Partenaires ? [Félicia]

L'endroit de Seikusu que je préférais ? Incontestablement l'Olympus Market, un énorme complexe commercial à l'américaine, tout dans la démesure.
Jugez plutôt : huit étages de haut placés en rotonde autour d'une sorte de place centrale, les bordures ornées de verdure fleurie d'un goût certain, reliés par quatre ascenseurs de verre trônant au centre de l'Olympus, inondé de lumière par l'immense verrière lui tenant lieu de toit. quatre niveau de sous-sol dont deux de parking, les autres étant dévolus à diverses installations dédiées à la bonne marche de ce village marchand dans lequel on trouvait de tout. Boutique de luxe comme petits magasins discrets coincés au détour d'un étage, il était de notoriété publique que l'Olympus ne pouvait pas être parcourus dans son ensemble en moins de trois jours, sans compter le temps passé à effectuer ses achats. Et une fois le shopping fini, on pouvait toujours aller glisser un peu sur la patinoire du second étage, ou admirer l'aquarium géant qui courait tout le long de la majeure partie du rez-de-chaussée, aquarium aux eaux chaudes et cristallines dont une partie était aménagée pour les bains.... Du gigantisme furieux, c'était tout à fait ça.

Si je passais souvent mes journées libres là à flâner dans les magasins d'otakus et de jeux vidéos à baver sur les dernières sorties  (et les jolies lycéennes qui passaient devant mes yeux comme autant de tentations auxquelles il m'était impossible de céder, empoté que j'étais), je n'étais pas là pour ça, aujourd'hui. J'avais rendez vous, et avec une fille ! Bon, en fait, la fille avait rendez-vous avec un de mes rares amis que je devais accompagner. Il m'avait appelé la veille pour me dire qu'il avait rencontré cette Félicia lors d'une soirée organisée je ne sais trop où et qu'il avait réussi à lui proposer un rencard à l'Olympus afin de partager une...glace. Seulement, Ryo n'était pas plus habile que moi avec les femmes et s'avérait même un poil trop coincé. De ce fait, le gus m'avait demandé de les rejoindre, pensant que ça lui donnerait un peu plus de courage.
Moi, j'étais plutôt d'avis que ça allait faire fuir la nana. Bonjour le traquenard dans lequel elle pouvait s'imaginer tomber... Bien que je me serais éclispé poliment si j'avais jugé que ma présence était de trop.
De toutes façons, je ne pouvais pas endosser mon costume pour le moment. Des frasques récentes m'avaient mit à sec niveau énergie et mes pouvoirs revenaient lentement pour avoir été trop sollicités. J'en avais un peu sous la pédale, mais même pas de quoi m'envoler. Bah, j'avais décidé de me dire que ça me servirait de vacances bien que j'avais mis dans ma poche un costume pressurisé miniature avant de chausser mes bonnes grosses lunettes de geek.

19H30. C'était l'heure indiquée sur mon portable lorsqu'il sonna alors que j'attendais Ryo dont la voix me cueuillit au combiné. Ca, ça ne sentait pas bon....

- Kyle ? Ecoute, euh... J'ai un mal de ventre terrible, je ne peux pas sortir de chez moi et je n'arrive pas à avoir Félicia... Tu peux lui dire que je m'excuse ? S'il te plait, file moi un coup de main ! J'veux pas la laisser filer, celle là !

- Tu as la diarrhée et c'est pour CA que tu vas rater ton rencard avec cette nana ? Attends, Ryo, c'est une BLAGUE ? Je croyais que c'était la femme parfaite et tout et tout ? Et il faut que je te sauve le truc ? Non, mais t'es sérieux, là ? J'ai l'air de bosser pour Meetic ?

- Allez, me lâche pas ! Kyle, je t'en prie....ooooh, mon ventre....

- Je ne sais même pas à quoi elle ressemble, ta Félicia !

- Je t'envoie la photooooooooooooooooh....

Il coupa sur un bruit suspect qui ne laissait pas de doute quant à l'état de ses intestins. De mon côté, je pestais à qui mieux-mieux, me demandant ce que cette bonne femme avait pût trouver à Ryo. La pauvre était peut-être un cageot de compétition au physique ingrat ? Le petit "bip" de reception d'un mms allait rapidement me répondre. J'ouvrir le message sans grand espoir... Ouvrant de grands yeux ronds quand je visualisais cette superbe blonde qui semblait taillée au laser. Ryo, salauuuuuuuuuuuuuuud ! Au moins, je n'aurais pas de mal à la reconnaître, remarquez. Quant à savoir ce que je lui dirais, ça allait être une autre paire de manche. Putain, j'étais fagotté comme un sac, avec mon jean troué et délavé, mes vieilles baskets et mon tee-shirt de Spiderman ! Si on comptait ça et les lunettes, la pauvre allait sûrement fuir en courant.
Bon, tant pis. Scrutant l'étage, je la vis finalement tout à côté, sur un banc. Sûrement s'était elle installée pendant que j'étais au téléphone ? Prenant mon courage à deux mains, je m'approchais d'elle et tentait de me faire un tant soit peu charmeur. Heureusement, même accoutré en "Kyle", je gardais les lignes de mes muscles... Parfois, ça plaisait.
Dans un sourire gêné, je me présentais face à elle, me massant la nuque tandis que plus bas je crus entendre que ça s'agitait curieusement. On était au quatrième après tout et savoir ce qui se passait dans les étages inférieurs n'était pas évident. C'est drôle, j'avais presque entendu crier quelques filles et rugir pas mal d'hommes. Mon imagination, présumais-je en prenant la parole.

