Dehors, Félicia comptait se rendre au
K-Night, quand Aoki lui affirma qu’elle allait venir. Se tenant sur un toit, près de sa moto, la Chatte Noire s’arrêta, légèrement surprise. Avait-elle peur que Félicia ne cherche à draguer de jeunes minettes ? La Chatte Noire ne répondit pas sur le coup, et, pensant sans doute que cette idée lui était venue à l’esprit, Aoki décida de se justifier. Elle lui expliqua qu’elle estimait que deux paires de yeux étaient préférables, mais, pour Félicia, tout ça sonnait comme des excuses. Elle pensait plutôt que la vraie raison pour laquelle Aoki venait était qu’elle n’avait pas envie de se sentir seule. La Chatte Noire aurait pu rentrer chez elle pour se changer, mais elle avait peur de louper quelque chose ce soir, de manquer de temps.
«
D’accord, Aoki, dit-elle.
On se retrouve là-bas. »
La Chatte Noire rejoignit ensuite sa moto, et démarra. Le moteur vrombit, et elle fila le long des boulevards, ses cheveux blancs volant au vent. Elle n’était pas Spider-Man, elle ne pouvait pas balancer des filaments de toile pour se suspendre dans les airs, ni Superman. Elle ne volait pas dans les airs, se contentant de son petit bolide. Ayant bien du mal à respecter les limitations de vitesse en vigueur, elle filait à toute allure, slalomant entre les voitures, grillant les feux rouges, s’attirant parfois quelques klaxons furieux. Il ne lui fallut qu’une dizaine de minutes pour rejoindre le
K-Night. La boîte de nuit était le long d’un boulevard, avec d’autres boîtes de nuit à côté. Il y avait plusieurs parkings, et elle se gara dans un coin.
«
Sexy, la combi’ ! » lâcha un homme qui passait par là, en compagnie d’autres types.
Félicia se contenta de sourire, et partit dans une ruelle à l’arrière de la boîte de nuit, enjambant un grillage. Elle rejoignit assez facilement le toit, d’où elle se posa en observatrice. Ce n’était pas la Toussaint, mais l’un des quartiers les plus en vues de Seikusu. On pouvait parfois se croire à Tokyo. Il y avait des enseignes partout, dont des petits stands ambulants avec des vendeurs de nouilles, ou de sushis. On pouvait sûrement acheter aussi des
rāmens, mais Félicia doutait qu’il y ait des hot dogs. Observant la région autour d’elle, elle aperçut également, à plusieurs reprises, les mêmes voitures qui faisaient le tour du pâté de maisons. Les flics. Il y en avait sûrement également d’autres à l’intérieur de la discothèque. Elle profita de ce moment pour modifier un peu son oreillette, de manière à pouvoir capter les appels radios de la police. Travailler avec le S.H.I.E.L.D. lui permettait de pouvoir faire cela.
Ce faisant, la Chatte Noire chercha ensuite une entrée, et entendit alors Aoki lui parler, lui demandant de la retrouver aux toilettes.
«
D’accord, j’y serais » répliqua-t-elle rapidement.
Félicia Hardy s’avança le long du toit, et entra par un conduit de canalisation. Elle atterrit rapidement dans la boîte de nuit, entendant une musique endiablée.
Fuse des Hudson Mohawke résonnait dans la pièce. Ce n’était pas vraiment de la K-Pop, ce qui tranchait un peu avec l’enseigne, mais cette musique
underground semblait ravir les jeunes, qui se déhanchaient sur la piste de danse dans une ambiance électrique. Cette image rappelait à Félicia son passé, quand elle s’y rendait à l’époque du lycée, puis de l’université. Elle avait dansé toute la nuit dans des countrys clubs, des night-clubs, à écouter Chuck Berry, Bruce Springteen, Steppenwolf, les Gun’N’Roses... Même à cette époque, danser sur
Johnny B. Goode ou sur
Sultans of Swing vous classait dans la catégorie des gros ringards, les boîtes de nuit préférant généralement mettre Scooter, Masterboy, des morceaux bien plus électros, bien plus modernes.
