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La Peste [Partie 1] [Shizuka]

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Serenos I Aeslingr

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    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 30 dimanche 17 novembre 2013, 07:11:24

[une bonne partie de cette réponse parle d’un sujet que je n’ai pas encore écrit, ni sur le forum ni dans mon plan [je n’ai même pas encore établi la création de Meisa, en fait], mais je crois que ce dernier piment donnera un bon coup de fouet à mon personnage]

Les paroles de Wallin n’étaient pas fausses; une maison était effectivement un lieu de souvenirs très chers. Mais le Roi ne ressentait pas un tel attachement pour quoi que ce soit en ce monde depuis bien longtemps. Mais il n’était pas non plus pressé de le ressentir; il savait que si Meisa tombait, il serait complètement anéanti. Il ne l’admettait pas facilement, mais Meisa n’était pas qu’une simple création qu’il avait montée pour protéger un peuple, il l’avait créée pour se donner un but, pour avoir quelque chose à quoi se raccrocher pendant ces longues années d’errance sans pouvoir gagner le repos promis. Si Meisa disparaissait, s’il n’avait plus un royaume sur lequel régner, s’il n’avait plus rien à protéger, que lui restait-il? Probablement rien. Et dans ce cas, voir Meisa disparaitre reviendrait à sentir que tous ses efforts, tous les moments passés auprès de ses gens… n’auraient plus aucune importance, et cela lui faisait mal, juste d’y penser. Il ne pouvait pas abandonner; Meisa était sa maison, il n’était chez lui nulle part ailleurs.

En entrant par la porte, le Roi se sentit étrange. Quelque chose, une fois la porte ouverte, semblait l’appeler à l’intérieur de la porte de fer. Ce n’était pas Josselin, ce n’était pas humain, ni mauvais. C’était comme… un souvenir. Une mémoire qui lui revenait, et qui le guidait. Il descendit les marches, ouvrant ainsi la marche, et pénétra dans le grand vestibule. La pièce était magnifique, et recelait nombres d’objets que le Roi n’aurait jamais soupçonné trouver un jour cachés sous la demeure d’un des habitants. Des défenses de mammouth, même une tête de dragon, quoi qu’il douta que Josselin exécuta seul cette créature, mais l’accomplissement restait là. Et parmi tous les objets, le Roi semblait intéressé par un seul; un petit pendentif doré. Dessus se trouvait un caractère de l’alphabet Ashansha, qui était l’équivalant du son « Sé ». Le monarque écarquilla les yeux, frappé d’une surprise impossible à masquer, et en lui se déchainaient plusieurs sentiments douloureux; de la nostalgie, de la colère et, étonnamment pour quelqu’un comme lui, même de la peine. Il s’approcha du pendentif, déposé sur un mannequin en forme de buste féminin sans tête, et le caressa avec une tendresse amoureuse. L’ouvrage n’était pas particulier, certainement fait par les mains d’un amateur, mais encore aujourd’hui, il se souvenait des sentiments qu’il avait inséré dans ce cadeau. Un cadeau qu’il avait voulu donner à une seule personne.

« Il y a près de cent vingt-ans… pendant mes premières années de règne, certaines personnes, des nobles venus de différentes contrées ayant rejoint l’Exode, avaient déclaré que je n’avais pas le sang suffisamment noble pour me prononcer Roi de Meisa, et rejetaient ma légitimité, me préférant un jeune prince inexpérimenté et surtout mal éduqué qui, selon moi, aurait fini par être un symbole sur le trône plus qu’un véritable monarque. Ces simples déclarations semblaient inoffensives, mais très vite, beaucoup de promesses de future richesse furent jetés à droite et à gauche pour rappeler des troupes et organiser une rébellion. Je ne voulais pas souiller Meisa du sang des insoumis, mais je refusais également de laisser mon trône. J’ai fabriqué ce pendentif pendant cette période, pour célébrer ma cinquième année de mariage et la venue de ma première héritière en tant que Roi. Pour le fabriquer, j’ai fait fondre la boucle d’or de la ceinture du Roi Jekhelv, et j’ai demandé à mon frère d’armes de m’aider. Malgré mon inexpérience, j’ai réussi un travail acceptable, qui serait la représentation de mes sentiments. »

Il prit doucement le pendentif entre ses doigts et il caressa doucement une petite bande d’or blanc, qui se mit à briller en révélant de petits symboles, une bénédiction dans la langue des Premiers Vivants, et lorsqu’il décrit un cercle complet autour de l’objet en suivant cette bande, un petit son de déclic se fit entendre, et le pendentif s’ouvrit, révélant son contenu; gravé à même l’or blanc figurait une représentation incroyablement précise du Roi, et dans ses bras se trouvait une personne que personne ne connaissait, une personne qui avait même été jusqu’à être effacée même de l’histoire de Meisa. Sur la photo se trouvait une très belle femme aux cheveux noirs, vêtue de blanc, et qui semblait sincèrement amoureuse. À ne pas en douter, ce n’était pas qu’une gravure; elle avait été produite par magie avec un souvenir comme origine.


« J’ai voulu lui offrir ce présent, mais le jour même de mon anniversaire de mariage, les Rebelles ont lancé leur coup d’état, et pour me porter un premier coup, ils m’ont arraché ce que j’avais de plus cher. Ma seule famille. Ils ont fait assassiner ma Reine et ma fille en elle en se servant d’agents infiltrés, avant de prendre d’assaut ma capitale. »

Il referma doucement le pendentif et le replaça sur le mannequin, le regard ravagé par la douleur et la tristesse que lui provoquait ce souvenir.

« Après avoir anéanti les rebelles, j’ai placé ce collier avec le corps de ma femme avant de la confier à l’océan. C’était le rite funéraire, à Corven. Je n’ai plus jamais revu cet objet depuis. »

Il aurait bien interrogé Josselin sur la provenance de cet objet, mais les morts étaient réputés pour emporter leurs secrets dans la tombe, et user de la nécromancie pour une raison aussi futile ne serait jamais assez justifiable à ses yeux. Il abandonna l’idée de rechercher la raison de la réapparition du pendentif, mais la magie noire qu’il avait ressentie sur l’objet l’inquiétait énormément. Il n’avait pourtant jamais fabriqué ce présent avec un cœur troublé, alors, pourquoi captait-il autant de noirceur sur le métal? Pour ainsi souiller un objet fabriqué d’amour pur, seuls quelques occurrences semblaient plausible, mais la plus probable, c’était celle d’une haine puissante et profonde, peut-être même une envie démesurée de blesser, de punir. En même temps, autant qu’il avait un grand nombre d’amis, le nombre toujours grandissant d’ennemis du Roi ne lui laissait aucun suspect précis. Seulement un pressentiment dérangeant qui lui tenait les tripes. 

Sans crier gare, le Roi se sépara du groupe et s’engouffra dans le tunnel sous-terrain menant à la Crypte. Les ténèbres l’avalèrent subitement, l’arrachant à la vue de ses deux compagnons, alors que lui continuait de voir parfaitement malgré la noirceur. Le médaillon. Josselin n’était peut-être pas celui qui l’avait trouvé; quelqu’un savait qu’il tomberait sur cet objet et qu’il le conserverait, et l’avait donc placé sur sa route, quelqu’un qui avait l’entièreté de l’attention du mage et qui ne le craignait pas le moindrement. Et cette personne voulait que le Roi se présente devant elle. Mais si cette théorie était la bonne, le Roi ne la souhaitait pas. Il ne voulait pas que cette hypothèse soit véridique. Mais en même temps, une partie de lui souhaitait qu’elle le soit. Cette partie malsaine qui guidait les nécromanciens dans leur art maudit, ou poussait certains sorciers à s’immiscer beaucoup trop dans le monde astral, cette petite voix tourmentante dont le murmure incessant menait même la personne la plus terre-à-terre dans un monde de folie. La voix de la Perte.