- Euh... bonjour ? Vous êtes Félicia, qui devait attendre Ryo Katani ? Je suis Kyle, un ami. Il est désolé mais il ne pourra pas venir et s'en excuse.

Wahou ! Plus jolie de près et foutrement sexy ! Faisant un effort de volonté surhumain, je n'accordais aucun regard à sa poitrine. Inutile de jouer les pervers, je préférais la jouer timide mal à l'aise et regarder ailleurs.
Ce fût ce qui nous sauva la mise.
Attendant la réponse de Félicia, je captais l'arrivée d'homme cagoulés et armés à l'autre bout de l'étage, qui remontait vers nous tandis que l'agitation gagnait les niveaux inférieurs. Un rapide coup d'oeil, une oeillade dans le vide derrière Félicia dont le banc était dos au balconnet et je pûs m'apercevoir que le schéma se répétait partout. L'Olympus était la cible d'un groupe armé et bien organisé ! Putain, je n'avais rien pour contrer ça, en plus ! Tant pis, ma réaction fût naturelle et je revins vivement à Félicia pour lui attraper le poignet fermement, la faisant se relever de son assise pour l'entraîner avec moi dans le premier magasin venu, ayant prit le temps de lui désigner les hommes qui avançaient d'un rapide coup de menton.

Alors que nous passions les portes de ce magasin de lingerie, nous pûmes les entendre beugler à l'extérieur.

"SORTEZ TOUS ! VOUS VOUS FOUTEZ SUR LE VENTRE DEVANT LES MAGASINS, FISSA ! ALLEZ, MAGNEZ VOUS LE FION BANDE DE PETASSES !"

Une salve d'arme automatique, probablement tirée en l'air. Les types ne plaisantaient pas. Félicia toujours soumise à ma poigne, je m'enfonçais dans le magasin et passait finalement les portes de l'arrière boutique. Mon idée ? Nous cacher et... et je n'en savais rien. Au moins la fille serait elle à l'abri pendant que j'essaierais de faire sortir tout le monde ! Heureusement, les coulisses de ce temple des sous-vêtements sexy et hors de prix étaient vastes. Un couloir, un autre, puis une porte que je poussais pour nous faire arriver dans une petite pièces pleine de cartons empilés. Je doutais que ces mecs fassent le tour de toutes les arrières boutiques, mais j'estimais que si c'était le cas, je saurais m'occuper d'éventuels explorateurs.
Relâchant Félicia, je refermais la porte sur nous.

- On va rester là le temps que ça se tasse, okay ? Je lui adressais un regard et un sourire que j'espérais rassurants avant de continuer. Ils font ça à tout les étages, ils vont certainement boucler tout l'Olympus et réunir tout le monde comme ils le peuvent, on sortira à ce moment là.

Belles paroles. Si les types étaient aussi malins qu'organisés, la partie serait dure. Le centre devait être truffé de caméras et il n'était pas difficile d'imaginer que ces cinglés avaient d'abord prit tout les endroits stratégiques avant de faire en sorte de réunir les otages. Même avec mes pouvoirs, je dois avouer que je n'aurais pas sû comment m'y prendre pour neutraliser tout ce beau monde. Mais là, c'était encore pire ! Avais-je fais le bon choix en amenant la fille ici ? Je ne savais pas encore quoi en penser.

- Je ne vous laisserais pas tomber, c'est promis.

J'aurais bien ajouté quelque chose, mais une puissante sonnerie retenti dans le magasin et tonna en écho dans tout l'Olympus, me vrillant les oreilles avant qu'elle ne se calme, quelques longues secondes plus tard.
A ce moment là je l'ignorais encore, mais ce vacarme signifiait une chose : l'établissement était bouclé, tout ses accès solidements verrouillés. Nous étions pris au piège....

*Je n’aurais jamais du accepter de lui refiler mon numéro… Félicia, ton grand cœur te perdra !*

La prof’ de sport soupirait sur ce banc, mangeant un pain aux raisins en écoutant de la musique dans son iPod. Pour célébrer la vente de son minable studio, et le passage à un appartement bien plus grand dans les gratte-ciel de Seikusu, Félicia avait décidé d’organiser une « petite » fête. Initialement, il ne devait y avoir que dix ou quinze invités, mais, grâce à la magie d’Internet, Félicia avait bien du accueillir une cinquantaine de gens. Au milieu des cartons, elle avait eu le temps d’installer les enceintes, et ça avait été amplement suffisant. L’alcool et le pétard avaient filé à outrance, enfumant le salon.

*Et c’est sur la terrasse qu’il m’a abordé… Il faisait tellement pitié dans sa manière de me draguer qu’il m’a rappelé Flash… C’est idiot, maintenant que j’y repense, Flash a toujours été un nullard…*

D’autant plus idiot que le type, une espèce de gamin coincé qui devait plus passer du temps dans les cyber-cafés que dans les gymnases, devait croire qu’il avait sa chance avec elle. Elle hésitait à profiter de cette soirée pour lui dire que, s’il était bien gentil, il ne pourrait rien se passer entre eux. Ou presque rien… Félicia avait déjà quelqu’un qui l’intéressait, et, même si Ryo était assez attachant avec ses hésitations, et cet humour qu’il utilisait pour masquer ses angoisses, Félicia éprouvait déjà une certaine attirance pour une femme, Aoki. Et elle se voyait mal coucher avec Ryo ; il risquait ensuite de ne plus jamais la lâcher. Il était un curieux mélange entre Peter Parker et Flash Thompson, ce qui faisait autant de raisons de le détester que de le trouver attirant.