La Chatte Noire sortit de ses pensées. Elle descendit depuis le conduit, atterrissant sur une mezzanine en hauteur, juste devant un homme qui dansait avec une jeune femme. Ils la regardèrent en clignant des yeux. Félicia les regarda, et leur sourit.
«
La laisse pas filer, elle est sexy ! -
Euh... Merci... » balbutia l’homme, médusé.
Il n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit que Félicia les planta là. Elle se rendit vers les toilettes, qui étaient plutôt grands, et se rendit dans ceux faits pour femmes. Une femme était dans une cabine, et Félicia se dissimula dans un coin, attendant qu’elles s’éloignent. Elle parlait à voix forte au téléphone :
«
Ouais, je l’ai eu il y a genre quinze minutes... Putain, ce qu’il est lourd ! Merde, je suis suffisamment grande pour pouvoir aller en boîte sans devoir l’inviter ! C’est pas de ma faute s’il s’est barré à Tokyo pour ses études ! ... Ouais, genre, y va faire le mec jaloux, t’sais ! Qu’est-ce que je dois dire, moi, hein, quand il traînait avec cette pétasse de Naomi ? »
Félicia haussa les yeux au ciel. La jeune fille se repoudrait le nez devant le miroir, avant de sortir, continuant à parler à toute allure. Voilà sans doute une chose qui ne lui avait pas manqué. Dans les toilettes, Félicia pouvait entendre la musique rugir. Elle s’approcha des lavabos, et ne tarda pas à entendre la porte s’ouvrir à nouveau. Elle eut un sourire en voyant Aoki. Cette dernière alla se blottir dans les bras de Félicia, qui lui caressa les cheveux. La revoir lui faisait toujours autant plaisir. Et elle constata qu’Aoki avait choisi quelques judicieux vêtements, comme son chemisier court avec le dos nu. Une petite trouvaille qu’elle aimait plutôt bien. Aoki avait également opté pour un pantalon noir qui moulait magnifiquement ses formes, ainsi que pour une veste noire sans manches, et un peu de maquillage.
«
Ha oui! Je t'ai emprunté cette petite chemise pour être sur de rentrée mais tu pourrais la resserrer un peu? Comme je suis un peu plus petite, la ficelle pend un peu... »
Félicia sourit.
«
Tu avais sérieusement peur qu’on te refoule à l’entrée ? » plaisanta-t-elle.
Aoki ôta sa veste, et se tourna face à Félicia, qui vit qu’elle avait coincé la ficelle sous son pantalon. Il était très tentant de venir caresser ses belles fesses, de les presser, de glisser ses doigts sous le pantalon pour les caresser. Aoki avait ôté son soutien-gorge, et elle se demandait si elle avait conservé sa culotte ou non.
«
En tout cas, mes vêtements te vont plutôt bien. Tu es d’une grande beauté ce soir. »
Ses mains vinrent s’attarder sur la ficelle, et elle fit des nœuds un peu plus serrés. Aoki et Félicia faisaient à peu près le même poids et la même taille, même si Félicia était légèrement plus imposante. Elle s’occupait de son dos quand la porte s’ouvrit, livrant passage à plusieurs filles qui gloussaient comme des poules.
«
T’as vu la tronche qu’il a tiré quand il a renversé de l’alcool sur son pantalon ?! »
Ce fut tout ce qu’elle capta. Les adolescentes se calmèrent, rougissant légèrement en voyant les deux femmes. Félicia tourna la tête, embrassant Aoki dans le cou.
«
Ça donnerait presque envie... »
Elle termina de nouer le lacet du chemisier d’Aoki, et la retourna. Félicia resta près d’elle, lui caressant tendrement les cotes, avant de l’embrasser sur les lèvres, ne pouvant se retenir. Elle la plaqua légèrement contre le rebord des lavabos, avant de cesser son baiser, un sourire sur les lèvres.
«
Miam... Je devrais peut-être te faire cadeau de ce chemisier... »
Cessant de plaisanter, elle relâcha Aoki, avant de croiser les bras.
«
J’ai l’intuition qu’il va se passer quelque chose ce soir. Comment vas-tu ? Tu te sens mieux ? »
Elle ne pouvait pas s’empêcher d’être inquiète pour elle. C’est qu’elle y tenait, après tout, à sa petite Aoki !