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État Crépusculaire [Amaluna Ékastra]

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Hypocras

Créature

État Crépusculaire [Amaluna Ékastra]

jeudi 27 septembre 2012, 15:06:42

L'air était vif, humide, froid, envahi de cette pétulance sourde et sournoise qui signale un redoux de printemps poussif et laborieux suivant les rigueurs hivernales : se déparant de sa lourde cape glacée et gluante, la nature paraît s'étirer et bâiller avec une lenteur chthonienne, grondant immémorialement et muettement d'un son situé à une telle échelle que se simples oreilles mortelles ne peuvent l'ouïr. Il se fait toutefois sentir dans l'atmosphère comme un appel primal qui tonne sans bruit à travers les oreilles de chaque être vivant, pareil au claquements dans le vent d'un grand oriflamme battant le rappel de troupes colossales. Alors, inconsciemment, il naît dans tous les esprits un instinct de renaissance, de réveil, appelant chacun à mêmement se secouer de sa torpeur et à rappeler à lui toute la vivacité qui sied aux beaux jours à venir.

Ces instants incomparables, morceaux choisis dans la grande gamme sans cesse renouvelée des jours de l'année, se prêtent à la rêverie, aux contemplations, aux promenades solitaires, que l'on exécute d'un pas sans hâte et qui paraissent pouvoir se prolonger à l'infini, plongeant le badaud égaré dans des abysses cotonneux d'introspection dont seul le sort un rappel aux réalités de l'existence semblable à une main secouant l'épaule d'un dormeur béât. Le paysage, se nimbant de mystiques brumes glauques, voit ses détails s'estomper et ses contours s'évanouir, retirant à l'existence son caractère tranché d'objectivité et lui conférant un glamour propice aux rencontres fantastiques, une simple silhouette aperçue au sein d'un banc de bruine prenant alors un caractère de féerie venue du fond des âges.

De surcroît, le charme se voyait en l'occurrence renforcé par l'heure tardive : le soleil couché, sa sœur d'argent prenait son essor dans les cieux, et semblait se prêter avec complicité aux ensorcellements et aux enchantements là où son homologue d'or dardait un regard vigilant et intransigeant jetant paradoxalement une clarté froide et crue. Ainsi, sous le patronage céleste de la lune, le parc paraissait inviter au surnaturel, à l'irréaliste, à l'absurde, véritable décor de théâtre apte à faire perdre la raison et à plonger les âmes sensibles dans des océans de délectable délire, sans égards pour les lois de l'entendement ou de la vraisemblance.


Et sur cette scène, point ne jurait la silhouette un chouïa courtaude mais indubitablement altière qui arpentait ces étendues forestières habillées de magie, traçant sur son passage un sillon léger d'empreintes de bottes et ne laissant résonner qu'un léger son de froufrou diffus. Vêtu de cuirs et de fourrures aux tons brunâtres, il avait par moments presque l'air de se fondre dans la masse de verdure pas encore tout à fait verte, sa présence se marquant toutefois par les nuages de fumée parfumée que laissait échapper sa pipe, ses émanations aux senteurs de bergamote survolant la chapka du baroudeur pour aller se noyer dans les faîtes sylvestres. Vagabond sans but, baguenaudier sans bagage, promeneur sans propos, il allait de la démarche bondissante qui le caractérisait, plongé dans on ne pouvait savoir quels réflexions personnelles et voyant des choses que lui seul sans doute pouvait voir dans ce cadre transfiguré. Voyageur sans comptes à rendre, il allait simplement sans souci apprécier ces instants de tranquillité magistrale, durant lesquels son imagination ancestrale pouvait à loisir s'étendre et se relaxer, s'évanouir et s'ébattre au sein des ultimes traces de poudreuse en fusion sous les assauts incessants de la nouvelle saison.

Or donc, se décidant au bout d'un moment à observer une brève pause, il s'accouda nonchalamment au bras offert d'un chêne distordu, tapotant pensivement son outil à fumer dont s'échappèrent quelques giclées de cendre qui churent sans bruit. Levant la tête, redressant machinalement le bord de son chapeau, il laissa voir ses yeux couleur de bois qui se portèrent rêveusement vers les cieux zébrés de traînées nuageuses, perdu dans quelques réminiscences fugitives ou dans quelque prière muette, dont il ne sortit qu'en fermant les paupières d'un air fataliste, laissant échapper un soupir auquel il coupa vite court en calant de nouveau dans sa bouche la bouffarde brune. Il alla alors pour reprendre son chemin, lorsque soudainement son oreille se dressa, telle un chien entraîné en position d'arrêt, tendu vers un nouvel élément plus que digne d'attention.


Oui, au milieu de ce quasi-silence sylvain, il crut – non, put – entendre un mugissement plaintif, dont la note aiguë sinua à travers les ramages pour venir susurrer à son oreille, figeant l'espace d'un instant ses traits dans une expression de saisissement. Un instant seulement, car bien vite, les lèvres du plus que mélomane se relevèrent autour du tuyau de la pipe qui laissa échapper quelques enthousiastes panaches, tandis que son possesseur se mettait déjà et sans hésitation en route vers la source de ce son si inattendu en ces parages et en cette heure. L'intérêt piqué, aiguillonné, c'est comme suivant la trace d'un fil d'Ariane que, les sens aux aguets, il remonta la trace de cette mélodie indubitablement instrumentale, pénétré d'un mélange d'excitation et de curiosité.

