Un soupçon de suspicions. Un homme qui lui parlait ainsi alors qu'elle se montrait méchante et chiante, ce n'était pas normal. Dans son île, quand quelqu'un répondait ainsi, on l'ignorait, et il revenait de lui même une fois calmé. " Mais pas ici à première vue " Elle lui tendit la cigarette du bout des doigt, lâchant le regard de l'homme pour fixer la mer calme. une mer d'huile. Elle détestait les mers d'huiles, préférant les tempêtes, les mers houleuses et violentes.
- Chez moi, quand il y avait des mers d'huile, on avait peur. Peur que la mer reste ainsi figée, qu'elle devienne de la glace et qu'on ne puisse plus naviguer sur ces flots bleus. Alors les religieuses priaient, les prêtresses organisaient des fêtes pour plaire à je ne sais qui. Et nous, enfant, nous faisions un feu de bois sur le sable, les pieds dans l'eau, et nous plongions au milieu des poissons en pleine nuit, prés des coraux, presque à l'aveuglette.
Elle ferma les yeux un instant, revoyant dans sa tête ces moments de bonheur, d'amitié... elle rouvrit les yeux face à la mer calme et attendit un moment avant de répondre à Shad.
- J'ai eu un navire. Pour mes 15 ans. Mais ... un accident, un mauvais souvenir. Je ne veux plus qu'on me parle de ça !
Elle avait un ton excédé, remplit de haine et de tristesse. Elle s'en voulait toujours d'avoir laissé couler son navire.