-Les dieux ne seront jamais ma famille, Mamie… il n’y a que toi… et Arès… et Papy Zeus, quand il s’intéresse à autre chose qu’aux femmes ou à toi.
Elle regarda Héra s’éloigner d’elle. Dès qu’elle fut seulement à quelques mètres, il sembla à Chryséis que toute la chaleur et la beauté de ce monde venait de disparaître en le temps de le dire. Elle frissonna de froid et porta ses mains, croisées, à ses épaules pour les tenir et les réchauffer un peu. Elle ne savait plus que faire, maintenant, mais sa soif de pouvoir n’était cependant pas morte. Elle n’avait plus envie de combattre les dieux, mais elle avait bien l’intention de devenir suffisamment forte pour qu’ils en viennent à la considérer avec un peu plus de respect. En fait, elle ne croyait plus vraiment en quoi que ce soit d’autre. Les paroles d’Héra avaient calmé sa fougue, mais ils n’avaient pas détendu l’image qu’elle se faisait des autres divinités de l’Olympe après seize ans de dédain et d’injures accumulées.
Elle se redressa lentement et soupira. D’un geste de la main, elle fit apparaitre des vêtements plus confortables à la température plus fraîches de ce lieu de haute altitude et elle s’avanca vers Héra pour qu’elle la regarde encore une fois. Vêtue maintenant d’un grand pull-veste noir aux cordons (pour le capuchon) blanc dont la fermeture éclair ne masquait pas la naissance de ses seins,, une micro-jupe noire et d’une culotte blanche ainsi que de grosses bottes à larges semelles, elle ressemblait à une adolescente typique qui a envie d’emmerder ses parents en portant des vêtements bien révélateur. Elle enfourna ses mains dans les poches du vêtement et planta son regard dans celui d’Héra.
-J’ai compris tout ce que tu m’as dit, mamie. Mais cela ne change qu’une chose, ce ne sera pas moi qui attaquerai l’Olympe, ni qui la protégera. Je n’accorde aucune importance à cet endroit. Je ne m’intéresse qu’à quelques individus, et en particulier à l’enfant que tu portes dans ton ventre. Je ne combattrai que ceux qui menacent directement ta santé et celle de ton enfant. Autrement, n’espère rien de plus de ma part pendant quelques temps. Je vais me retirer pour un temps dans mon sanctuaire. Je ne sais pas quand je reviendrai, mais le bébé aura le temps de naître et de grandir avant que je ne revienne.
Elle s’inclina devant Héra, lentement, puis elle se redressa. Elle avait un gros trou à la place du cœur, en ce moment, et elle n’était pas vraiment en état de soulager son mal, et surtout pas si sa cause était aussi près d’elle. Elle aimait Héra, elle l’aimait de tout son cœur, et pourtant, à ce moment-là, elle savait qu’elle n’avait plus aucune chance avec elle. Elle ne la verrait jamais comme une femme amoureuse, mais simplement comme une gamine avec une affection bien particulière s’apparentant d’une certaine manière à l’amour, sans en être. Bref, elle avait le cœur brisé, ses buts balayés, un amour latent sur l’esprit et surtout aucun espoir de réparer les choses. Ou s’il y en avait, elle ne le voyait pas. Elle restait, par contre, parfaitement calme et droite, comme si plus rien ne pouvait l’affecter malgré les maux de son être. Une certaine personne avait dit un jour « Vaut mieux avoir aimé et avoir été repoussé que ne jamais avoir aimé du tout ». À ce moment là, Chryséis était sûre que cette personne n’avait jamais été repoussée de toute sa vie. Elle regarda une dernière fois le ventre d’Héra. Malgré une envie pressante de sentir la vie qui s’y trouvait, elle ravala cette envie et s’éloigna.
-Au revoir, mamie.
Sur ces mots, ses pieds quittèrent le sol et elle « flotta » jusqu’à son sanctuaire. Ce n’était pas un temple, car elle n’était pas une Olympienne, mais elle avait quand même un espace qui lui était réservé, un espace qui gravitait lentement dans les aires autour de l’Olympe. Elle s’y posa doucement puis elle regarda l’Olympe, en bas. Elle parvenait encore, légèrement, à distinguer sa grand-mère, mais même si elle avait envie de retourner se lover dans ses bras pour se réfugier dans ses jupons, elle savait qu’elle finirait par commettre un acte répréhensible à force de vivre avec cette insatisfaction sur le cœur. Elle regarda ensuite son sanctuaire, son lagon volant, puis elle s’approcha d’une des grottes qui s’y trouvait et disparut dedans.
Cette solitude est-elle méritée? Elle n’en savait rien, mais maintenant qu’elle avait éloigné Héra d’elle, elle ressentait un terrible besoin d’être serrée dans les bras de quelqu’un. Quelqu’un, quelque chose, ce n’était pas bien important. En silence, elle se glissa dans son grand lit aux draps vermeilles et elle serra son oreiller contre elle, regardant le plafond. Elle resta un long moment parfaitement silencieuse avant de déclarer :
-Demain, j’irai chez les mortels, je crois…
[Je considère le sujet comme clos, mais si tu as une suite dans la tête, moi, je suis toujours partant. Cependant, je ne vais pas continuer le drame bien longtemps >< Sinon, nos personnages vont se détester, et JE VEUX PAS >o<]