Quoi, enfin, les rôles étaient-ils donc inversés ? Lui, qui était habituellement et à l'occasion le musicien nocturne et mystérieux, se voyait maintenant la proie d'enjôleurs élans venant vraisemblablement d'un violon, avivé présentement par la main d'un inconnu en quête d'un cadre propice à une impromptue représentation. Nullement pénétré d'inquiétude ou de crainte, le satyre laissait comme il en avait souvent coutume le désir de savoir et de voir prendre le dessus sur tout esprit de précaution cauteleux, s'avançant sans ciller, suivant le grincement couinant et virevoltant dont il percevait à présent la proximité, pouvant presque sentir les vibrations aériennes musicales se répercuter contre son corps.

Marchant, bondissant parfois, il progressa à travers branches, brisées et broussailles, jusqu'à ce qu'enfin, il parvînt à l'origine des sonorités qui ne cessaient de le titiller : quelques pas, un talus à contourner, et déjà il pouvait commencer à distinguer une silhouette, noyau des exhalaisons puissantes qui résonnaient dans ce grand amphithéâtre végétal.
Ah, les gars d'aujourd'hui ne savent plus faire la fête. Les Bacchanales d'avant, ça c'était le bon temps ! Maintenant, tout ça s'est perdu. Consternant.
Fiche de personnage

Amaluna Ékastra

Humain(e)

Re : État Crépusculaire [Amaluna Ékastra]

Réponse 1 mardi 09 octobre 2012, 02:42:20

( HRP : Je suis désolée pour le délais, j'était prise IRL )

Les feuilles tombaient avec l'automne, charriant dans leurs couleurs éclatantes la mélodie nocturne d'une musicienne solitaire. Au coeur d'un parc abandonné pour une courte durée se tenais, debout, fière et droite, l'enchanteresse qui, si belle sous le clair de lune, laissait échaper de son violon blanc des notes d'une précision chirugicales mais ô combien envoutantes. Les balançoires s'agitaient avec des grincements qui auraient fait fuir tout être sencé mais la musicienne n'avais rien de droit et de parfait. Dénudée de tout sens de réflexion profond, elle était perchée sur une structure de métal en un équilibre précaire, ses yeux fermés, laissant ses doigts virevoltés de la main gauche sur les cordes et ceux de la main droite faire glisser l'archet avec une vitesse acquise par l'expérience. On aurais pus croire que, s'abandonna à l'envoûtement de son propre violon, la muscienne aurais fermé ses yeux pour profiter des milles sensations nocturnes qu'apportait cette nuit chargée de silence. Car, malgré le délicieux vacarme, il semblait se fondre au silence si lourd et pesant du mois d'octobre. La beautée blanche fermais les yeux pour se soustraire à ses spectateurs imaginaires.

Lamies, gorgones, chimères, fantômes, morts-vivants, vampires et sorcières étaient au rendez-vous. Tous assis au sol ou dans les arbres qui tendaient violament leurs branches pour aggriper la longue robe blanche de la violoniste. Toutes ses illusions étaient étrangement calme car l'esprit qui leurs avaient donné la vie était spécialement concentrée sur son instrument, laissant tout ses sens à la merci de sa propre mélodie. La vue était bloquée à sa propre image jouant du violon dans un océan de ténèbres qui la maintenaient en place, l'odora était calmé non par l'odeur de pouriture qu'aurais pus dégager les cadavres animés mais par celle d'une tarte à la citrouille laissée sur le rebord d'une fenêtre. L'ouie était sous le charme du violon blanc comme les mains de sa propriétaire. Le toucher était trop occuper à princer, glisser et soutenir l'arme de cette symphonie nocturne qu'il ne pouvais sentir la peau de la fragile demoiselle se craqueler et se fendre avant de s'émétier dans l'air à grands morceaux, ne laissant qu'une carquasse animée. Le goûté était désorienter par l'afflu constant de sensations contradictoires qu'il n'avais pas le temps de créer des sensations éronnées.

Seule dans le noir comme un ange, la violoniste s'abandonnais à son art, ne remarquant pas spécialement le semi-homme semi-bouc qui venait de se joindre à la célébration, fessant doucement réagir tout les êtres dotés de gênes animals. Amaluna jeta un regard en coin de sa prunelle verte surnaturelle vibrant au rythme de sa musique au nouveau venu puis, avant que ce monstre ne l'attaque, le salua puis retourna à son abandon total à sa mélodie nocturne.

Hypocras

Créature

Re : État Crépusculaire [Amaluna Ékastra]

Réponse 2 mardi 09 octobre 2012, 17:03:00

(Comme on dit : Vieux motard que jamais !)


Apparition subite, manifestation soudaine, le musicien mystère parut se découper au sein des brumes automnales comme un personnage de théâtre paraît au lever d’un rideau, les minces panaches donnant l’impression de s’écarter avec une majesté cauteleuse pour révéler le grondeur de notes haut-perché, environné d’infrastructures de parcs qui revêtaient l’allure de ruineuses reliques sous le halo argenté nocturnal, peignant le paysage de tons grisonnants issus d’un autre monde. Le cadre en était si saisissant, si merveilleusement fantastique que le satyre, pourtant largement coutumier des mises en scène magistrales, se sentit parcouru d’un puissant frisson d’excitation et d’expectation mêlées, alors que son regard se portait quasi-irrésistiblement sur la pièce maîtresse, l’élément central, le point de fuite de ce tableau grandiose.

