospecteur. [/font]

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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: mercredi 13 novembre 2024, 22:32:14 »
– Est-ce parti, mon Roi des Rois ? demanda l’un de ses gardes, toujours à l’affût, ses muscles bandés et le cœur battant

– Parti ? Non, j’en doute, dit Serenos en croisant les bras. Je ne vais pas trop m’avancer dans mes suppositions, mais si cette chose concèderait volontiers cette île après un petit échange de politesse, elle n’aurait pas attaqué de simples prospecteurs, Mais ça a changé de stratégie. Aussi calme fusse l’air, et silencieuse la terre, je crois, dans mon fort des forts, qu’elle a de nombreuses méthodes pour nous accabler. Allons, mes braves messieurs, mes braves dames ; marchons, mais restons alertes.

Il allait faire un pas quand la main d’Aldericht se posa sur son épaule, ses doigts si crispés et forts que le Roi crut que son fils cherchât à lui briser les os, et le tira vers l’arrière, attirant le regard de son père vers son œil doré et son visage, si beau et pourtant, à ce moment, si terrible.

– Qu’en est-il de Laurelian, père ? siffla-t-il entre ses dents. Qu’en est-il de ma sœur, votre fille ?

Ah, si le visage du Roi reflétait aussi aisément sa pensée, sûrement son fils y aurait déchainé sa rage en raison de l’incertitude qui y aurait régné. Le Roi n’avait aucun intérêt à sacrifier ou mettre la vie de sa fille en danger, mais sachant ce qu’eux deux savaient sur la fatalité qui s’abattrait sur eux, cette même destinée qui, malgré leurs efforts d’éloignement, les ramenait toujours l’un vers l’autre, mais pour cette même raison, il n’avait aucun doute que même la mort n’empêcherait pas ce triste avenir. Ce que la pythie avait prévu pour eux, après tout, semblait être le destin le plus immuable de toute l’histoire de l’art de la prophétie.

– Tu es magicien comme moi, fils. Point n’as-tu besoin de moi pour dire son état. Elle n’est point en douleur, ni capable de la ressentir. Je suis désolé, mais la laisser sur le navire est trop dangereux – même avec une escorte, que sais-je de ce que ce haut-esprit est capable de faire sur son domaine. Hélas, maintenant, deux options s’offrent à nous ; abandonner notre mission et rentrer, ou continuer, lequel cas, mon fils, j’aurai besoin de ton fin esprit.

Une fureur muette déforma momentanément le visage du second Prince de Meisa, mais fut rapidement remplacé par un air de lassitude, alors qu’il soulevait la princesse de terre et la posait dans les bras du Lancier-Maître Lys, qui la recueillit avec la délicatesse d’une mère pour son poupon, mais sans dire un mot.

Le prince de Meisa plongea une main dans sa poche et en tira une petite pierre ronde et lisse, qu’il porta à ses lèvres avant de murmurer des phrases, puis il se tourna vers sa sœur et fit passer la pierre autour d’elle, frôlant sa tête, avant de se tourner vers l’île et tendre la main.

La pierre quitta la paume de sa main, et, les mains dans les poches, le prince s’avança, suivant son artéfact dans la direction où il s’avançait, suivi par son père, et la garde royale, tous dans un silence gêné, comme si un mot pourrait déclencher une dispute dont ils ne reviendraient pas.

Alors qu’ils s’avançaient vers les profondeurs de l’île, grimpant laborieusement une colline qui semblait être les restants abandonnés d’un volcan mort depuis des millénaires. Serenos avait confiance en les talents magiques de son héritier, mais parfois, même la plus puissante des magies ou le sort le plus élaboré pouvait faillir. Or, il ne restait plus qu’à écouter ses sens et son expérience.

Badump.

Qu’est-ce ?

Badump.

Ah.

Badump.

Oui. Voilà ce qu’il voulait entendre ; une autre provocation. Bien peu d’émotions subsistaient encore dans le cœur massacré du Roi, mais au-delà de l’appel de l’honneur à réparer l’affront qu’il lui avait été fait et le crime commis contre son peuple, au-delà même de sa souveraine dignité, il réagissait encore plus à l’excitation d’une confrontation imminente. Comme le damné réclamait son opium, Serenos ne pouvait attendre de confronter cette créature, cette tueuse.

– Père.

La main d’Aldericht, encore une fois sur son épaule, arracha le Roi à ses pensées.

– Vous souriez, mon père.

– Vraiment ? se surprit le Roi, s’efforçant de corriger son expression faciale.

– Peut-être devrions-nous renoncer. J’ai peur de ce que cette île commence à éveiller en vous.

– Point ! s’exclama le Roi, qui baissa immédiatement la voix au regard surpris de son fils. Point, tout va bien. Je vais bien.

– Si vous le dites, mon père…

La méfiance dans son accent n’échappa aucunement au Roi, qui s’efforça de garder une renne ferme sur la flamme que le danger semblait raviver en lui. Plus il s’approchait du son pulsateur, cependant, plus son propre cœur s’emballait, et il n’attendait pas moins qu’une intense résistance. Ah, comme il l’attendait.

Deux heures de marche plus tard, et ils se retrouvèrent devant une petite installation minière. Rien de bien élaboré, seulement quelque équipement pour un prélèvement rapide, histoire de prouver à un investisseur que leur argent sera rentabilisé, et avoir quelque financement pour une opération de plus grande envergure.

Serenos regarda le tunnel sombre devant lui, et regarda son fils.

– Restez dehors, ne me suivez pas. Aldericht, mon fils, mon prince, je te charge de protéger ces braves gens.

– Père…

– La nuit va tomber bientôt, dit le Roi en pointant le ciel d’un index. Et en Meisa, nous avons dominé les ombres et la nuit, mais en ces lieux, qui sait ce que la nuit renferme. Alors… reste sur tes gardes.

