9
« le: jeudi 08 novembre 2018, 15:13:46 »
Ne pouvant échapper à un dernier baiser avant de se retirer, Terria sentit son corps frissonner, instinctivement, de l'échine jusqu'au contact de ses lèvres avec celles de son nouveau partenaire. Alexandre lui avait indiqué où elle pouvait trouver une salle de bains, pièce complètement dédiée à l'hygiène et la préparation approvisionnée d'eau courante. Cette pièce serait équipée d’une baignoire et d’une installation sanitaire, avait-il mentionné. La demeure de l'ancien maître avait effectivement une salle d'eau très coquette, mais n'avait pas été dotée de ce luxe. Ainsi la jeune dame se demandait bien quel engin était derrière cette tuyauterie.
-« Merci » Répondit-elle aux indications du vampire
La chambre démontrait avec ostentation toutes les qualités d'un champ de bataille. Jonchés sur le sol traînaient les épaves qui leur avait servi de vêtements. La pièce de résistance, le lit, témoignait de l'agitation forte et des échanges hauts en couleur de par les multiples traces humides qui tachaient les draps, canevas de la passion. La glace qui lui avait été servie plus tôt avait maintenant laissé place à une eau bien fraîche que Terria ne put se refuser après ces efforts.
-« À très bientôt » fit-elle avant de partir
Laissant Alexandre se préparer, elle revêtit son petit manteau de sorte à faire l'exercice de la pudeur à l'extérieur de la chambre. Toutefois, elle se doutait bien que les domestiques avaient coutume de cette parade à en juger par le caractère singulièrement sensuel de Dowell. Son habit d'extérieur était léger et arrivait au milieu des cuisses. Celui-ci était orné de deux boutons travaillés au milieu de l'ouverture, suffisant pour dissimuler modérément son intimité.
Ça ira se dit-elle
Lorsque Terria se tint prête, elle n'eut à faire qu'un pas devant la grande porte en bois massif de la chambre et celle-ci s'ouvrit. À sa surprise, sa main qui avait cherché à saisir la poignée de porte se reposa aussitôt le long de son corps. Fidèle au poste, c'est Annabelle qui se tenait droite et attendait dans le couloir à l'extérieur de la chambre. Sans surprise, la servante ne fit aucun geste voulant tromper la mascarade de sa maîtresse ni la dévisager. Respect était plus qu'une qualité chez le personnel de maison, c'était une nécessité pensa Terria. La domestique avait ouvert la porte à sa nouvelle maîtresse, elle s'occupa d'abord de l'escorter jusqu'à la fameuse salle de bain, pour ensuite revenir chercher les effets personnels de la dame ainsi que desservir le plateau apporté plus tôt.
-« Si madame veut bien me suivre » fit Anabelle
Ce à quoi Terria ne put s'empêcher d’acquiescer, acceptant son rôle dans cette nouvelle dualité.
Annabelle la guida à ce que l'on pouvait qualifier d'un sanctuaire sanitaire, il s'agissait d'une pièce grande et large où trônait une baignoire en portafaux. Sur le côté, un meuble où une vasque avait été fixée au comptoir affichait un reflet propre au marbre. Un tuyau ouvragé et stylisé surplombait à la fois la vasque et la baignoire. Heureusement pour elle, la domestique se chargea d'ouvrir l'eau courante et de faire couler le bain pendant que Terria se déshabillait encore une fois. Il n'était pas faux de dire que cette dernière était étonnée de la salle de bain. Elle représentait un raffinement digne de sa nouvelle alliance, mais elle marquait également l'étendue du pouvoir et des ressources d'Alexandre.
Discrètement, Annabelle sortit de la salle pour laisser Terria à elle seule. Des huiles essentielles aromatiques avaient été disposées tout près pour parfumer le corps de la douce. Bouquets d'épices ou floraux, ces huiles étaient aussi un produit distinct de la noblesse. Le parfum étant accessible pour les bourgeois, l'huile, par son processus plus compliqué, créait une rareté qui avait comme incidence de restreindre la portée du produit à une élite. La confection de ces huiles parfumées demandait temps, car l'essence devait maturer et la recette nécessitait une bonne quantité de ces ingrédients.
Sels virent également agrémenter l'expérience du bain au savon doux de chèvre mis à sa disposition. Mouillant sa chevelure entière, les mèches de cheveux se libérèrent et remplirent la cuve de leur rouge distinctif. Terria ferma les yeux et aspira profondément, gonflant son être du bonheur qu'elle vivant en cet instant. Son dos, chaud de ses nouvelles plaies, émanait une faible nuée rouge dans l'eau, la peau avait à peine débuté son processus de cicatrisation. Cependant, ce n'était suffisant pour ternir le parage.
***
D'un pas sûr et délicat, Terria fit son entrée dans la salle à manger, dévoilant ainsi la tenue retenue pour le repas. Les costumes que possédait l'hôtel d'Alexandre se rapprochaient des apparats de la haute sphère étant plus sophistiqués, les différences se trouvaient jusque dans les plus fins détails. Des trois choix qui lui avaient été présentés, la robe sur laquelle la dame avait jeté son dévolu donnait du volume et du lousse au niveau des épaules pour ensuite, dans un second pli, affiner les bras menus. Celle-ci était une composition de tissus différents, ceci avait permis à l'artisan de créer des lignes et une coupe sur deux tons. Encore bien loin de l'étoffe des dirigeants, l'habit n'était pas modeste. Par ailleurs, l'élément central, les broderies, couvraient la partie supérieure jusqu'à l'orée de la poitrine.
Encore mouillées, Terria avait pris soin de placer ses cheveux en hauteur attachés avec soin, une coiffe qui dégageait amplement le regard de sa nuque. Seule une mèche retenue derrière l'oreille avait échappé à cette dictature de l'ordre.
La table avait déjà commencé à se remplir par un premier service de fruits frais et du vin où Alexandre, y étant déjà, l'attendait dans sa chaise capitaine. Jetant un sourire de satisfaction à son hôte, Terria s’avança pour prendre place au repas.
-« Navrée de vous avoir fait attendre milord. Votre costumier offre de beau habits, la vue vous plaît? » demanda-t-elle à l'égard de sa tenue.
Déjà, l'une des ravissantes servantes la fit asseoir et lui posa la serviette.