Blanc sur blanc, gris sur gris, argenté sur argenté, l’ambiance parait la clef de voûte de ce spectacle d’un nimbe spectral, apposant sur elle les atours d’une véritable âme en peine : la masse de cheveux décolorés, les humbles atours vestimentaires, le grain pâle de la peau ; tout contribuait à fournir une impression fantomatique presque effarante… Et c’était là sans compter les criaillements miaulants, crachants, gémissants qui cascadaient de la pièce de bois en proie à un archet acéré mû par les doigts frénétiques de l’irréelle jeune femme, et qui achevaient de faire de ce lieu un havre surréaliste, décadent, absurde, envahi de visions et de sonorités propres à faire vagabonder un esprit fragile ou inventif vers les affres insondables de la folie.


La folie, oui, voilà ce qui avait pris corps dans l’enveloppe charnelle de cette enfant dont un des yeux à la couleur de rayon vert se porta sur lui, le voyant sans le voir, captivant d’autant plus l’esthète séculaire qui voyait là une véritable personnification des délires bachiques les plus échevelés, plongeant dans les eaux de la démence et en rejaillissant pour éclabousser les spectateurs de gouttelettes au goût de cristal brûlant. Cette attitude d’abandon complet, cette gestuelle désarticulée, cette expressivité dénuée de bornes, lui-même en avait pu discerner l’essence chez Breton, chez Poe, chez Maupassant ; l’individu recevait là de plein fouet l’étreinte cruelle et passionnée de l’univers et, étouffant sous ses attentions écrasantes, râlait de tout son être dans des efforts inouïs pour exorciser cette fièvre ineffable.

Visionneur privilégié par le hasard de cette manifestation aux limites de l'onirique, le satyre s’approcha aussi crânement et audacieusement qu’à l’accoutumée, mettant dans ses pas et dans son aspect la même prudence bienveillante qui convient pour approcher un animal effarouché, ou pour se lancer à la poursuite d’un rêve que l’on craint de voir disparaître au moindre geste trop brusque. Désormais second occupant de la clairière aux belles horreurs qu’envahissaient à la lisière de la vue et de l’ouïe spectres, gobelins et rejetons inavouables, il se campa à tout juste deux mètres d’elle, frappé de plein fouet par les odeurs de chair humaine et de transpiration juvénile qu’elle dégageait, ébouriffé par la cavalcades de notes qu’elle ne cessait d’égrener et qui galopaient à travers lui en le frôlant fielleusement. Pénétré d’une impavidité née du panache, il ne fit montre ni d’effroi, ni de stupeur, ni d’ébahissement, dardant simplement sur elle l’éclat mat de ses prunelles envahies de merveilles et de malice pour l'en couver avec chaleur.


La tentation lui vint un bref instant de poser carrément une halte à la représentation discordante de la donzelle, ou de joindre aux piaillements de son violon le baryton de sa voix, mais le respect qu’il vouait aux artistes inspirés saisit bien vite l’épaule de son emportement d’une poigne ferme, lui commandant de se tenir tranquille et d’apprécier en silence. Par conséquent, la laissant là toute à ses expressions aiguës et grinçantes, il ne signala sa présence que muettement, mais non moins directement, la rappelant à la réalité du regard puissamment insistant que lançaient ses yeux, prenant ce faisant le temps de se baigner avec appréciation dans les hululements de l’instrument, pénétré d’un vif sentiment d’approbation intérieure. Il était bien curieux de savoir ce dont il retournait en ce qui concernait cette apparition nocturnale, fût-elle divinité, entité supérieure ou simple mortelle, mais sa conscience professionnelle en la matière lui interdisant de faire autre chose qu’attendre patiemment qu’elle voulût bien se tenir à sa disposition ; ainsi fit-il donc.

Toujours debout, le visage relevé pour contempler non sans envie le déhanchement à la fois lascif et torturé de la belle enténébrée alors qu’elle continuait de zébrer l’air de notes expressives, il se tint bien droit, à la fois pensif et captivé devant ce spectacle dont il avait l'heureuse exclusivité. Certes, le vieil Hypocras n’était une fois de plus pas sensible aux bons sentiments charnels que lui évoquait cette jolie demoiselle à l’apparence si peu commune qui suscitait sa curiosité et son désir, mais cela voudrait-il dire qu’il s’efforcerait d’amener cette tentation à sa concrétisation ? Ah, cela dépendrait ; pour l’heure, il était sage et posé, goûtant à pleins poumons ce strident ramage dont le chant lui vrillait délicieusement les oreilles, le visage rougi à la fois par la faible température ambiante et par l’enthousiasme, sa pipe saillant en coin de sa bouche déformée par un sourire sous cape.
« Modifié: jeudi 11 octobre 2012, 01:50:34 par Hypocras »
Ah, les gars d'aujourd'hui ne savent plus faire la fête. Les Bacchanales d'avant, ça c'était le bon temps ! Maintenant, tout ça s'est perdu. Consternant.
Fiche de personnage

Amaluna Ékastra

Humain(e)

Re : État Crépusculaire [Amaluna Ékastra]

Réponse 3 jeudi 11 octobre 2012, 00:07:15

Alors que l'anarchie de la mélodie s'adoucissait, la dame blanche percant la nuit de son cruel arme né de douceur et de sensualité pris une longue inspiration tremblante puis sa voie claire, cristaline, déchira la pièce improvisait qui prenait des airs de chanson interprétée il y a des millénaires, caché soigneusement par les anges qui auraient déposer les notes contre le corps noueu du violon et les paroles si déroutantes sur les lèvres fines et pâles de la musicienne nocturne.