Il s’approcha de son enfant, glissant une main dans ses cheveux noirs comme les siens, et lui baissa la tête pour embrasser son front.

– Nos aïeux veillent sur toi, mon enfant.

Et sans attendre un instant de plus, Serenos se tourna vers la grotte et retira sa cape, son manteau, son plastron et la cotte de maille cachée en dessous, se retrouvant donc torse nu. Une armure ne le protègerait jamais d’une créature magique, de cela il était bien convaincu.

La grotte était sombre, mais des filaments lumineux, comme des veines de minerai, éclairaient son chemin, le laissant distinguer son environnement, ou du moins une partie. Et il n’eut pas attendre longtemps. Quelque chose bougea dans l’ombre, et le mouvement filait droit vers sa poitrine. Il leva un bras et d’un geste puissant et calculé dévia la lance d’ombre.

– Ma reine te salue, mortel, ricana la créature dans l’ombre.

Serenos leva sa lame, et para un coup, puis une estoc, une feinte sur la droite passant de sa jambe à son visage, puis un impact soudain sur le côté, avec la force d’impact d’un coup de lutteur, qui le souleva presque du sol, qu’il absorba du bras et d’un saut dans la direction de l’impact, minimisant celui-ci.

Au début, il dénota une seule ombre, puis se joignit à ses rires et ses tourmentes la voix d’une deuxième, d’une troisième, quatrième. Serenos était encerclé, de toute part, par les ténèbres, et dans les ténèbres, ces créatures étaient maîtresses.

Les coups se multiplièrent, et bientôt, le Roi sentit la morsure d’une pique dans son flanc, puis une autre à son bras. Les rires grimpaient dans un crescendo, jusqu’à ce que le Roi ne lâche son épée, et qu’il ne bondisse droit devant lui, faisant fi du danger, et que son poing s’enfonça soudainement dans cette masse d’ombre, et qu’un éclair de lumière éclaira subitement la caverne.

L’ombre, n’ayant probablement jamais expérimenté la douleur, poussa un hurlement inhumain qui témoigna au moins de l’efficacité de ce coup porté.

Serenos, pantelant, se redressa sur ses jambes, inhalant l’air chargé de poussière comme s’il s’agissait de la brise de la mer, et les autres formes que, maintenant, il distinguait beaucoup plus nettement.

***

La nuit tomba hors de la grotte. Plus de deux heures s’étaient écoulés après que le roi les eut quitté. Si le Roi avait été un autre, peut-être que les soldats et le prince se seraient alarmé de sa disparition, mais ils semblaient bien peu inquiets ; le Roi de Meisa était une créature abominable et terrifiante, et il n’avait pas besoin d’une armée pour se protéger. De toute façon, cent hommes traversant les galeries n’auraient fait que se gêner mutuellement, et alors personne ne pourrait organiser des secours.

Aldericht prit place sur le sol près d’un feu que les gardes royaux avaient préparé pour le repas du soir. Quelques fruits, certes, mais de la viande séchée et une soupe lui furent prodigué. Les cent combattants montaient la garde en alternance, leur nombre leur permettant de se relayer aisément et de tous bénéficier de repos.

Mais soudainement, alors que les dernières lumières solaires disparurent complètement pour laisser la place à la nuit, les gardes royaux se redressèrent à l’unisson.

– Eh bien, voilà ce que la nuit renferme, père, murmura Aldericht en se redressant, et, enfournant la dernière bouchée de pain dans sa bouche, se releva et plongea sa main dans les flammes pour en tirer un long bâton incandescent.

6
Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: mardi 12 novembre 2024, 19:05:34 »
Le cri strident de la Pythie, dont la présence de la Reine des Pierres était à son esprit ce que le fer rouge était à la peau, déchira l’air tendu, ses mains frêles se pressant contre sa tête alors qu’elle tombait sur les genoux et se recroquevillait au sol. Elle hurlait avec une telle force et un tel abandon que sa voix se brisa de multiples fois, et ses doigts creusèrent ses joues, et elle se frappa violemment la tête d’un poing, dans un vain espoir d’échapper.

Pris au dépourvu devant la soudaine explosion de la princesse, les gardes royaux se mirent immédiatement en position défensive, écus et glaive levé, alors que le Roi de Meisa rebroussait chemin et, d’un pas si empressé qu’il sembla presque voler, réduit à néant la distance qui le séparait de sa fille. Alors qu’Aldericht lui agrippait les mains pour l’empêcher de se faire plus de mal ou de frapper autrui, les mains du Roi força la princesse à lever la tête, et à croiser son regard. À travers les larmes, il vit son regard paniqué et remplis de douleur. Malgré la prévenance d’Aldericht, la princesse parvint à flanquer des coups de pieds à son père méprisé, comme si le blesser, lui, pouvait convaincre la source de sa souffrance d’y mettre fin.

Coinçant les jambes de la princesse sous un bras, le Roi se pencha sur elle de nouveau et tendit l’oreille. Le pouvoir, la sensibilité mystérieuse de la Pythie, dont le sang ashansha surpassait de loin le sien, mais il avait vécu assez longtemps près de Melisende pour savoir que cette sensibilité avait quelque moyen de se transmettre à un autre. En concentrant tout ce qu’il avait d’attention sur la voix de sa fille, Serenos perçut autre chose. Une autre voix, comme cachée sous les hurlements. Par la voix et la bouche de la pythie, quelque chose d’autre s’exprima, quelque chose qui n’était pas sans rappeler les haut-esprits de sa terre natale ou même les Vestiges qui la hantait.