« Arrête! fit la voix d’Ehredna dans sa tête. Retourne avec les autres! Tu t’exposes trop!
-Ca m’est égal! Rugit le Roi à voix haute, sans tenir compte du fait qu’il pouvait être entendu. »

Rien ne pourrait l’arrêter avant qu’il ne soit fixé. Le couloir était plutôt long, mais le Roi trouva un nouvel escalier, suffisamment grand pour une seule personne. Sa tête heurta une surface en bois. Une trappe. Il la poussa légèrement, mais quelque chose de lourds se trouvait dessus. Il puisa alors dans sa puissance magique, et la concentra dans ses bras, comme il l’avait fait si souvent dans le passé... comme lorsqu’il a fait tomber la Tour Noire. Il posa sa main contre le bois et poussa une nouvelle fois, sans y mettre plus de force. Plutôt que de simplement user de la force brute, il se servit de ce contact pour altérer les lois de la gravité et l’objet encombrant se retrouva beaucoup plus léger. Il poussa la trappe et celle-ci s’ouvrit, alors qu’un bruit de pierre fracassée se faisait entendre. Ce qui se trouvait sur la porte venait de tomber et de se fracasser. Lorsqu’il sortit, il vit.

***

La Sorcière entendit la porte s’ouvrir derrière elle, ainsi que le bruit de la statue du Roi s’effondrer. Son cœur, noir comme le charbon, se mit à battre à toute vitesse, non pas de surprise, mais d’excitation. Il était enfin arrivé. Il était enfin près d’elle. Mais elle ne devait pas le laisser voir son visage. La vérité ne devait éclater qu’au bon moment pour réaliser un choc maximal. Elle rabaissa doucement la capuche de son manteau sur sa tête avant de se tourner et d’agripper son sceptre. L’objet la dépassait d’une bonne tête, mais cette relique qu’elle avait volée au Roi n’était pas un bâton de combat. À l’image d’Eglendal, à une plus petite échelle, il servait principalement de catalyseur et de source d’énergie pour celui qui la tenait. Elle savait qu’avec cette arme, elle n’avait rien à craindre de son ennemi; lui se trouvait à des kilomètres de sa source de pouvoir, alors qu’elle l’avait au creux de sa main.

Elle se tourna enfin vers lui, masquée par sa capuche, son bâton à la main et elle le regarda sous toutes ses coutures d’un bref coup d’œil. Malgré son air énervé, elle notait qu’il ne se laissait pas aller à l’imprudence et gardait tous ses sens à l’affut. C’était adorable, en un sens.

« Si j’avais un jour pensé que vous vous déplaceriez pour moi, sire…
-Ce ne fut pas facile de croire qu’une sorcière dans le monde actuel fut suffisamment maligne pour se glisser sur mon territoire sous mon nez. Mais j’ai eu plusieurs surprises ces deux derniers jours. Maintenant, dis-moi; qui es-tu et que veux-tu?

Il ne demandait pas vraiment de justification. Probablement parce qu’il se doutait qu’elle ne lui en offrirait aucune, et que de toute façon, ce n’était qu’une formalité; elle sentait en lui sa puissance se manifester très rapidement, se répandant dans tout son corps, il n’était pas vraiment là pour l’écouter, mais pour l’abattre. C’était donc un objectif qu’ils avaient en commun; mettre à mort leur opposant. Cependant, elle n’entendait pas le laisser se battre contre elle, du moins, pas à la loyale. Elle se contenta de claquer des doigts et aussitôt, le pouvoir du Roi lui glissa entre les mains, quittant son âme à la vitesse de la pensée. Cependant, cette soudaine dépossession de son pouvoir ne sembla pas l’affecter, puisqu’il fonça droit sur elle. Elle leva immédiatement une main et alors qu’elle lâchait une expiration sèche, le Roi sentit passer au travers de son corps une puissante onde de force, et plutôt que d’élancer vers son adversaire, la force contraire le fit décoller du sol et l’envoya heurter un des sarcophages. Il lâcha un cri de douleur en sentant son dos céder, puis subitement se remettre en place quand son don de régénération se réactiva. Le Roi se remit sur ses jambes et regarda la femme à la cagoule. Celle-ci le regardait toujours, placée au centre du Repos des Mages.

« Tu te demandes probablement comment j’ai réussi à te retirer ton pouvoir…
-Non. Je le sais. Parce que c’est moi qui t’a enseigné à le faire, pour te protéger de l’Ahedesha. »

Le Roi se releva et à son tour, il inspira, fermant les yeux, et au moment de les ouvrir, ceux-ci s’étaient déjà mis à briller d’une lumière dorée. Le Roi lâcha un rugissement et se libéra brutalement de l’emprise de son adversaire, agrippant immédiatement son Lien avec la magie, remontant jusqu’à elle à toute vitesse pour la heurter de sa puissance magique, ce qui la fit tituber comme une gifle au visage. Dès que ses pieds touchèrent le sol, il fondit sur elle comme sur une proie. Elle évita les griffes du Roi, mais celles-ci agrippèrent la capuche pour la faire tomber, dévoilant une jeune femme aux cheveux longs et noirs, qui lui tombaient sur le dos.

« Josselin le savait, soupira le Roi, en se redressant. C’était probablement pour cela qu’il savait que tu serais ici, que tu apporterais tes maléfices sur les terres où tes liens sont le plus fort. C’est pour cela qu’il ne m’a rien dit. »

Le monarque se retourna vers la jeune femme et prit un air attristé.

« La Dame Grise. La Première Reine de Meisa, Sol’Mariar Sérénité. »

Kaguya Shunya

E.S.P.er

Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 31 lundi 18 novembre 2013, 03:22:23

Tandis que Wallin explorait la sortie du musée personnel souterrain de Josselin, Shizuka, elle, vit que le Roi se rapprochait d’un pendentif. Cet endroit regorgeait d’objets, et l’homme s’empara d’un curieux pendentif. La guérisseuse d’Edoras, elle, sentait son cœur en train de légèrement battre la chamade. Elle était nerveuse, inhabituellement inquiète, et regardait furtivement autour d’elle, comme si elle avait le sentiment diffus que des milliers de yeux silencieux et sinistres les observaient. Wallin ne tarda pas à revenir, tandis que le Roi, d’une voix amorphe, légèrement éteinte, se mettait à parler seul. En se rapprochant, Shizuka le vit ouvrir le pendentif, révélant ce qui avait tout d’un couple. Elle trouvait l’image assez touchante, ce qui, à vrai dire, ne faisait que renforcer le côté tragique de la scène. Kah’mui leur parla de la fondation de Meisa, d’un coup d’État organisé par des rebelles, qui avait coûté la vie de sa femme, et de sa fille. Shizuka baissa les yeux, se sentant triste par cette histoire, une histoire qui lui rappelait sa propre histoire... Le coup d’État du frère de la Princesse, Shin, avec ses conséquences terribles... Des conséquences qui revenaient encore parfois hanter les nuits de Shizuka. La pauvre guérisseuse n’arrivait pas à comprendre pourquoi l’être humain était tellement motivé par l’envie de tuer son prochain, pourquoi le meurtre était tellement répandu, alors que cette pratique était abjecte, barbare, cruelle, monstrueuse. Elle avait envie de se révolter contre cette injustice, contre cette souffrance perpétuelle qu’on faisait subir aux autres.

L’objet avait été jeté à l’océan... Comment avait-il fait pour se retrouver ici ? Simple hasard ? Ce Josselin avait l’air d’avoir été un sacré aventurier. Shizuka, se mordillant les lèvres, entreprit de se rapprocher du Roi. Lentement, elle tendait sa main vers lui, comme pour la mettre sur son épaule, mais le Roi se mit alors à partir. Il passa à côté de Wallin, qui s’écarta prudemment, s’enfonçant dans la crypte.

