Fugitifs.

(Quelques instants auparavants...)


Ils étaient enfin sortit. Sortie quelque peu remarquée puisque Edwin et Ishtar étaient parmi les rares à avancer à contre courant de la foule. Le jeune homme tenait toujours la main de la demoiselle tandis qu'il lançait quelques rapides coup d'oeil sur les marchands trainant leurs esclaves. Certains croisèrent son regard mais aucun d'entre eux ne semblaient s'étonner lorsqu'ils apercevaient Ishtar. Éventuellement, certains les évaluaient simplement, regrettant de ne pas avoir ces deux jeunes gens dans leurs marchandises.

Cigarette aux lèvres, Edwin avait l'impression de tirer bouffée sur bouffée sans prendre le temps de la savourer tant il était sous pression. Être en dehors des murs de la ville ne signifiait pas que le danger était écarté. Prudence était de mise.

Au loin s'étendait la large route qu'empruntaient marchands pour rejoindre la place publique. Certains venaient de loin pour proposer leurs marchandises au peuple de Nexus. De part et d'autres de cette route, quelques fermes locales ou bien de vastes plaines. Plus loin encore, on pouvait commencer à apercevoir les denses forêts du continent.

«Allons à l'est, on sera pas très loin des rivages une fois qu'on aura traversé le bois. On trouvera peut-être une petite ville portuaire.»

Le jeune décida alors de quitter la route principale pour emprunter un sentier qui s'était dessiné au fil du temps par le passage des voyageurs préférant couper au travers de la plaine plutôt que de se retrouver coincés par la foule.
La matinée était bien entamée. D'ici deux-trois, le soleil arriverait très probablement à son plus haut point dans le ciel. La forêt que voulait rejoindre le jeune homme était à dix-quinze minutes à pieds.

«Je crois que personne ne t'a reconnue... Du moins, je n'ai pas eu le sentiment d'être suivis pendant le trajet.»

Edwin se permit alors un sourire, la tension redescendant quelque peu. Il n'avait pas lâché la main de la jeune fille et vint même déposer un baiser contre ses lèvres. A présent, il avait presque l'impression de faire une promenade.

Elle non plus n'avait pas savourée sa cigarette ... L'angoisse injectait dans ses veines une sensation glaciale, malsaine, qui ne la rassurait guère. A trois reprises, elle avait vérifiée si sa dague, volée à son père, était toujours présente dans sa sacoche. Son premier vol, c'était cette lame finement sculptée, qu'elle avait appris à manipuler le jour où elle avait du se défendre ... en traçant une cicatrice sur le bras de son géniteur. Le contact froid du métal la rassura, tout autant que l'étreinte chaude que lui réservait la main d'Edwin. Au cours de la route, elle ne s'était même pas posée de questions, l'esprit accaparé par de multiples craintes. Mais là ... Maintenant qu'elle était plus calme, elle en venait à se demander ce qu'il se passait exactement, entre eux deux.

Une seule chose était sûre : s'il partait, elle avait la sensation qu'elle allait s'évaporer entièrement dans l'atmosphére. Et disparaitre. En un éclair.

Le baiser qu'il lui offrit, tandis qu'ils se trouvaient dans la forêt, l'apaisa. Elle fit cesser la marche, l'embrassant, se nouant entièrement contre lui.

- J'aimerais ... me reposer un peu.

Souffla t'elle, avant de s'asseoir contre un tronc posé à l'horizontale, sur le sol. Elle extirpa ses victuailles de son sac, à savoir une poire, une grappe de raisin et le reste du chocolat trouvé plus tôt à Nexus. Sentir ses jambes se reposer lui procura un bien-être fou ... Elle lui tendit sa sacoche ouverte, afin qu'il puisse y choisir quelque chose pour se nourrir, et ferma les yeux un court instant. Tout va bien ...

L'adolescente prit alors le temps de regarder autour d'elle, de respirer, de se calmer, malgré les questions qui pointaient dans son esprit, l'embrumant. S'il part ? Je l'aime ? Si mon père me trouve ? Si je ne le vois plus jamais ? Pourquoi mes tempes me font mal ? Pourquoi mon estomac est noué ? ... Sans s'en rendre compte, elle commença même à se triturer les doigts nerveusement.