La chose, quelle qu’elle soit, leur intima le départ, non sans leur transmettre quelque nouvelles des jurés de la guilde par le biais d’un hurlement terrifiant, et devant la douleur physique et mentale que sa fille subissait, le Roi l’attrappa et murmura quelque formule.

L’instant d’après, la douleur et la voix de la princesse se turent, et elle se laissa mollement tomber contre Aldericht.

– Mon bon père, dit celui-ci en se relevant, il m’est avis que le maître des lieux n’apprécie guère les visiteurs.

– Sans l’ombre d’un doute, confirma Serenos en faisant de même, mais ainsi sont la plupart des créatures solitaires, qu’ils soient humains ou non. La diplomatie leur est étrangère, et donc ils ont recours à l’intimidation et à la peur.

– Vous parlez de vous, père.

– Indubitablement, mon fils, acquiesça le Roi.

Loin de Meisa et du réseau de glyphes et runes qui contribuaient à amplifier sa sensibilité, Serenos n’était certainement pas au sommet de sa puissance, ce qui le rendait donc beaucoup plus vulnérables à des adversaires plus puissants que lui. Mais les pierres résonnaient de magie en ces lieux. L’ile elle-même transpirait la vie, et il pouvait presque sentir son regard outré peser sur lui.

Le Roi ferma les yeux puis posa une main sur le sol de sable, et sentit, à travers ce simple contact, une étrange chaleur, comme s’il se tenait lui-même debout sur le corps d’un être vivant.

Selon ses précepteurs, il y avait différentes façons de se montrer diplomate avec une force hostile ; soit en lui démontrant une politesse et une soumission excessive, soit en lui apportant quelque cadeau que ce soit, ou alors en lui adressant la même force d’intimidation qu’elle exerçait sur eux, pour montrer qu’il y avait des conséquences à leur mauvais traitement. Les deux premières options étant impossible, dans un premier temps parce que son adversaire ne s’était pas présenté à lui, et dans un second parce qu’il ne savait pas qu’un cadeau serait nécessaire, il n’en eut pas préparé un, il lui restait donc la troisième, et Serenos savait comment agacer ;

Il plongea son bras dans le sable et, drainant l’abondante énergie qu’il ressentait sur l’île elle-même, il la déchargea dans son entièreté dans le sol, dans chaque crevasse, dans chaque recoins de l’île. Si la créature était assez puissante pour causer une telle souffrance à la pythie sans même se manifester physiquement, cela n’était rien de plus que la morsure d’un petit animal. Pas assez, estimait-il, pour sérieusement blesser son interlocutrice, si elle était, comme il le supposait, la source de cette magie qu’il sentait partout autour de lui, mais suffisamment pour au moins lui démontrer qu’il était inflexible et qu’elle ne l’intimiderait pas aussi aisément.

Il se redressa alors et s’avança, seul, vers le cœur de la forêt, comme défiant l’entité de se montrer.

– Je suis Serenos Aeslingr, rugit le souverain, d’une voix claire, forte et prenant bien soin d’articuler ses mots. Maître des Trois Royaumes d’Ayshanra. Nous avons foulé vos terres sans votre permission ; vous m’avez fait affront en enlevant mes citoyens. Vous vous êtes manifesté à ma pythie, j’ai laissé ma marque sur votre domaine. Nous pouvons continuer cet échange frustrant, ou vous pouvez m’accorder audience. Le choix est vôtre, esprit de l’île.

Paraître pompeux, frôlant l'arrogance, était une tactique habituelle du Roi, surtout lorsqu'il rencontrait des souverains étrangers ou des créatures qui, souvent avec raison, se percevaient comme au-dessus de leur interlocuteur.  Ceux-ci réagissaient plus souvent aux provocations qu'aux requêtes polies, car les provocations touchaient l'orgueil, alors que les requêtes le flattaient. C'était d'ailleurs en partie en raison de cette attitude devant des dangers énormes que le Roi avait gagné son titre de Roi Fou.

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Les contrées du Chaos / Re : Sang des pierres, pierres de sang [Serenos]
« le: mardi 12 novembre 2024, 07:07:52 »
– Ah, mon Roi ! Mon mari, mon pauvre mari !

Madame de Granpré était une militaire de carrière, une femme qui, selon ses supérieurs, n’avait ni le mot pour se plaindre ni le cœur à pleurer, mais la perte de Basile, son mari, l’avait grandement ébranlée. À genoux sur le sol, elle serrait dans ses poings les pans de la royale robe de son souverain, y versant des larmes nombreuses et des sanglots insistants.

Voilà maintenant deux jours que l’embarcation qui avait transporté son mari vers des terres inexplorées étaient revenue à port abandonnée, hormis les rumeurs de fantômes, d’ombre mouvantes, quelque chose que Serenos ne pouvait voir autrement que comme une téméraire provocation, car s’en prendre au peuple du maître des Trois Royaumes était s’en prendre au serment que le Roi fît à sa défunte épouse, et à ce titre, il tenait de répondre à ce geste par des conséquences sévères et immédiates.

Derrière Madame de Granpré, les collègues du juré de la Guilde Minière de Jerali du Val, les mains jointes en signe de supplication, prêtaient leur voix à celle de l’épouse anéantie, car sans Basile, la Guilde et ses employées ne pouvaient espérer reprendre les affaires, et les prêts étaient grands et nombreux, menaçant la fin des opérations et l’emprisonnement des propriétaires pour dettes impayées.

Il n’était pas normalement du ressors du Roi de s’occuper des affaires des guildes. Celles-ci, souvent, tissaient des liens importants avec non seulement les autres guildes, mais également des groupes de Nomades, des aventuriers expérimentés. Seulement, personne, pas même un aventurier, n’accepterait de se lancer dans une entreprise dangereuse dans une terre éloignée sans une somme conséquente, et même là, devant une menace apparemment magique, la plupart s’y refuseraient tout simplement. Cela voulait donc dire que sans l’intervention du Roi, les jurés seraient probablement abandonnés à leur sort.

