La demoiselle refusa son présent, mais pour autant, le paladin ne se sentait aucunement vexé. Loin de là même. Elle l'attira rapidement du côté des jongleurs. L'un d'entre eux montrait une grande habileté en jonglant avec plusieurs torches en même temps. Cecil admira la dextérité de l'artiste, en acquiesçant doucement à ce que disait la demoiselle. Elle avait été saltimbanque, autrefois ? Seuls les saltimbanques apprenaient à jongler ainsi, mais il fallait avouer, il n'en savait pas tellement sur ce monde. Donc cela pouvait bien être autre chose. Elle mima le fait de jongler en tirant la langue comme concentré sur des balles invisibles. Le paladin s'amusa du "spectacle" en riant doucement, alors que les autres personnes murmuraient l'impertinence de la jeune fille de se "moquer" ainsi du jongleur à côté duquel ils se trouvaient.
Soudain, une voix attira son attention. Sur le ring, un homme maigrichon l'invita à affronter le lutteur, un homme à forte carrure et apparemment ayant enchainé que des victoires jusqu'à présent. Il fit flamber la foule pour qu'il monte sur le ring et l'affronte. Gêné, il s'en alla refuser, lorsque la demoiselle dit timidement :
« C'est vrai que ça pourrait être amusant... »
Sur le coup, Cécil resta de marbre, avant de sourire en baissant les yeux. Il avait clairement peu de choix, il voulait faire plaisir à la demoiselle, après tout. Il se redressa et s'approcha du ring, en commençant à retirer son armure. Arrivé sur le ring, il posa ses pièces d'armure, avant de retirer le haut de sa tunique, dévoilant un torse musclé parfaitement lisse et clair. Face au lutteur, Cécil semblait être un nain et peu musclé, alors qu'il était déjà lui-même bien battis. L'homme maigrichon rappela les règles du combat qui, de toute manière, ne serait pas respecté. Cécil se mit en position de combat à main nue. En tant qu'ancien chef du corps armé de Baron, il avait une formation au combat sans armes.
Le combat débuta, le paladin fonça sur son adversaire, esquivant le coup qui lui était porté. Il passa à l'arrière de l'homme et l'attrapa aux hanches et tenta de le soulevé. Il avait estimé le poids de l'homme, et il aurait été largement capable de le soulever. Pourtant, il ne bougea pas d'un pouce. Comme s'il était attaché au sol. Il relâcha aussitôt et tenta de reculer, mais il reçut un revers de la main assez violent pour le projeter sur le côté. Il tomba dans les cordes, secoua sa tête pour reprendre ses esprits et se releva. Quelque chose clochait. Il fonça vers lui et se laissa glisser à ses pieds, frappant le tibia de toutes ses forces. Mais aucun mouvement, aucun signe de faiblesse. Au contraire, c'est Cécil qui avait alors mal au pied. Comment était-ce possible ?
Le lutteur l'attrapa et le souleva en l'air, avant de le poser sur ses épaules et tirer sur ses épaules et ses jambes, lui arrachant un cri de douleur, son dos en train d'être pulvérisé. Son esprit commença à partir, et il sentit le rire de Golbez plus présent que jamais. De manière soudaine, il tourna sur lui-même, glissant de l'emprise de son adversaire en retombant doucement au sol. Il se tenait le crâne, son esprit de plus en plus embrouillé. Le gros Hector fit mine de tomber en arrière, mais Cécil s'élança loin. Le lutteur se releva doucement, le sourire aux lèvres, en fixant le paladin qui l'observait, haletant de douleur, son dos le faisant souffrir. Non loin, le maigrichon continuait à provoquer les acclamations de la foule. Cécil fonça sur Hector, mais se prit son poing en pleine face. Tomba la tête en arrière, il s'évanouit. Le lutteur leva les poings en signe de victoire, alors que son acolyte comptait déjà.
« Un ! Deux ! Trois ! Qu... »
Cécil se relevait doucement, alors que l'acolyte ne comprenait pas. C'était la première fois que quelqu'un se relevait du coup porté par son partenaire qui, sous ses gants, portait des poids de fer, capable de pulvériser les os. Pourtant, Cécil ne portait aucune trace de sang ou de blessure sur le visage, à part quelques ecchymoses. Relevé, le paladin se craqua la nuque en souriant :
« Aller, Hector, on n'en a pas finis, toi et moi... »
Surpris, le lutteur se tourna vers son adversaire et s'élança. Cécil esquiva et attrapa son bras, avant de le passer dans le dos de ce dernier. Il frappa de tout ses forces dans les bottes en métal, la douleur parcourut son corps, mais il fit tomber le colosse vers l'avant. Tenant toujours le bras dans le dos, il maitrisait alors son adversaire qui criait de douleur et demandait grâce. Mais Cécil, pris par l'adrénaline et l'esprit maléfique, ne relâcha pas la pression, appuyant même davantage sous le regard horrifié des spectateurs qui hurlèrent lorsqu'un bruit sonore retentit depuis l'épaule de Hector qui hurla de douleur.
Le combat était fini. Cécil n'était pas satisfait du tout. Il tourna les talons alors que le présentateur accourait vers son ami pour lui demander ce qu'il avait. Cécil remit son armure, sans rien ajouter, avant de descendre. Les gens s'écartaient sur son passage, alors qu'il s'en retournait vers Maelie. Avait-elle apprécié le spectacle ? Et voyait elle l'aura sombre qui émanait discrètement de lui, imperceptible par les simples humains ? Pouvait-elle simplement voir dans ses yeux la créature maléfique qu'il était devenu après ce combat ?