(bon bah en attendant que quelqu'un se manifeste (ou pas) je continue.)

Les deux jeunes gens avaient fait vite pour rejoindre la forêt. Ishtar demanda alors une pause et le jeune homme acquiesça. Il ne s'assied pas immédiatement à ses cotés, jetant un regard derrière lui. Nexus semblait déjà si loin... Alors il se demanda combien de temps il allait bien pouvoir vivre loin de son chez lui ? Des jours ? Des mois ? Des années ? A jamais ? Peut-être trouverait t-il un endroit où il faisait meilleur vivre... Mais l'idée de ne jamais revenir chez lui l'angoissait quelque peu tout de même.
Edwin vint alors s'installer à coté de la demoiselle, lui adressant un sourire rassurant. Elle semblait anxieuse. Le jeune homme en déduit que c'était très probablement vis à vis de l'histoire avec son père.

Quand elle lui ouvrit son sac, il vint y piocher quelques grains de raisins plus par gourmandise que par réel besoin de satisfaire sa faim.

«Merci.» fit-il tout de même avec un sourire.

Il en engloutit alors quelque uns, le regard perdu dans le vague. Puis voyant la demoiselle si nerveuse, le jeune homme finit par venir attraper sa main tout en se tournant vers elle.

«Eh, t'as pas à t'inquiéter comme ça Ish'. On va partir loin d'ici et trouver un endroit sympa et je te promets que personne ne viendra te chercher là où on va.»

Il vint déposer un baiser sur le dos de sa main. Edwin se doutait bien que c'est une passe difficile pour la jeune fille. A vrai dire, il avait presque envie qu'elle vive ça plus comme des vacances que comme une fuite de la ville. Mais étant donné les circonstances, il aurait été difficile de lui faire croire ces choses là.

(moi aussi, alors ! j'peux pas résister.)



Une promesse ... L'adolescente lui adressa un sourire sincére. Elle était encore dans l'âge où l'on s'accroche, où l'on croit aux promesses avec une ferveur quasi religieuse. Elle serra sa main, et hocha la tête, décidée à se calmer. Après tout ... Elle n'était pas seule & dans une mauvaise passe. Ils étaient à deux et, jusque là, tout se passait bien. Pas de raisons de s'inquiéter, ou de chercher la petite bête. Ishtar appuya sa tête sur l'épaule d'Edwin, un moment, laissant encore quelques minutes à ses membres pour se reposer. Elle n'était pas épuisée, mais sentait que son corps était endolori ... Elle ne se demandait même pas pourquoi, la réponse coulait de sens. A s'agiter toute la nuit, à faire l'amour avec autant de passion ... La fatigue avait suivie.

- Tu as raison ... Je vais tâcher d'être moins ... angoissée.

Promit-elle dans un sourire.

Elle attrapa du raisin, se releva doucement, remit pour la éniéme fois sa manche de kimono correctement, resserra sa ceinture, se recoiffa prestement à l'aide de ses trois malheureuses pinces de fortune. S'ils devaient atteindre une ville, il ne fallait pas qu'on les considére comme de vulgaires voleurs. Même si, ainsi, pieds nus, elle ferait forcément pâle figure ... Oh, et merde. On s'en cale.

Ishtar tendit la main à Edwin, afin qu'il la prenne et se reléve. L'aventure pouvait continuer ... Elle tâcherait de se calmer, de cesser de se poser autant de questions pour une absence totale de réponse. Qui vivra verra.

Après cette petite pause et ce petit repas improvisé, il était temps de reprendre la route. Lorsqu'elle lui tendit la main, Edwin l'attrapa, se releva et une fois debout en profita pour attirer la jeune fille dans ses bras. Une main contre son dos, l'autre noyée dans sa chevelure, il vint l'embrasser avec passion. Au bout de quelques secondes, il finit par rompre le baiser souriant et les yeux pétillant de malice.

«Désolé, j'en avais trop envie.»

