La colère me dévore, la rage me dévaste et je pourrai presque sentir mon sang bouillir au travers de mes veines. Comme une âme perdue dans les limbes, je perds peu à peu la raison, m'enfonçant dans une spirale de folie qui tente à m'anéantir de part en part. La magie en moi, a ce don fastidieux qui, lorsque mêlée à une trop forte émotion, se décuple au point de m'en vriller les entrailles. Les cours d'Aetius ont su me permettre de contenir cette colère afin qu'elle ne dévaste pas tout sur mon passage, mais je sens que ce soir, je vais occulter bien rapidement de mon esprit, cette "muselière" psychique pour se laisser déverser à flot, mon ressentiment et mon amertume.
Plus que quoi ce soit, j'exècre la médiocrité, les faibles et les pseudos défenseur de cette justice minable qui tente à régner dans cette maudite ville. Lui a mes pieds, qui a osé me défier, me traiter comme si je n'étais qu'une simple poupée, ne mérite pas que je lui accorde la clémence que j'ai pu accorder autrefois et le voir ainsi là, misérable, me donnerait presque envie de jouir tellement je contiens cette allégresse de me sentir de nouveau aussi puissante. Mais hélas, après chaque élan de bravoure, après que vous ayez agit sous le joug d'une quelconque émotion, bien souvent, les retombées se vouent être douloureuses et je m'apprête à en faire savamment les frais.
Le répit n'est que de courte durée. Déjà, je vois son poing s'abattre sur le sol dans une hargne nouvelle, comme si son corps recouvrait ses esprits et je n'ai à peine le temps de réaliser, qu'une force inconnue me propulse vers l'avant. Il vient de se saisir du cuir épais de mon arme, pour tirer d'un coup sec dessus, me contraignant à perdre l'équilibre et à finir ma chute contre le plat de sa main. Une douleur fulgurante me transperce immédiatement alors que je sens un liquide chaud s'échapper d'entre mes narines. Je pousse un cri déchirant, étouffé par sa peau mais également par ma respiration qui se coupe soudainement alors que je reçois un coup éclatant dans le foie, me provoquant un haut le coeur avant que je ne m'effondre sur le sol sous la gifle qu'il m'adresse alors, en position fœtale.
Je suis prise de convulsions tandis que ma respiration se tarit et que je tousse abondamment en gardant les yeux fermés. Espèce de sale ordure...
Comme si ça ne suffisait pas, tandis que mon sang s'échappe à présent d'entre mes lèvres et de mon nez, il se saisit de mon bras pour le malmener dans une torsion, avant de me briser deux doigts, m'obligeant une fois de plus à hurler de douleur. Je n'écoute plus ce qu'il dit, bien trop occupée à taire cette souffrance lancinante qui me propulse à la limite de l'agonie. Inconfort, douleur et soumission. Trois mots qui me viennent à l’esprit et qui me donnent envie de vomir. Toutefois, je vois cela en une manière, certes déplaisante, mais on ne peut plus claire, de patienter dans l’incommodité, dans l’espoir par la suite d’une revanche qui en vaille la peine. Toute exploitation, toute soumission, tout joug, doivent être justifiés pour être acceptés par ceux qui les subissent, par ceux qui en sont les victimes. Or, ça ne sera jamais mon cas, ce qui fait que malgré la perversité dont il fait preuve, jamais je ne concevrai au fait de lui accorder jouissance en concevant à accepter ma subordination. Jamais ! Et ça, il le sait parfaitement, d’où le malin plaisir qu’il a à jouer de ses tours les plus perfides pour me faire courber l’échine et renouvelle la chose en me brisant le pouce, tandis que prévoyant la chose, j'étouffe mon cri dans un souffle.
- Espèce... espèce de sale fils de pute.... Je te... jure que tu vas le payer...
Oui, dans ce genre de circonstances, il n'est pas rare que le langage de charretier refasse surface et ne comptez pas sur moi pour continuer de jouer les princesses après ce que j'endure. Il est temps que je laisse parler cette partie de moi-même, depuis trop longtemps enfouie.