Il me semble que c'était hier
Tu faisais partie de moi
Je me tenais droite
J'étais forte
Tes bras serrés autour de moi
Tout semblait si bien
Invincible comme si rien de mal pouvait arriver

Maintenant je ne peux pas respirer
Non, je ne peux pas dormir
J'arrive a peine à survivre

Alors que le refrain s'entâmait avec une rage éclatante, donna l'illusion que la frêle demoiselle était une de ses grandes maîtresses de la guerre sur qui on se tromper que trop souvent. La mélodie anarchique, rapide, précise comme le coup fatal d'une épée maniée par un maître des plus expérimenté dans la fleur de la jeunesse.

Me voilà
Une fois de plus
Je suis réduite en miettes
Je ne peux pas le nier
Je ne peux pas faire semblant
Je pensais que tu était le bon
Détruite à l'intérieur
Mais tu ne verra pas les larmes que je verse
Derrière ces yeux noisettes

La douceur revint avec une courte transition. Les paroles pognardaient Amaluna au coeur, comme un de ses poisons qui nous font brûler avec une lenteur cruelle. Son coeur était encore déchiré entre sa maladie qui, encore une fois, se tenais au loin lorsqu'elle la possédait. Elle l'envahissait en entier au même moment ou qu'elle était absente. Le départ de sa mère était impregné dans sa conscience. Et cet évènement n'était pas un tatou qui partais au lavage mais une marque au fer rouge, brûlant sa peau de satin de l'intérieur.

Je te disais tout
M'ouvrir et te laisser entrer
Tu me rendais heureuse pour la première fois dans ma vie
Maintenant ce qui me reste
C'est ce que je prétend être
Ensemble mais cassés à l'intérieur

Parce que je ne peux pas respirer
Non, je ne peux pas dormir
J'arrive a peine à survivre

Étrangement, les paroles pouraient laisser penser à un homme qui aurais trahis la violoniste solitaire mais elles évoquaient le départ, sans remord, sans regard en arrière d'une beautée gitanne qui avait déserté la maison pour vivre de musique alors que sa seule progéniture mourrais de la sienne. Leurs histoire, même à des milliers de kilomètres, leurs destins étaient opposés. Alors que la douceur de la mélodie s'effasait du parc, l'anarchie revint, comme la promesse d'une autre nuit après le jour, la promesse que, même sous le soleil de minuit, il existe bien pire que des pédophiles ou des voleurs; les âmes en quête de rédemption populaient en masse chaque ville. Mais, ce soir, pour le concert nocturne de la voix de l'ange solitaire accompagné de son violon qui menaçait de se fendre sous sa poigne ferme et colérique, tout les âmes en peines ou en quête de sensations, de colère, de passion, de compagnie peuplaient le parc. Le peuple fantômatique s'était rassemblé avec un invité en chair bien ferme qui pourtant ne détonnais pas parmis les créatures sorties des pires cauchemards des enfants et des adultes.

Me voilà
Une fois de plus
Je suis réduite en miettes
Je ne peux pas le nier
Je ne peux pas faire semblant
Je pensais que tu était le bon
Détruite à l'intérieur
Mais tu ne verra pas les larmes que je verse
Derrière ces yeux noisettes

Avale-moi et crache moi après ça
Pour te detester, je me deteste
Rien que te regarder, ça me tue aujourd'hui
Non, je ne pleure plus
A l'extérieur
Plus jamais

Me voilà
Une fois de plus
Je suis réduite en miettes
Je ne peux pas le nier
Je ne peux pas faire semblant
Je pensais que tu était le bon
Détruite à l'intérieur
Mais tu ne verra pas les larmes que je verse
Derrière ces yeux noisettes

Le violon émis une dernière plainte mélodieuse puis, comme fatigué, s'éteignit, sonnant l'heure de la tombée du rideau et de la fin de se spectacle qui se donnais dans se petit paradis urbain. La demoiselle était figée comme décidée à ne pas bouger, tremblant de tout ses membres comme si une main géante la serrait de toute ses forces. Sous ses yeux paniqués luisant dans la nuit, les fantômes qui s'étaient tenus à carreau rampaient vers elle, grimpant sur la structure et attrapant ses chevilles. La maîtresse de cette nuit si noire et si étanche d'automne se bornait à ne pas regarder ses enfants, prise d'un dégoût d'un niveau des plus haut. Ses sens s'affollaient soudainement. Puis, quelque chose de solide lui toucha le bras du bout des doigts. Ses yeux verts qui, écarquillés, fixaient le vide de leurs luminosité dérangeante, sa prunelle plus claire vibrant au rythme d'une musique constante que seule Amaluna entendais la mélodie se fixant avant l'autre, d'un vert presque passable après la surprise de son oeil si unique, sur la personne faite de chair et d'os et non de peurs et d'imaginaire qui l'avais toucher, fessant sursauter et frisonner la colone vertébrale de la musicienne.