Il déposa un dernier petit baiser avant de reprendre la route.
Prendre l'air et marcher fit du bien au jeune homme. Le réveil fut vraiment difficile, toujours imbibé d'alcool et l'esprit embrumé par l'herbe. Là, il accueillait l'air pur à plein poumon, son mal de crâne commençant à s'atténuer petit à petit.
Il pénétra alors dans les bois. Les arbres ainsi dénués de leur feuillage laissait plutôt bien filtrer la lueur du soleil ce qui rendait l'atmosphère plutôt chaleureuse. Quelques bestioles erraient ici et là, certaines s'arrêtant pour observer les deux étrangers qui pénétraient dans leur forêt mais ne trainant pas à retourner se cacher une fois leur curiosité assouvie. La forêt semblait paisible, véritable havre de paix et les seuls bruits subsistant étaient celui du vent et le chant des oiseaux.

Edwin était passé par ici un bon nombre de fois. C'était le chemin le plus court pour atteindre la plage où il n'était pas rare de rencontrer quelques jeunes désireux de faire la fête, du moins lorsque la température était un peu plus chaude.

«Je préfère qu'on longe la côte, je connais mieux le chemin en passant par la plage. Puis parfois, y a des mecs un peu bizarre qui traine dans cette forêt.»

Le jeune homme n'y avait jamais été vraiment confronté, mais il lui arrivait parfois d'apercevoir des silhouettes étranges qui ressemblaient soit à des vagabonds, soit à des bandits ou même encore des pervers.
Il se tourna vers la jeune fille, un sourire aux lèvres avant de poursuivre.

«Puis la vue sur la mer est quand même magnifique, surtout que le ciel est bien dégagé aujourd'hui.»

Peut-être était-ce la nuit passée qui le rendait romantique, mais Edwin avait envie de la faire rêver. En moins de vingt-quatre heure, elle avait bouleversée sa vie, il avait le sentiment d'avoir une vision des choses et de la vie différentes, comme si tout ses choix gravitaient autour de cette seule personne à présent. Lui qui s'était encré dans une espèce de routine, appréciait fortement l'aventure dans laquelle il venait de s'engager. 

Ce baiser ... acheva de la faire fondre. Un peu plus, et elle lui sautait dessus. Décidemment, un seul contact avec lui la mettait dans un état .. Oah. Ils continuérent sagement de marcher dans les bois, l'adolescente dévisageant le paysage sans rien dire. Elle se sentait dans un autre monde, sur une autre Terre, plus accueillante, plus reposante ... Alors, Ishtar regardair autour d'elle, les yeux grands ouverts, presque émerveillée. Un sentiment de sécurité s'était imposé en elle, et la crainte s'était évaporée. Là, pour le coup, elle se sentait bien.

Au bout d'une dizaine de minutes, elle devina au les contours de la plage. Le vent salé, l'odeur de la mer, les crissements sur le sable ... Elle ne put réfréner un sourire, heureuse. Et ne put s'empêcher de se serrer contre lui. L'idée même d'aller à la plage la remplissait d'une joie immense ... Dans son enfance, sa mère l'emmenait souvent à la plage, été comme hiver. Les chants de la mer la faisait rêver, et elle souhaitait devenir sirène ... Un rêve d'enfant.

Puis, ils y arrivérent ... Le sable clair, la mer agitée de spasmes, le ciel argenté remplaça la colonie d'arbres qui les encerclait jusqu'àlors. Dans un réflexe enfantin, elle courut vers l'eau, bien proche d'elle, dans un rire. Quand ses pieds se trempérent dans l'eau glacée, elle se sentit revigorée plutôt que gênée.

- Oah ...

Souffla t'elle, se tournant vers Edwin.

- Cela faisait longtemps ...

Elle avait la sensation de se trouver au coeur d'une aventure formidable ... Son visage se fendit d'un large sourire, tandis qu'elle remontait le long de jambe le bas de son kimono, afin qu'il ne prenne pas l'eau.