– Cessez donc vos larmes, madame de Granpré, dit le Roi en posant une main sur sa tête. Votre désespoir a été entendu, et j’y répondrai.

Le Roi tourna la tête vers sa droite, et son regard y croisa celui de son intendante.

– Faites prévenir Aldericht. Je veux également la présence de Laurelian.

– Sire, est-ce bien prudent ? La princesse est…

– Allons, allons, Ygraine, l’interrompit le souverain sur le champ pour étouffer ses protestations. Il est bien temps pour elle de voir autre chose que les murs de ce palais. Et puis, je ne puis m’aventurer hors de Meisa sans prendre avec moi quelque mesure pour me protéger d’un maléfice, n’est-ce pas ? Non. Point ne sert de protester ; faites les chercher. Je veux également ma garde royale et qu’on fasse préparer mon navire. Je partirai pour Petrichor dans l’après-midi.

– Et s’il y a bien une menace, sire ?

– Ma foi, si une menace m’y attends, il ferait beau voir que je m’en dérobe. Voilà trop longtemps que je vis de paix et d’oisiveté. Un peu d’action, même si ce n’est celle de l’épée, me fera le plus grand bien. De toute façon, l’affaire est décidée, et le cas échéant, un nouveau souverain ou régent sera mis sur place avant même que les nouvelles de ma mort ne rejoignent des oreilles mal intentionnées.

– Sire, je trouve votre désinvolture des plus déconcertantes devant les affaires moribondes. Je serais bien mal de vous perdre. S’il vous plait, reconsidérez la chose, et envoyez vos hommes, pas votre personne.

Madame l’Intendante était trop bonne pour le Roi. Une femme telle qu’il n’y en avait pas beaucoup, et dont le Roi avait appris à respecter non seulement l’opinion mais également les inquiétudes ; s’il voyait son sourcil froncé, c’est qu’il y avait surement cause, mais le Roi, une fois fusse l’idée dans sa tête, ne pouvait pas être aisément dissuadé. Toujours est-il que madame l’Intendante ne pouvait pas simplement laisser son patron et ami risquer sa vie sans au moins laisser savoir son opposition. C’était, après tout, ce pour quoi l’on payait ses services, en plus de gérer les domestiques, la garde et la trésorerie du palais.

– Je vous remercie de votre bienveillance, mon amie, l’assura le Roi en posant une main sur l’épaule d’Ygraine. Mais je vous assure que le danger est assurément moindre que vous le craignez, et quand bien même un certain risque était à prendre, avec Laurelian à mes côtés, point de menace ne me prendra dépourvu.

Après tout, si Serenos n’avait pas la prévoyance requise pour contrer le danger qui avait pris ce pauvre Basile de Granpré, il pouvait compter sur celle de la jeune pythie de Meisa, dont le futur ne recelait que bien peu de secrets.

Trois jours plus tard, les voiles du grand navire de guerre du Roi de Meisa jetèrent leur ombre sur l’ile, et le Roi de Meisa, fort de la présence de sa fille et de son fils, ainsi que de celle de ses cent gardes royaux, posa le pied sur Petrichor.

À son œil avisé, il y avait effectivement quelque chose dans l’air. Quelque chose de froid, silencieux et pourtant menaçant. Même ses sens magiques s’en retrouvaient quelque peu déstabilisés, comme l’ouïe sous l’eau.

Laurelian fut cependant la première à réagir à cette instabilité. Comme intimidée, elle fit un pas en arrière, serrant ses bras dans ses mains, prise d’un frisson de malaise.

– Qu’y a-t-il, ma sœur ? demanda le Prince Aldericht en l’enveloppant doucement d’un bras. Que voyez-vous ?

Elle nous voit. Elle sait que nous sommes ici.

– Bien ! dit Serenos, secouant la tête comme pour chasser la sensation d’embrouille qui voilait son esprit.

Le regard de Laurelian se leva alors vers le souverain, son père tant détesté, ce tueur d’hommes dont les milliers de victime s’accrochaient à l’âme comme à un bout de bois dans une mer tourmentée.

– Nous devrions repartir…

Mais Serenos n’écoutait pas. Plutôt que de reconnaître l’avertissement censé de sa fille, il donna l’ordre à ses hommes d’avancer.

Aldericht resserra doucement son bras sur elle, et lui murmura quelque réconfort à l’oreille qui, bien qu’aidant la princesse à se détendre, ne sembla pas la débarrasser de ses appréhensions, et jetant des coups d’œil dans toutes les directions, elle semblait prête à prendre les jambes à son coup au moindre son suspect.

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Prélude / Re : Vance Dax -- Step Aside!
« le: mardi 12 novembre 2024, 02:35:32 »
J'vous jure, passé un certain âge, les vieux, on devrait la leur couper!

Validé, vieux monsieur.

Bon jeu!

9
Les contrées du Chaos / Re : Black Knight in Dusty Armor [Fäelanor]
« le: dimanche 03 novembre 2024, 05:15:35 »
L’elfe sembla vouloir se confier, mais lui demanda sa parole de ne pas se moquer de lui.

– Je jure sur mon honneur que je ne me moquerai pas de ta situation.

Et s’ensuivit probablement la plus humiliante confession que Serenos n’eut jamais entendue. Non content d’avouer s’être embarqué dans une quête pour prouver sa « virilité », Faelanor se lança sur une description assez inattendue des mœurs sexuelles de ses semblables, qui lui seraient tous « passés dessus », une expression que Serenos ne pouvait comprendre que comme faisant allusion à des rapports sexuels. Serenos dut faire un effort remarquable de contrôle de soi pour que son visage reste impassible, bien qu’à l’intérieur, il sentait une vague d’hilarité mêlé d’un brin de pitié se propager et menacer de faire craquer son masque.

