Pour accomplir ses objectifs, Lobcanolis devait se trouver des alliés, voir mieux, des serviteurs. C'est pourquoi il avait créé, avant son enfermement involontaire et forcé au dehors de l'espace et du temps, huit parchemins. Huit manuscrits dont la lecture était réservée à ceux qui faisaient montre d'un minimum de puissance et d'une cruauté exacerbée. À quoi servaient-ils? A communiquer avec lui. Chacun ne se révélait qu'à une certaine qualité du lecteur. Tromperie, sadisme et rage sont les trois déclencheurs. À usage unique, trois avaient été utilisés par le passé. Un quatrième allait bientôt l'être.
La grande créature était assise plutôt confortablement dans un fauteuil à sa taille, dans sa caverne terrienne isolée du monde mortel. On n'arrivait pas vers lui par hasard. Sa lecture relatait l'intégralité d'une magie qui fut découverte et utilisée par un mage des temps anciens, puis oubliée après sa mort. Il mélangeait le métal et la chair pour créer des créatures nouvelles aux capacités incroyables. Rien à voir avec un cyborg, un androïde ou autre, il s'agissait plus d'un robot doté de muscles, d'yeux ou d'autres parties animales selon les besoins. Le mélange n'étant pas stable, les créatures mourraient sous peu. Il développa alors une maladie, un virus, qui viendrait compenser cela. Des sortes de robots-zombies, au final. Il était également noté comment ils se retournèrent contre leur créateur, qui ne dû son salut qu'à son frère, et comment ils cherchèrent à conquérir les autres formes de vie pour s'agrandir. Car ils avaient le pouvoir, la technologie et les connaissances suffisantes pour transformer tous ceux qui voulaient les rejoindre dans la «perfection» en êtres semblables à eux. Capables de se déplacer d'un monde à un autre grâce d'astucieuses machines, ils furent arrêtés par une association de puissants mages aux origines diverses, s'étant décidés à s'unir pour combattre après avoir vu le massacre de plusieurs planètes.
Pour lui, les applications d'une telle magie étaient nombreuses, mais la maitriser à partir de ce seul ouvrage demanderait bien des efforts et un temps infini.
Complètement absorbé par sa lecture, il fut presque surpris de sentir l'appel magique. Il soupira un coup, plaçant un marque-page dans son livre avant de le poser sur une table non loin. Quand il le lâcha, le livre reprit sa forme initiale, c'est à dire adapté pour des mains humaines. Connaître un sort permettant d'agrandir les bouquins était vraiment utile, pour lui. Assis bien au fond de son fauteuil, les mains sur les accoudoirs, il ouvrit une fenêtre mentale, se matérialisant par une sorte de boule où il pouvait voir la femme qui avait utilisé le précieux manuscrit. Il en était de même de son côté, où elle pouvait juste voir un visage géant, terrifiant de par sa nature démoniaque et draconique. Il attendit un instant, jugeant du niveau de son interlocutrice. Elle avait quelques pouvoirs, rien de très impressionnant, mais la volonté était là, ainsi que la soif de puissance. Elle lui avait révélé ses informations elle-même en récitant la formule. Autant être sûr du candidat avant d'engager les négociations. Celle-ci avait un certain potentiel, en plus d'être une femme, et donc possible génitrice d'un ou plusieurs membres de sa future armée. Quelques secondes s'étant passées dans le silence, la femme subissant son regard malveillant, il prit enfin la parole.
Je suis Lobcanolis, tout puissant fléau des dieux, le démon-dragon et tu viens d'utiliser l'un de mes parchemins. Alors parle, femme-démon. Qui es-tu, et que me veux-tu?
La conversation n'était pas vraiment son fort, solitaire comme il est et n'ayant jamais reçu la moindre éducation de la part de qui que ce soit. De son point de vue, tout lui était inférieur, donc pas besoin de prendre des gants pour parler. Aux yeux des autres, cela le rendait plus bête qu'il ne l'est réellement, et certains en ont payé le prix.