« M’envoyer traquer un sauvage... Père me déteste, c’est un fait...
- D’après les villageois, le feu du Diable brûle dans ses yeux !
- Tes villageois sont des chieurs doublés de crevards de merde. Ils ne seraient pas foutus de différencier le cul d’une nonne de celle d’une vieille mère fripée si on leur foutait sous le nez ! »
Le chevalier et l’écuyer avançaient le long de la rue principale ce de pauvre village reculé. Une mégère était en train de passer son ligne dehors, et le ciel gris semblait annoncer la tempête. Ce matin, le suzerain local, le seigneur Gilbert de Grossenoir, avait reçu une plainte émanant d’un de ses vassaux, le responsable de ce village, Vertaley. L’homme avait expliqué qu’un sauvage armé d’une hache, et avec des yeux démoniaques, avait attaqué la ferme d’Olaf, et tué plusieurs bûcherons envoyés pour l’éliminer. O9n avait retrouvé leurs cadavres devant sa grotte, et l’homme avait exigé une intervention immédiate. Las, Gilbert avait envoyé l’un de ses fils, Ralph, le chasser. Ralph n’était toutefois pas un très bon chevalier, car il ne respectait pas vraiment les codes de la chevalerie.
Ralph était en effet persuadé que son père savait qu’il s’était farci, et à plusieurs reprises, les nonnes du couvent. Ce n’est pas de sa faute si les bonnes sœurs l’excitaient, ces foutues salopes qui baisaient entre elles en se faisant passer pour de jeunes femmes vertueuses... Comme si on envoyait une femme chaste dans un couvent. Le seul à être au courant était son écuyer, Phil, et il était persuadé que Phil l’avait trahi auprès de son père. Les nonnes ne pouvaient rien dire, et Gilbert était déjà au courant des penchants sexuels de son fils. A chaque campagne militaire, dès qu’il en avait l’occasion, il accomplissait des viols, et se révélait également assez brutal envers les femmes. Lui trouver un mariage risquait d’être difficile, car sa triste réputation n’incitait guère les nobles à le vouloir.
« Regarde-moi ce boudin avec son gros cul... Cette espèce de grosse vache toute fripée...
- Vous ne devriez pas parler ainsi des sujets de votre...
- Les sujets de mon père sont des abrutis ignares qui passent leur temps à boire. Je m’intéresse à la seule chose qui soit un tant soit peu intéressante chez eux. Et ne va pas te tromper. Ces putes font leur mijaurée, mais, dans le fond, elles adorant sentir la verge chaude et élancée d’un seigneur dans leurs cons. Ça les change de leurs maris faiblards. »
Phil n’ajouta rien, et Ralph arrêta son cheval près du seigneur du village, lui demandant où se trouve la grotte.
« Vous... Vous n’êtes que deux ? J’avais demandé toute une compagnie ! »
Ralph éclata de rire.
« Toute une compagnie ?! Contre un vulgaire sauvage ?
- Ce n’est pas un...
- La ferme, le drôle ! Où est cette grotte ? »
Tremblant, l’homme finit par indiquer la localisation, et les deux chevaliers s’élancèrent rapidement, traversant une petite forêt pour arriver près de la tanière. L’odeur de sang et de putréfaction les attira bientôt.
« Nous aurions du demander à cette femme de nous accompagner...
- Celle aux cheveux rouges ?
- Elle a terrassé les noyeurs dans les égouts royaux ! Votre père en a été dûment impressionné.
- Il n’y a pas grand miracle à terrasser de ridicules noyeurs. »
Cette femme était une chasseuse de monstres, qui était venue au château il y a plusieurs jours, afin de demander un emploi. Gilbert s’étonnait de voir une femme faire un travail d’homme, et elle avait défié l’un des chevaliers de Père, le mettant à terre. Impressionné, Gilbert lui avait demandé de nettoyer les égouts. Elle s’était enfoncée dans la pourriture, et avait terrassé les bêtes. Gilbert lui avait demandé de rester au château, afin de chasser d’autres monstres. Les deux chevaliers s’arrêtèrent devant la grotte.
« Va à l’intérieur, et chasse-le.
- Euh... Vous êtes sûr que… ?
- Dépêche-toi ! »
Phil déglutit lentement, mais obtempéra. Il ne pouvait pas aller contre un ordre de son maître, et sauta à terre. L’homme attrapa son épée, et s’avança prudemment vers la tanière. Ralph, de son côté, avait un léger sourire. Il espérait que le pouilleux à l’intérieur affaiblirait au moins son écuyer, de manière à ce qu’il puisse ensuite l’achever. On ne pouvait pas faire confiance envers un écuyer qui avait été désigné pour vous espionner. C’était aussi simple que ça.