Soupirant légèrement, Félicia regarda sa montre. 19h15. Normalement, Ryo devait être là à 19h… A vrai dire, elle était arrivée à 19h10, en retard. Elle avait quitté le boulot au lycée à 17h, et avait complètement oublié le rendez-vous qu’elle avait autorisé à Ryo ce midi à l’Olympus, près de la boulangerie française « Paul ». Son jogging au parc avait fini vers 18h30, avant qu’elle ne se rappelle en rentrant chez elle, à 19h, qu’elle avait un rendez-vous à l’Olympus. Félicia avait utilisé sa moto, filant à toute allure pour rejoindre le massif centre commercial. L’Olympus Market avait la réputation d’être le centre commercial préféré des Seikusiens. Il était immense, une véritable tour de verre qui se dressait au cœur de la ville.

*Mais qu’est-ce qu’il fiche ?!*

S’ennuyant, Félicia avait acheté un pain aux raisins, et regardait de temps en temps les gens qui passaient. Certains agents de sécurité, reconnaissables avec leurs vestes rouges sombres, semblaient assez agités. Ils parlaient dans leurs oreillettes, en faisant des tours, descendant le long d’escaliers de service, d’escalators discrets. Félicia supposait que c’était l’ambiance normale à l’Olympus Market… Intriguée, elle sortit son téléphone portable, décidée à appeler Ryo, et constata qu’elle avait reçu une bonne trentaine de messages et d’appels en absence. Elle comprit, en les lisant, que Ryo était malade, et lui présentait ses plus plates excuses. Étrangement, Félicia n’était même pas surprise…

Elle portait des vêtements assez simples. Un débardeur, car il faisait généralement assez chaud le soir, et un jean bleu. Avant de partir pour retourner chez elle, Félicia se décida à finir son pain aux raisins. Elle continua à mordre dedans, et revit un agent de sécurité passer rapidement. Son instinct lui soufflait que quelque chose n’allait pas, mais elle décida de chasser ce dernier. Elle s’imaginait sûrement n’importe quoi…

*Il y a quelque chose d’anormal avec ces agents de sécurité… Mais je ne saurais dire quoi…*

Félicia ne pouvait naturellement pas savoir que, pendant ce temps, dans le parking, deux vans noirs étaient rentrés, et libéraient tout un bataillon d’hommes lourdement armés. Elle ne pouvait pas non plus savoir que, dans les parties du bâtiment réservées à la sécurité, quelques opérateurs allaient perdre la vie, tandis que, dans les sous-sols, de faux électriciens étaient en train de trafiquer le système électrique de l’Olympus. Elle l’ignorait, mais sa longue expérience lui disait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas ici.

Félicia sortit de ses pensées quand elle vit un mystérieux individu s’approcher d’elle. De loin, il ressemblait à un pouilleux. Un pouilleux musclé avec des lunettes qui ne lui allaient pas du tout. Il avait un jean troué, et un look d’adolescent… Sauf qu’il n’avait pas vraiment l’air d’être un lycéen… Un adulte qui ne voulait pas vieillir ? La manière dont il la fixait… Pourquoi diable est-ce qu’elle tombait toujours sur des cinglés ? Le jeune homme s’approcha, et Félicia comprit qu’il venait pour elle.

Il se présenta comme un ami de Ryo…

*Oh mon Dieu !*

Elle regarda autour d’elle, s ‘attendant à en voir d’autres débarquer, mais Kyle semblait être le seul.

« Je sais… C’est bien aimable à vous de vous déplacer, mais il m’arrive parfois de lire mon portable. J’espère que ce qu’il a n’est pas… »

Ce fut à ce moment que Félicia comprit que son instinct ne le trompait pas. Des hommes marchaient rapidement, et avaient dégainé des armes. Ils portaient des costumes pour certains, et d’autres ressemblaient à des agents de sécurité.

« Merde… »

Kyle attrapa alors Félicia, qui sursauta. Il avait une poigne de fer, bien plus solide que ce que son look laissait supposer. La Chatte Noire fronça les sourcils, et vit en contrebas un agent de sécurité sortir un pistolet, avant de se recevoir une balle qui lui fit sauter une partie de la tête. Il y eut l’habituel concert de hurlements, et des rafales de balles pour imposer le silence. Des truands hurlaient, et Félicia comprit qu’il s’agissait d’une prise d’otages. Mais pour quoi faire ? Les armes qu’ils avaient… Ce n’était pas de simples gangsters, de vulgaires truands qui faisaient un casse dans une épicerie… Félicia songeait à tout cela alors que le duo se retrouva dans un magasin de lingerie fine, entre deux étals. Kyle lui annonça, chevaleresque, qu’il allait veiller su r elle. Elle se conteta de lui sourire, et répondit.

« Vous avez du lire trop de comics, vous… »

Une alarme rouge se mit alors à illuminer tout l’Olympus, résonnant furieusement, avant de progressivement s’éteindre, tandis que des herses se mirent à s’abattre là où il y avait des murs ou du toit en verre. D’autres herses verrouillèrent les portes du centre commercial, et, dans le parking souterrain, d’autres terroristes fermèrent par d’autres herses les portes d’entrée.

Au rez-de-chaussée, sur la place centrale, les clients et les vendeurs étaient réunis, amassés en groupe. Il y avait un supermarché au rez-de-chaussée, qu’on pouvait apercevoir. Une rangée de caisses enregistreuses avec des tapis roulants et des lumières vives. Certains enfants pleuraient, les gens étaient paniqués. Félicia, quant à elle, s’écarta de Kyle, et s’avança vers la sortie du magasin, restant à l’abri derrière le bureau. Elle jeta un coup d’œil. Des gardes avançaient dans les galeries, fouillant les magasins. Un faux agent de sécurité avançait, avec un Beretta surmonté d’un silencieux dans la main droite, et fouilla la boulangerie « Paul ».

