« Est-ce que tu es sûr qu’il est mort?
- Mais oui, j’te dis! Il ne bouge plus, et il ne respire plus. Il est mort, casqué, kaput.
- Vous allez être vachement déçus. »
Les hommes se retournèrent aussi vite que possible, mais les pieds du Roi jaillissaient déjà du chariot, hors de la paille, pour les frapper au visage avec force, envoyant les deux hommes heurter un mur de la ruelle de plein fouet, pendant que l’Immortel se redressait, les cheveux couverts de foin. Une charrette. Ces hommes n’avaient vraiment aucun sens de l’étiquette, ni aucun respect pour son rang. Un otage politique était davantage choyé, et il était le premier à le savoir. Avant que ses ravisseurs ne reprennent leurs esprits suite au choc, il s’éjecta de la charrette et frappa le premier de sa botte en plein visage, lui fracturant le nez sous son poids, avant de se tourner vers le second. Il ignorait qui étaient ces hommes, mais il n’allait pas tarder à le savoir. L’homme s’était emparé d’une dague cachée sous ses vêtements et il s’était redressé, en garde, faisant face au Roi, prêt au combat. Serenos chercha immédiatement Ehredna à sa taille, mais il ne tâta que le vide. Son arme n’était plus là! Il leva les yeux vers l’homme, une colère incommensurable provoquant des tremblements incontrôlables à son corps.
« Où est-elle? Qu’avez-vous fait de mon épée? » Rugit le Roi de Meisa, fou de rage.
Les Hommes Sans-Visages étaient des meurtriers, des assassins aux talents redoutables, des criminels, au bas mot, mais ils ne révélaient jamais le contenu de leur mission, et leur silence faisait d’eux les meilleurs adeptes de la diplomatie du poignard. L’assassin porta le premier coup, un mouvement latéral, mais Serenos avait l’habitude des combats rapprochés, et d’un pas en diagonale et d’une rotation du torse, il esquiva la dague, sautant vers l’arrière juste à temps pour éviter le coup de pied que son adversaire lui décocha, enchainant immédiatement avec deux coups dans les flancs de ses poings, reculant à nouveau. Serenos pratiquait depuis des années un style de combat réservé à la famille royale pour pouvoir se défendre contre les assassins et les menaces nocturnes, et il avait eu le meilleur des professeurs à cet art; Liam lui-même. Le style de combat alliait des mouvements vifs et des coups tout aussi fulgurants. Il ne nécessitait pas d’être fort, juste de la précision et un bon pouvoir d’impact. Avec les deux coups dans les flancs, il avait enfoncé les phalanges de ses majeurs dans les côtes de l’homme, et il devait déjà ressentir une douleur croissante. Mais ce n’était pas suffisant pour vaincre un assassin expérimenté, ils étaient accoutumés à des traitements beaucoup plus rude, donc, l’Homme Sans-Visage reprit son assaut, beaucoup plus rapidement, décidé à rectifier son erreur de tantôt. Les mouvements de Serenos étaient agiles, et ses mains, ouvertes, lui servaient à dévier les coups.
Les paumes pour se défendre, les poings pour frapper. Joue des pieds le plus que tu le peux, mais ne te laisse jamais gagner par les mouvements de l’adversaire, ou il contrôlera le combat, et tu seras blessé. Les leçons de Liam avaient été profondément gravées dans la mémoire de Serenos, et sachant qu’une défense ne mettrait pas fin à ce duel, il décida de contre-attaquer, cette fois en enchainant des coups de poings et les parades, agrippant finalement le bras de son rival.
Une fois que tu le tiens bien, frappe, et frappe le plus fort que tu peux sur ta cible. Et le Roi de Meisa savait exactement où frapper; les côtes déjà fragilisés de l’Homme. En un puissant coup de genoux, il frappa le flanc de son assaillant, et un son de craquement sourd se fit entendre alors que trois côtes cédaient sous l’impact. L’homme hurla de douleur, tombant sur ses genoux pour tenir son flanc douloureux à deux mains, abandonnant son arme.
Il savait qu’un questionnement en règle ne suffirait pas à lui arracher la vérité. Il aurait pu le torturer, mais cela lui ferait perdre de précieuses minutes, qui risquaient de lui faire perdre à tout jamais la trace de son arme adorée. Ehredna était plus qu’une épée à ses yeux, c’était son amie, sa protectrice, et la seule entité sur laquelle il savait qu’il pouvait faire à jamais confiance, mais elle était également très dangereuse pour un humain sans entrainement et sans protection; les sortilèges dont elle était investie, à la fois très anciens et très dangereux, corrompait l’esprit de son porteur, et celui-ci devenait fou, car l’esprit des Ashanshi était si complexe qu’il rendait ceux qui étaient dénués de la moindre goutte de leur sang complètement fou en une question de quelques jours. Il n’avait donc pas le temps de tergiverser, il lui fallait des réponses, et immédiatement. Il agrippa donc l’homme par le col , le soulevant de terre avant de le plaquer contre le mur et de plonger son regard dans le sien.
« Révèle-moi tout ce que tu sais. »
Les pupilles de l’assassin se dilatèrent alors que les iris du Roi de Meisa se mettaient à briller d’une couleur dorée. Les bras lui tombèrent le long du corps, sa bouche s’ouvrant de terreur, alors que l’esprit du Roi, implacable et aussi lacérant que le fil d’une épée, pourfendait le sien. Serenos n’était pas un maître dans l’art de pénétrer la conscience d’autrui, mais ses bases lui suffisaient amplement pour extraire ce qu’il voulait savoir des meilleurs maîtres de l’esprit, et même les Hommes Sans-Visages, qui possédaient une résistance remarquable aux invasions mentales, ne pouvaient rien contre lui en ce domaine. Il farfouilla l’esprit de son ennemi, et chercha dans sa mémoire les plus récentes informations en ce qui concernait son épée. C’est alors qu’il vit se dessiner un homme, qu’il ne connaissait pas, qui s’était affublé de son manteau. Il le vit se faire remettre Ehredna.
