« Ha, ces terriens. »
Les mots manquent de lui échapper des lèvres, mais il s'est consciencieusement retenu. Le fait qu'il vienne d'une autre... euh... dimension ? a intérêt à rester secret. Oui, il vaut mieux. Du moins, pour l'instant.
Il la regarde jouer avec son appareil. Cette chose l'a toujours fasciné, et si il pouvait importer cette technologie chez lui, il pourrait sans doute accroître sa capacité de domination de manière exponentielle. Ces temps-ci, ça stagne un peu, les affaires. D'autant plus qu'il ne peut pas retourner à Nexus pour le moment, et franchement, c'est pas ça qui va arranger ses bidons. Bref. Il prend le pansement, et l'écoute avec son engin. Taxi ? Heureusement qu'il a potassé le sujet « culture terrienne » avant de mettre un pied seul en pleine ville. Il vire le plastique qui couvre les parties collantes pour appliquer le bandage miniature adhésif contre sa vilaine entaille. Voilà, j'suis guéri maman ! Il aurait bien refusé cette attention, mais pour faire plaisir à une femme, il ferait n'importe quoi.
Même se mettre un pansement.
Ses mots suivants contiennent quelque chose qui ressemble à du défi, du moins, ça en a la saveur. Il oscille entre l'admiration et la moquerie. C'est vrai, on a là une aventurière, qui prend ses aises avec lui, ce qui n'est pas pour lui déplaire parfois. Mais en même temps, que de présomption ! Law se considère comme infiniment supérieur à la race dominante dans ce monde, dont elle fait partie ; aussi, la façon qu'elle a de l'interpeller, de lancer une pique même, ressemble à l'attaque courageuse mais tout à fait vaine de Don Quichotte contre « ses géants du vent », aux pales de bois et de papier, dont il ne saisit pas tout à fait la vraie nature. C'est le cas actuellement : Sur une monture et armée d'une lance, la bien-nommée Huntress croit l'atteindre. Se rend-elle compte que son adversaire est une colline qui cache, non pas un mont, mais une chaîne entière de volcans déchaînés ?
Lui, en tout cas, se sent puissant. Elle ne l'a pas repoussé, bien au contraire. Elle semble en redemander. Law fait son petit effet, parfois. Il est plutôt séduisant, mais surtout, il a cette assurance, cette façon d'oser les choses, de se ruer sur un titan de braises, pour tenter de le terrasser à mains nues. C'est à corps perdu qu'il se jette dans les batailles, pour briser un opposant armé et entraîné, ou pour arracher – oui, arracher ! Éhontément ! – un baiser.
Il sait ce que c'est de tout perdre, de n'avoir plus rien. Dans ces moments-là, il n'y a que deux solutions : Oser, ou se laisser périr dans l'oubli et la honte. Il garde fixement en tête cette dichotomie, pour se rappeler que rester immobile ne peut que le desservir.
Bref, il sourit. Il regarde ailleurs, cherchant des yeux l'autre gorille, avant d'en revenir à elle. Des gardes du corps collants, c'est ça ? Donc, ils sont là pour la protéger, mais elle cherche à tout prix à s'en extraire ? Ca devient... vraiment, vraiment intéressant.
Je peux faire les deux. Vous embrasser, tout en vous disant ce dont j'ai besoin.
Il recommence, ce saligaud ! Mais doucement, cette fois-ci. Test n° 2. Main sur le cou, pouce sur la joue. Son visage se rapproche. Il prend ses reins, pour que les deux corps se mêlent, se fondent, lentement. Oh, que cette proximité est excitante. Son regard se fait pénétrant quand il fixe ses yeux et rêveur quand il descend sur ses lèvres. Il vogue de l'un à l'autre de ces points, avec intensité.
Et, comme annoncé, ses lèvres se scellent à celles de la divine héroïne. Les mots mettront quelques secondes à sortir, alors même que sa bouche est toujours mêlée à celle d'Hana.
Peu importe la façon dont vous m'aiderez... Ce dont j'ai besoin... C'est de vous.
Ca pourrait être la maestria d'un dragueur en grande forme, mais ça n'en a pas l'air. C'est purement sensuel. L'air se fend de vibrations de volupté, et lui-même ne distinguerait pas le vrai du faux dans son rôle.
... Peut-être parce qu'au fond, c'est son propre personnage qu'il acte ?
Le jeu dans la réalité. La réalité dans le jeu.