Finalement ils débouchèrent sur la plage. Edwin prit la précaution d'ôter ses bottes et de retrousser son pantalon, appréciant guère la présence de sable dans ses chausses. Ah l'air marin... C'est les yeux plein de regrets qu'il scrutait l'horizon. Des années de cela, il avait songé à quitter ces terres pour devenir moussaillon ou pirate. Cela le ramena à son adolescence, installé dans une taverne à écouter un ménestrel conter des récits formidables sur des chercheurs de trésor qui naviguaient de terres en terres, affrontant des créatures extraordinaires, festoyant chaque soir, ... Parfois, il venait ici simplement pour regarder les navires au loin.

Le doux son du rire de Ish' le sortit de sa torpeur tandis qu'elle ne perdit pas de temps pour accourir dans l'eau. Edwin ne put s'empêcher d'émettre un léger rire amusé.

«Tu vas attraper froid.» fit-il avec un sourire, balayant de son esprit ses rêves perdus.

Il déposa ses bottes sur le sable, à un endroit où la marée ne montait pas. Ainsi, il put lui aussi glisser ses pieds dans la fraicheur de l'océan, réprimant un frisson. Il vint doucement attraper un peu d'eau au creux de ses mains pour venir s'asperger le visage, prenant bien soin de fermer les yeux. Le contact de l'eau gelé contre sa peau était un vrai bonheur, il avait le sentiment de revivre.

«Moi aussi ça faisait un bail que j'étais pas venu ici. Je me suis toujours demandé ce qu'il y avait au bout de l'océan. Un gouffre ? D'autres terres ?»

Les mains toujours humides, il en profita pour les secouer en direction de la jeune fille histoire de l'asperger de quelques gouttes, rien de bien méchant. Il lui adressa un petit sourire taquin.

«Fais gaffe, je deviens un grand gamin quand on m'amène ici.»

A vrai dire, Edwin ne comptait pas non plus la jeter dans l'eau. Il ne faisait pas bien chaud et il était inutile de tomber malade alors que la prochaine ville était à quelques lieux plus au nord.

La jeune fille se permit de rire encore, quand il l'aspergea d'eau. Enfant, elle adorait jouer à ça avec ses amis ... Enfin, quand il faisait chaud. Là, à cette période, elle ne se serait pas permise de balancer de l'eau sur Edwin. Les nuits pouvaient être fraiches, voir glaciales, alors autant éviter tout drame. L'adolescente remit en place, à nouveau, ses pinces qui n'avaient de cesse de tomber, retenant ses cheveux tant bien que mal, fixant l'horizon avec un sourire. Les paroles d'Edwin l'avait intriguée ... Elle aimait, quand elle était enfant, imaginer que l'horizon n'était qu'une chute, qui faisait tomber les navires dans les étoiles. Mais maintenant ... Elle vint s'approcher d'Edwin, souriante.

- Il y a d'autres Terres ... Je rêverais d'y aller.

Lança t'elle dans un soupir. Voyager était son rêve, mais elle n'avait jamais quittée Nexus ... Ou alors, pour vagabonder dans Seikusu ... Ce n'était guère exaltant.

La jeune fille s'abaissa, afin de tremper ses mains dans l'eau, puis vint se coller à Edwin, ses mains glacées et trempée glissant sous le haut du jeune homme pour venir se plaquer contre sa peau. Elle ne put retenir un rire amusé. Et ne put s'empêcher de l'embrasser, comme pour s'excuser de cette farce.

- Vengeance ...

Murmura t'elle dans un sourire. Elle retira ensuite ses mains du buste d'Edwin, ne faisant pas durer le supplice plus longtemps. Le contact de l'eau glacé n'était pas le meilleur ...

'D'autres terres ?' songea le jeune homme l'air rêveur. Des années après, cet envie de partir à l'aventure était toujours aussi poignante. Mais que savait-il des bateaux ? Rien, à part que le vent permettait leur déplacement.

«Moi aussi. C'est un rêve de gosse en fait. Avec un de mes potes, on voulait se lancer là dedans.»

Songeur, son regard se perdit un moment dans les profondeurs de l'océan. Puis plus avec humour, il poursuivit :

«Faudrait qu'on trouve un bateau et qu'on prenne le large, t'en dis quoi ?»
 
Il laissa échapper un petit rire. Mine de rien, c'est une idée qui ne lui aurait vraiment pas déplu.