« Majesté ! Majesté ! Kah’mui !! »

Les cris de Shizuka résonnèrent dans le vide. L’homme était parti, les laissant tous les deux. Elle secoua la tête.

« Suivons-le, vite. »

Elle s’avança vers le couloir souterrain, mais, en constatant que Wallin  ne la suivait pas, Shizuka s’arrêta, et se retourna, nerveuse. Que faisait-il ? Elle le vit inspecter une bibliothèque poussiéreuse. Lentement, la guérisseuse se rapprocha, indécise, tandis que l’homme ouvrit l’armoire, et en sortit une sorte de dossier relié poussiéreux, comprenant un ensemble de notes et de feuilles volantes. Il déposa le dossier sur un bureau à côté, qui comprenait quelques cartes de Terra. Shizuka se rapprocha, tandis que l’homme farfouillait parmi les pages.

« Qu... Qu’est-ce que vous faites, il faut aller aider le...
 -  Je ne pense pas qu’il ait vraiment besoin de notre aide, le coupa Wallin.  Josselin savait quelque chose... Il n’aurait pas protégé aussi bien l’accès à sa crypte, autrement... Serait-il possible qu’il ait finalement entrepris de poursuivre cette quête ? »

Shizuka ne comprenait pas tout, et vit l’homme s’arrêter sur une affiche. Elle avait été manifestement arrachée à quelque chose, comme en témoignait la ligne du haut, rapiécée et découpée. Shizuka frémit devant l’image, qui était assez inquiétante, comme si elle avait été peinte dans du sang :


« ‘‘Tous saluent le Roi Cramoisi’’ ? traduisit-elle. Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Wallin ne lui répondit pas. Il s’écarta, et fouilla les tiroirs du bureau. Shizuka se rapprocha un peu, et vit d’autres notes, d’autres informations. Les feuilles volantes semblaient être des observations générales formulées par Josselin. Elle en consulta une par curiosité, trouvant le contenu des plus intimidants :

Citer
Suis-je à la fin de toute civilisation ? Il m’est arrivé de côtoyer des villes sinistres, d’être hébergé dans des endroits effrayants, mais rien n’est comparable à ce malaise que je ressens dans cette ville. Fedic est une ville effrayante, qui est perpétuellement plongée dans la nuit, car elle se situe dans une vallée profonde, ce qui fait que les montagnes nous entourant forment comme des murs bloquant perpétuellement la lumière du soleil... Comme si le passé de cette ville recélait un tel cauchemar que la lumière du Saint avait été occultée.

Le bayou est le seul moyen de poursuivre mon voyage, mais en aurais-je le courage ? Je ne cesse de penser à Lysia, depuis quelques temps, et ces rêves que je fais... Je suis malade, j’ai besoin de me soigner, mais puis-je me permettre d’abandonner maintenant ? D’échouer si près du but, alors que les réponses que je recherche sont à portée ? C’est tellement frustrant... Mais je sens que je n’y arriverais pas...

Shizuka reposa la note, troublée. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Cet homme avait visiblement eu son lot de souffrance dans la vie. Fedic... Ce nom ne lui disait rien. Wallin finit par sortir une boîte noire. À l’intérieur, il y avait une sorte de petite pierre précieuse noire que Wallin attrapa, la soulevant, l’observant silencieusement.

« C’est donc ça... »

La guérisseuse fronça les sourcils, commençant à sentir son trouble s’atténuer devant une certaine forme d’irritation devant tout ces mystères.

« Mais qu’est-ce que ça veut dire, nom d’un canari ?! »

De la bouche de Shizuka, c’était probablement l’une des pires insultes de son répertoire. Wallin reposa lentement la pierre précieuse, émit un soupir, et se retourna vers la femme.

« Savez-vous comment a été formé l’Empire d’Ashnard ? »

Inattendue, la question eut le mérite de prendre Shizuka au dépourvu, qui cligna des yeux, étonnée devant une telle question.

« Euh... Je... Euh... Une alliance entre les demons et les humains dans un désert, qui a donné naissance à un Empire militariste actuellement en guerre contre Nexus, et qui…
 -  Cette vision des choses est très abrégée, intervint Wallin. Il existe quantité de mythes entourant la création d’Ashnard, quantité d’histoires et de légendes. Cette création était entourée de mystères, de ténèbres, et il existe très peu de documents historiques relatant sa création. Pendant longtemps, Ashanrd était un État isolé, reclus, loin de tout, et les différents éléments historiques dont nous déposons sont empreints de subjectivité, et ne peuvent donc pas constituer des bases historiques fiables. »

Tout ça rappelait à Shizuka de lointains souvenirs, sur les cours géopolitiques qu’elle avait reçus à l’académie d’Edoras.

« Il y a néanmoins, à travers toutes ces versions, de vagues vérités qui me sont apparues. À cette époque, la civilisation humaine n’était pas encore totalement affirmée... Vous êtes-vous jamais demandé les raisons qui ont fait que Tekhos, votre civilisation, soit si évoluée par rapport aux autres nations du monde ?
 -  Et bien, je...Euh... »

Pour le coup, elle ne savait pas quoi répondre, et elle vit Wallin se rapprocher de la bibliothèque, et en sortir un gros volume. Shizuka consulta le titre du manuscrit : « Aux origines historiques préhumaines des grands États ». C’était le volume 1, une introduction générale. Le livre avait été écrit par William Kaffiel, que Shizuka connaissait. C’était un érudit, un académicien qui travaillait à l’École royale de Nexus. La « préhumanité » était une théorie historique humaine désignant l’état du monde avant l’émergence de la civilisations humaine Quel était le rapport avec Meisa ? Et Shizuka n’avait pas vraiment l’esprit à uncours historique, songeant au Roi, qui s’était enfoncé tout seul dans les catacombes.

« Nexus est dans des terres fertiles, proches de la mer, et de grandes forêts. Pour certains historiens, cette ville était une ville elfique avant que les humains n’en prennent le contrôle... Ce qui va dans le sens de récentes expéditions archéologiques menées dans la ville. D’un autre côté, Tekhos se trouve dans des régions riches, montagneuses... Pour beaucoup, cette civilisation appartenait autrefois aux nains et aux gobelins, dont le savoir-faire technologique a toujours été très avancé.
 -  Oui, mais... Excusez-moi, mais je ne vois pas très bien le rapport avec...
 -  Des familles humaines se sont unies entre Nexus et Tekhos, des individus lésés, énervés par le fait d’être minoritaires, et de faire l’objet de lois discriminatoires à leur encontre, parce qu’ils n’appartenaient pas à la même espèce que les gouvernants. Ces gens n’étaient toutefois pas d’honorables individus, mais des puissants, des bourgeois, des militaires, des esclavagistes... Menés par des mages, ils ont entrepris de réunir à Nexus et à Tekhos une importante foule pour un exode vers la Terre Promise. De doux mensonges destinés à leurrer les foules, et à organiser une cérémonie cruelle et sanguinolente, au cours de laquelle des centaines et des centaines d’âmes ont été sacrifiées pour permettre l’invocation d’un puissant Démon, qui aurait dominé le monde. »

Wallin parlait lentement, tout en triturant entre ses doigts la pierre précieuse.

« On dit que cette invocation a échoué, que le Démon primordial n’a jamais pu être libéré, et que ses séides sont venus à sa place, et ont décidé de fonder un Empire, dont l’objectif final serait de réveiller définitivement le Démon. Ces humains qui ont réalisé ce rituel... Ils portaient un nom à Nexus... On les connaissait sous le nom de la Conspiration des Toiles, et ils s’identifiaient avec ces pierres précieuses. C’est de l’ébonite pure, non travaillée, un élément qui permet de confectionner des armures magiques en ébonite, des armures extrêmement précieuses, et tout autant onéreuses. »

Shizuka clignait des yeux. Tout ça était très intéressant, mais elle ne voyait toujours pas le rapport avec la situation actuelle. Cependant, elle ne dit rien, sachant que Wallin allait poursuivre. Son regard se porta sur une grande carte de Terra, et il désigna du doigt la grande zone géographie correspondant à Ashnard.

