Un aphrodisiaque et un calmant... ? La bande de lâches. Ces humains le paieraient tous, tôt ou tard. Qu'ils s'amusent, pour le moment, elle saurait toujours s'échapper. L'avantage d'être une ESP.er et que la vie est incroyablement plus longue que celle d'un humain. Et si ceux-là devaient crever avant qu'elle ne puisse s'échapper, ce ne serait rien, elle traquerait chacune de leur éventuelle descendance de bâtards. Sales humains répugnant... Sans honneur, sans foi, sans loi, surtout pas morales. Aucun sens du respect ni de l'honneur, il n'y avait chez eux que cruauté, cupidité, destruction et honte. Enora pensait mourir de la chaleur qui ravageait son corps, de la haine et de la détresse qui s'y mêlaient. Son corps entier la brûlait, elle aurait voulu hurler, mais cela n'aurait pu leur faire que plaisir. Et il fallait qu'elle soit forte. Au moins encore un peu.
# Gwenaëlle, mon ange, je te promets, je te promets, plus jamais je ne laisserai quelqu'un nous faire ça sans qu'il ne soit puni, je te le promets ma douce, je t'aime...#
Elle ferma les yeux de dégoût en sentant la langue humide et chaude de la petite lutine courir sur son cou. Elle sentait l'odeur de la bave lui remonter dans les narines, elle crispa tous ses muscles. Doucement, elle se sentit glisser au sol, les coudes plus ou moins pliés, à demi-nue devant eux, tête baissée... Soumise, ils l'avaient soumise... Pour le moment, sans doute. Non, c'est vrai, elle ne pouvait plus rien faire, son esprit lui envoyant confusément des images de sa sœur, de son oncle – mort désormais certes – de la petite garce qui la léchait, l'image d'un grand incendie. Peut-être était-ce l'aphrodisiaque ou la folie qui la guettait depuis si longtemps, mais elle se voyait désormais sur un bûcher, les vrais, elle se voyait attachée à une échelle de fer, que l'on suspendait au dessus d'un grand feu. Elle sentait sa peau se cloquer, éclater, sirupeuse, glisser comme hors d'elle-même, elle sentait sa peau fondre, ses chairs, ses muscles se découvrirent à vif de la fournaise, la brûler comme jamais elle ne l'aurait cru possible. Et cette odeur de bave qui s'insinuait partout... Elle se sentait déjà sale, déjà salie par leur mille mains et leur milles bouches, elle entendait leur mille voix lui dire qu'elle serait leur...
Elle n'entendait plus rien, les yeux rougis par la douleur – bien que morale – elle sentit qu'on lui basculait un peu la tête en arrière. On posait quelque chose dans sa bouche et... De l'eau ! Goulûment, elle avala les quelques gouttes que la jeune femme lui avaient administré, sans rien dire – ça elle le savait, ses lèvres n'avaient pas bougé – et qui continuait de la regarder.
Une nouvelle fois, elle sentit la langue lui parcourir le menton et le cou. Le feu en elle se calmait, il devenait supportable. La jeune femme lui avait fait reprendre pied dans la réalité et, aussi étonnant cela puisse-t-il paraître, elle lui en était reconnaissante... Ce genre de visions, douloureuses et éreintantes, étaient loin d'être terminées, elle le pressentait, mais au moins celle-ci était-elle éloignée.
_Enora, décrit moi tout ce que tu ressent précisément.
La mercenaire baissa la tête vers la petite blonde. Lui dire qu... ?
_J'ai chaud...
Sa voix avait résonné sans qu'elle n'en ait conscience !
_... Et j'ai mal... Je sens ta langue... Elle glisse... J'ai chaud...
Elle ne pouvait rien arrêter, rien contrôler, comme si son cerveau eût été désolidarisé de sa langue. Comme si ce n'était plus son crâne qui contrôlait... La pilule !
_La pilule... Salope, tu vas me le payer !
Au moins, elle arrivait encore à dire ce qu'elle voulait... le problème serait qu'elle dirait aussi ce qu'elle ne voulait pas. Qu'elle ne pouvait plus réellement bouger, et que son esprit était aussi brumeux qu'un bar à opium...
# Gwen...#
Elle aurait aimé perdre conscience, là, maintenant... Perdre conscience... Mais oui !
Elle rebascula – lourdement – la tête en avant, s'affaissant de tout son long et, si elle n'avait été retenu par les poignets, elle serait tombée lourdement en avant.
Son état était si cotonneux... Ils penseraient qu'elle était tombée dans les pommes, la détacherait, peut-être... Sauf s'ils décidaient de la réveiller avec un seau d'eau – ça aussi elle connaissait – mais il fallait tenter le tout pour le tout. S'ils la croyaient inconsciente, elle pourrait être tranquille le temps de retrouver son état normal puis de leur régler leur compte... Il fallait que ça marche, il fallait que ça marche... Elle ne tiendrait pas longtemps, les bras ainsi tirés en arrière, elle finirait par se luxer l'épaule.