« Non, pitié, ne… ! »

*PLOP !*

Le son résonna, discret, et Félicia entendit un corps qui s‘affaler. Le tueur sortit ensuite sans plus de cérémonie de la boulangerie, inspectant une autre boutique. En contrebas, un homme était en train de parler à la foule, tandis que des lumières de secours éclairaient désormais l’intérieur de l’Olympus.

« Messieurs dames ! Messieurs dames, j’implore votre attention ! Ceci est une prise d’otages, comme vous avez du le remarquer. Un moment désagréable pour nous tous, j’en conviens, mais vous devez bien savoir une chose. Nous n’aurons aucune hésitation à vous abattre si vous posez des questions, ou si vous criez trop. »

Félicia pouvait l’entendre. Sa voix était répartie par des micros dans tout l’Olympus.

« J’invite très sincèrement tous les civils qui se sont dissimulés dans le magasin à venir en bas se rendre. Si, au bout de cinq minutes, vous n’êtes pas sur cette place, vous serez abattus à vue. Voilà pour les formalités d’usage… Pour le reste, nous recherchons une certaine personne… »

L’agent de sécurité ouvrit alors la porte de la boutique de lingerie, et s’avança, pointant son arme. La boutique était plongée dans une forte pénombre, et quelques lumières d’urgence éclairaient l’ensemble. L’agent de sécurité s’avança au milieu du magasin. Une petite lampe fixée sur le canon de son arme lui permettait d’éclairer les rangs. Félicia avança discrètement derrière lui, se rapprochant suffisamment.

« Hey ! » s’exclama-t-elle.

Surpris, l’agent se retourna d’un bond. Utilisant ses talents en arts martiaux, Félicia le frappa avec un coup de pied retourné dans le visage. Le fictif agent de sécurité tomba sur le sol, et, alors que Félicia le pensait vaincu, il la surprit en frappant au ventre avec le pied, relevant ce dernier avant de se redresser rapidement. Il tenta de pointer son arme vers elle, et Félicia frappa avec son pied le canon de l’arme, déviant l’arme. Le coup de feu alla se perdre, et elle le frappa dans le ventre, lui coupant la respiration, le pliant en deux. Félicia attrapa l’homme par les joues, et l’envoya se fracasser sur son genou. Son nez explosa, et l’homme s’écrasa sur le sol, sonné. Elle le frappa à nouveau, et soupira, avant de se retourner vers Kyle, en lui adressant un léger sourire.

« Ne vous en faites pas pour moi, mon cher Kyle. »

« Vous avez du lire trop de comics, vous… »
- Si vous saviez...

Les comics, j'en sortais presque en droite ligne. Ses sarcasmes n'étaient à mon avis pas agressifs et je voulais bien croire que ma petite tirade sonnait un peu creuse à ses oreilles. Curieusement, ça passait mieux lorsque je portais mon costume et que je balançais des rayons d'énergie à tout va, mais je n'avais pas de quoi asseoir la sincérité de mes propos. La belle blonde allait devoir se contenter de supporter le pseudo geek cliché que j'étais à ses yeux et qui compulsait nerveusement sa tenue moulante dans sa poche, comme pour se rassurer. C'était con, mais je ne m'étais jamais senti "SP" sans avoir enfilé le costume et j'en perdais pas mal de mes moyens, surtout dans une situation de crise comme celle là. Pourtant, il fallait que je me reprenne et que je garde le cap. Heureusement, j'étais à l'intérieur du bâtiment et j'avais donc toutes mes chances de parvenir à résoudre la situation sans trop de dommages collatéraux, contrairement à mes habitudes.
Mais sans la totalité de mes pouvoirs, je me sentais comme un flingue chargé à blanc. Un joujou plus où moins inutile mais qui pouvait trouver son utilité. Merde ! Ce n'était pas le moment de douter de moi ! Mentalement, je fîs le point sur la puissance à ma disposition. Grosso-modo, de quoi avoir un corps deux à trois fois supérieur à la moyenne. Plus fort, plus résistant, plus agile... Mais j'allais devoir oublier le vol et les rayons pour économiser le plus gros de mes forces. Au moins, je n'étais pas démuni !

Le temps de mes reflexions et de ce check-up, Félicia m'avait faussé compagnie pour revenir au centre du magasin. Merde ! Encore une nana qui ne pouvait pas tenir en place et qui allait foutre la merde ! On devrait laisser les choses aux pros plutôt que de... Le crépitement du micro et la voix qui en sorti m'empêcher d'attraper une fois encore le poignet de la conquête de Ryo. La grand' messe s'annonçait donc et le programme était clair pour tout le monde, sans ambiguîtés. Armés et dangereux, ils étaient à la recherche de quelqu'un et se donnaient les moyen de le retrouver.... Autant dire que tout l'Olympus grouillait de terroristes, ce qui n'allait pas arranger mes affaires.

- Qui peut être assez important ici pour monter un coup pareil ? Ils sont verrouillés tout les accès et sont lourdement armés...

- HEY !

Félicia et... un type armé ! Merde, quel con ! Alors que je me préparais à bondir, la donzelle me grartifia d'un spectacle plutôt impressionnant. En quelques mouvements superbement orchestrés, elle neutralisa l'homme, démontrant une excellente technique mâtinée d'une assurance qui témoignait d'une certaine expérience. Je trouvais le tout très joli, d'autant que ses mouvements avaient trés agréablement dessiné son corps charnel. Un joli sourire puis une tirade qui voulait tout dire.
Je me fendis d'un petit applaudissement avant de froncer les sourcils.

