De retour dans la forêt ou son clan avait élu domicile, Laurelin s’accordait un moment de répit après maintes et maintes missions diplomatiques. Non que cela soit épuisant physiquement, ça l’était mentalement. Pour se ressourcer, le rituel était toujours le même. Avec Jubia, elle se rendait dans la clairière où elle élevé la dragonne et où, celle-ci, avait effectué son premier vol. Le lieu était chargé d’émotion et Laurelin aimait s’y rendre seule avec sa dragonne. Elle ne permettait à personne de la déranger sauf en cas d’extrême gravité.
Après un énième voyage chez les Nains, elle était revenue après avoir croisé une vampire avec l’ambition d’en faire une esclave. L’idée l’avait amusée autant que la rencontre de la jolie créature. Ce fut l’occasion, pour Jubia, de renforcer son égo, si tant est que ce soit encore possible, car elle lui avait permis de faire peur à leur visiteur. Il s’avéra que la vampire était tombée dans un pièce et aucun mal lui avait été fait. Fasciné, par la créature, l’elfe avait même tenté de lui enseigner 2 ou 3 petites choses…
Lorsqu’elle foulait la terre de ses ancêtres, après chaque mission, elle se laissait submerger par la magie et la beauté de son peuple. Avoir un œil extérieur l’aidait à apprécier d’avantage les siens et modes de vie, bien qu’elle un tantinet à part avec sa personnalité enfantine. Ceux qui ne voyageaient jamais en dehors de leur cité appréciaient Laurelin pour sa qualité à produire des « Fairth » d’une qualité inégalé. Chaque fois qu’elle se ressourçait dans sa clairière, elle repensait à ce qu’elle avait au cours de son dernier périple. Il en résultait des portraits ou des paysages chargés d’émotion et de beauté. Les Fairth sont des représentations des visions qui naissent dans notre esprit. Leur maîtrise demande de l’entrainement et une certaine fibre artistique. Laurelin appréciait tout particulièrement cet art. Ce jour-là, alors qu’elle observait Jubia se dégourdir les ailes sous la douce chaleur du soleil, l’elfe avait reproduit sa majestuosité sur une large plaque de tuile. Grâce à leur connexion mentale, Laulerlin pu montrer l’image du résultat à la dragonne qui émit un ronronnement de satisfaction.
*Merci, je suis honorée*La dragonne pouvait l’être. Etre le sujet d’un Fairth était un signe d’amour ou de profond respect. Plus la qualité était élevée et plus les sentiments, qui en résultaient, étaient forts. La remarque de Jubia avait décroché un sourire de contentement à sa dragonnière.
Déposant l’ardoise prêt d’elle, l’elfe entreprit d’ouvrir son esprit à tout ce qui l’entourait, comme elle aimait le faire en ce lieu. Elle prenait conscience de chaque chose et être vivant dans son champ de perception. Du brin d’herbe aux aigles, aucune source de vie ne lui échappait. Lorsqu’un magicien arrivant à ce stade de concentration, il lui était presque impossible de tuer un animal, même pour se nourrir. Voir l’énergie quitter le corps d’un être et en comprendre le sens était une épreuve très difficile. Il lui arrivait de recharger un de ses joyaux en énergie en abrégeant les souffrances d’une bête agonisante, mais cela lui demandait un effort considérable.
Lorsque Jubia vint se poser et se coller à elle, Laurelin entreprit de chanter un air, baignant la clairière d’une douce mélopée, réussissant à apaiser tout ce qui l’entourait.
http://www.youtube.com/watch?v=Q6hJqI5BEW8 Le chant des elfes était réputé pour une énergie magique à ce qui les entourait. Le nom de Laurelin signifiait « chant d’or » et ce n’était pas pour rien. Des écureuils s’approchaient curieux, des oiseaux venaient se poser sur son épaule, malgré la présence de la dragonne. Des cerfs, des sangliers, des loups pointaient leurs museaux à travers les arbres qui bordaient la clairière. Chaque être apportait une leur supplémentaire dans l’esprit de l’elfe, si bien que son champ de perception était baignait d’une magnifique lumière dorée. Se sentant à l’abri des barrières magiques que maintenait son peuple autour de leur cité, Laurelin n’imaginait pas une seule seconde qu’un visiteur étranger puisse venir troubler sa méditation. En ces lieux, elle avait tendance à facilement baisser sa garde. Malgré tout, elle n’avait pas encore annulé ses sorts de protection, qui lui furent utiles lors de son dernier voyage. Ni Jubia, ni elle ne se rendirent compte qu’une personne venait de passer outre toutes les défenses magiques des elfes…