«
Tout est fin prêt. Je ferai le nécessaire pour que l’argent soit remis à vos supérieurs. Valar Morgulis.
- Valar Dohaeris, répondit simplement l’homme.
- Ce soir, la Reine mourra, et Serenos sera vu comme le plus grand traître que ce monde n’eut jamais connu, et les obstacles aux desseins de mes maîtres auront enfin disparus. Va, mon Assassin, et je te couvrirai d’or à ton tour. »
Alors que la vision s’estompait, un ultime effort de la part de Serenos lui permit de voir le visage de l’Homme changer, pour prendre une nouvelle forme. Celle d’un jeune homme, les cheveux en bataille, deux yeux bleus roi, et un sourire qu’il ne reconnaissait que trop bien; c’était son visage!
« Les fourbes…! »
Serenos agrippa la lame de l’Assassin et la plongea le plus profondément possible dans ses côtes, traversant jusqu’à son cœur, et bloquant le cran de la lame contre une côte, empêchant l’homme de s’en défaire sans mourir immédiatement. Malgré son pouvoir affaibli en dehors de Meisa, il lui restait encore quelques ressources pour récupérer ses forces, et autant avait-il une profonde aversion pour la nécromancie, la situation ne se prêtait pas au doute. Il agrippa les cheveux de l’homme et le força à basculer la tête vers le côté. Il ouvrit alors grand la bouche et de ses dents, il arracha un généreux morceau de chair à sa gorge, faisant couler le sang à flot. Sans plus d’égard pour la douleur abominable que son ennemi devait ressentir, il recracha la chair avant de fondre sur l’ouverture et d’en aspirer le liquide, récitant dans sa tête les sortilèges de drainage qu’il avait appris de son oncle Owen, bien des années auparavant. Alors qu’il s’abreuvait du sang de son ennemi, il pouvait sentir dans son corps une force nouvelle, presque rajeunissante, qui anima à nouveau ses sens et son corps. Ce n’était pas autant que ce qu’il aurait pu tirer d’Eglendal, mais c’était déjà un début. Il se tourna alors vers Nexus, qui était déjà plutôt loin. Même à cheval, il en aurait pour des heures à atteindre le palais.
« Elena… ELENA! »
Motivé par l’urgence et horrifié par la possibilité que quelqu’un puisse faire du mal à la fille de ses meilleurs amis, le Roi de Meisa se mit à toute vitesse en direction du Palais Royal de Nexus, propulsant son corps à l’aide de son contrôle sur le vent pour accélérer sa course.
***
Alessa agrippa solidement son amant alors qu’il la pénétrait, serrant les dents alors que son corps était parcouru d’un frissonnement de pur délice. C’était presque exactement comme elle l’avait imaginé, à la différence qu’elle aurait peut-être apprécié encore quelques moments de caresses avant qu’il ne la prenne ainsi, mais elle n’en laissa rien paraitre, profitant simplement du plaisir que son amant lui accordait. Elle sentait sa verge entrer en elle, les veines chargées de sang si gonflées qu’elle pouvait les sentir se presser contre les parois de son intimité. Ses bras retombèrent alors sur les draps, qu’elle agrippa solidement alors que son regard cherchait à nouveau celui de son compagnon. Elle se mordit légèrement les lèvres, puis elle enroula délicatement ses jambes aux hanches de l’homme avant de relever doucement le bassin, faisant entrer le sexe plus profondément encore. Aguicheuse mais sincèrement affectée par les sensations qui saisissaient son corps, la belle guerrière lâcha un petit gémissement en réponse au plaisir que lui procurait le membre de son partenaire en elle. Mais elle ne comptait pas s’arrêter là. Tout en continuant de s’agripper aux draps, elle se mit à attirer l’homme contre elle pour ensuite le repousser de son bassin, faisant lentement coulisser le membre de l’homme en elle, mais le missionnaire était une position si ennuyeuse qu’elle décida de passer à quelque chose d’un peu plus excitant. Usant de sa souplesse, elle recourba une jambe et du bout des orteils, elle caressa le ventre de son amant, remontant lentement vers son torse, ses pectoraux pour enfin poser sa jambe contre son épaule, un sourire coquin sur les lèvres, tout en resserrant sa jambe contre sa taille.
Alessa n’était pas nécessairement une experte dans le domaine du sexe ou même de l’amour. Elle était normalement une femme chaste, et ce pour plusieurs raisons. La première, et la plus évidente, c’était qu’elle ne voulait pas prendre sur elle la responsabilité du bonheur de quelqu’un d’autre, et puisqu’elle était constamment occupée, elle n’aurait jamais de temps à consacrer à une relation. Ensuite, le sexe était comme une drogue, et penser aux étreintes étaient une distraction, ce qu’elle se refusait à avoir. Et la troisième… tout simplement, elle avait des critères assez élevés en matière d’hommes, et elle était très difficile à impressionner. Toute inexpérimentée qu’elle pouvait être, elle avait néanmoins entendu beaucoup d’histoires par ses sœurs d’armes, et appliquer la théorie à la pratique n’était pas aussi difficile que certains pouvaient le penser, du moins par rapport au sexe. Elle pressa avec envie son corps contre celui de Langley, avant d’étirer le cou et l’embrasser avec fougue.
« Je n’ai pas besoin de romantisme… fais-moi l’amour, Ronald… »
Une demande toute simple, qu’elle lui faisait-là.