« Le Roi Cramoisi est un ancien Empereur ashnardien, d’une cruauté telle que sa folie a donné lieu à une guerre civile fratricide au sein de l’Empire. Ram Aballah, du nom officiel qu’on lui donnait, vivait dans la partie orientale de l’Empire. Cette carte date de plusieurs siècles. Voyez... Josselin a indiqué d’une croix les terres de l’Aballah, ici. »

Du doigt, Josselin montra à Shizuka une croix rouge. Elle repensa aux notes de Josselin. Avait-il cherché à se rendre là-bas ? par rapport à Meisa, la distance était effectivement très longue, plusieurs milliers de kilomètres.

« Ce Démon... Ce Démon que... Que les premières familles ont cherché à créer, vous pensez que... ?
 -  Ne vous méprenez pas, Shizuka. Comme je vous l’ai dit, ces informations sont âgées. Je pense que les familles qui ont émigré de Nexus et de Tekhos, quelles que soient le nom que ces nations portaient à l’époque, ne cherchaient pas à invoquer un démon, mais à créer un nouveau monde, un nouvel État humanoïde. On leur a mentis. Je pense qu’une petite minorité de ces gens voulait tous les sacrifier pour réveiller ce Démon primordial, pour lui permettre d’envahir Terra, et de tout détruire. Josselin enquêtait là-dessus, visiblement... Et, d’une manière ou d’une autre, son périple est lié aux évènements qui surviennent actuellement à Meisa. »

Shizuka hocha la tête... Quand elle entendit des craquements venant d’en haut. Des bruits de pas. Ils étaient plusieurs. Le cœur de Shizuka se mit à trembler, tandis que Wallin porta sa main vers son épée.

« Allez voir le Roi, Shizuka.
 -  Mais... »

Elle voulait rester là, pour l’aider… Mais elle avait un mauvais pressentiment, un frisson qui remontait dans tout son corps. Comme si une force ancienne très puissante était en marche, une créature sournoise et d’une puissance qui la faisait frémir.

« Allez le voir, et dites-lui que l’Omniprêtre de Sylvandell a la réponse. »

L’Omniquoi ? Shizuka était tentée de lui en demander plus, mais il y eut une secousse qui fit trembler le toit.

« Allez, vite ! L’Omniprêtre, souvenez-vous ! »

Shizuka déglutit, et se retourna, puis se mit à courir. Dès qu’elle passa le couloir, il y eut comme un éboulement derrière elle. Elle se retourna subitement, et vit que le plafond était tombé, bloquant la voie.

« Wallin ! Wallin ! »

Elle déglutit. Personne ne lui répondit. Un frisson parcourut son corps. Se mordillant les lèvres, Shizuka se résigna. Elle se retourna, et avança au chemin, nerveuse.

*Cette présence...*

Que signifiait-elle ? Elle avait peur de ce qu’elle pouvait signifier, et, alors qu’elle continuait sa marche, elle finit par retrouver le Roi… Ainsi qu’une femme qui ressemblait curieusement à la femme qu’elle avait vue sur le pendentif de l’homme.

« Voici donc l’Innocente claironna la femme.
 -  Vous... Vous êtes ? »

La pièce comprenait des colonnes en pierre, et d’autres formes se déplaçaient dans l’obscurité. La femme esquissa un sourire, et leva les bras en l’air.

« J’étais connue comme étant la Reine de Meisa... Et, un jour, un nouveau destin s’est offert à moi... »

Le corps de la femme se mit alors à se transformer, comme si elle vieillissait un peu, tout en conservant une redoutable beauté. C’e »st ainsi que, sous les yeux de Shizuka, la Sorcière Grise apparut, avec une belle chevelure argentée qui ondulait sur son visage :


Son pouvoir magique semblait sans limite, et elle était manifestement accompagnée de ses disciples, des individus encapuchonnés, généralement des femmes.

« Ce brave Josselin savait que je n’étais pas morte, expliqua alors la femme. Il n’avait que des soupçons, résultant de paradoxes et d’énigmes dans les enquêtes menées à l’époque de mon assassinat présumé contre les rebelles. Il était parti jusqu’au bout du monde pour me retrouver. »

Shizuka sembla tilter, et ne put s’empêcher, malgré la présence envoûtante et intimidante de cette femme, de parler :

« Fedic ? »

La Sorcière Grise hocha lentement la tête.

« Josselin a appris que la Conspiration des Toiles existait toujours, et que nous étions prêts à lancer notre plan. Ce fou pensait revenir à Meisa pour te prévenir, mon ancien amour... Il n’a pas réalisé qu’en faisant ça, il était lui-même devenu une partie de notre plan. »

Comme si l’idée lui semblait drôle, elle se mit à rire, avant de secouer la tête.

« Et tu as eu la générosité de m’apporter l’Innocente, mon ancien aimé... Tu as toujours aimé t’entourer de belles femmes, après tout. »

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Serenos I Aeslingr

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Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 32 mercredi 20 novembre 2013, 02:46:07

Shunya l’avait suivi. Seule. En la voyant apparaître sans Wallin, le Roi craignit le pire pour leur compagnon, mais guidé par son instinct de protecteur, il se déplaça rapidement devant la jeune femme et leva un bras pour l’arrêter devant la sortie. S’il fallait organiser une retraite, il valait mieux ne pas laisser leurs opposants avoir la possibilité de les bloquer en route, quoi que rien n’empêcherait le Roi de fuir. Mais pourquoi Wallin l’aurait laissée partir seule?

 « Voici donc l’Innocente claironna la femme.
 -  Vous... Vous êtes ? »
« J’étais connue comme étant la Reine de Meisa... Et, un jour, un nouveau destin s’est offert à moi... »
« Mon épouse d’antan doit parler de celui de pouvoir souiller sa mémoire et de causer la mort des milliers d’innocents qui sont certainement les petits-enfants des gens du peuple pour lesquels mon épouse quittait régulièrement le lit conjugal pour s’empresser de leur offrir secours. »

Il devait gagner au moins un peu de temps. Sans Wallin pour veiller sur Shunya, il ne pouvait pas se permettre de s’aventurer librement pour faire face à ses ennemis, et il devait analyser les forces ennemies.

« Et tu as eu la générosité de m’apporter l’Innocente, mon ancien aimé... Tu as toujours aimé t’entourer de belles femmes, après tout.
-Et apparemment, celles que j’aime sont aussi belles qu’elles ont tendance à se laisser dévorer par l’influence d’Althenos… répondit le Roi sur un ton acide. Ton assassinat n’était pas présumé, Sérénité. Tu as été corrompue dans la mort, voilà tout. »

Sérénité. S’il y avait une personne aussi pure et aussi douce dans le monde entier, le Roi n’avait jamais fait sa rencontre. Le Royaume l’avait même surnommée la Bien-Aimée, car ses actions désintéressées lui avait attiré l’affection sincère du peuple, qui la voyaient comme la seule compagne digne du Roi, car celui-ci semblait plus porté au combat, alors qu’elle parcourait le peuple pour leur apporter soin et confort. La voir ainsi, c’était une perversion pure de ce qu’elle avait été. Un groupe de femmes apparurent dans l’ombre de la belle dame, alors qu’elle-même abandonnait ses beaux cheveux noirs pour une teinte platine, des yeux brillants et une armure plus ou moins suggestive. Le Roi regarda les femmes qui l’entouraient et posa sa main sur le manche d’Ehredna avant de le tirer du fourreau. Dès qu’il l’eut dégainé, une des femmes se rua vers lui, dégainant une lame de poignet cachée sous sa manche. Il para en levant sa lame alors qu’elle abaissait la sienne sur sa tête, puis lui flanqua un coup de pied dans l’estomac qui l’envoya en direction de ses semblables. Le Roi s’approcha alors de Sérénité, ou plutôt la Dame Grise, et lui fit face. Ses doigts effleurèrent le visage de la jeune femme. Ces traits, ce nez, ces lèvres déformées dans un rictus de haine, tout cela avait été souillé par ceux qui l’avaient ramenée de la mort, et qui en avait fait une sorcière.

