Voilàààààààààààà, c'est toujours pareil ! Un jour, je voudrais qu'il y en ait un qui me tende les poignets en me disant qu'il se laisse faire. Ca me changerait des courses-poursuites à la con à travers Seikusu, que je finis fatalement par gagner. Bon, d'habitude, je me prépare simplement à balancer un uppercut bien rapide pour assomer le type et m'épargner quelques minutes de cavale dans les rues, mais je ne peux décemment pas envoyer mon poing dans la figure d'une femme. A plus forte raison dans celle de Selina, parce que je garde un bon souvenir de cette seule soirée partagée et que ça me ferait mal au coeur d'abîmer une si jolie fille. Et le pire, c'est que je sais parfaitement qu'elle va en profiter pour me faire le coup de la fuite ninja et que ça va me foutre en rogne. Alors quand elle me sort son petit speech et qu'elle commence à reculer, je perds un peu de ma superbe et bande quelques muscles en espérant réagir assez vite.
- Selinaaaaaa.... Tu ne vas pas encore me poser un lapin, si ? Parce que si je t'attrape, mon chaton, je te fais un câlin tellement fort que je te péterais quelques côtes.
D'accord, c'est vrai que je ne le ferais pas non plus, ça. Parce que je ne suis pas une brute et que je me rends compte que j'éprouve une sorte d'affection pour elle. Ca avait été une soirée très particulière, pour moi. Selina... Selina m'avait fait beaucoup de bien, sans parler de la nuit partagée ensuite. Je suis certes rancunier, mais je n'oublie pas qu'elle était venue en amie et qu'elle est repartie en amante. Si elle était restée, nous aurions pû... Hop hop ! Stop là, Kyle ! Tu es casé, maintenant. Et le passé, c'est le passé.
BLAM ! Tandis que je gamberge, la belle féline me fausse compagnie en jouant les acrobates et bien que je tente de réagir au plus vite, ma main se referme sur du vite. D'un poil, putain ! Et le temps que je décolle pour la rejoindre, elle s'est déjà fondue dans les ombres du magasin pour se trouver une sortie.
Me voilà à virevolter tout à côté des néons éteints, braquant depuis une de mes mains un rayon d'énergie inoffensif qui fait office de lampe torche.
- Je vais te retrouver, tu le sais, ça ? Je diffuse mon pouvoir dans le magasin. En gros, tout ce qui ne va pas être moi et qui bougera dans l'espace, je le ressentirais.
Effectivement, mon corps émet une sorte de brume bleuâtre très légère qui, si elle semble se dissiper, se répand rapidement partout. On aurait été à l'air libre, ça n'aurait servi à rien de faire ça. Mais là, dans cet espace clos (même grand), c'est parfait.
Pourtant, je n'ai pas envie de parvenir à la retrouver. Je n'ai pas envie de la livrer aux flics, pas envie de la voir se débattre. C'est con, d'avoir une conscience. Je me pose finalement en haut du rayon ou je l'ai repérée et cesse toute lumière, me contentant de parler dans le noir total. Je sais que Selina déterminera très facilement ma position et je crois qu'elle en profitera d'une façon ou d'une autre. C'est sûrement ce qu'une partie de moi recherche, d'ailleurs.
- Fous toi en costume, Selina. Faisons ça dans les règles. En souvenir du bon vieux temps. C'est la voleuse que je veux arrêter, pas... pas "toi".
Ca sonne comme un aveu, surtout au son de ma voix. Je voudrais qu'elle accepte de changer de tenue, qu'elle m'accorde la possibilité d'avoir moins de remords. Est-ce que c'est trop lui demander ?