Fort heureusement pour la dignité de l’elfe, Serenos tint parole et ne se moqua pas. Voyant qu’il n’avait pas eu l’intention de parler autant, Serenos changea sa position assise pour passer sur les genoux, et s’approcha un peu de l’elfe, avant de poser une main sur son épaule et la tapoter aussi délicatement qu’il lui était possible dans cette charrette tremblante.

– Ces pensées devaient te peser si elles ont ainsi débordé dès que tu les a prononcées à voix haute, dit le Roi avec une voix qui se voulait réconfortante. Et je ne me permettrai pas de te juger, Fäelanor. Mais il y a de la bravoure dans le cœur de celui qui cherche à changer la perception des autres, d’ébranler les préjugés. Tes préférences sensuelles et ton apparence ne t’empêche pas d’être digne de respect.

Des paroles qui pouvaient sembler vide, assurément, venant d’une personne que Fäelanor n’avait rencontré que quelques heures plus tôt. Seulement, Serenos était Meisaen, et comme tous ses semblables, ce n’est que bien tard dans sa vie qu’il avait démontré des traits plus masculins, plus viril, comme dirait l’elfe. Parmi les Araniades, il avait partagé cette expérience d’être sous-estimé, d’être remis en question, de voir ses aspirations amoindries et même découragées car il n’était pas aussi physiquement impressionnant que ses camarades. Pour ces raisons, il y avait une certaine sympathie de sa part. Cependant, Serenos ne pouvait pas lui mentir et prétendre qu’il était possible pour l’elfe de se démarquer par un fait de virilité. La virilité, après tout, était quelque chose que d’autres jugeaient par rapport à leurs perceptions de la signification de ce terme. À moins d’une soudaine poussée de croissance, d’augmentation de masse et peut-être même une barbe, Serenos, et probablement la plupart des humains, ne pourrait pas y voir un homme viril, malgré sa bonne volonté.

– Pardonne mes paroles si elles te semblent paternalistes, mais je peux comprendre un désir de se prouver. De démontrer que nous sommes dignes, et pas simplement une distraction, un être secondaire dans la vie des autres.

Avec une main, Serenos aida son compagnon à se redresser en position assise, et regarda Fäelanor, agrippant d’une main le rebord de la charrette pour ne pas perdre l’équilibre dans les mouvements chaotiques de leur mode de transport, et il abaissa son capuchon, dévoilant donc le visage empourpré de son compagnon, pour qu’il n’ait pas le réflexe de se cacher de nouveau dessous.

Après un moment de silence, et de réflexion, le Roi prit de nouveau la parole.

– Qu’est-ce que tu avais en tête pour prouver ta « virilité » ?

Il y avait beaucoup de façons que les humains mâles pouvaient démontrer leur bravoure. Certains chassaient les monstres, d’autres se lançaient dans une quête pour aider la veuve et l’orphelin, d’autres cherchaient un mal à évincer, ou un ennemi culturel à écraser. Mais les elfes étaient des créatures étranges. Peut-être que leurs mœurs étaient différentes, qu’ils mesuraient la masculinité d’un homme d’une façon complètement différente.

Alors que leur conversation s’étirait encore un peu, et que Serenos continuait, par curiosité plus que par ennui, à poser quelques questions à son camarade, peut-être même tenté de lui venir en aide et à trouver une façon qu’il puisse rentrer chez lui la tête haute, la charrette finit enfin par s’immobiliser.

– Gyret-par-le-Lac, déclara le chauffeur. C’t’ici que j’m’arrêt’, moi, m’sieur dame. Y’avoir un’auberge pour vouzôte voyâgeux.

Serenos gromella et s’extirpa de la charrette, avant de tendre la main à Fäelanor pour lui offrir son aide, bien qu’il ne s’attendit pas nécessairement à ce qu’il l’accepte.

Il se tourna alors vers le chauffeur de charrette.

– Merci pour le passage, maître Hurne.

– Z’être prudenres, les voyâgeux, leur souhaita l’homme avec un salut du chapeau. Pas zêtre sûr partout, la route. Z’avoir les ennuis par-ci par-bout. Faire ‘tention à vôt p’tite dame, là !

Serenos aurait voulu corriger le chauffeur, mais sans lui laisser l’opportunité de dire un mot de plus, il s’éloigna en chantonnant, tirant ses chevaux par la bride.

Il baissa les yeux sur Fäelanor, et le silence, d’abord songeur puis malaisant, s’installa entre eux, alors qu’il cherchait à lui remonter le moral de la façon la plus diplomatique qu’il connaisse. Après leur conversation, le Roi suspectait que l’elfe devait être mal à l’aise d’être encore une fois mépris pour une femme, mais Serenos ne pouvait pas mettre la faute sur l’étranger ; premièrement, il ne le connaissait pas, et deuxièmement, la voix de Fäelanor ne l’aidait pas du tout.

Serenos soupira et posa une main sur la capuche de Fäelanor, comme pour le réconforter.

– Il ne pensait pas à mal. Allez, allons à la taverne, et allons manger quelque chose.

À peine prononça-t-il ces mots qu’il se rappela alors du contenu de la bourse de l’elfe.

– Je t’invite, rajouta-t-il avec le naturel d’une boule de feu.

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Blabla / Re : Mon voisin du dessus
« le: samedi 19 octobre 2024, 21:08:21 »
*Se questionne sur les chances de survie de sa VDD sur Terra*

...

Faudrait demander à Jamy.