« Tu ne pourras pas me tuer, Kah’mui.
-C’est vrai. Mais je peux encore te faire mal.

Sur ces mots, il leva une main vers elle et relâcha une vague de puissance qui expulsa la sorcière contre un mur. Elle se releva alors, en colère.

-Capturez l’Innocente!
-Ca ne risque pas d’arriver, non plus. Car vois-tu, je suis porteur d’un mal encore plus terrible que celui qui t’a ramené à la vie.

Le Roi fit un bond en arrière et retira rapidement son manteau, le laissant tomber sur le sol en dévoilant son corps couvert de cicatrices. Il se retrouva alors torse nu, et derrière lui, sur son omoplate droite, se trouvait une marque étrange, comme si un animal l’avait griffé et laissé une marque noire comme les ténèbres. Soudainement, deux femmes semblèrent en immédiate extase juste à la vue de cette marque. « La Tache du Mal! » S’exclamèrent-elles. Oui. La Tache du Mal était une affliction que très peu de mortels avaient la possibilité de pouvoir endurer, car être porteur de cette marque revenait à avoir un lien très intime avec le royaume des morts et du coup avec tout ce qui avait un lien rapproché avec lui. Ses yeux brillèrent encore plus fortement alors que ses muscles se tendirent. Lentement, la Tache commença à grossir, puis à envahir son bras droit, comme des centaines de petits tentacules d’ombre dégoulinantes d’une étrange substance noire. L’Équilibre précaire qui se trouvait en lui commença à basculer du côté des Ténèbres, et puisqu’il n’avait plus suffisamment d’énergie magique pour contenir la corruption, celle-ci grimpa jusqu’à atteindre son visage, avant de se stabiliser enfin. Alors que ses ennemies s’approchèrent de lui, armées de leurs lames de poignet, il tenait sa main couverte de corruption devant lui, son épée enfermée, presque soudée, sous son poing, la garde envahie de la corruption.

Lorsque sa première adversaire chargea, le Roi para son coup avec sa lame, avant de lui asséner deux coups de poings successifs en plein visage, enchainant avec un impact brutal de la paume qui souleva la femme de terre pour l’envoyer s’écraser contre les stalactites de la grotte, se retrouvant empalée dessus et incapable de redescendre, même si elle survivait probablement à des dommages pareilles. La seconde leva une main et lâcha sur lui une vague de ténèbres, un essaim de créatures ressemblant à des têtes de mort composées d’énergie noire, et il leva Ehredna dans la direction de ceux-ci; la lame Ashansha dévora complètement l’offensive comme un ogre son déjeuner. Le Roi esquissa un sourire purement malveillant et relâcha toute l’énergie maléfique qu’il avait avalée en direction de son opposante qui, vidée de ses forces par son assaut, ne put riposter et encaissa la totalité de son assaut. Ses deux victoires lui montèrent rapidement à la tête, mais il ne fallait jamais sous-estimer les membres d’une organisation qui se plaisait à recruter les meilleurs éléments. Parmi les camarades de son ancien amour se trouvait une personne un peu particulière. Armée d’une épée à deux mains, il s’agissait d’un colosse dont les cheveux blancs paraissaient en dessous de son casque qui cachait entièrement son visage. Le géant regarda un moment la Dame Grise et lui tendit galamment la main pour l’aider à se relever, allant même jusqu’à tendrement lui replacer une mèche de ses cheveux avant de se placer devant elle tel un protecteur. Levant sa lame devant lui, l’homme salua son adversaire, et bien que la chose paraisse absurde, le Roi lui rendit la pareille en tenant Ehredna droit devant lui, puis il lança l’offensive. Malgré sa carrure impressionnante, son rival se montra d’une impressionnante rapidité, parant ou évitant la lame du Roi avec aisance alors qu’il ripostait par moment et que le Roi, pris au dépourvu, manqua de peu d’y laisser sa tête. Son adversaire ne semblait aucunement paniqué ou inquiet, se montrant à la fois implacable et surtout très stable sur ses pieds. Il n’avançait pas ni ne reculait, narguant son adversaire en silence par son immobilité. Il semblait immuable, sans réaction, remuant son épée d’une seule main comme s’il s’agissait d’un simple bâton d’entrainement.

« Il suffit de cette farce! »

Le Roi leva ses mains et relâcha sur le monstre une flamme digne de son surnom. Cependant, même cela ne suffit pas à arrêter le monstre, qui leva à son tour sa main gantée et para l’assaut comme s’il n’y avait rien de plus simple au monde.

« Vous avez raison, majesté, fit le surhomme d’une voix caverneuse. »

L’être s’approcha de l’Immortel et l’agrippa avant de le balancer contre un mur de la simple force de son bras. Le Roi avait déjà ressenti bien des souffrances, et parfois il ne sentait pas la plupart des supplices, mais cette fois, il dût l’admettre; il avait mal. Très mal. Sous l’impact, il avait même relâché son contrôle sur la Tâche du Mal, qui commençait à se résorber; la panique n’était pas un sentiment qui la provoquait, pas du tout, même. Le Roi se mit à se débattre pour essayer de se défaire de la prise de son ennemi, lâchant Ehredna pour pouvoir lutter contre l’imposante main qui lui resserrait la gorge. Derrière eux, la Sorcière ne perdit pas un instant; profitant de la confusion, elle s’approcha de l’Innocente et leva une main dans sa direction. Sans entrainement, elle savait que la jeune guérisseuse ne possédait pas le savoir nécessaire pour combattre les énergies maléfiques, et elle n’eut aucun mal à déchainer sur elle une malédiction. Le Roi lâcha un rugissement de colère et au moment où elle lâchait avec succès son maléfice, son compagnon la heurta de plein fouet, les envoyant exécuter quelques roulés-boulés avant de s’arrêter au pied d’une des statues à l’effigie d’un mage enterré dans la crypte. Après avoir expulsé une telle vague de force pour se débarrasser de son assaillant, le roi sentit un étourdissement lui monter au crâne, mais il ignora cet inconfort pour s'empresser de couvrir la distance qui le séparait de la Guérisseuse et posa une main sur sa joue et une autre sous son menton pour lui relever la tête et examiner ses yeux. Clairement, le maléfice ne visait pas à tuer, mais quelque chose avait changé dans l'aura de la jeune femme, comme si une partie d'elle avait été tachée.

