SBLAM !
C'est avec fracas que la forme rouge et bleue s'écrase dans une benne à ordure tout à côté du comité d'acceuil réservé à la sale gosse. Le sol en a légèrement tremblé, l'acier de la gueule verdâtre s'est un peu déformé et une superbe gerbe d'ordures dégoulinantes et poisseuses est montée vers le ciel pour en redescendre en une pluie gluante et malodorante pour s'abattre sur les épaules d'une paire de gangster qui, visiblement, n'apprécie pas la douche improvisée.
Ils hurlent et vocifèrent alors que les flingues chromés brillent sinistrement sous la nuit, lorsqu'il ne s'agit pas de la lame effilée d'un cran d'arrêt dont le "clic" caractéristique s'est mêlé au jeu d'un canon de revolver rabattu vers l'arrière. Clic-clic, clac-clac, clic-clac.
C'est le festival de l'armurerie des petites frappes, qui l'espace d'un instant en oublient leur proie, octroyant toute leur attention à ce qui s'extirpe péniblement de la benne : une main, puis une autre, puis une tête suivie d'un buste masculin joliment musclé.
C'est finalement un jeune homme dans une combinaison ultra-moulante qui se dresse depuis les ordures dans lesquelles il nage encore jusqu'a la taille, sans sembler y prêter attention. D'un revers de la main, il chasse une peau de banane de son épaule et un morceau de burger collé sur sa poitrine, révélant un symbole arborant fierement un "S".
- C'est marrant, dans une poubelle japonaise, j'aurais pensé trouver des sushis, et...
Le coup de feu part sans crier gare, et l'impact contre son front résonne une courte seconde dans la ruelle. Mais... Pas de sang, pas de râle d'agonie. Sa tête était juste partie un peu en arrière sous le recul mais est vite revenue dans un axe correct, ses sourcils se fronçant. Enfin il prend le temps d'examiner la scène et la comprend. Une jolie, plein de mecs proposant un délit de sale gueule et probablement un port d'arme illégal.
Bref, c'est...
- ...Un boulot pour Sentinel Prime. Okay les filles, laissez tomber la ferraille.
- Va t'faire foutre, pédé ! On l'allume, c'tte tarlouze en moule-boule !
Ceux qui sont armés de flingues ne tardent pas et font cracher le plomb, vidant leurs chargeurs avec une joie un peu malsaine. Ca s'entends dans leurs rires goguenards, qu'ils n'attendaient que ça ! Un tocard à fumer et une petite putain pour se vider.
Manque de bol, le tocard ne s'effondre pas. Mieux, il sort de la benne en flottant dans l'air alors que les balles s'écrasent sur son corps sans l'entamer. Finalement, les loubards sont bien obligés de cesser le feu, affichant des yeux de merlans frits alors que le héros s'avance vers le premier d'entre eux, qui dans un reflexe lui balance son couteau dans le ventre.
Ce qui semble le surprendre le plus, c'est le craquement sinistre des os de son poignet. Le choc contre ces abdos en acier les a brisés net, et il hurle de douleur alors qu'un coup de poing l'envoie valser quelques mêtres plus loin.
L'homme en collants n'attends pas d'autres attaques et prends l'initiative. Tel un éclair bi-colore (et vaguement parfumé à la vieille sauce barbecue et au fromage d'importation), il frappe et cogne si vite que le vent doit décoiffer la belle. En un clin d'oeil, les loustics sont à terre, où dans les autres bennes à ordures.
Un sourire se voulant rassurant aux lèvres, SP vient finalement retrouver la demoiselle. Ca, c'est tout de même la partie la plus sympa du job et il se dit qu'il va pouvoir en profiter un peu. La miss n'est somme toute pas désagréable à regarder... Mais boulot d'abord, héros professionel jusqu'au bout !
- Ca va aller, mademoiselle ? Voulez vous que je vous raccompagne quelque part ?
Généralement, les nanas disent oui. Alors par habitude, Sentinel lui tend doucement la main, comme une invitation.