Edwin cessa de se remémorer tout ces souvenirs, autrement ça allait commencer à devenir douloureux pour lui. Alors sans vraiment s'y attendre, la jeune fille vint s'approcher de lui et un contact glacial se créa lorsqu'elle vint glisser ses mains sous son haut. Le jeune homme en eut le souffle coupé et un frisson le parcourut des pieds à la tête. A vrai dire, Edwin avait le corps naturellement chaud et il était particulièrement friand de ce contact chaud-froid. Ses joues rosirent quelque peu, accueillant le baiser de la demoiselle avec un sourire malicieux. Lorsqu'elle retira ses mains de son buste, il put enfin souffler.

«Tu me le payeras plus tard !» fit-il avec un sourire quelque peu malicieux.

Puis commençant à ne plus sentir ses orteils, il décida de quitter l'eau afin d'essayer de sécher un peu. Difficile avec ce sable froid et humide, il vint alors s'installer un peu plus haut, au même endroit où il avait laissé ses bottes.
Par précaution, il jeta un rapide coup d'oeil autour de lui et notamment au niveau de la forêt au cas ou quelqu'un les auraient suivis. Il n'aperçut rien d'anormal. A partir de maintenant, ils étaient tranquilles.

Ishtar le suivit, quand il quitta l'eau. Elle aussi commençait à avoir froid ... Elle s'installa sur le sable, frictionnant ses pieds nus pour les réchauffer. Son regard se perdit dans le ciel, tandis qu'elle souhaitait intérieurement qu'ils puissent se reposer quelque part tout les deux ... Rien qu'à cette pensée, un rougissement éphémére teinta ses joues. Elle ne savait pas maitriser ses envies & ses pulsions, surtout quand il s'agissait de lui. Prestement, son kimono fut réajusté, tandis qu'elle regardait autour d'elle ... La silhouette d'une ville semblait se dessiner, au loin, sur leur gauche. C'était là-bas, qu'ils pourraient se reposer un peu. L'idée l'enchanta, tandis qu'elle jetait un regard vers Edwin, revenant à ses côtés.

- Nous pourrions ... Prendre un bateau, et voguer ...

Elle eut un rire enchanté, le même qu'ont les enfants rêveurs, puis regarda à nouveau vers la ville. Dieu, qu'elle semblait loin ... Ishtar espérait pouvoir y trouver un abri, au moins pour cette nuit.Elle ouvrit sa sacoche, en extirpa une bourse qu'elle avait volée la veille. Une fois qu'elle fut ouverte, ses yeux brillérent. Il y avait là de quoi passer une nuit excellente ... Un frisson de plaisir caressa son échine, tandis qu'elle commençait à avancer sur le sable, trempant parfois ses pieds dans l'eau.

- Tu es mon toujours ou tu ne l'es pas, tu es ce velours si doux sous mes doigts, et ce détour qui n'en finit pas ...

Chantonna t'elle en souriant, avant de regarder Edwin pour s'assurer qu'il la suivait.
 

Finalement, il était temps de reprendre la route. Edwin ne remit pas ses bottes immédiatement les gardant dans la main durant le trajet.

- Nous pourrions ... Prendre un bateau, et voguer ...

«Tu plaisantes mais si un jour j'apprends comment on dirige ces trucs, je te kidnappe et je t'emmène avec moi !»

Il lui adressa un petit clin d'oeil, continuant de suivre le rivage mais en restant bien à l'écart de l'eau. Ses pieds étaient gelés et il ne voulait pas empirer son cas. Pendant qu'ils marchaient, la jeune fille commença à chantonner un air. Edwin l'avait déjà entendu quelque part...

«Et ce détour qui n'en finit pas... Oui... Ce détour qui n'en finit pas...»

Si sa voix n'était particulièrement mélodieuse, au moins chantait-il juste. Alors il marqua un instant d'hésitation puis se mit à rire.

«Et la suite, je ne m'en souviens pas.»

A vrai, il ignorait tellement qui était l'auteur de cette chanson, il avait du l'entendre quelques fois dans un bar ou pendant des animations de rue.