L'adolescente ancra ses prunelles dans celles de l'homme. Non, ce n'était pas un homme. Peut importe ce que cette créature était, elle n'avais rien d'humain et pourtant, cela n'effreya aucunement Amaluna. Elle était surprise mais elle avait déjà inventer pire créature qui ferrais reculer même les plus braves. Elle recula doucement, fuyant discrètement le contact physique et chaud des doigts de l'être et alors qu'elle s'efforçait d'ignorer les fantômes de son esprits qui tentaient tant bien que mal de se frayer un chemin autour de la créature pour atteindre la demoiselle sans y arriver. La chose qui se tenais devant la musicienne effreyait ses chimères et les empêchaient de l'atteindre. La seule personne qui avaient fait fuir ses visions était Archie. Cet adolescent avait besoin de la toucher pour couper ses excès constant de folie mais la créature qui se tenais devant Amaluna avait une portée bien plus loin. Aucun contact physique requis, les monstres reculaient sur un rayon de cinq mètres. Mais ils étaient encore présents, cognant comme des dérangés sur la paroie invisible du demi-globe dans lequel Amaluna était enfermé avec l'étrangé. Était-il conscient de son pouvoir ? La blanche incarnation du soleil de minuit frisonna, la peau dénudée de ses bras se recouvrant de minuscules bosses. La nuit avait beau avoir ses atoux, elle ne tenais pas au chaud la nuit...

-Qu'êtes-vous ?

Hypocras

Créature

Re : État Crépusculaire [Amaluna Ékastra]

Réponse 4 jeudi 11 octobre 2012, 03:06:46

Attentif, vigilant et expert en matière de musique, Hypocras sentit la progression dans la représentation de la jeune âme-en-peine, celle-ci dévalant progressivement mais toujours aussi frénétiquement sur une pente qui se concrétiserait par le chant du cygne de la mélodie, celle-ci s'accompagnant pour l'heure de paroles auxquelles l'obligeant spectateur prêta une oreille aguerrie. Tout d'abord intrigué et se demandant si elle allait là encore une fois le prendre par surprise et aux tripes avec de nouvelles manifestations de génie dément, il fut plutôt déçu de n'entendre venir qu'une chanson qu'il jugea au fond assez classique, voire racoleuse. Ah, voilà qui n'était guère clément de la part du faune, mais c'est que le bougre tenait les arts en tous genres pour quelque chose de sacré et de très élevé, et avait développé au fil des années des goûts particulièrement difficiles en la matière. Par conséquent, ne se consacrant plus à la mise en scène de la gracieuse donzelle avec autant d'exclusivité que précédemment, il sortit sa pipe de sa bouche dans un dernier filet de fumée âcre et, extirpant un canif déjà légèrement usé d'une de ses poches, se disposa à consciencieusement la curer.

Oh, pour autant, que l'on aille pas croire que le gaillard s'était mis à ignorer dédaigneusement les prouesses qui s'offraient à ses sens, à la façon d'un bourgeois huppé et fat se détournant pompeusement d'un spectacle qu'il juge vaniteusement indigne de son attention. Non, simplement, le vieux vadrouilleur se faisait moins captif et plus pensif, et bien que son regard ne quittât pas la blanche enfant, ses pensées se consacraient en partie à autre chose, ruminant le diagnostic qu'il faisait à son égard. La demoiselle avait indubitablement beaucoup de talent brut, et d'ailleurs probablement trop pour le bien de son esprit apparemment fragile, sans compter que son joli corps qui mêlait incongrûment gracilité et voluptuosité ne semblait que demander à être exploré par des mains habiles et attentionnées. Toutefois, ce potentiel avait bien besoin d'être raffiné, poli, travaillé, pour quitter le stade de l'amateurisme et s'acheminer véritablement vers les plus hauts sommets de la beauté musicale, une main sûre étant en toute logique nécessaire pour conduire de telles capacités vers l'excellence. Était-ce donc qu'Hypocras avait dans l'idée de se proposer d'être un tel mentor ? A voir !


Pour l'heure, mugissant, couinant et hurlant, le violon allait vers ses derniers instants de parole, aussi superbe et pathétique que l'est le dernier envol d'un albatros blessé à mort, filant à la force de ses dernières énergies vers une fatalité indéniable qui n'en emplit pas moins le cœur de tout observateur d'une émotion poignante. Faisant comme écho à ces ultimes coups d'archet, le menu couteau qui raclait le brûle-gueule alla pour une chiquenaude finale, puis lame et tuyau de bois réintégrèrent tous deux leurs abris respectifs, tandis que leur propriétaire reportait dûment son attention sur l'artiste désormais comme stupéfiée par le silence qu'elle avait elle-même amené. Le satyre dut avouer qu'il en avait lui-même les oreilles qui bourdonnaient encore, suscitant une sensation de légère douleur sourde exquise, et en fut saisi d'un très bref instant de stupeur au terme duquel il jugea plus sage de ne pas se laisser aller au réflexe d'applaudir : l'attrayante petite ressemblait à ce point à une somnambule qu'un bruit aussi soudain aurait très bien pu la précipiter fort peu cérémonieusement à bas de son piédestal sur une maladresse malvenue.

Hallucinée, perdue et éperdue, elle regardait autour d'elle d'un air affolé, les angoisses qu'elle avait exprimées par le biais de son instrument semblant prendre corps dans ses prunelles et se rassembler pour la harceler, menaçant de la faire perdre pour de bon tous ses moyens. Les traits plissés en un masque de contrariété mâtiné d'un fond de sollicitude, le faune se dressa sur ses ergots et, en un rappel à la réalité aussi délicat qu'il pouvait lui offrir, exerça une pression vive mais définitive de ses doigts sur son avant-bras qu'il eut la surprise de sentir encore plus froid qu'il ne s'y serait attendu... l'escapade de la donzelle avait l'air de durer depuis un moment déjà.