- Vous n'êtes donc pas seulement prof de sport. Désarmer un homme de cette façon n'est pas donné à tout le monde. Ceci étant, vous n'êtes pas maligne non plus, ma chère Félicia. Ces types sont en contact radio permanent et celui là ne réponde pas va éveiller les soupsons, surtout vu comment vous l'avez amoché. Bref, nos amis en bas vont savoir qu'il y a de la résistance et se vengeront peut-être sur les otages pour nous faire sortir.

Je soupirais en secouant la tête. La démonstration de force m'avait impressionné, oui. Mais à mon sens, elle avait été inutile et nous mettait dans de plus sales draps encore mais au moins, je savais que Félicia savait se défendre. Ce serait peut-être à elle de considérer que j'étais un poids, c'est vrai. Pourtant, je préférais garder mes cartes pour moi, pour le moment.
Tirant le corps pourtant imposant sans réelle diffculté, je le traînais jusqu'au centre de la pièce avant de m'approcher de la porte et de scruter les environs... Personne. Le type s'occupait probablement seul de cette portion d'étage et ça arrangeait mes affaires. Accroupi, je me tournais vers Félicia en plaquant un doigt sur ma bouche, avant de sortir.
L'épisode de chez Paul ne m'avait pas échappé et allait peut-être servir mes affaires. Me rendre à la boulangerie tout à côté fût relativement simple, tout comme récupérer le corps de la cliente qui avait été abattue. Le ramener à la boutique de lingerie fût laborieux, en revanche. Toutefois, j'y parvins en multipliant les précautions, déposant le cadavre non loin du corps du lourdeau. Que Félicia le sache ou pas, elle l'avait tué avec son dernier coup et je m'en étais aperçu en le déplacant. Je lui avais placé son arme en main et rapidement maquillé la scène en affrontement, espérant que la simulation face écran. La pénombre ferait peut-être le reste... Et nous permettrait de gagner un temps précieux.
Me relevant, je filais vers Félicia et la plaquait contre le comptoir de la boutique. Mon regard dardé dans le sien et mon torse musclé contre sa poitrine, je comptais bien mettre les points sur les i.

- Je ne sais pas qui vous êtes, mais certainement pas ce que vous prétendez. Je m'en branle, en fait. Mais si vous êtes là pour juste bouger votre superbe petit cul pour faire la maligne, allez clairement vous faire foutre. C'est clair ?

Mon front collé au sien, j'avais attrapé chacun de ses poignets tandis que je parlais, les plaquant contre le comptoir eux aussi. Oui, je voulais lui faire un peu peur. Remarquez, la situation avait quelque chose d'assez excitant. Nous deux contre ce meuble, l'adrénaline dans les veines... J'espérais entre deux écumes de colère qu'elle ne sente pas mon début d'érection contre elle. Kyle, connard.

- Je vais aller aider ces gens. Je ne sais pas encore comment, mais je vais le faire. Vu ce que vous savez faire, je vais avoir besoin de vous. Soit vous m'aidez et on se considère comme partenaires, soit je vous ligote ici. Je relâchais ses mains. N'allez pas croire que vous êtes la seule à porter un costume.

En gros "on a tous nous petits secrets". J'ignorais si elle allait me prendre au sérieux, mais je la priais de croire que j'avais autant de gueule que de possibilités de mettre ma menace à excécution.
M'écartant d'elle, je n'en restais pas moins très proche. A elle de choisir la suite des évènements. Aux aguets, j'attendais qu'elle m'annonce ses choix.

Ce petit combat lui avait fait plaisir. Quoi de mieux, après tout, après de l’entraînement dans le parc, qu’un  peu d’exercice ? En tout cas, ce bref combat confirmait qu’ils n’avaient pas affaire à des amateurs. Sans être un champion en arts martiaux, cet homme savait se battre, et avait ce sang-froid glacial qui allait tant aux professionnels. Pas des amateurs. Pas des fanatiques. Pas des gangsters défoncés au crack. Qu’est-ce qu’ils foutaient dans un centre commercial ?! La Chatte Noire se disait toutefois qu’elle ne tarderait pas à être fixée, et avait même une idée.

*Pourquoi n’y ai-je pas songé plus tôt ?*

Elle fut tentée de l’appliquer quand elle se rappela qu’elle avait avec elle un civil. Kyle. L’adulte qui refusait de vieillir. Elle s’attendait à le voir recroquevillé dans un coin, et se disait qu’elle devrait l’assommer et l’isoler, mais, au contraire, ce dernier se mit à sortir, et alla près de la boulangerie « Paul », afin de traîner le cadavre de la cliente vers le magasin de lingerie. Il lui avait dit que son geste risquait d’attirer l’attention des ennemis. Traîner un cadavre dans un couloir, c’était toutefois aussi une bonne manière d’attirer leur attention…

*Mais qu’est-ce qu’il fout ?!*

Kyle ramena le cadavre, et essaya de maquiller l’affrontement en un double homicide. Félicia réalisa que le jeune homme n’avait probablement pas fait que lire trop de comics, mais aussi vu trop de films. Ces mercenaires n’y croiraient jamais ! Elle lui en aurait bien fait la remarque, mais il la plaqua alors contre le comptoir, avec un regard qui en disait long sur sa détermination, et une force insoupçonnable.

« Je crois que c’est un peu trop tôt pour ce genre de choses… » murmura Félicia.

