Sale journée, c'était le moins qu'on puisse dire. Le moral un peu à plat, le ciel pluvieux n'arrangeait rien à l'humeur du professeur de métaphysique. Il avait demandé un jour de congé, pour raison médical, sa déprime l'affectant un peu. C'était osé, mais Jad n'y tenait plus : l'attitude des parents-d'élèves à son égard et à l'égard de son enseignement rendait ses journées difficiles. Presque désastreuse. La raison de cet acharnement contre lui ? Aucune; il avait juste instauré dans l'esprit de quelques jeunes que les possibilités du monde étaient grandes, et que tout peut se produire, parce que rien n'a prouvé que ce n'était pas possible. De ce fait, la réaction déjà des professeurs de physique, de biologie et de mathématiques fut violente, puisque pour eux, les élucubrations du professeurs tenaient d'une réflexion théologique infondée plus que d'une pensée scientifique rigoureuse. Alors, forcement, les élèves qui l'appréciaient se sont révoltés et ont déserté le cours de ces professeurs, et la faute fut rejeté sur Jad, selon l'idée qu'il avait concocté ce plan depuis des mois.
Bref, la seule chose à faire, c'était de se promener, d'oublier un peu ce qu'il se passait au lycée, et de se recentrer sur ce qui importait : vivre et enseigner son savoir, sa réflexion, pour ensuite pouvoir discuter avec les élèves ET les parents-d'élèves sur ce sujet. Il profita donc de l'après-midi, bien qu'humide, pour se promener dans le centre commercial. Il flânait tranquillement, habillé d'une grand kimono blanc et de sandales en lin. En le voyant dans cet accoutrement, ses long cheveux blancs tombant dans son dos et son collier de jade sur la poitrine, on pouvait se demander s'il ne venait pas d'un autre age. Mais cela importait peu, pour le jeune homme. Tout ce qu'il voulait, c'était profiter de son jour de congé.
Il traversa le magasin, s'arrêtant à quelques boutiques de livres, de vêtements et de sucreries, sans vraiment rien chercher, jusqu'à atteindre un magasin étrange : le nom assez provocateur, la musique assez violente et la tenue dégradée de ses vendeuses laissa Jad pensif. Après une hésitation, il se décida à y pénétrer. Le contraste entre sa tenue et celle vendu dans le magasin avait quelque chose d'amusant, d'insolite. C'était comme voir un membre du groupe Kiss dans un salon de thé pour octogénaire. Cependant, le professeur avec une grande ouverture d'esprit aimait découvrir, et laissait aller sa curiosité sur le style punk. Bien qu'il n'en était pas friand, il se laissa conquérir par un bracelet en cuir qu'il avait mis à son poignet. Il était simple, avec deux accroches de ceinture pour le serrer, dans un brun tirant sur le noir. Il s'observa un instant avec ce bracelet : il était le Yang du taijitu, avec sa prédominance blanche et son point noir. Il était le soleil, la lumière, le bleu, comme ses yeux. Un sourire s'étira sur ses lèvres : dans la sérénité se cache toujours un brin de rébellion, et Jad l'illustrait avec ce bracelet.
Sa réflexion fut interrompue par une voix : une jeune fille se tourna vers lui, brusquement, et l'aborda sans aucune mesure, avec un sourire doux et charmant.
« Hé, toi. Choisis des sous-vêtements que tu trouves sexy pour moi. »
Que voulez-vous répondre à ça ? Jad, bien qu'il s'était améliorer avec sa psychologue privée, avait toujours du mal à être abordé par les femmes, et surtout par celle qui lançait directement le sujet sur quelque chose d'intime. Il ne put s'empêcher de rougir légèrement. Il observa la demoiselle : son style vestimentaire était en accord avec tout le reste du magasin. Jad resta silencieux quelques secondes, pensifs. Puis, il regarda la vendeuse, qui semblait désespéré : de tout évidence, la demoiselle lui faisait la vie dur. Jad soupira doucement, puis se tourna vers elle : il posa une main sur la poitrine de la demoiselle, sans plus, retenant la mensuration, rougissant légèrement tout de même, tentant de relativiser là encore.
« Du 95C... »
A force de voyage, Jad en avait appris des choses, dont reconnaitre une taille de bonnet rien qu'en tenant le sein dans sa main. Bien entendu, cela s'arrêter aux bonnet "raisonnables", puisque les plus gros ne tenaient pas entièrement dedans. Il observa autour de lui, apercevant le coin lingerie. Comme un fantôme, laissant les manches de son kimono flotter derrière lui, il traversa la pièce pour se poser devant le présentoirs. Il regarda dedans, fouillant les différents ensemble : cuir, dentelle noire... pour cette femme, la chose qui aurait été séduisant, c'est de lui faire changer de style. Il trouva son bonheur : un ensemble soutien-gorge-culotte blanche légèrement transparent. Le soutien-gorge était en push-up, ce qui faisait en général ressortir les poitrines celles de la demoiselle, et la culotte était percé de trous minuscules, laissant un touché étrange sous doigt. C'était parfait.
Jad se retourna vers la demoiselle et lui amena l'ensemble. Il le tendit, légèrement rouge : décidément, il n'était pas spécialement doué pour communiquer avec les femmes, sans un bon verre dans l'estomac. Il resta planté devant elle, ses mains cachés dans ses manches larges et flottantes. En y repensant, quelque chose lui semblait bizarre, vis-à-vis de cette fille, mais il ne savait pas dire quoi.