« Shunya! Shunya, répondez-moi! Exigea-t-il, paniqué. »
« Modifié: mercredi 20 novembre 2013, 22:22:49 par Roi Serenos de Meisa »

Kaguya Shunya

E.S.P.er

Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 33 jeudi 21 novembre 2013, 01:59:15

[HRP – La Tâche du Mal xD]



La pauvre Shunya était complètement larguée, sentant la panique s’emparer d’elle devant cette scène... Mais, quand son regard croisait celui de cette femme, elle sentait alors un écho rassurant dans ses entrailles, comme un doux rappel, un message réconfortant et chaud, tendre et bienveillant. Difficile de se soustraire à ce regard, mais il était tellement rassurant que la guérisseuse y revenait sans pouvoir lutter. Wallin était probablement mort, leur voie de retraite était coupée. Shunya allait probablement mourir, ou pire. Le Roi finit alors par se transformer, devant une sorte de créature noirâtre assez repoussante. Elle entendit les femmes entourant la Sorcière Grise parler de « tâche du mal », ce qui ne lui disait pas grand-chose... Si ce n’est que cette vision lui faisait mal au dos, comme si son tatouage était en train de la brûler. Tout un bras de l’homme était devenu noir, parcouru d’une énergie malfaisante qui grignotait partiellement son visage. Quand elle vit Kah’mui repousser la Sorcière Grise, Shunya déglutit faiblement, se sentant inconsciemment plus proche d’elle que de lui. Ce Roi lui faisait maintenant peur, avec son bras infernal. Lentement, la Sorcière se relevait, et, après quelques escarmouches, une véritable montagne de chair et de muscles s’avança vers le Roi. La Sorcière Grise s’était relevée, sereine, et l’attaque de feu du Roi fut absorbée sans difficulté par le colosse, qui repoussa le Roi. Shunya sentit alors une voix dans sa tête, et tourna la tête.

Les yeux de la Sorcière Grise luisaient intensivement, semblables à deux espèces de phares hypnotiques. Shunya sentait son corps se détendre, incapable de se détacher de ce regard. Les yeux de cette femme étaient magnifiques, sa lueur brillait, comme mille feux d’artifices, un kaléidoscope tournoyant de lumières étincelantes et de couleurs. Shizuka déglutit faiblement, tandis que des voix mielleuses résonnaient dans son esprit, et que son passé défilait devant ses yeux... La porte et les ombres, elle dissimulée sous le lit, à observer les jambes remuer.

*La peur... je ressens ta peur, Shizuka... Elle étreint ton âme depuis ton enfance, elle nourrit tes rêves et ensemence tes cauchemars... N’as-tu donc jamais songé à grandir, Shizuka ?*

Shizuka buvait littéralement les paroles de la femme... Lorsque le Roi la heurta. Poussant un petit cri de surprise, la guérisseuse tomba à la renverse, roula sur le sol, et se retrouva sous le corps de l’homme. Ce dernier lui hurlait dessus, mais elle n’arrivait pas à comprendre ce qu’il disait... Et elle avait le sentiment qu’il avait des yeux jaunes, malfaisantes, démoniaques. Ses narines fumaient, et une terreur aiguë perla dans les yeux de Shizuka. Kah’mui lui donnait l’impression d’être devenu un monstre. Une force sembla alors soulever l’homme, et il atterrit contre le mur. La Sorcière Grise avait profité de cet instant d’égarement du Roi pour le soulever, et le plaqua contre le mur, tandis que, depuis son autre main, un cône de glace se forma, une sorte de long cristal, que la femme employa pour le balancer vers l’homme. Le cristal le transperça à hauteur de son omoplate droite.

« Allons, où sont donc passés vos moyens, mon cher Roi ? On ne saute pas sur les femmes comme ça, vous ne faites rien d’autre que l’effrayer... »

Le ton était moqueur, et Shizuka restait allongée sur le sol. Sur sa droite, un homme apparut. Ses yeux brillaient également, il portait une élégante armure et deux épées dans le dos, à la mode des sorceleurs. Shizuka regarda autour d’elle, et entreprit de lentement se redresser, regardant Kah’mui et la Sorcière Grise, sans savoir quoi faire. Sentant ses jambes se déplacer, Shizuka s’avança lentement vers la Sorcière Grise. Sa marque la brûlait, et, si elle avait envie de fuir, de les laisser là, elle n’arrivait tout simplement pas à se faire obéir. De la main droite, la Sorcière Grise maintenait Kah’mui contre le mur, et, de la gauche, elle invitait Shizuka à se rapprocher. Quand cette dernière fut suffisamment proche, la main chaude et autoritaire de la Sorcière se posa sur sa joue, et Shizuka se sentit fondre lentement. Elle baissa craintivement les yeux, et, quand la femme se pencha vers elle pour l’embrasser, le cœur de Shizuka se mit à battre dans son cœur... Et, lentement, elle se surprit à y répondre, remuant également ses lèvres, savourant le contact de cette bouche, de ses lèvres chaudes, tendres et délicieuses.

Dans son dos, la marque brûlait violemment, formant des lueurs violettes glissant sur son corps. La Sorcière finit par rompre le baiser, et reporta son attention sur le Roi.

« Crois-le ou non, mon aimé, tout cela n’est qu’un malentendu...  Si nous n’avions pas arrêté Josselin, il n’aurait pas amené avec lui la peste... Il avait contracté la maladie, et, dans le bateau l’amenant à Meisa, il a contaminé tous ceux qui étaient proches de lui. »

La Sorcière émit un soupir théâtral, tandis que des images affluaient autour d’elle, montrant un immense château, si immense que les fortifications externes en abritaient un second. L’endroit où la peste avait été conçue, le laboratoire... Shizuka ressentit une certaine migraine, et se blottit un peu plus contre le corps réconfortant de cette femme, qui lui caressa les cheveux avec l’une de ses mains.

« Josselin a décidé de traverser le bayou de Fedic... Et il est reparti en étant contaminé... C’est un heureux hasard qui fait que nous nous soyons retrouvés, mon aimé... Une occasion de tirer la page pour de bon. Ton royaume, tes pouvoirs... Dire qu’il fut un temps où je t’idolâtrais, où je voyais en toi un monarque éclairé, un leader mondial... Mais tu n’es rien de plus qu’un héritage du passé, un vieux fossile... »
« Modifié: vendredi 22 novembre 2013, 11:33:41 par Shizuka Shunya »

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Serenos I Aeslingr

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    Description
    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 34 jeudi 21 novembre 2013, 04:06:09

[Je pars de l’idée que la Sorcière va enlever Shunya et l’emmener quelque part en Sylvandell ou un truc du genre, mais n’hésite pas à me MP si tu as une autre idée en tête]

La vérité, c’est que le Roi avait déjà fait son deuil de sa femme. Aussi vive que soit encore la douleur que son simple souvenir lui suscitait, il ne pouvait pas voir celle qui se trouvait aujourd’hui devant lui comme celle qu’il avait aimée, chérie et mariée. Cette femme était quelqu’un d’autre, qui arborait la voix et les traits de sa défunte épouse, car sa vie n’était rien d’autre qu’une demi-vie. « Ne ramène jamais les morts à la vie », lui avait dit son père lorsqu’il avait tenté de ramener son ami Chaos d’entre les morts. « La mort fait partie de la vie, et une fois détachée du corps, une âme n’aspire qu’au repos. Et même si tu ramènes une personne, la magie fait qu’elle ne sera jamais plus qui elle était de son vivant. Laisse les morts en paix, mon enfant. » Et il n’avait jamais oublié ces paroles. Devant lui ne se trouvait rien d’autre qu’une abomination, une créature qui n’aurait jamais dû retrouver le chemin vers le monde des vivants. Aussi, autant il voudrait qu’elle fut bien elle-même, qu’elle était de retour et qu’ils pourraient reprendre leur histoire là où ils avaient été séparés par cet odieux coup d’état, autant il avait la sagesse de ne jamais pactiser avec ce qui venait de l’autre monde, où tout n’était que mensonge, déception et souffrance, et ainsi il ne se laissait pas avoir par ses paroles pleines de froideur et de haine.

Le Roi, calé au mur par la force de son ancien amour, regardait la scène en arborant un visage plus serein, plus détendu. Il relâchait ses muscles douloureux et ouvrait grand les oreilles. Il regarda l’homme au casque, dont une partie avait été arrachée par son attaque précédente, révélant la partie inférieure droite d’un visage; il pouvait noter la barbe blanche d’une semaine ainsi que la partie inférieure ridée de son œil droit. L’homme ne le regardait pas directement, comme s’il voulait éviter d’être reconnu, évitant de regarder son rival dans les yeux. Il sentait la peur de Shunya et aussi son étrange confiance en Sérénité, mais il savait également qu’il ne pouvait pas la laisser partir avec cette femme. Une dame aussi pure que Shunya ne devait jamais être touchée par la magie noire, car elle était fait pour la combattre, comme tous ceux qui arboraient le don de la guérison, comme la Sorcière Grise autrefois. Celle-ci le regardait, avec attention, tout en caressant la jeune femme, maintenant sous son influence.