Kyle lui parla alors sur un ton fort, et Félicia comprit qu’il n’était pas qu’un simple adulte un peu timide avec un look étrange. Elle ne lui répondit pas, le laissant continuer sa tirade, tout en hésitant à le frapper entre les jambes. Elle ne le connaissait pas, mais il avait l’air de ressembler, au mieux à un boulet qui la gênerait, au pire à un cinglé échappé d’on ne sait quel asile. Il lui avoua son intention d’aller les aider, tout en n’ayant aucun plan. Félicia en soupira. Un vrai mâle… Croisant les bras lorsqu’il s’éloigna d’elle, elle lui répondit assez rapidement :

« Si vous en aviez un peu moins dans le pantalon, et un peu plus dans la cervelle, vous seriez véritablement le sexe fort. Ces gars sont des professionnels. Ils n’auront aucune hésitation à abattre des otages, mais ils ne le feront pas s’ils croient qu’il y a un simple civil qui s’est échappé. Ce serait contreproductif, et, tout ce qu’ils gagneront, c’est déclencher un mouvement de panique qui les amènerait à devoir abattre encore plus d’otages. Et je ne pense pas non plus qu’ils seront assez naïfs pour croire qu’une simple cliente effrayée a pu venir à bout d’un tueur professionnel. »

Elle lui parlait avec calme. Félicia était plutôt habituée à ce genre de situations. Quand on avait travaillé avec le Caïd, et qu’on avait affronté le S.H.I.E.L.D., on acquérait un sang-froid qui était à toute épreuve. Repensant soudain à son idée, elle sortit son portable, et constata qu’il y avait toujours du réseau. Mais appeler la police n’était pas ce qu’elle recherchait. D’autres civils qui traînaient encore dans le bâtiment l’avaient sûrement déjà fait.

« Moi, j’ai un plan, lança-t-elle. Un plan qui ne se résume pas à traîner des cadavres sur le sol, ajouta-elle avec une pointe de sarcasme. Vous me ferez le coup du macho viril un peu plus tard, Kyle. Et, pour votre gouverne, je n’ai jamais prétendu n’être qu’une simple prof de sport. »

Et, le plantant là, elle sortit. S’accroupissant, elle s’approcha de la rambarde qui longeait le centre de l’Olympus, et ouvrit son portable. Il était temps de vérifier si ce que le vendeur lui avait dit sur le zoom des photos et la qualité des images BlueTooth étaient exactes. Elle releva lentement la tête, et essaya de cadrer dans son portable la tête du leader. Les terroristes, quant à eux, étaient en train de réunir tous les appareils électroniques des civils, notamment les portables, les pagers, les baladeurs, regroupant le tout dans un grand sac de sport. Ils surprirent un homme essayant fébrilement d’envoyer un SMS à quelqu’un. Son portable, ainsi que deux de ses doigts, se retrouvèrent sous le talon d’un homme, suivi d’une frappe magistrale qui le fit cracher du sang par le nez. Imperturbable, le meneur des terroristes reprit. Un homme assez élégant, qui semblait avoir la quarantaine, avec un costume.

« Je vous prie d’éviter ce genre d’initiatives personnelles. Si cela peut vous rassurer, nous ne sommes pas des fanatiques qui vont se faire dynamiter au nom d’une quelconque cause sainte. Nos intentions sont bien plus modestes, et n’impliquent normalement pas votre mort. Nous recherchons un homme. M. Akagari. »

L’homme marcha alors au milieu des otages, se mettant à parler, débitant son laïus :

« Nous comptons agir contre la cupidité financière et véreuse de la société Nishikami, gérante du présent magasin. Vous serez les témoins de notre frappe. »

Félicia n’en croyait pas un mot, mais essayait surtout de pouvoir prendre sa tête en photo.

« Lee Tahori Akagari. Né à Los Angeles, en 1949.  Ses parents étaient des immigrés qui avaient fui le régime impérial et la guerre. Interne dans une prestigieuse école privée de la Californie en 1962. Titulaire d’une bourse pour l’université d’Harvard en 1970. Rédacteur d’un petit journal étudiant durant ses trois premières années d’étude, « La Voix du Raison ». Décroche un doctorat en économie en 1977, et publie dans la foulée une thèse consacrée à l’influence du mercantilisme dans les théories néo-capitalistes. Fait partie des pionniers qui encourageront le développement du néo-capitalisme. Fonde en 1993 Nishikami Inc, dont l’objectif avoué est de rivaliser Wal-Mart Stores, après avoir passé plusieurs années au sein de cette entreprise. Publie en 1999…
 -  Assez ! lâcha une voix à côté de lui, amenant le terroriste à tourner la tête.
 -  … Un livre sur la crise économique du Japon… M. Akagari, je présume ? Enchanté de faire votre connaissance. Veuillez me suivre, je vous prie. »

Akagari était un homme assez âgé, mais qui avait le regard dur et fier des hommes d’affaires de carrière. Félicia prit alors une photo. Aucun flash, un seul et inaudible « CLIC ! » Elle alla ensuite s’asseoir sur le dos, contre la rambarde, et envoya un MMS à son agent de liaison pour le S.H.I.E.L.D. : un avocat répondant au nom de Norman Jayden. Il y avait la photo, avec quelques informations lapidaires :

« Prise d’otages à l’Olympus Market.

Qui est ce gars ? Appelle-moi quand tu pourras. »

Félicia appuya sur la touche d’envoi. Une petite barre se forma sur l’écran. « ENVOI DU MESSAGE EN COURS »… Ce que ça pouvait paraître long ! Mais le message fut finalement envoyé, et elle ne tarda pas à recevoir un accusé de réception positif. Elle rangea alors le portable, et se retourna vers Kyle.

« Avant d’agir, il nous faut en savoir plus sur… Merde ! »

Deux hommes approchaient. Comme Kyle l’avait prédit, ils essayaient de parler avec leur complice qui était mort dans la boutique de lingerie. Félicia fila rapidement dans une boutique adjacente, où il y avait un autre cadavre derrière le comptoir. La caissière. Elle s’était reçue une balle dans la poitrine, une autre dans un bras, et une dernière en pleine tête, répandant son sang et des morceaux de son cerveau sur le mur.