Un peu plus tard, ils finirent par atteindre un large récif où les vagues venaient s'abattre. Un petit chemin se présenta alors sur leur gauche bifurquant plus au nord. Le jeune homme n'était jamais venu ici, il en avait surtout entendu parlé. Petite ville portuaire plutôt calme, avec suffisamment de commence pour pouvoir vivre sans avoir à se déplacer jusqu'à Nexus. La seule chose douteuse dont avait entendu parler le jeune homme était l'attrait des gens pour les jeux d'argents et notamment sur des combats clandestins se déroulant dans les cales de certains navires étrangers.
Une fois le récif contourné, l'entrée du village se présenta alors. Il y avait peu de monde aujourd'hui, les gens étant très certainement partit assister au grand marché de Nexus et sa vente aux esclaves. Les premiers bâtiments étaient pour la majeur parties des commerces, dont une auberge et une taverne.
Le jeune homme fouilla dans ses poches, extirpant quelques pièces. De quoi payer une chambre et un repas. Il se maudit intérieurement d'avoir tout misé sur une partie de dés...
Il jeta un coup d'oeil au ciel avec de s'exprimer.

«On a dépassé midi depuis un moment mais il doit nous rester quelques heures à tuer avant que la soirée tombe.»

Il observa un instant autour de lui. Personne de louche... Les quelques gens faisaient à peine attention au petit couple, habitués aux étrangers.

«A mon avis on ne craint rien... Donc si tu veux faire halte ici histoire de pouvoir reprendre la route en forme demain...» Avec un petit sourire taquin il poursuivit. «... c'est toi la princesse, la décision te revient !»

Ainsi, il connaissait la suite de cette chanson ... Cela mit l'adolescente en joie. Cette mélodie, elle l'avait entendue à la radio, plusieurs fois, et l'avait apprise par coeur. Même si elle ne chantait pas divinement bien, certains lui jetaient des piéces quand elle chantonnait et dansonnait dans la rue. De plus, elle l'avait sans cesse en tête, et c'était le genre de paroles qu'elle rêvait de chanter à quelqu'un ... Elle émit un long soupir. Puis, sans qu'elle s'en rende compte, ils avaient atteints la ville. Une cité pittoresque, où les habitants ne prêtaient aucune attention à eux. Une taverne se présenta à eux, comme une évidence ... ishtar sortit la bourse qu'elle avait volée, qui contenait un bon nombre de pièces ... Les entendre tinter la fit rêver.

Elle se tourna vers Edwin, faisant danser quelques pièces entre ses doigts.

- Je vais payer, cette nuit ...

Dit-elle dans un sourire.

- Quant à ces heures à tuer ...

Son sourire s'accentua, tandis qu'elle venait l'embrasser, encore une fois, avec une passion qui ne s'était pas refroidie. Sa main vint se nicher dans la sienne, avant qu'elle ne fasse cesser ce baiser, à regret ...

- Nous trouverons bien quelque chose à faire ...

Souffla t'elle, n'en démordant pas.

Le jeune homme ne put s'empêcher d'esquisser un sourire à la réflexion de la jeune fille, se doutant bien ce qu'elle avait en tête. Avec ironie, Edwin répliqua :

«Dormir me semble une très bonne idée ! J'ai eu une nuit assez mouvementée à vrai dire, mes muscles sont douloureux, tout ça.»

Il lui fit un petit clin d'oeil tout en répondant à son baiser avec fougue.

«Si tu payes la nuit, moi je te paye un coup à boire !»

Edwin poussa alors la porte de la taverne, invitant la jeune fille à passer devant lui. Bâtiment classique, un bar, des tables, quelques habitués au comptoir qui jetèrent simplement un coup d'oeil aux deux jeunes gens et bien sûr le barman. Mis à part ça, il n'y avait personne d'autre.
Le jeune homme s'approcha alors du comptoirl, le barman prit la parole pour savoir ce qu'il pouvait faire eux.

«Hm... Eh bien, pour ma part, un whisky s'il vous plaît et...»

