La nuit de Poison Ivy fut assez calme et apaisante. Dormir à la belle étoile, au milieu de ses plantes, c’est ainsi qu’elle aimait dormir. Il n’y avait que là qu’elle se sentait vraiment bien, sereine, et ce surtout après avoir fait l’amour. La nuit d’Ivy fut donc des plus paisibles, mille fois plus agréable que si elle avait du la passer dans un lit. Elle était faite pour la Nature, les grands espaces, sentir les vents frais de la nuit faire frémir sa peau, pas pour s’emmitoufler dans un linceul, dans une couverture étouffante qui la serrait et la comprimait. Lorsque Warda se réveilla, Ivy dormait à poings fermés, étalée sur cette herbe ô combien confortable et accueillante. Rêvait-elle ? Sûrement, comme pouvait en témoigner les quelques soupirs et les sourires qui éclairaient lentement son visage. Son rêve avait l’air d’être particulièrement agréable, et, tandis qu’elle rêvait, sa peau se mettait en action, avalant progressivement le sperme végétal. C’était l’une des particularités de son corps. Ça n’excluait pas de prendre un bain, mais ça pouvait s’avérer très pratique. Ivy n’avait pour autant aucun don de polymorphisme, mis à part sa faculté de changer la couleur de sa peau, entre le vert et le beige normal.
Elle finit néanmoins par ouvrir les yeux, entendant les gazouillements des oiseaux, sentant sur ses yeux les éclats de l’aube naissante. Le soleil se levait, et ses rayons perçaient la couche de feuilles et de branches qui les protégeaient du monde extérieur... De même que le ronflement, lointain, des voitures. Même dans les profondeurs de ce parc, on pouvait encore entendre les « bienfaits » de la civilisation. Les grondements des moteurs étaient comme une piqûre de rappel constante, rappelant en effet à Ivy qu’elle ne vivait pas au milieu d’une forêt sauvage, mais au cœur d’une ville, ville qui était, toutefois, tout autant sauvage que la Nature pouvait l’être, si ce n’est plus.
La mémoire lui revint rapidement en tête : l’attaque du Lycan cannibale, l’intervention d’une soldate magicienne, et leur flirt, qui avait abouti en une séance de sexe torride dans les profondeurs du parc, dans l’une des cachettes d’Ivy. Poison Ivy s’étira lentement, et se tourna sur le sol, ne sentant pas contre elle le corps chaud de son amante. Sa peau verte avait bien faibli, et elle avait désormais sa peau beige d’humaine. Intégralement nue, Ivy bâilla à s’en décrocher la mâchoire, et se redressa lentement. Son dos craqua légèrement, et elle frotta ses yeux avec ses doigts. La lumière la piquait, et elle sentit alors l’un des tentacules de l’arbre caresser lentement son joue, comme pour souhaiter à sa génitrice une bonne matinée.
Ouvrant alors les yeux, Ivy, assise, vit les longues et belles jambes de Warda à proximité d’elle, et releva la tête. Elle s’était rhabillée. C’était bien une militaire, ça, levée à l’aube. Logée près de l’arbre, elle subissait l’assaut, pour ainsi dire des tentacules de l’arbre. Contrairement à hier soir, l’arbre ne cherchait pas à lui faire l’amour. C’était très compliqué à expliquer, mais, pour résumer, l’arbre était relié aux phéromones d’Ivy et à son humeur sexuelle. Ivy n’était pas non plus complètement nymphomane, et son encéphalogramme du désir était complètement plat. Elle se réveillait parfois avec une furieuse envie de faire l’amour, comme les hommes qui avaient le sexe bien dressé en se levant, mais, vu la soirée qu’elle avait passé, son corps était rasséréné.
Les tentacules se contentaient donc de la caresser et de jouer avec elle, frottant son dos ou son ventre, provoquant des frissons de plaisir qui devaient plus ou moins ressembler à des chatouillements. Une manière comme une autre pour l’arbre d’exprimer sa gratitude et sa reconnaissance. Qui oserait encore dire qu’une arbre n’était pas une créature vivante ? Ivy était relativement proche de Warda, si proche qu’elle put déposer un baiser sur ses lèvres, tendre mais non moins passionnel, avant de lui lâcher :
« Tu as bien dormi ? »
