« C’est vrai que vous êtes plutôt jolie… très jolie en fait, mais je n’aurais quand même pas du vous reluquer, c’était impolis de ma part. »
Rayne se contenta d’un léger sourire absent, sans ajouter quoi que ce soit. C’était inutile, de son point de vue, et elle préféra, couchée sur le dos, fixer silencieusement le plafond. La Dhampir n’était pas fatiguée, et était, à vrai dire, plutôt intriguée. Dire qu’il y a environ une heure, cet homme avait affronté un graveir… Il perdait maintenant tous ses moyens ! Voilà qui était plutôt curieux… Amusant, même. Elle n’avait pas grand-chose à faire dans ce lit, et, après tout, plusieurs couples faisaient déjà silencieusement l’amour. Elle se plongea à nouveau dans ses pensées, mains derrière la tête, réfléchissant à ce qu’il fallait faire. Encore une fois, l’idée que l’Antéchrist puisse être l’un des rejetons de Kagan était particulièrement attirant… Venir à bout de sa nouvelle famille, c’était tout ce qu’elle souhaitait, en espérant pouvoir un jour remonter vers la source du problème : son père. Les mauvaises herbes ont la vie dure, après tout.
Plongée dans ses réflexions, elle sortit de ses pensées en sentant une main se poser sur l’un de ses seins. Un contact bref et furtif, et elle tourna subitement la tête, comprenant assez facilement que Reikus avait agi de manière assez maladroite. Ce fut néanmoins suffisant pour la faire sortir de ses pensées. Il s’excusa vaguement, mais elle entendit autre chose. L’appel du sang, le battement précipité de son cœur. La Dhampir se contenta d’un léger sourire amusé en sentant cet accroissement. Restait à l’interpréter… Nerveux ? Excité ? Difficile de le dire, mais elle soupçonnait un mélange des deux. Hésitant un peu, Rayne finit toutefois par agir. Le sommeil ne viendrait de toute façon que difficilement. Elle était une créature nocturne, ce qui faisait qu’elle se couchait généralement à l’aurore, préférant vivre la nuit. Néanmoins, ici, face au Cardinal, si elle sortait la nuit, le Cardinal aurait tôt fait de découvrir qu’elle n’était pas humaine, ce qui, en somme, reviendrait à faire d’elle le parfait bouc-émissaire. Pr conséquent, elle devait rester cantonnée ici, mais, avec les gémissements, les soupirs, les chuchotements, les gloussements des autres, sons discrets mais amplifiés par les sens évolués de la Dhampir, ce serait pratiquement mission impossible… Et ce serait d’autant plus dur que, lorsqu’ils se coucheraient, tout ce beau monde finirait par ronfler, renâcler, tousser, se gratter, gémir… Rayne en savait quelque chose. A l’époque de la Seconde Guerre Mondiale, quand elle accomplissait des missions pour le compte de la Brimstone visant à tuer des officiers du Troisième Reich faisant partie du cercle étroit de la Société de Thulé, et cherchant à réinstaurer un ancien démon pour les aider dans leur lutte contre les Alliés, elle avait du se dissimuler dans des casernes militaires, où elle avait pu constater que dormir était un véritable luxe au sein d’un groupe.
De plus, et elle devait bien l’avouer, ce n’était pas non plus comme si Rayne ne trouvait pas Reikus attirant. L’homme était plutôt bien bâti, ce qui était pour lui convenir. Et la Dhampir n’avait pas vraiment eu l’occasion de faire l’amour avec quelqu’un depuis plusieurs semaines, maintenant. Toutes les conditions étaient réunies : un homme qui ne semblait qu’attendre le bon moment pour se laisser aller, la proximité… Ce fut largement suffisant pour que Rayne agisse, commençant par glisser ses mains sous la couette, cherchant sa culotte pour la faire glisser le long de ses jambes, avant de la déposer à côté. Elle se mit ensuite de profil, s’appuyant sur le bras gauche, et utilisa la main droite pour la poser sur l’une des joues de Reikus, se collant contre lui, ses seins s’enfonçant contre sa peau. Massif et bien bâti, un homme viril comme elle pouvait les aimer. Sa main se mit à caresser du bout des doigts les lèvres de l’homme.
« Je n’ai pas grandi dans un couvent, ni dans ces endroits fortunés où la séduction est quelque chose de policée. J’ai grandi dans les forêts, dans les rues et les bas-fonds. Le genre d’endroits où on peut se faire violer et égorger à chaque occasion… Alors, ne venez pas me dire que vous avez été impolie. Devant une noble, ça marcherait peut-être, mais pas devant moi… »
Rayne lui énonçait effectivement quelque chose de simple. Elle n’allait pas rentrer dans les détails, mais elle était née en Irlande, peu après la Première Guerre Mondiale, dans les remous de la guerre d’indépendance. Chassée par les siens, traquée par les séides de Kagan, elle s’était réfugiée dans les forêts, chassant des loups, jusqu’à rencontrer un vieil homme qui lui avait remis des lames dhampirs, lames qui, depuis le temps, avaient été sensiblement améliorés. Elle se blottit encore un peu contre lui, jusqu’à finir par plus ou moins se glisser sur cet homme. Les deux jambes de Rayne se glissèrent de part et d’autre de l’une des jambes de Reikus, et elle frotta ses seins contre son corps, approchant ses lèvres de son oreille, soufflant dedans.
« J’ai cru comprendre que vos mains avaient apprécié la rondeur de ma poitrine… Mais il n’y a pas que ça qui soit rond et ferme sur mon corps… Promenez vos mains, Reikus… Je sens que ça vous attire, que ça vous fascine… Vous avez terrassé des goules, affronté un graveir… Une femme, à côté, ça devrait être biens moins terrifiant, non ? »
Rayne agissait assez rapidement. L’un des autres effets d’avoir du sang vampirique dans les veines était que ce genre de choses étaient bien plus fortes. L’excitation sexuelle agissait sur le rythme sanguin, ce qui était encore plus important chez un vampire.