En tout cas, son geste eut bien le résultat escompté, puisque dans un sursaut digne d'un animal effrayé, la jeunette fixa sur lui ses yeux dont la couleur semblable mais bien différente arracha un nouvel élan d'affection enthousiaste au vieux briscard, lequel lui envoya en réponse un sourire empli de bonhomie et de chaleur, espérant là la recadrer un peu. De fait, il attira bien son attention, et manifestement en bien, puisqu'elle parut se calmer un brin, mais étrangement, il eut l'air de provoquer davantage d'étonnement que de tranquillité, la jeune première noctambule ayant l'air de voir en lui bien plus que le brave gars quadragénaire dont il renvoyait pourtant tout bonnement l'image. Diable ! Ces iris aux teintes de trèfle et d'émeraude pouvaient-ils donc voir des choses aussi spéciales et uniques que l'étaient leurs teintes ? Voilà une possibilité qui ne manqua pas de prendre de court notre satyre nullement habitué à prévoir de telles éventualités, mais cela ne changea que fort peu son état d'esprit, le bougre ne laissant que très rarement la réflexion entraver l'action chez lui.

Il restait que, du fait de quelque capacité extrasensorielle ou, plus vraisemblablement, d'une imagination trop active à un degré probablement pathologique, le regard de l'enfant n'en cessa pas moins de se porter alentours sans se départir d'une lueur effrénée de panique alors qu'elle se racrapotait sans paraître savoir quoi faire. Il en était là de se demander s'il n'aurait pas été plus simple et évident de venir à elle, et ce malgré les risques de la plonger dans une crise de terreur que cela comportait, quand elle darda aussi soudainement que directement ses prunelles sur lui, ses traits reflétant toujours son effarement premier, celui-ci se teignant toutefois... d'admiration ? Parbleu, Hypocras était certes orgueilleux, mais toute vanité mise à part, elle semblait l'observer comme s'il avait été un faiseur de miracles venu d'une autre planète, et la question incongrue et pourtant fichtrement pertinente qu'elle formula ne fit qu'agrémenter cette impression. On aurait dit qu'elle l'avait comme percé à jour ; était-il donc temps de tomber le déguisement ?


Ah mais peste, quel déguisement y avait-il donc à tomber ? Le plus souvent, pour le faune, le fait qu'il fût chèvre-pied ne tenait que du détail, tant il l'avait depuis longtemps accepté et considéré comme une particularité ne méritant pas d'en faire tout un cirque... cela n'empêchant qu'il n'avait en définitive et en la circonstance aucune raison de le cacher. Cependant, toujours mutin et matois, l'homme-bouc ne répondit à l'interrogation qu'à la manière mystérieuse et provocante qu'il avait pour coutume d'arborer, se fendant d'un de ses sourires conquérants doublé d'un clin d’œil complice pour se prononcer sans ambages, ses paroles ponctuées de panaches de vapeur virevoltants :

« Un promeneur, un poète, mais surtout... » et son expression revêtit alors un sérieux qui se voulait aussi convainquant que possible pour achever avec une désarmante sincérité. « … un ami. »

Il avait un instant caressé la possibilité d'ajouter le sempiternel « qui vous veut du bien », mais, jugeant que la plaisanterie n'était pas vraiment au goût du jour, en resta là et, pour suite de ses démonstrations de bienveillance, défit dextrement les attaches qui maintenaient son manteau fermé, en écartant ensuite les pans pour révéler en-dessous un épais gilet de laine blanc. Arborant ainsi cet atour épais et pénétré de sa chaleur, il poursuivit sur le ton catégorique de ceux qui ne doutent de rien :

« Descendez donc et venez vous mettre là. Nous pourrons causer autant que vous le désirez, mais commencez par venir vous abriter. »

Il était pour le moins cavalier de suggérer une telle proximité, mais après tout, rien dans l'attitude, l'apparence ou les propos du satyre ne laissaient soupçonner cette perversité que l'imagerie populaire attribue pourtant si facilement aux adultes en vêtements amples. Bien sûr, il lui trottait toujours en tête des intentions pour le moins sensuelles à l'égard de la belle, mais ce n'était pas pour autant qu'il avait dans l'idée de se faire Grand Méchant Loup, se sentant tout simplement con de rester tranquillement emmitouflé dans ses confortables habits alors qu'elle se hérissait de chair de poule de son côté. Ah, la possibilité n'était évidemment pas exclue qu'elle pût s'effaroucher devant une telle proposition, mais Hypocras était ainsi : lorsqu'une ouverture se présentait, il n'était pas besoin de lui dire deux fois de profiter de l'occasion, et en l'occurrence, puisqu'elle semblait lui faire confiance, autant en tirer parti pour l'aider. Toujours d'allure aussi honnête qu'on pourrait souhaiter le paraître, le faune ne quitta pas les yeux ensorcelants de la demoiselle des neiges, les siens n'étant certes pas aussi uniques, mais possédant toutefois cette qualité si particulière qui recelait tout le tempérament flamboyant de leur possesseur, brillant d'un feu intérieur qu'il savait aisément captivant.
« Modifié: jeudi 11 octobre 2012, 21:53:36 par Hypocras »
Ah, les gars d'aujourd'hui ne savent plus faire la fête. Les Bacchanales d'avant, ça c'était le bon temps ! Maintenant, tout ça s'est perdu. Consternant.
Fiche de personnage

Amaluna Ékastra

Humain(e)

Re : État Crépusculaire [Amaluna Ékastra]