Il se tourna vers Ish', lui laissant prendre sa commande. Il en profita alors pour lui glisser discrètement quelques paroles :

«Attention rien de trop cher autrement c'est toi qui va combler et je devrai trouver un moyen de te rembourser...»

Malicieux, il se mordilla doucement la lèvre avant de se retourner vers le barman.

La remarque d'Edwin ne manqua pas de la faire sourire aux anges ... L'idée d'être de nouveau avec lui ... Un frisson parcourut son échine. L'adolescente se tourna vers le barman, et prononça, comme une habituée :

- Un "iceberg", s'vous plaît.

L'iceberg était un cocktail qu'Ishtar ne connaissait que trop bien. Il était composé de limonade, de vodka et de Get 27, le tout savamment dosé ... Ce fut le premier breuvage qu'on lui offrit, un soir, alors qu'elle vagabondait sur Terre. Ce mélange, bien que délicieusement, était terriblement traître ; le goût de la menthe, puissant, estompait celui de la vodka ... Au point d'en oublier que cette boisson que l'on ingére à coups de grandes gorgées était composé d'alcool. Celui lui valu autant d'ennuis que de fous rires. Et, malgré tout, l'iceberg restait son cocktail favori ... Ne serait-ce qu'en souvenir du bon vieux temps. Celui où la révolution ne faisait pas trembler Nexus.

Le barman leur tendit leur verre en souriant, et elle avala une gorgée de sa boisson, un sourire se plaquant immédiatemment sur ses lèvres. Par chance, cela ne leur revint pas trop cher ... Elle s'en serait voulue de ruiner Edwin. D'ailleurs, elle se tourna vers lui, aux anges.

- Tu me rends heureuse, là ...

Souffla t'elle avant de venir tout contre lui, sa tête s'appuyant contre son épaule, sa main se calant contre sa taille. L'alcool allait l'imbiber gentiment, et puis ... Advienne que pourra.

Le jeune homme remercia le barman de la tête malgré le fait que toutes ses économies y passèrent.

«Je crois que j'ai vraiment un problème... Je suis incapable de garder les sous que je vo...» Il mordit la joue avant de prononcer un mot qu'il regretterait par la suite, se corrigeant : «... que je gagne.»

Il jeta un discret coup d'oeil au serveur pour voir s'il avait remarqué son bafouillage. Visiblement non, ce dernier vaquant à ses occupations.
Effectivement Edwin avait la dépense facile et particulièrement pour tout ce qui était jeu de hasard. Pas vraiment pour l'envie de gagner des sous mais juste pour le plaisir de sentir cette adrénaline au moment où l'on dévoile son jeu ou encore l'excitation et la peur provoquée par un simple lancé de dés. Puis d'une manière générale quant il remportait une mise, il en profitait pour payer sa tournée ce qui n'arrangeait pas non plus ses affaires.
Il attrapa alors son verre afin de tremper ses lèvres devant. La chose amusante en lendemain de soirée, c'est de constater que même vingt-quatre heures après il pouvait subsister des restes d'alcool dans le sang. Or cela avait pour fâcheuse tendance de réenclencher le processus de cuite, à plus petite échelle. D'ailleurs si il sirotait simplement son breuvage au début, il finit bien vite par le terminer en quelques gorgées.

Alors il accueillit la jeune fille contre lui, déposant un baiser dans sa chevelure. Une de ses mains vint juste se glisser sur sa cuisse, à priori innocente.

«C'est vrai que je nous vois bien en pir... euh.. en marins....»

Doucement cette main commença à glisser le long de cette cuisse, appliquant quelques caresses.

«... Puis t'imagines on trouve une nouvelle terre, un coin paradisiaque ? Ca s'trouve on pourrait y vivre si il y a quelques bestioles qui y trainent.»

Tout en bavardant, elle commença à se faire plus audacieuse, approchant dangereusement de l'entrecuisse de la jeune fille puis vint même franchement dessus une fraction de seconde par-dessous le kimono de la jeune fille avant de reprendre ses caresses.
A vrai dire, la chose la plus amusante était que le jeune homme s'y prenait discrètement et que rien ne laissait paraitre dans sa façon d'être ou même de s'exprimer qu'il jouait à quelques jeux...