« Vous avez réfléchi à une stratégie ? J’espère que vos pouvoirs sont dignes de ce nom… »

Avec sa veine habituelle, Félicia était prête à parier qu’elle était tombée sur un boulet avec des pouvoirs minables.

« Je crois que c’est un peu trop tôt pour ce genre de choses… »

- Je vous promets de trouver une heure ou deux plus tard pour revenir vous prendre contre le premier comptoir venu.

La réponse avait fusé d'entre mes lèvres, oscillant entre sérieux en béton et ironie juvénile. Allez savoir pourquoi, mais je commençais à me dire que cette fille était aussi agaçante que bien roulée, ce qui n'allait pas me faciliter la soirée tellement elle était bonne. Je crois que si j'avais été un de ces mâles alphas dominateurs, je lui aurais décollé une superbe gifle avant  de lui peloter les seins en lui rappelant qui était le patron et qui pouvait forcer l'autre à obéir. Mais j'avais toujours été trop gentil et incapable de gagner face à une femme, que voulez vous ! Et puis, amorcer un tandem sur une grande claque dans la gueule et un début de viol n'était certainement pas la réaction la plus appropriée à adopter. Ravalant mon orgueuil masculin, je me résolvais à l'écouter parler à son tour, faisant l'impasse sur sa pique concernant les hommes et leurs capacités tout en signifiant mon agacement d'un claquement de langue assez sonore. Me tournant vers elle pour la dévorer du regard tandis qu'elle parlait, je ne pûs m'empêcher de penser que la petite guêpière rouge présentée à l'entrée lui irait comme un gant. Sur des jambes comme ça, ça doit faire mal un porte-jarretelles, pas vrai ?

- D'accord. L'idée de la mise en scène est peut-être creuse, mais le but était de rattraper votre bêtise, ma chère. Si ce type avait simplement fait le tour avant de repartir, nous aurions eu l'esprit plus tranquille. Mais vous avez voulu me montrer que vous n'êtiez pas en détresse.... Visiblement, vous avez tout dans la poitrine mais pas énorme dans la cervelle. C'est dommage, avec un équilibre différent, vous auriez été un des génies de ce siècle.

Dantagueule. Je n'allais pas lui laisser perpétuellement la main dans cette histoire et ce genre de situation, j'en avais vu quelques unes. Oh, pas de cette ampleur, c'est vrai. Pourtant croyez moi, affronter les pires saloperies de ce monde et d'autres vous apprenais rapidement à relativiser et à garder votre calme.
Je la vis sortir son téléphone. Les flics ? Ils étaient sûrement déjà autour du bâtiment à s'organiser. Et ce que les flics attendaient, c'était très sûrement un certain type volant en costume ultra-moulant, qui ce soir ne répondrait pas à l'appel, et pour cause.
Quand Félicia reprit, elle ne me laissa pas le temps de rétorquer et fila à l'extérieur, ce qui me fît pester. Avec précaution, je me dirigeais au plus près de la porte du magasin de lingerie et braquait mon regard sur elle, qui baladait son portable vers ce qui devait être la scène en contrebas. Profitant du moment, je la rejoignis et sortis à mon tour de l'échoppe pour venir tout contre elle, l'interrogeant du regard.
D'accord, j'avais affaire à une pro. La petite prof de sport sexy me semblait soudain bien loin et j'échangeais à regard avec elle quand l'exposé du type en costume se fit entendre. Voilà donc qui ils cherchaient ? Même moi, je ne croyais pas à la thèse des "redresseurs de torts". Vous dire pourquoi, je n'aurais pas sû. Je le sentais, mais toutes ces histoires politico-financières m'échappaient un peu.

Quand Félicia lâcha un juron, je suivis son regard et sa fuite pour le premier magasin à notre portée, me réfugiant avec elle derrière le comptoir tout en m'étant aperçu que les molosses cherchaient à communiquer avec une radio qui semblait muette. J'avais tapé dans le mille et offrait à la belle un regard du genre "Ah, qui avait raison ?" avant qu'elle ne parle pouvoirs et stratégie.

- Je possède des rayons X, en fait. Ce string vous va superbement, ça vous fait un cul d'enfer et le soutien-gorge galbe vos seins de façon assez appétissante. Un clin d'oeil amusé -et un regret de ne pas posséder de rayons X- avant que je ne continue plus sérieusement, risquant un coup d'oeil rapide de derrière notre cachette. Considérant les contacts radio qu'ils entretiennent, les dézinguer un par un serait stupide. Si nous voulons agir, nous devrions je suppose les rendre aveugles avant toute chose, pour pouvoir bouger un peu plus librement. Je la regardais, avant de lui désigner une caméra au témoin lumineux inactif au-dessus de nous. Les magasins sont en circuit fermés et gèrent seuls leurs caméras. Mais dans les couloirs de l'Olympus, c'est une autre histoire et l'endroit est truffé de caméras. Mieux valait couper court à ses questions, aussi entrepris-je de répondre d'avance aux plus évidentes. Je passe assez de temps ici pour avoir eu le loisir de discuter avec des commerçants et d'anciens vigiles.

