S'éloignant un peu, il porte son pouce à ses propres lèvres, l'effleure, pour y étaler le sang et l'observer. Il y avait le sien, sa langue lui faisait mal, c'était lancinant, lourd dans son muscle, ce n'est pas une douleur fine et sournoise, c'est une morsure dans un organe bien particulier... Mais peu importe. Et surtout, il y avait celui de la demoiselle. Il crachait à terre, expulsant l'hémorragie qui se mêlait à sa salive, et s'essuie d'un revers du bras, traçant une marque rouge sur sa peau. Une peinture de guerre, à vrai dire. Il espère en avoir d'autre, des plus naturelles. Il voudrait qu'elle le blesse... Que le combat soit plus dur. Et maintenant qu'elle est amochée, il n'aura aucune difficulté à reprendre le dessus si jamais elle se montre sauvage. Il va donc pour la détacher.
Et elle parle. C'est incohérent.
Il la fixe ainsi, en penchant la tête, comme un idiot devant une formule mathématique bien trop compliquée pour lui, mais qu'il veut tenter de comprendre quand même, bien qu'il n'en ait pas les outils.
Hadès ? Je... ne suis pas Hadès.
Il pourrait faire un speech, dans un élan sublime, en expliquant qu'il est pire que tous les Rois des Enfers réunis, et qu'il connaît des techniques inconnus des plus cruels déités pour lui faire souffrir le martyr indéfiniment... Mais Law est confronté à l'inconnu. C'est perturbant... Oui, c'est ça : Il est perturbé.
Elle plaisante. Elle doit plaisanter. Ou c'est un mécanisme d'auto-défense pour le décourager. Non... Non, qui oserait faire ça, au risque d'énerver son bourreau plus qu'il ne l'est déjà ? C'est un danger trop grand, donc, soit elle est folle – ce qu'il a déjà théorisé – soit elle est folle, mais d'une manière moins drôle pour lui, puisqu'une telle configuration l'empêcherait d'avoir un contrôle sur elle. Et ça, ça l'embête franchement, d'autant plus quand on compte en faire une esclave.
Il la prend par les cheveux sur le dessus, violemment, plonge son regard dans le sien, tout près d'elle, histoire d'avoir un contact mental privilégié.
Tu te fous de ma gueule !?
Mais il savait que non. Elle avait réellement l'air paumée, la jeune fille, et il s'en sentirait presque coupable. D'habitude, il se sait détenteur de la vie de ses proies, il sait qu'il peut les conditionner pour les mener là où il le désire, vers une soumission absolue, vers un objet de divertissement parfait. Mais si cette nana est vraiment partie dans une délire mystique, et si elle est non-viable (ne disons pas périmée, c'est une marchandise mais il y a quand même des limites!), que pourrait-il en faire ? Et en plus... Ca y est, il se sent coupable. Et comme tout un chacun, il n'aime pas porter la responsabilité des choses.
Alors les claques volent.
Tu vas retrouver tes esprits !
Cette fois-ci, il cherche vraiment à la réveiller. Il ne se laissera pas faire si elle veut riposter. Il se préparer à riposter tout gigotage dangereux, toute attaque de ses jambes ou de la tête. Il lui donne des mandales jusqu'à en avoir mal à la paume ainsi qu'au revers et, fou d'une rage sourde, il lève les mains et enlève l'énorme clou savamment entortillé dans l'enchevêtrement des chaînes, la libérant de toute emprise. Elle tombe donc au sol, car elle n'est plus portée, et l'étourdissement doit sans doute la gagner.
Fustigeant son self-control, il se précipite vers un coin de la pièce pour se saisir du seau d'eau que tout bourreau doit garder à porter de main pour réveiller une victime inconsciente, et lui vide l'eau sur le corps... pardon, lui balance avec un certain empressement tout le contenu, le liquide décrivant une courbe magnifique avant de s'écraser successivement sur toute la demoiselle, y compris son visage, surtout, même.
Le chasseur pose son pied sur l'épaule de sa proie, et la fait se retourner pour qu'elle soit sur le dos, et puisse le voir.
Ca va mieux ou t'en veux encore ?