11
Events / Re : Qui veut gagner des bonbons ? [Halloween 2024]
« le: samedi 19 octobre 2024, 05:45:53 »
GASP! MON KIWI N'AURA PAS DE CADEAUX!?

*Va pour lui filer une feuille de triche, mais se fait sniper par les mercenaires d'Anéa avec des fléchettes tranquilisantes*

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Les contrées du Chaos / Re : Black Knight in Dusty Armor [Fäelanor]
« le: lundi 14 octobre 2024, 04:35:08 »
Les yeux de l’elfe le fixaient avec un intérêt presque pressant, et leur proximité manqua presque de déstabiliser l’air normalement indifférent du Roi de Meisa, mais celui-ci se rattrapa rapidement. L’elfe semblait presque l’évaluer, de la même façon qu’une créature de la forêt examinait une proie, un rival ou même un partenaire. Son regard était fixé sur lui, et pour un moment, le Roi fut presque tenté de se prouver, réprimant ce soudain désir derrière un mur mental de raison et de méfiance.

– Je suis ravi de faire votre connaissance, Fäelanor, répondit calmement Serenos.

Suite à leur présentations respectives, le jeune individu expliqua un peu sa situation, qu’il était seul, et dont la communauté était cachée, probablement soit par sécurité ou par xénophobie, qui aurait pu dire. Cela n’expliquait pas pourquoi il était tout seul, mais Serenos se dit que si c’était important de le préciser, il l’aurait fait. Il se contenta de marcher, lentement, sur le chemin.

– N’en parlons pas, alors, dit le Roi, tout simplement.

Il n’était pas nécessairement plus intéressé que cela par la provenance de l’elfe. Une communauté qui pousserait une personne aussi vulnérable à se jeter sur les chemins sans compagnie et sans renfort ne méritait pas son attention, et encore moins le souffle nécessaire pour en discuter. Au moins, l’elfe avait, dans sa malchance, eu la bonne fortune de croiser quelqu’unq ui ne lui voulait pas de mal.

Le charme de Fäelanor ne lui échappa pas, malgré son effort pour ne pas s’y attarder. Sous les mains du Roi, la peau souple de ses cuisses était douce, avec un grain si fin qu’il craignait qu’il ne glisse hors de sa poigne. Son sourire, radieux, dévoilait des lèvres pleines et douces, une légère couleur florale rosissant la peau. Fäelanor aurait assurément été le jeune homme le plus courtisé de Meisa, s’il n’avait pas eu le malheur d’être né du mauvais côté du continent, et bien que le Roi remarqua son charme, il ne sembla pas s’y attarder, barricadé derrière le mur de la bienséance, de la courtoisie et, ironiquement, de la chevalerie.

– Je ne suis pas un aventurier, dit le Roi avec un sourire. Bien que par le simple fait de voyager, je suppose que j’ai rencontré mon lot d’aventures et de circonstances inattendues. Non, je ne suis qu’un voyageur avec une tendance à me mêler des affaires des autres.

Ce n’était pas toute la vérité, mais assurément pas un mensonge. De toute façon, il aurait déclaré être un Roi, vêtu comme il est, Fäelanor aurait été en droit de le remettre en question.

Bientôt, alors qu’il marchait, le village en bout de route montra ses premières chaumières. L’endroit était malodorant. L’air était empesté par le fumier fraîchement répandu dans les champs, le manque d’hygiène des passants chatouillant les narines du Roi et de l’Elfe, et surtout l’apparition d’une fine douche de pluie pour aggraver le tout. Serenos poussa doucement la cape contre les lèvres de l’elfe et l’invita à ne pas respirer par le nez, et continua son chemin vers le centre du hameau. Il n’y avait pas d’auberge de voyageur, pas de taverne, rien pour accommoder les voyageurs, et donc, Serenos ne chercha pas.

Il visa plutôt un petit dépôt de transport, où deux petites caravanes attendaient de partir vers le village le plus près pour essayer de ventre les produits des fermes environnantes, et négocia le passage jusqu’au prochain village. En échange d’une poignée de pièce de cuivre, Serenos put leur acheter une place à l’arrière d’une charrette, entre les barils de vin en fermentation et les œufs, et il posa Fäelanor contre le mur opposé, toujours enveloppé dans sa cape.

– J’ai oublié de te demander… pourquoi es-tu seul sur ces routes ?

Il le regarda un peu plus attentivement posant un coude sur son genou, le poing contre la mâchoire.

- Voyager est une chose dangereuse pour beaucoup de gens, autant pour les hommes que pour les femmes. Si je n'avais pas intervenu, tu aurais pu être capturé par ces hommes, cette après-midi, et tu aurais pu finir sur le marché aux esclaves, en démonstration devant des gens qui recherchent des victimes sur lesquelles infliger leurs pires lubies. Tu dois avoir une raison pour braver ce risque.

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Les contrées du Chaos / Re : Black Knight in Dusty Armor [Fäelanor]
« le: jeudi 10 octobre 2024, 16:32:16 »
La réalité de sa propre survie et sécurité sembla frapper l’elfe de plein fouet quand Serenos lui partagea sa désapprobation de sa décision de voyager seul. Le soulagement déforma son visage et anéanti sa réserve, et il éclata en sanglots et, contre toute attente, fonça droit vers Serenos, un homme qui, encore à ce moment, était un parfait étranger.

Cette embrassade, soudaine, sembla surprendre le Roi et, pendant un moment, il posa les mains sur les épaules de l’étranger pour essayer de le repousser, mais rien n’y fait ; pour sa piètre démonstration de tantôt, il semblait que l’elfe se trouvait une force remarquable dans son besoin de réconfort. Serenos, un peu hésitant, lâcha finalement un soupir résigné et referma un bras sur les épaules de la délicate créature en pleurs, et lui tapota légèrement la tête, peu habitué aux explosions d’émotions et manifestement mal à l’aise.