Réponse 5 jeudi 11 octobre 2012, 03:54:05

Amaluna descendit de son perchoir comme un oiseau domestiqué que l'on sortais de sa cage. Elle marchait comme si ses ballerines allaient se changer en braises ardentes sous ses pieds. Elle avait peur que des tentacules ne l'aggripent et ne l'amènent déjà dans sa tombe. Plus elle se rapprochait de l'homme qui clamait une amitiée sans défaillance pour une inconnue totale, plus son esprit envahis des milles et unes sensations dont aucun humain n'expérimentais à plein potentiel devenais un vide blanc. Non, pas totallement vide. Comme une renaissance. Il y avait de la vie, ce n'était qu'à l'artiste qui avançais vers un homme qu'elle venait à peine de rencontrer de créer cet espace vierge pour elle. Un espace si présent mais comme si personne n'y avais jamais mis les pieds. Aucune haine, aucune folie, aucune peur mais aussi aucune amitiée, aucun amour, aucune passion. Non, encore ici c'était faux. Un arc-en-ciel formais une mare et lorsque Amaluna se concentra sur cette mare, elle y entendis la mélodie anarchique et éfrénée qu'elle produisait lorsqu'elle s'abandonnais totalement. Une mélodie certe cahotique mais avec une certaine technique qui la rendais audible et endurable mais les paroles, bien que pures et racontant une vraie histoire, étaient dénudées de véritable passion. Puis, Amaluna pensa aux paroles qu'elle avais prononcer à Archie... En rangeant son violon et son archet dans l'étuit de cuir blanc qu'elle passa en bandouillère, la marcheuse qui, de ses petits pas, avançais inexorablement vers l'homme-bouc, cherchait dans sa brumeuse mémoire les paroles qu'elle avais prononcer à l'adolescent.

-C'est un bateau qui sombre dans l'océan des ombres où l'attendent déjà des milliers de mendiants, de fous et de putains, couteau entre les dents et seringue à la main. C'est le mauvais côté du rêve et du réel, un soleil barbelé sur qui le Diable veille

Comme une lytanie, les sourcis fronçés, Amaluna cherchait son esprit. Ces paroles-ci avaient une vie en soi. Un cresedo ci, un bémol là en passant par une clef de fa et un do dièse sur une portée imaginaire ajoutée à la pièce imaculée de son esprit. Lorsque la demoiselle leva son visage juvénille sur l'homme, elle y vit un roc, un pillier qui éloignerais les monstres. Un père, un frère, un oncle. Non, quelque chose de plus proche encore... Amaluna écarquilla soudainement les yeux, ancrant ses prunelles si uniques dans les flammes ardentes de l'homme mature. Était-ce comme cela qu'elle perderais ce qui lui reste de pureté ? Sacrifier sa virginité contre un esprit neuf ?

-C'est un chemin d'effroi où règne tous les vices qui nous mène tout droit au jardin des supplices. C'est l'horreur absolu qui conduit au néant où les anges sont nu et recouvert de sang

Amaluna se laissa aller contre l'homme, sa peau glaçée par son escapade nocturne tranquillement réchaufée par le corps ferme et chaud de l'homme qui devais avoir quarante ans mais dont l'âme devais être bien plus vielle. Amaluna chuchotais toujours son monologue de damnée puis, dans l'étreinte du satyre, leva son visage vers celui-ci, emplissant dans les phrases qu'elle allait prononcer une conviction à tout épreuve, passionnée.

-C'est un bateau qui sombre et sombre et sombrera dans l'océan des ombres où Dieu me tend les bras

Puis, Amaluna fourra son nez pointu dans le cou de l'homme, humant son parfum rustique qui transpirait la liberté, les bois et le musc discret mais présent de l'homme. La musicienne emplis son nez de cette odeur qui ne l'agressais en aucun cas mais enivrait ses sens. Puis, ses genoux se mirent à trembler puis, sans crier gare, cèdèrent sous la frêle artiste nocturne.

Hypocras

Créature

Re : État Crépusculaire [Amaluna Ékastra]

Réponse 6 jeudi 11 octobre 2012, 19:08:46

A la fois feu follet fugace, moineau sautillant et lutin agité, la demoiselle grimpa à bas de son perchoir en s'aidant comme elle le put de sa main libre, l'autre tenant toujours précautionneusement et archet et violon, manifestement ses seules possessions hormis les étoffes modestes dont elle était habillée et qui ne faisaient présentement pas grand-chose pour la préserver de l'atmosphère de fraîcheur si désagréablement pénétrante. Le vieux ménestrel le voyait bien, elle était toujours aux prises avec ses démons intérieurs, sa paire d'yeux si peu banale jaugeant les alentours d'un air qui mêlait de façon étrange défi, terreur et fascination, s'orientant de temps à autre vers lui en le regardant comme s'il avait été un feu de joie au milieu d'une toundra désolée. La comparaison était-elle d'ailleurs si exagérée ? Il le savait bien, lui, les veines gonflées de sang chaud alcoolisé, les joues mafflues et rubicondes comme un bon génie, les gestes altiers et flamboyants, il était l'ardeur, l'enthousiasme, la joie de vivre incarnés dans ce corps humanoïde, alors qu'elle, la peau pâle et hérissée, les prunelles grandes ouvertes sur un perpétuel inconnu aberrant, et l'attitude sans cesse en proie à une panique latente, elle était la crainte, l'égarement, le dénuement !