« C’est un heureux hasard qui fait que nous nous soyons retrouvés, mon aimé... Une occasion de tirer la page pour de bon. Ton royaume, tes pouvoirs... Direz qu’il fut un temps où je t’idolâtrais, où je voyais en toi un monarque éclairé, un leader mondial... Mais tu n’es rien de plus qu’un héritage du passé, un vieux fossile... »

Il n’y avait aucune méprise dans ces paroles; elle croyait réellement ce qu’elle disait, mais étrangement, autant pour le Roi que pour le Chevalier ainsi que pour la Sorcière, le monarque se mit à rire au nez de la femme. Rire? Plus que cela; il se moquait d’elle. Parce que dans ces mots, il retrouvait exactement le contraire de ce que la jeune femme lui avait dit autrefois, alors qu’elle agonisait après avoir eu la gorge tranchée et son enfant arraché de son corps. Il regarda à nouveau le Chevalier, un sourire aux lèvres, ainsi que l’autre homme habillé comme un chasseur de monstres. Il retrouva d’un coup son calme et son sourire laissa place à une moue méprisante, un regard rempli de haine, de colère froide et surtout de dégoût, comme si ce joyeux trio n’était rien d’autre qu’un tas d’immondices s’étant par hasard retrouvés devant lui.

« Meisa, la Couronne, le Trône, Eglendal, le peuple. Ce n’est pas pour moi que j’ai fait tout cela. Ce n’est pas non plus par bonté de cœur, ou parce que j’avais soif de pouvoir. C’était pour donner la chance à ceux qui avaient tout perdu de donner à leur famille un monde sans la guerre, sans la famine, sans la violence ou la maladie. Je n’avais que faire de la gloire, je n’avais que faire du trône. Tout ça, je l’ai fait pour ma femme et ma fille, puis pour honorer leur mémoire, parce que c’est ce que tu aurais voulu. C’est l’amour qui a construit ce monde, et je me fiche de qui ou ce qui tenterait de tout détruire; je protègerai Meisa, et je protègerai ceux que j’aime. »

Pendant qu’il parlait, il avait entamé de s’immiscer dans le sortilège qui le restreignait, et il le sonda complètement pour en trouver la faille, qu’il ne tarda pas à repérer. En concentrant son énergie dans cette ouverture, comme il l’aurait fait avec le point faible d’une pierre, il brisa l’enchantement qui le maintenait collé au mur, et il descendit sur le sol.  Le pieu de glace étant toujours enfermé dans son épaule, traversant sa chair jusqu’à son omoplate, où se trouvait la tâche, il l’agrippa de la main gauche et l’arracha brutalement pour réduire la souffrance de l’extraction, lâchant un simple grondement sourd. Pendant que sa plaie se refermait doucement, il prit le temps d’enfiler sa tunique ainsi que son manteau, les faisant voler à lui sans plus de façon, masquant ainsi la Tache du Mal, faisant venir Ehredna à son fourreau grâce à son pouvoir, avant de marcher lentement vers la Sorcière. Étrangement, le Chevalier ne se mit pas en travers de son chemin, ne sentant venir de lui aucune agressivité quelle qu’elle soit. Le Roi s’immobilisa alors à deux mètres de Shunya et de la Sorcière. Tendant une main dans l’air, il y concentra une partie de son énergie et entre ses doigts apparut la Couronne Royale. Il souleva l’objet et la déposa sur sa propre tête, avant de regarder les deux femmes. Il sortit alors son épée et en posa la pointe sur le sol avant de prendre une grande inspiration, puis il posa un regard doux sur Shunya avant de lui sourire.

« Je sais que vous avez peur, Shunya. Je sais que je vous effraie. Je ne vous mentirai pas,  je ne pourrai pas vous sauver. Pas cette fois. Maintenant qu’elle vous tient, je ne pourrai pas vous atteindre avant qu’elle ne vous ait emportée je ne sais où. Mais croyez-moi, Shunya; peu importe où vous serez, peu importe à quel point vous aurez peur, que vous aurez mal; je viendrai vous chercher, et je vous ramènerai chez vous. Ayez foi en moi; je vous sauverai. N’oubliez pas. N’oubliez jamais.

Il ne savait pas si elle l’écoutait, mais il avait espoir qu’elle l’entendait, qu’instinctivement, elle aurait trouvé le courage de l’entendre. Il espérait qu’elle se rende compte qu’il ne l’abandonnerait pas, qu’il viendrait la chercher peu importe les obstacles, et surtout qu’il arrivera à temps pour la tirer de ce mauvais pas. Car tel était le Roi de Meisa; il ne laissait jamais tomber quelqu’un qui avait mis sa vie entre ses mains. Cependant, il n’allait pas non plus laisser ses ennemis partir indemne. Sans s’annoncer, il s’empara de son épée, délaissant complètement l’idée de se servir de ses pouvoirs maléfiques en présence du chasseur de monstres, et il chargea ses bras de force magique, empoignant Ehredna à deux mains avant de l’envoyer à la rencontre de l’épée du Chevalier, qui eut à peine le temps de lever son arme pour parer et se retrouver repoussé par la force surhumaine du monarque. Celui-ci enchaina en lui assénant un bon coup de tête sur le casque, fendant celui-ci en deux  sous l’impact. Le casque tomba de chaque côté du visage de l’homme, révélant un visage que le Roi ne se serait jamais attendu à trouver sur le corps d’un ennemi; devant lui se trouvait un homme identique à lui-même… sauf qu’à la place d’un visage juvénile, cet homme semblait être âgé de plusieurs décennies. Et peu importe de la façon de laquelle il retournait sa réflexion, une seule s’imposa lorsqu’il plongea son regard dans le sien; cette homme n’était pas une création de l’ennemi ni un doppleganger; en lui se trouvait exactement ce que le Roi manquait; il possédait une partie de son âme fractionnée lors de sa naissance. Il recula en titubant.

« C’est impossible… tu ne devrais pas être là, tu… »
« Je l’ai été. Pendant plusieurs siècles, j’habitais le monde des morts, attendant que tu viennes me rejoindre, mon autre moi. Mais le maître n’avait pas l’intention de me laisser au repos; une demi-âme n’a pas sa place dans le monde des morts. À la place, il m’a donné un corps, puis lorsque ta femme a été tuée, il a lié mon âme à la sienne au moment de la ramener dans le monde des vivants. Ne te fais pas d’illusions; me battre avec toi ne m’offre aucun plaisir, mais j’ai des ordres, et je ne suis pas toi; je ne tiens pas à retourner dans le monde des morts. Tu n’as pas idée de ce que j’y ai vécu. De ce que NOUS y vivions. Althenos m’a promis de me laisser vivre plus longtemps si je servais bien ses desseins, et un Dieu ne trahit jamais sa parole. »

L’autre homme en chasseur de monstre sembla sur le point d’attaquer le Roi quand le Chevalier se redressa, poussant le Roi et assénant un coup de poing dans le visage de l’autre.

« Non! On ne doit pas l’endommager! Ton épée risquerait de le purifier! Nous avons besoin de ses ténèbres pour satisfaire notre plan! Range-moi ça, espèce d’inconscient! »

Surpris pas le coup, l’homme recula en se tenant le nez. Il ne semblait pas prêt de se battre contre le Chevalier, et celui-ci n’allait pas étirer ce combat plus longtemps, Il ne faisait pas confiance au chasseur, mais celui-ci serait prêt à presque n’importe quoi pour la somme qui lui avait été promise, ainsi que son autre… récompense, le Chevalier le savait.

