Apparemment, peu importait à Georg l'attachement qu'elle avait pour cette parure. Elle avait pourtant livré de bon gré son sac ! Elle avait même promis de faire ce qu'ils voulaient. D'ailleurs, à ce propos, elle aurait mieux fait de retenir sa langue. Elle frissonna en le sentant passer ses mains sur son visage. Elle regrettait déjà ses paroles. Mais heureusement pour elle, le chef agit à nouveau en sa faveur, stoppant son pitt-bull. Il écarta en même temps les autres, les envoyant éteindre le feu.
Mais ce n'était peut-être pas une bonne chose finalement. Parce qu'à peine étaient-ils partis, Stephen commença à laisser glisser sa main contre elle, la plaquant plus étroitement contre lui. Elle hoqueta de surprise. Elle ne pensa même pas à s'écarter, ce qu'elle aurait fait en temps normal étant donné qu'il n'exerçait pas d'autres pressions sur elle que ses doigts qui réchauffaient son ventre, et son corps qui se plaquait derrière elle. Ses mains, libres de tout paquets, se portèrent instinctivement sur cette main qui explorait son buste, l'agrippant tout en hésitant sur la conduite à tenir. Repousser cette main ou la garder contre elle ?
Elle fronça le nez, agacée par cette odeur de souffre qui se faisait soudainement sentir. Et le souffle du gangster contre son oreille la déstabilisa un peu plus. Mais moins que ses paroles.
« Que.. Quoi ? »
Elle tressaillit quand sa voix se fit à nouveau entendre, mais moins que quand sa main remonta se poser sur son cou. Quoique sa dernière phrase la sortit de l'espèce de transe dans laquelle elle s'était installée.
« Que.. Non ! Je.. »
Elle ne finit pas sa phrase, les autres revenant après avoir éteint l'incendie naissant. Elle ne se fatigua même pas à murmurer son refus, ressentant qu'il n'en ferait pas grand cas. Elle écarquilla à nouveau les yeux lorsqu'il dévoila ce qu'il comptait faire d'elle. Oui, décidément, elle aurait dû garder pour elle ses paroles. Au moins avait-elle l'assurance de récupérer son présent si elle ne se rebellait pas. Mais quand même...
Fila voulu s'agripper à Stephen mais il la laissa aux bons soins de Georg qui apprécia visiblement l'honneur de garder l'otage avec un peu trop d'enthousiasme en la plaquant tout contre lui. Elle se figea en voyant l'homme relever le lourd rideau de fer comme si ça n'était que de vulgaires haltères. Mais qui était-il ? Souffre et flammes... Démon ? Non, c'était trop gros. Même pour la pétulante rousse.
Georg replaça avec un plaisir évident le bâillon sur la jeune femme et la porta presque, sans efforts, pour l'entraîner de force vers leur moyen de transport. Elle essaya de se débattre un peu, mais sans succès.
La maison où ils s'arrêtèrent n'était pas très éloignée du lieu du braquage. Elle y entra, réticente, poussée par Georg. Ses mains, emprisonnées dans son dos par les grandes paluches du gangster, lui faisaient un peu mal, mais elle ne dit pas un mot. Elle se laissa conduire au salon, meublé simplement, et ne bougea pas du canapé où l'homme la poussa. Le canapé était plutôt confortable, et elle en profita pour frotter ses poignets avant de retirer son bâillon.
Pour la soirée, rien ne fut spécialement digne d'être cité. Bon, si en fait. Quelques petits trucs. Par exemple, le repas plutôt frugal du soir. Après lequel elle avait été "cordialement" invitée à faire la vaisselle. Ou bien la proposition de rançon que lança le type aux lustres. Ah, et puis les paires menottes que Georg sortit de sa poche pour l'attacher aux barreaux en ferraille du lit de la chambre d'amis pour s'assurer qu'elle ne filerait pas. Bref, sans être maltraitée, elle n'était pas non plus libre de ses mouvements.
Elle mit longtemps à s'endormir, craignant que Georg ne vienne mettre à exécution les quelques "menaces" qu'il lui avait dispensé durant le dîner. C'est finalement aux premières lueurs de l'aube qu'elle trouva le sommeil. Et encore, un sommeil agité. Avoir utilisé ses pouvoirs pour la première fois depuis longtemps, elle rêva qu'elle était Lady Fire. Mais cette fois-ci, Lady Fire était en fâcheuse posture.
Elle s'éveilla en sursaut lorsqu'une main se posa sur son visage. Ouvrant ses yeux brusquement, elle planta son regard de la même couleur qu'un rubis dans celui, noir corbeau, de Georg. Rien de tel pour achever de la réveiller.
« Alors ma belle, je t'ai pas trop manqué cette nuit ? »
« Non. Du tout. »
« Pourtant... T'as l'air d'avoir mal dormi sans moi. Promis, ce soir, je viens te tenir compagnie. »
« Non ! Ne.. »
Elle ne put même pas achever sa phrase que l'homme était parti avec un grand rire. Mais il revint cependant quelques minutes après, avoir la petite clé qui libéra la jeune femme des menottes. C'est ainsi qu'elle arriva dans la salle à manger qui faisait salon. Débardeur déchiré et froissé, jean froissé, chevelure en bataille parce qu'elle n'avait pu les coiffer comme elle en avait l'habitude... Les traits tirés et les yeux rougis achevaient de témoigner de sa nuit peu reposante. Un coup d'oeil à l'horloge murale lui apprit qu'il était près de dix heures et demi.