Une robe très longue, noire, fendue sur le coté. Quelques strass la parsemaient, et au moindre mouvement de la personne qui la portait, la robe suivait, brillait, renvoyait un éclat que la belle brune ne dégageait plus par elle même.
Miya finissait de se maquiller, très légèrement, histoire de cacher un peu ses joues creusées, ses cernes à peine visible. Ses lèvres entrouvertes laissaient déjà échapper quelques vocalises, parfois à peine murmurées. Le brouhaha du bar lui parvenait, dans cette chambre située à l'étage, côté rue qui plus est. Mais Miya se plaisait à cet endroit. Bien que c'était la première fois qu'elle y venait. Car la demi déesse avait enfin réussi à changer de lieu de vie, et de travail. Elle faisait la même chose, vendait sa voix, offrait du rêve, le temps de quelques longues minutes. Et durant ce laps de temps, tout le monde l'admirait. Elle leur coupait le souffle, à tous, et elle était le centre de leur attention. Dans leur regard brillant, Miya voyait tout ce qu'ils désiraient, tous. Et avec arrogance, elle le leur refusait.
Ce soir, elle travaillait pour un bar qu'elle n'avait jamais vu, depuis le temps qu'elle trainait dans le quartier. Le genre d'endroit plutôt grand, qui offre avant tout à sa clientèle un karaoké disponible et de qualité, avec des chansons variées. Certains soirs, ils arrivaient à se dégotter une étoile. Et Miya se persuadait qu'elle était la plus brillante de toutes. Et elle savait qu'elle serait la meilleure. On frappa à la porte de la chambre où elle s'était changée, et elle descendit. Sa robe froufrouta légèrement, brillait même dans l'obscurité. Dans la salle, les lumières baissèrent, et la demi déesse entra en scène. Quelques notes, et voilà que sa voix s'y mêle...
Stars shining bright above you
Night breezes seem to whisper "I love you"
Birds singing in the sycamore trees
Dream a little dream of me...
Ses mains entourent le micro, son corps ondule à peine. Elle n'est là que pour le chant, elle ne vit plus que pour cela. Sa propre chanson, et le son de sa propre voix, la transportaient ailleurs, loin de tous les soucis si humains qu'elle s'infligeait souvent seule... Dans la salle, le silence était presque total. Les clients étaient, se plaisait-elle à penser, subjugués et hypnotisés par son talent, c'était évident... Il se passa pourtant quelque chose de totalement inédit, ce soir là...