« Kyrian! Lâcha Sérénité en reposant son regard sur la belle Shunya, s’adressant au Chevalier. Nous partons. Nous n’avons plus rien à faire ici, et beaucoup à préparer.
« Oui, ma Reine, obtempéra le géant en agrippant son casque. »

Pour la première fois, le Chevalier fit appel à la magie et reforma son casque avant de le remettre sur sa tête et de s’approcher de la Sorcière.

Kaguya Shunya

E.S.P.er

Re : La Peste [Partie 1] [Shizuka]

Réponse 35 samedi 23 novembre 2013, 02:17:44

Shizuka ne pouvait pas croire que c’était cette femme qui avait déclenché ce festival sinistre de morts et de pestiférés. Elle était si belle, si forte... Comment une telle femme aurait pu faire une telle chose ? Shizuka se blottissait confortablement contre elle, tandis que, dans sa tête, un scénario trompeur était en train de s’instaurer. Un mensonge issu de la vérité, qui commençait peu à peu à s’imprimer dans la tête de la guérisseuse d’Edoras. Fedic était une ville ashnardienne reculée, et cet endroit qu’elle avait vu était tout simplement un laboratoire de recherches magique sur les maladies infectieuses et les pandémies mortelles. Josselin avait tellement recherché des fantômes, couru après des « ennemis » invisibles, qu’il avait vu dans ce fort isolé, pour des raisons de sécurité publique, une menace potentielle. Ce faisant, il s’y était infiltré, et avait contracté une maladie qui avait incubé en lui, avant de se réveiller sur le bateau le ramenant à Meisa. Que personne n’ait pu empêcher la pandémie de se répandre illustrait, selon cette version, l’incompétence du Roi. Il était l’un des principaux responsables de ce désastre, et, plus les idées pénétraient l’esprit de Shizuka, plus elles se développaient. Et si le Roi n’avait pas, de lui-même, volontairement cherché à laisser la peste s’échapper ? N’avait-il pas repoussé l’Ordre ? Ne l’avait-il pas chassé hors de ses terres ? N’avait-il pas une autorité vacillante, du fait qu’il avait du essuyer un coup d’État jadis ? Tout semblait tellement limpide que Shizuka n’arrivait pas à s’opposer à cette vision, vision d’autant plus persuasive qu’elle baignait dans l’aura magique de la Sorcière Grise, cette femme si rassurante qui lui promettait de se débarrasser de ses cauchemars.

*Vois-le, lui disait-elle. Il a participé à cette tragédie afin que le peuple se rapproche de lui, afin que les survivants puissent le suivre, le rejoindre, et que son autorité sur Meisa soit inébranlable. Ce n’est rien de plus qu’un tyran, comme tu l’as appris à l’académie. Ceux qui détiennent le pouvoir en veulent toujours plus, c’est un phénomène psychologique qui est accentué chez les hommes, afin de les aider à compenser leur sentiment de frustration naturelle résultant du fait que, ne pouvant enfanter, porter la vie, ils sont intrinsèquement inférieurs aux femmes.*

Sans partager le sexisme rigoureux des Tekhanes, Edoras avait toujours été un État pro-tekhan, où les théories masculines trouvaient un terreau d’accueil... Terrain qui n’avait fait que se confirmer après la tentative de putsch mené par le frère de la Princesse, Shin. Du point de vue des Tekhanes, les mâles étaient fondamentalement inférieurs aux femmes, car ils ne portaient pas la vie. C’était une sorte de retour aux sources primaires, car, dans les sociétés les plus primitives, la femme était effectivement le sexe fort, alors que, dans la plupart des sociétés terranes, l’homme avait une place plus marquée que la femme. Plus concrètement, il en résultait une méfiance naturelle à l’égard des mâles, chez les Tekhanes. Naturellement enclins à la faiblesse, ils ne méritaient pas de recevoir des postes à responsabilité, que ce soit en politique, ou dans les hautes administrations publiques. Que Kah’mui soit en soi un tyran n’était donc pas totalement impossible, et c’était en exploitant ce préjugé que la Sorcière Grise, tout en jouant sur la terreur que Shizuka ressentait, et le sentiment de réconfort qu’elle éprouvait avec elle

Quand Kah’mui lui promit qu’il allait la retrouver, Shizuka éprouva de la peur.

*Peux-tu croire un homme qui a été incapable de protéger sa propre famille ? Les mâles ne sont jamais dignes de confiance, Shizuka... Sauf quand ils sont soumis à l’autorité des femmes.*

Le Roi n’était visiblement pas en état de se battre, et la Sorcière Grise disparut avec ses hommes, le laissant seul dans la crypte. Elle n’eut pas un regard pour cet homme, qui, pour elle, appartenait visiblement au passé.



Wallin, quant à lui, gisait sur le sol de la crypte. C’était comme si un ouragan avait dévasté cette dernière, renversant tout, détruisant le mobilier, provoquant des fissures sur le sol. Il y avait des projections d’hémoglobine sur les murs et des traînées écarlates sur le sol, formant des lignes sinistres menant jusqu’à un corps écrasé contre le mur. Avec un poumon perforé, de nombreux hématomes, et les deux jambes brisées, Wallin était doucement en train de mourir. Sa vision devenait floue, sa respiration était lourde, saccadée. Il n’avait rien pu faire. Les agresseurs étaient partis.

Alors que son esprit était en train de dériver, il porta ses yeux vers les tâches de sang s’épaississant sous son corps, et observa le mur à sa gauche. Sa respiration précipitée s’alourdissait progressivement, et il tendit sa main vers le sang sur le sol, et essaya de former un message à côté de lui. Le message était incomplet, mal écrit, haché, et il ne put le terminer, mais on en discernait l’essentiel :

O-NLPR-E



Lentement, le soleil se levait sur la vallée, éclairant cette dernière de mille couleurs. Un spectacle toujours grandiose, que Shizuka observait, du haut de la colline, le vent faisant légèrement remuer ses cheveux.

« Tu peux retourner à Edoras, tu sais... »

Shizuka baissa la tête, évaluant le pour et le contre. Elle regarda ensuite la femme. La Sorcière Grise, qui préférait qu’on l’appelle Kayla, se tenait à côté d’elle.

« Mais... Je ne sais pas... Pensez-vous vraiment qu’Edoras est en danger ? »

Kayla ne dit rien pendant quelques secondes, tandis que le soleil continuait à lentement se lever. La femme tendit sa main, et caressa à nouveau, furtivement, la joue de sa partenaire.

« C’est une certitude... Et, à ton niveau, tu peux contribuer à empêcher cela. Tu possèdes en toi un grand pouvoir, Shizuka, une force qui, bien utilisée, peut ouvrir de grandes possibilités. Les Edorassiennes ne l’ont probablement pas remarqué, ou elles ne l’ont jamais vraiment compris, mais ta capacité à utiliser la magie blanche est formidable... Un tel niveau, à un âge aussi jeune, n’est pas offert à tout le monde... »

C’était exactement ce qu’elle avait envie d’entendre. Émanant de la bouche d’autres personnes, elle n’y aurait pas cru, elle aurait vu ça comme de la condescendance, mais, venant des lèvres de cette femme, tout avait l’air tellement vrai. Si sa nation était en danger, alors le mieux qu’elle puisse faire était de contribuer à l’aider. Shizuka devait bien ça à Edoras. Elle ne pouvait pas aller se réfugier en sachant qu’une situation cauchemardesque était en train de se dérouler. C’est donc, sans aucune surprise pour Kayla, qui savait déjà quel choix sa protégée prendrait, que Shizuka entreprit de le suivre.

DC d’Alice Korvander.

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