Le jeune sportif ne quitte pas des yeux le visage de la belle qui vire au cramoisi. Cela l’amuse, de la mettre dans cette situation inconfortable, de la sentir se tortiller imperceptiblement. Il adore taquiner les gens. Plus jeune déjà, il faisait enrager son pauvre père (lorsqu’il avait l’occasion de le voir debout et sobre), et découvrit par la suite que cette espièglerie était une arme de séduction massive auprès de ses congénères féminines. Ouaip, il est typiquement le genre de mec qui vous fait tourner en bourrique lorsque vous lui demandez tout simplement l’heure, ou qui vous vanne sans arrêt pour finalement vous embrasser avec fougue lorsque vous êtes au bord des larmes. Et vous ne dites pas non. Vu sous cet angle, il est un individu abject et sûr de lui, qui se persuade que si la fille le rejette en bloc, c’est qu’elle est frustrée et indigne d’intérêt.
Il faut que je fasse attention, se dit-il. Yamagashi-Sensei est une femme à la sensualité et à la sexualité visiblement libérées, mais si elle devait choisir entre sa carrière et tirer un coup avec son collègue, il n’est pas certain qu’elle choisisse la seconde possibilité.
Les doigts de Roka se font moins pressants et gourmant, mais c’est quasiment imperceptible. Il la sent frissonner sous ses caresses, voit ses joues mouchetées de tâches de rousseur s’empourprer. Lui-même s’emballe de plus en plus. Impossible de faire machine arrière, à présent. Sa respiration s’accélère.
" Juste quelques uns... Et vous devriez leur apprendre à ouvrir un soutien-gorge. "
Roka a un rictus. C’est vrai qu’il est assez fier de ses compétences en ouverture de soutien-gorge. En même temps, il a eu de quoi se faire la main… Mais il ne le lui dit pas, c’est le genre de phrases pédantes qui laissent un léger malaise dans la conversation, genre, « Je suis tellement canon que j’ai une nana différente dans mon pieu chaque soir, et tu es la prochaine ! ».
Cependant, elle aussi a l’air assez calée dans le domaine. D’ailleurs, il nota son « juste quelques uns ». Quand même ! Il n’ignore pas que beaucoup de professeurs ont des relations sexuelles avec leurs élèves, mais cela reste assez rare. Il avait toujours pensé être un des seuls professeurs ayant atteint ce degré de perversité. Alors, « quelques uns », c’est déjà beaucoup !
Finalement, il ne répond pas. Il a mis une seconde de trop pour réfléchir à sa réponse, et maintenant cela paraitrait étrange. De toute façon, la jolie rousse ajoute :
" Ce serait un peu plus fair-play... Vous avez déjà de beaux avantages sur eux. "
« Pas tant que ça. Le seul avantage que j’ai est de pouvoir flirter avec la sublime professeur que vous êtes en toute légalité ! »
Mais il poursuit, pour ne pas avoir l’air de forcer la fausse modestie :
« …Non, vous avez raison, je suis vraiment exceptionnel ! »
Il s’esclaffa doucement. Mais son rire part en vrille sur la fin, car la main de Yamagashi-Sensei se pose enfin sur son pénis qui se dresse peu à peu. Elle a sûrement du sentir la subite montée d’adrénaline du jeune homme, car elle retire sa main peu après, qui retourne se placer plus loin sur son genou.
Roka jette un regard circulaire : Tout le monde les regarde, ou fait mine de ne pas les regarder. Mais ils n’en perdent pas une seule miette. Peuvent-ils voir leurs mains s’enlacer, se chercher et se croiser ? Sans doute que non. Mais ils ont bien vu les spasmes qui les agitent de temps à autre, leurs épaules tremblantes, et leurs joues rosies par l’excitation. Impossible de rater leur petit manège.
La belle se mordille les lèvres tout en le regardant droit dans les yeux. La voix de la conscience du jeune homme essaie de se faire entendre derrière les battements de son cœur. Mais il n’a aucune envie de les écouter. Sa main gauche est toujours posée sur le buste opulent de Yamagashi-Sensei, mais elle s’immobilise. Sa main droite, qui pendait négligemment contre son flanc, remonte doucement, fait mine de se poser sur la table mais au dernier moment bifurque, et se pose sur la cuisse de la jeune femme.
Il prend soudain un air sérieux et son corps se penche très légèrement vers elle. Il lui dit, à voix basse, un peu hagard :
« Excusez-moi, je n’ai pas compris ce que vous venez de me dire. Ou je n’ai pas entendu, je ne sais pas. Je suis trop excité, j’ai très envie de vous. »
Cela a le mérite d’être clair. Il regarde vers la porte du réfectoire. Puis ses collègues ainsi que les élèves, qui détournent les yeux en un éclair. Il lorgne vers son pantalon de jogging. Difficile de louper l’énorme bosse qui vient de s’y former, même une taupe aveugle à cinq cent mètres de là la verrait… Pourquoi faut-il qu’il soit toujours si hâtif ? Son corps réagit toujours au quart de tour…