Souffrant de martyre, haletante, sentant les larmes autant de colère que de douleur poindre au coin de mes yeux, je tente à analyser la situation. Bien difficilement quand votre cervelle vous hurle "Lâche l'affaire et pleure ! J'ai besoin de repos moi !". Dans la position que j'arbore, je ne peux pas le toucher et je ne peux encore moins tenter de me soustraire au risque qu'il ne me brise le bras en mille morceaux. Les quelques os en miettes que je peux compter suffiront amplement. Je ferme donc les yeux. Il faut que j'agisse vite, avant qu'il ne se donne l'envie de jouer de nouveau au petit chirurgien. Ma colère afflue, ma magie se décuple, je suis une vraie bombe à retardement. Mais bientôt, celle-ci fera place à la douleur et je ne pourrai plus suffisamment me concentrer.
Je relève le regard vers lui et prononce distinctement quelques palabres qui ne tarderons pas à faire leur office. Je peux alors apercevoir en quelques formes bien flou, deux scalpels aiguisés venir meurtrir la chair de son bras, n'hésitant pas taillader ses ligaments afin qu'il lâche sa prise.
De nouveau libre et le laissant se remettre de sa blessure, je glisse sur le sol suffisamment loin pour pouvoir me remettre, geignant et ravalant quelques larmes, avant d'arriver à me remettre difficilement debout, les jambes chancelantes, le bras en écharpe. Je crache le sang affluant dans ma bouche et mon regard se fait noir.
Les quelques pas qui me séparent de lui sont vite affranchis et lorsque j'arrive face à lui, je lève la jambe et lui administre un coup de pied magistral dans les gencives. Je pourrai même être certaine d'avoir entendu sa mâchoire se craqueler tellement j'ai mis de force à le faire courber le dos. Il cracherait quelques dents que ça ne m'étonnerait pas...
Sa tête heurtant violemment le sol, je reprends l'objet sur le sol ayant repris sa forme initiale sous le manque soudain de concentration, j'ai nommé, la barre à mine. Je m'approche de lui et d'un coup sec, l'abats sur sa main posée négligemment sur le sol, brisant ses os dans leur intégralité pour n'en faire qu'une réplique grossière de ce qui fut autrefois sa main. Je rejette mon arme plus loin, m'agenouillant à mon tour à ses côtés et tire fermement sur sa chevelure pour le contraindre à lever les yeux vers moi. Je pose ma main meurtrie sur sa poitrine, grimaçant sous la douleur que cela me provoque et prends ma voix la plus menaçante.
- Tu fais le fier parce que tu disposes des muscles mais tu ne pourras rien contre ma magie. Ma main est certes blessée mais elle n'en reste pas moins un très bon conducteur. Je te montre ?
Et immédiatement, c'est une décharge fulgurante qui lui traverse le corps. Ma main sur sa poitrine, j'évite sciemment le coeur. Je ne veux pas le tuer. Pas comme ça et certainement pas ce soir. Juste lui laisser ce goût amer dans la bouche quant à la raclée qu'il s'est pris. Je ne ni pas être moi même dans un sale état, mais j'estime que je n'ai fais que rendre ce qu'il m'a occasionné. Son corps à l'agonie tout autant que le mien, je me redresse, grimaçant de nouveau et donne un léger coup de pied dans son tibia pour me libérer le passage et je pars dans l'ombre, m'adossant contre un pilonne branlant.
Je constate les dégâts sur ma personne, ma robe est déchirée par endroit, dévoilant sans mal le haut de mes cuisses et les bretelles ne retiennent plus du tout le bustier. Ma veste n'est plus qu'un amas de bout de tissu dont je me déleste pour me masser douloureusement le bras avant de reposer mon attention sur lui.
- Cesse donc à présent avant que l'un de nous ne passe de vie à trépas, misérable ! Tu pourras me briser tout ce que tu veux, tu ne me feras rien avouer de ce que tu penses savoir. La douleur sera finalement si forte, qu'elle me tuera. Et si ce n'est pas moi qui meure, je m'arrangerai pour que le prochain coup te soit fatal. Garde donc le peu de virilité qu'il te reste, si fusse que tu en es eu une, pour quitter ses lieux, tu n'obtiendras rien de moi !