Papillon aux ailes blanches attiré par une flamme rougeoyante, ce fut à mouvements presque empreints d'une lenteur délibérée, d'un ralenti cinématographique, qu'elle posa délicatement son instrument dans son étui dont elle referma les attaches en deux « Clac » secs, avant de se diriger vers lui, lui qui avait attendu pendant ce temps avec une patience bienveillante, ses mains rafraîchies enfoncées dans les poches de son vêtement, commençant à sentir des picotements de froid sur la poitrine en dépit de l'épaisse couche de laine qui le protégeait. Le reste, alors, se déroula comme une véritable scène scénarisée, le parcours bref mais poignant qu'exécuta la jeune fille revêtant un air de monologue de théâtre avec une similarité si confondante que le silence ambiant aurait presque pu passer pour le mutisme respectueux de spectateurs.


A nouveaux ces paroles, dénuées de sens ordinaire mais que dont on retrouvait l'esprit chez les faiseurs de beaux mots tels que Baudelaire ou De Nerval, à la différence que ces célèbres personnages avaient su extraire la quintessence de leur imaginaire délirant pour construire les si mémorables poèmes qu'on leur connaît, tandis que le flocon de neige incarné en humain se voyait davantage esclave que maître envers ses pulsions. Perdue dans ses rêveries quasi-permanentes et sans cesse enténébrées, elle psalmodiait comme si cette énonciation lui avait été soufflée par quelque écrasante entité et qu'elle cherchait à les exorciser en les interprétant du mieux qu'elle pouvait... ce qui n'était encore une fois pas si loin de la réalité.

Lorsqu'elle se laissa aller contre lui, il y eut comme un battement, une pause, une halte dans le cours des secondes, puis la température basse de sa peau se propagea contre la sienne, rappelant au faune de promptement refermer contre elle les pans de son manteau, l'enveloppant dans un cocon de chaleur douillette alors qu'elle se lovait contre lui, semblant s'imprégner de sa personne, sans crainte apparente, mais avec une sorte d'agitation à peine contenue qui lui fit réaliser combien au fond elle était jeune, et combien à cet âge la sensibilité est à fleur de peau. Face à face, il vit cette fois de plein fouet l'ovale torturé de son visage et l'éclat tourmenté de ses iris, et sentit en lui la curiosité et les tentations libidineuses des premiers moments se transmuer pour devenir une sorte de dilection véritable, laquelle ne l'empêchait certes pas d'apprécier également la joliesse juvénile de son corps, mais le faisait aussi s'attacher à ce frêle concentré d'imagination désespérant de trouver un support stable.


Ce fut en cet instant comme un courant électrique qui se propagea dans son être et dont il connaissait la teneur... qu'on ne se méprenne pas, le vieux satyre avait depuis bien longtemps passé l'âge des coups de foudre, mais cela n'empêchait pas qu'il pût se prendre d'une affection aussi vive que sincère envers les gens qui avaient sa préférence. Ainsi, son sourire assuré se dissipa plus définitivement de son visage, mais ce ne fut que pour mieux donner à ses traits une expression d'affable complicité, les yeux posés sur ces lèvres minces et pâles qui égrenèrent leurs dernières prophéties d'une voix blanche avant que la mystique argentée ne se laissât aller contre son cou, lui-même posant des mains protectrices sur l'arrière de sa tête et son dos. Ce fut ainsi qu'il s'aperçut à quel point elle s'était mise à trembler, et ne dut à ce moment qu'à la vivacité de son esprit et à ses bons réflexes de ne pas la laisser s'écrouler, la cueillant pour ainsi dire au vol en plaquant vivement sa paume droite contre le creux de ses jambes, la gauche gardant sa position au niveau de ses omoplates.

« Holà ! »

Avec cette interjection d'inquiétude et de surprise mêlés, il la ramena en position horizontale avec un grognement, la demoiselle de plumes s'avérant encore plus légère qu'il ne l'aurait cru... ne se nourrissait-elle donc que de ses fantasmagories et de son inspiration ? La posture avait en tout cas une fois de plus quelque chose de réellement théâtral, et puisque son tour semblait être venu de prendre la parole, il fixa les frondaisons au-dessus de sa tête d'un air inspiré, puis déclama, comme en confrontation avec les horreurs et les ombres qui peuplaient l'univers de sa protégée :

« Baste ! Foin des noirceurs gibbeuses et léthéennes de nos spectres et de nos squelettes ! Au nord, vers les étendues céruléennes et majestueuses du firmament, attendent les grondements des tempêtes de lumière, la conflagration des espérances et la radiance des châteaux en Espagne ! »

Baissant à nouveau la tête vers elle, ce fut cette fois-ci lui qui rapprocha son visage du sien, alors qu'il la tenait lovée contre lui, bien dressé sur ses ergots et la maintenant à son contact pour la préserver du froid... et des autres choses. D'un ton aussi grave que le grondement du bronze chauffé à blanc plongé dans l'eau, il poursuivit :

« Les souillons d'un jour sont les héroïnes de toujours, et la glu fuligineuse des craintes laisse place au lustre de la grandeur. »

Achevant presque dans un murmure, il pressa ses lèvres contre elle, mais, ne voulant pas la brusquer ni risquer de la laisser se retrouver prise dans la contrainte, ce fut sur le front qu'il la baisa, la chaleur charnue de ses lèvres encore empreintes d'un reste d'odeur de bergamote rencontrant la fraîcheur lisse de sa peau.
« Modifié: jeudi 11 octobre 2012, 22:28:12 par Hypocras »
Ah, les gars d'aujourd'hui ne savent plus faire la fête. Les Bacchanales d'avant, ça c'était le bon temps ! Maintenant, tout ça s'est perdu. Consternant.
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