Le jeune elfe s’effondra sur les genoux, encore en pleurs, et le Roi de Meisa l’observa un moment, interdit et figé dans son incertitude. Il ne savait pas vraiment comment réagir, comment le réconforter, et considérant le fait que les deux autres étaient partis, il était possible, si improbable, qu’ils trouvent quelques sympathisants à recruter pour profiter de l’opportunité. Voyant, cependant, que la jeune personne ne serait pas capable de se remettre de ses émotions en temps, il lui saisit le bras et le força sur ses jambes, avant de glisser un bras sous ses genoux et le soulever de terre, en damoiselle. Remarquablement léger pour sa taille, et dénué de musculature notable, Serenos se demanda si l’elfe avait réellement considéré l’aventure, ou s’il était partie sur un coup de tête pour une raison ou pour une autre ; il était surement pas suffisamment entrainé pour ce genre d’entreprise.

–Prenez le temps de récupérer, dit-il doucement. Respirez. Non, pas par le nez, par la bouche. Voilà. Doucement.

Alors qu’il encourageait son protégé à reprendre haleine et à se calmer, Serenos récupéra son paquetage et le passa à son épaule, incluant l’arc, les flèches et une cape de voyage, avant de jeter un coup d’œil à droite et à gauche, comme pour voir si quelqu’un allait sortir des buissons pour réclamer l’infortuné, mais ne voyant aucune résistance, il décida de plutôt se mettre à marcher, couvrant la silhouette menue de la jeune personne avec la cape de voyage.

– Mon nom est Serenos, dit-il enfin, histoire de se présenter.

Il ne savait pas si l’elfe serait capable de parler de façon cohérente en dessous de son déluge d’émotions et de larmes, mais au moins, peut-être qu’il pourrait l’adresser par autre chose que « hé » ou « toi » ou « elfe ».

– Il n’y a pas une communauté de tes pairs dans les environs. Comment t’es-tu retrouvé ici ? Est-ce que tu as un campement ? Une famille ? Des camarades de voyage ? Quelque chose ?

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Les contrées du Chaos / Black Knight in Dusty Armor [Fäelanor]
« le: jeudi 03 octobre 2024, 19:52:44 »
Les affaires des brigands étaient le plus souvent une affaire de la milice locale plutôt que celle d’un Roi, mais un Roi comme Serenos, dont le poids du pouvoir et de l’autorité n’était qu’une chaine autour du cou qu’il fallait de temps en temps se délester, pouvait se satisfaire d’une simple chasse au brigand. Il n’avait pas besoin d’escorte, il n’avait pas besoin de monture, il n’avait même pas besoin d’argent. Juste quelques jours à se lancer aux trousses d’un groupe de brigands de grande route lui suffisait à remettre les pendules à l’heure.

Les brigands n’étaient pas nécessairement discret ; avec une oreille un tant soit peu attentive, les rumeurs d’attaques en bordure des routes affluaient de tous les côtés, donc Serenos se contenta de remonter la piste, calmement. Quelques jours, tout au plus, et il finit enfin par dénicher une piste fraiche ; apparemment, il y avait un groupe de cinq hommes qui harcelaient les passants et les dépouillaient de leurs biens. Pas le genre qui était nécessairement dangereux, bien souvent les voyageurs se contentaient de laisser leur bagage et prendre la fuite, et même que deux des membres étaient des rapaces locaux qui, même dans les années les plus flatteuses, avaient accumulé une bien triste réputation. Seulement, les villages isolés n’avaient que rarement des hommes d’armes, et le danger d’une blessure était souvent suffisant pour dissuader une opposition.

Ce n’était pas le cas de Serenos. Pour le Roi, l’approche de ces brigands lui donnaient l’impression que sa laisse se brisait enfin.

Il trouva ses futures victimes dans la forêt, à quelques lieues du village où il avait ouï la rumeur. Cinq grands gaillards qui, auraient-ils eu un peu de vaillance, aurait assurément bénéficié leur village natal s’ils avaient été foutus de prendre une pelle et un marteau plutôt qu’un gourdin et une épée rouillée.

Serenos aurait apprécié de les prendre en embuscade. Le guet-apens avait l’avantage d’alimenter son égo, comme pour lui démontrer que son intellect était supérieur à celui d’une autre personne. Oh, qu’est-ce qu’il aurait apprécié. Malheureusement, ils avaient une victime, et selon ce qu’il entendait, cette personne risquait de prendre très cher l’absence de renfort.

Le premier brigand était un lourd gaillard, cheveux noirs et sale. Son torse était nu et arborait quelques cicatrices, ainsi qu’une musculature conséquente. Quelque chose dans sa posture laissait savoir au Roi qu’il était le seul, parmi ses comparses, à peut-être avoir eu une formation militaire. Un déserteur, peut-être, ou alors un mercenaire.

Le second était nettement plus petit que son comparse, et avait au moins eu la décence de passer une chemise en cuir, mais semblait bien pressé de retirer son pantalon, clamant haut et fort d’avoir le soldat au garde-à-vous, chose que Serenos trouva fort étrange de balancer aussi librement au milieu de quatre autres bonshommes, mais il n’était pas là pour juger. Il avait délaissé son arme pour empoigner sa victime et la palper sans vergogne.

Le troisième assistait le second dans sa maîtrise de leur victime, et se distinguait uniquement par son crâne dégarni et ses cheveux blanchissant. Manifestement plus âgés que ses collègues, il était bien au-delà de l’âge où un homme pouvait se permettre les risques associés au banditisme.