...Et surtout une fois, un commissaire de police m'avait fait un petit bilan suite à une alerte à la bombe qui s'était avérée être un canular. Je n'avais jamais pensé que ces informations me serviraient un jour, en vérité. Levant les yeux, je me rendis enfin compte que nous nous étions réfugiés dans une boutique de produits dérivés divers et variés. Sûrement pas le style de Félicia. Bah.
Je regardais mes mains : pleines de sang. Comme mon tee-shirt Spider-man, en fait. Le cadavre avait laissé des traces que je me refusais à continuer de porter, aussi ôtais-je le tissu pour dévoiler mon torse aux courbes puissantes et dessinées, m'essuyant les mains au mieux avant de le jeter en boule dans un coin, attrapant un tee-shirt encore sous plastique dans un rayon tout à côté.
Noir et un peu trop petit pour moi, il moulait à merveille mon buste sur lequel s'affichait un sigle que je connaissais bien... Le mien, celui de Sentinel Prime. Tant pis pour ma "couverture", j'en profitais aussi pour ôter mes lunettes de toute façon inutile et me passais une main dans les cheveux pour les relever un peu. Et un peu malgré moi, je donnais naissance à un Sentinel Prime de transition. Au moins, je me sentais d'attaque quand je revins à Félicia, collant presque mon visage au sien.

- Vous êtes une pro, c'est vrai. Vous saurez prendre les bonnes décisions et moi, je veillerais à vous garder en vie. Je sais que vous ne croyez pas à mes paroles, mais je n'ai pas l'âme d'un beau-parleur et je n'ai jamais su convaincre une femme avec quelques mots, ce qui ne plaide pas en ma faveur. Mais si vous acceptez qu'on marche ensemble, on ne se lâche plus, vous et moi. Si ça vous va, je vous propose de nous rendre au PC sécurité du niveau moins trois...

Je baissais les yeux pour lui désigner ma main ouverte, tendu vers elle.

-....Partenaire ?

Mon dernier mot sonnait plus comme une demande que comme une affirmation, en vérité. Qu'allait choisir de faire la belle ?

Mon Dieu, elle avait passé cinq minutes avec cet homme, et elle avait déjà envie de le gifler. On aurait dit une version avec des cheveux bruns de Flash… Le même humour, le même machisme ridicule…  Il fallait juste espérer qu’il serait un peu plus utile que Flash…  Prudente, Félicia tendait l’oreille pour essayer de percevoir du mouvement. Félicia vit alors l’homme commencer à se changer, ôtant son Tee-shirt décoré avec des taches du sang, et en profita pour sortir le portefeuille de l’agent de sécurité fictif qu’elle avait assommé. Elle trouva une carte d’identité, fronça les sourcils. Elle avait l’air vraie… Suffisamment vraie pour que même une femme comme elle, qui avait travaillé pour le compte du Caïd, se méprenne. Elle trouva aussi des billets, un permis de conduire, une carte de sécurité sociale, et une photo montrant l’agent de sécurité avec deux enfants, chacun ayant de grands sourires ravis. Elle était sûre que la photo avait été truquée sur Photoshop.

Félicia se retourna quand l’homme avait fini de se changer, choisissant un Tee-shirt noir avec le logo « S » dessus. Il avait ôté ses lunettes, et elle ne fit aucune remarque. Il retourna sous le comptoir, et exposa à Félicia son plan. Couper les caméras de sécurité en descendant au niveau -3. Au moins, il semblait mieux connaître les lieux qu’elle. Félicia le regarda suite à sa question, et lui sourit lentement.

« Le dernier partenaire que j’ai eu m’a brisé le cœur. Il avait un humour aussi vaseux que le vôtre. »

C’était Spider-Man, mais il était inutile d’en dire plus. Félicia se releva alors. Les gardes discutaient entre eux, et l’un parlait par radio avec leur chef.

« Monsieur ?
 -  Que se passe-t-il? répondit la voix de l’homme dans un crachotement.
 -  Billy est mort, Monsieur.
 -  Mort ?
 -  Un coup lui a brisé la nuque. Il y a le cadavre d’une cliente à côté. Nous pensons que cette dernière a du réussir à le blesser grièvement, et qu’il a eu le temps de l’achever.
 -  Je ne vous paie pas pour penser, Hans. Vous croyez vraiment qu’une simple petite cliente effrayée aurait pu venir à bout d’un ancien U.S. qui a été en Irak ?
 -  Je… Vous pensez à un vigile ?
 -  Ou à un boy scout… Les films d’actions ont de très mauvaises influences sur les gens. Retrouvez-le, et tuez-le. »

La conversation se rompit, et les deux gardes commencèrent à s’éloigner, passant devant la boutique où Félicia et Kyle étaient cachés, avançant tout droit. Félicia attendit prudemment qu’ils soient partis avant de répondre à Kyle :

« Je suggère de prendre les escaliers pour rejoindre votre PC. »

Félicia sortit prudemment du magasin, marchant lentement. Les deux gardes se séparèrent, pointant leurs armes avec des torches. Il y en avait d’autres en haut, et elle ne tarda pas à trouver une porte à double battant avec le symbole verdâtre de l’homme cherchant à fuir le feu. La porte s’ouvrit rapidement, menant sur un escalier blanchâtre plongé dans la pénombre, avec quelques lueurs d’urgence. Elle laissa Kyle entrer, et le duo se mit à descendre les marches. Ils descendirent sous le rez-de-chaussée, atteignant le niveau -1, quand Félicia entendit des bruits, et vit des torches en contrebas. Trois tueurs étaient là, discutant entre eux. Une langue qu’elle n’arrivait pas à identifier. Du russe, peut-être…

« On trouve un autre chemin, Clark Kent », lâcha-t-elle à l’homme.

Ils entrèrent dans le niveau -1, un parking souterrain. Félicia pouvait entendre des sirènes et des gyrophares, signe que la police était là. Les herses du parking étaient toutefois solidement abaissées, et plusieurs hommes se tenaient dans le parking, faisant des rondes. Félicia s’abrita derrière une grosse voiture, accroupie.

« Ah, au fait… lança-t-elle dans son oreille. Je ne porte pas de string. »