Le soleil se couchait lentement à l'horizon, plongeant la ville entre rougeur et obscurité. Les ombres s'allongeaient, et un peu partout les passants devenaient plus nombreux, entre ceux rentrant chez eux, et ceux qui allaient manger ou boire dans les auberges de la ville. Il devait être presque l'heure, c'est du moins l'impression qu'il avait. Une noble l'avait prévenu qu'en ce jour, et peut-être d'autres jours si nécessaire, elle lui enverrait son esclave afin de s'aguerrir avec les hommes. En d'autres termes, son esclave ne savait pas vraiment s'y prendre avec les hommes, et il devait régler ça.
Quelques précisions lui avaient été donné, comme la nature relativement craintive de l'esclave, et donc d'éviter de recourir à la force avec elle. Tant qu'on le payait, il n'y voyait pas d'inconvénient, et il avait plusieurs fois fait affaires avec la noble auparavant pour lui accorder ce genre de services. Elle ne devait plus tarder maintenant, et lui s'était préparé pour l'occasion. Ce n'était pas jour de marché, il avait consacré sa journée à dresser les esclaves qu'il avait encore à sa charge. Mais à cette heure, il les avait enfermé dans le sous sol, dans des geôles faites exprès. Il aurait au moins l'assurance d'être tranquille et de pouvoir mettre en confiance la jeune esclave.
Pour cela, la table était ornée de différents mets, qui allaient composer son repas et celui de l'esclave si elle le souhaitait, ainsi que de l'alcool. Peut-être qu'un peu de liqueur aidera la demoiselle a se libérer l'esprit et à avoir des gestes plus ... Adroits.
Normalement, l'esclave ne devrait avoir aucun mal à trouver sa demeure : dans une rue un peu passante, la facade était faite de murs blancs, en pierres apparentes. Sur deux étages, la demeure dénotait un certains confort, sans être au niveau de celles des bourgeois. Il gagnait bien sa vie, mais pas au point de vivre dans un manoir. Une lourde porte en bois donnait sur la rue, ainsi qu'une fenêtre, alors que d'autres donnaient sur un jardin privé, à l'arrière de la demeure.
Un bruit de calèche se fit entendre dans la rue, et à l'arrêt des bruits de sabot sur le sol, il savait que la calèche s'était arrêtée. Oui, c'était évident : la noble avait fait escorter son esclave. On n'est jamais trop prudent dans ces rues mal famées, et l'idée aurait pu venir à l'esclave de s'enfuir durant le trajet aussi, même si d'après ses dires, elle était bien dressée.
Cyscek arracha plusieurs grains de raisin à une grappe disposée dans la coupe à fruits, pour claquer un à un les grains entre son palet et sa langue, se délectant du jus des raisins. Il n'avait plus qu'une chose à attendre, et celle-ci vint, quand il entendit frapper à la porte. D'un pas tranquille, il venait ouvrir. Cela allait lui faire bizarre d'être considéré comme un professeur, surtout pour ce genre de choses.