Le quatrième, en retrait, semblait moins enthousiaste à l’idée du viol. Un garçon, à peine un homme. Il remarqua certaines ressemblance avec le troisième, notamment dans la forme du nez et des yeux. Peut-être un petit-fils, ou un fils tardif.

Le cinquième, manifestement la mule du groupe, venait de poser le pactole sur le sol à l’annonce d’un viol collectif, définitivement trop enthousiaste à l’idée, car il perdit son froc presque à l’instant où il entendit la suggestion.

– Un trou reste un trou, dit le premier brigand.

Le timing était parfait.

Serenos effaça la distance entre lui-même et sa première victime, l’homme qui avait abandonné son pantalon, le cinquième brigand, et lui enfonça la pointe d’un pieu de fer dans les reins, puis encore une fois dans le haut du dos, l’arme s’enfonçant dans la cage thoracique de sa victime. Il n’eut pas un cri, pas un éclat, seulement un grognement surpris de douleur.

Les quatre autres se retournèrent prestement en lâchant des exclamations de surprise à la vue de leur camarade poignardé, mais à la vue d’un homme derrière lui.

Avec une cape de fourrure passée sur ses épaules massives et sa tenue de combat, incluant une cotte de maille et un plastron noir, il était difficile de croire que le Roi de Meisa pouvait se déplacer aussi rapidement et discrètement, mais c’était là tout l’avantage d’avoir un contrôle parfait sur la magie.

Il laissa tomber sa première victime.

– Un trou reste un trou, acquiesça Serenos en les regardant, levant le pieu d’acier devant lui. Je me demande combien je vo—

Pas le temps de finir sa réplique, le vieillard s’élança vers lui avec une fourche. Peut-être un fermier, ou alors il l’avait volée à un fermier. Serenos leva sa main gantée et ses doigts se glissèrent entre les dents de la fourche pour les agripper ; aucune chance pour que cette arme ne perfore son armure. D’un geste, il l’arracha des mains du brigand âgé, l’agrippa par le manche et, dans un geste presque moqueur, lui asséna un petit coup de hampe de bois sur son crâne nu, lui arrachant un petit « poc » satisfaisant, avant de tourner l’arme fortune et, bandant les muscles, la lança de toute ses forces vers le second brigand qui, rappelons-le, ne porte aucune armure autre que sa chemise de cuir, un matériaux qui ne protégeait en rien contre les armes de perforation. La fourche s’enfonça jusqu’à la base de ses dents dans la chair du bandit, dont le poumon et peut-être même le cœur était maintenant perforé.

Serenos recula d’un pas, évitant les coups du premier homme qui s’était enfin remis de sa surprise pour passer à l’attaque, et fit quelques petits bonds à reculons pour esquiver les coups de marteau qui, malgré son armure, auraient pu lui être fatal. Le jeune homme lui prêta renfort, et bientôt, Serenos se vit opposé à trois hommes qui l’attaquaient simultanément. Il aurait été un homme comme eux, peut-être aurait-il été plus inquiet, mais de les voir groupés ainsi, si exposé…

Il leva à nouveau sa main gantée et attrapa le marteau du déserteur potentiel en plein élan, l’arrêtant net dans son mouvement, puis plaqua sa main contre son torse nu, avant de relâcher une forte quantité d’énergie magique dans sa poitrine. Un son de détonation sourd suivit ce geste, et l’homme s’effondra sur les genoux, blême comme un linge, en se tenant la poitrine, alors que son muscle le plus important n’émettait plus aucun son. Serenos lui épargna la réalisation de son cœur explosé en lui enfonçant la pointe de son pieu de combat dans la tempe, l’achevant sommairement d’un geste rapide.

Une fois la plus grande menace éliminée, les deux autres combattants, que Serenos suspectait être lié par un lien familial quelconque, semblèrent réviser leur approche, et optèrent plutôt pour la fuite.

Un brin frustré par la fuite de ses adversaires, Serenos grommela quelque chose dans sa barbe, avant de se tourner vers la personne qu’il venait de sauver. Un jeune elfe, au premier regard. Serenos s’approcha du corps de sa première victime, et il agrippa le bagage qu’il semblait avoir délesté du voyageur, et il le souleva de terre, avant de regarder l’elfe de nouveau, avant de s’approcher de lui.

– Voyager seul est une mauvaise idée par les temps qui courent, elfe.

Le terme Elfe était devenu simplement synonyme avec toutes personnes ayant une apparence généralement humaine, mais qui arboraient des oreilles longues et pointues. Serenos n’avait, de fait, aucune raison de croire que cette personne pouvait être un elfe plus qu’une fée ou une dryade, mais il ne s’embarrassait que rarement de l’exactitude de ses termes.

Il s’approcha de l’elfe et pointa ses égratignures et l’état déplorable de ses vêtements, comme pour lui demander s’il avait besoin d’aide ou de soins.

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Prélude / Re : Dany
« le: vendredi 27 septembre 2024, 02:38:58 »
Bon, on ne dira pas que Serenos chôme ce mois-ci.

ALORS.

Le Modérateur va chercher son carnet, écrit une note, lèche sa plume, réécris la note, change de plume, puis essaie encore d'écrire sa note, vire le carnet et sort le portable.

Alors, l'histoire, c'est OK. C'est pas standard, mais on peut dire que tu as été dans le détail.

Pour le physique et le mental... bon, alors, normalement, je râlerais que c'est court, mais à lire le background, au moins, on sait un peu à quoi on a affaire, donc je râlerai pas.

Alors, pour moi, c'est OK, donc, tu es validé.

Tu prends ton laissez-passer à l'accueil, et tu fais gaffe à la marche en rentrant, et fait aussi gaffe au cadre de porte, il est plus bas qu'on pourrait croire!

VA JOUER.

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