Thank you for Bleeding [Kira]

Mal au crâne...
Theorem s'éveille difficilement dans cette salle sombre et humide uniquement éclairée par une lanterne dans le couloir, séparé de lui par une porte en barreaux. La froideur de la cellule semble amplifiée par sa faiblesse. Une vive douleur au cou lui rappel la morsure profonde d'une vampire juste avant son évanouissement. Ce qui s'est produit avant est très flou encore dans sa mémoire. Il se rappel d'une attaque surprise, d'une défense acharnée mais futile qui l'avait finalement conduit ici. Se relevant difficilement, Theorem s'installa sur sa paillasse, regardant ses possessions. Il regarda sa main et essaya de matérialiser quelque chose en glace ou de provoquer de la chaleur, mais il se sent si faible... Même sa brigandine lui semble lourde alors qu'il la retire. Dans son état, se battre hors de question. Il finit donc se relever, ne portant que sa toile d'Asmoïd qui entourait son corps tel un drap, noué entre ses cuisses pour plus d'aisance. Il serra ses mains gantées autour des barreaux et tira un peu avant de sentir sa tête tourner, comme s'il allait tourner de l'oeil.

Il se ressaisissa avant de simplement mettre la main sur le verrou depuis l'extérieur. Pas de cadena... Visiblement la propriétaire n'avait pas peur de le voir errer dans le château. Il empoigna sa dague percemaille, coincée dans la toile derrière son dos avant d'ouvrir la porte et de sortir, l'entendant grincer. Il y avait d'autres cellules, mais Theo ne se risqua pas de les visiter. Il se dirigea instinctivement vers les escaliers, s'appuyant sur le mur pour ne pas chuter bêtement. Sa pression artérielle était si basse qu'il avait l'impression de ne peser que 5kg et qu'une brise allait le faire s'envoler comme une brindille. Elle devait avoir prit beaucoup de son sang... Il monta enfin en haut des escaliers, après 20 minutes d'efforts, de quelques chutes avant de se retrouver dans une salle de palais. Au loin, il entendait une mélodie...

Prenant sa dague dans sa main, il avança dans le palais, regardant dans tout les coins pour ne pas se faire surprendre, mais lui ne connaissait pas l'endroit. La vue un peu floue, il avança en s'appuyant contre le mur pour rejoindre cette salle où la musique se faisait entendre. Si la propriétaire se moquait de la sécurité, il parviendrait à l'attaquer... ou au moins il aurait essayé. De toutes façons il ne savait pas où était la porte de sortie ni ce qu'il y avait dehors.

Notre jeune femme n’avait pas pour habitude de ramener ses proies chez elle, mais elle avait fait une exception afin de confirmer la règle. Quelques jours plus tôt, elle avait décidé de vadrouiller dans les herbes entourant son domaine afin de se dénicher quelque chose à se mettre sous la dent, car la faim commençait à la rendre folle de douleur. Elle s’était éloignée quelque peu de ses terres et avait trouvé une créature qui se promenait sans but apparent, sans escorte, arborant une faiblesse certaine. La vampiresse avait alors décidé de l’attaquer et de se nourrir sur lui, ce qu’elle avait fait sans le moindre problème. Quoique, si. Lors de l’affrontement, l’inu qu’elle avait pris pour cible s’était tellement débattu qu’il s’était cogné le crâne contre une roche, le faisant tomber dans le sommeil innocent apporté par l’évanouissement. Kira en avait profité pour le vider de plus de la moitié de son sang, ce qui avait suffit pour lui rendre toute son humanité habituelle et donc pour lui faire prendre conscience que ce n’était pas très sympathique de sa part de tuer un pauvre inu qui était sûrement venu en touriste. Car il n’avait pas l’air d’un guerrier venu se battre contre des adversaires plus forts que lui, ni d’un quelconque terranide habitant un village voisin. Il semblait trop distingué pour cela. Se repentant légèrement de son attitude de monstre sanguinaire, elle s’était alors saisie du corps du jeune homme afin de le ramener chez elle et d’attendre qu’il aille mieux pour le relâcher, un peu comme un animal de compagnie sauf qu’elle n’appréciait guère les chiens, qu’elle trouvait bien trop dociles. Quoi qu’il en soit…

Il ne s’était pas réveillé pendant des jours et elle n’avait pas tenu à le gaver comme une oie en lui faisant avaler de forces des aliments, qu’elle n’avait pas, de toute façon. Ainsi, elle avait laissé de côté son prisonnier improvisé, vaquant à ses occupations habituelles. Pour l’heure, elle vérifiait ses talents de pianiste, testant un nouveau jouet. Sa voix mélodieuse s’élevait, tandis qu’elle chantait dans une langue totalement inconnue, et aux consonances anciennes. Elle entendit du bruit provenant du sous-sol, indiquant que son petit animal s’était réveillé et tentait de monter jusqu’à elle, sans doute pour savoir pourquoi on l’avait ainsi capturé. Après une longue attente ponctuée de bruits de chute, notre créature nocturne put enfin apercevoir son invité, qui paraissait d’humeur plutôt agressive au vu du poignard qu’il tenait dans une de ses mains tremblantes. Cessant aussitôt de jouer, elle darda sur lui un regard brûlant et cramoisi. Disparaissant de son siège, elle réapparut derrière lui, bras croisés, un air cynique peint sur le visage. Un petit rire ponctua sa comédie, et elle lança :

-   Il en faut plus que cela pour surprendre et tuer un vampire, mon petit. De plus, tu crois réellement que je t’aurais laissé en vie et dans une cellule ouverte si c’était pour te retenir en otage ? Je voulais juste attendre que tu te remettes d’avoir été mon dîner, avant de te relâcher. Donc tu peux t’en aller, si le cœur t’en dit. Je ne te retiens pas, la sortie est à ta droite, la grande porte droit devant.


[HRP: Un an plus tard...  ]

Le jeune Inu, la vu trouble à cause de la fatigue, s'approcha comme il put vers sa geôlière qui jouait calmement du piano. Impossible qu'elle ne l'ai pas attendu, alors il s'attendait à quelque chose. La fatigue obscurcissait son jugement et c'est avec quelques pointes d'hésitations qu'il approcha un peu plus. Sa mémoire lui revenait petit à petit... Il avait été attaqué par elle, en effet. Cette vampire l'avait ponctionné jusqu'aux portes de la mort et maintenant Theorem perdait doucement pieds. Pouvait-il se remettre de cette état de fatigue et de faiblesse ? Certainement pas de manière conventionnelle. Alors qu'il s'approchait d'elle, en un battement de cil, la vampire se leva de son siège pour se glisser dans son dos. Le jeune banneret sursauta, retombant sur les fesses tant la surprise avait été totale. Ce n'était pas une vampire conventionnel... C'était autre chose de bien plus puissant, une catégorie bien supérieure. En temps normal, Theorem aurait apprécié cette rencontre... Puis elle lui annonça que sa liberté était acquise, il pouvait partir... Mais partir où ? Et puis, dans son état, passer cette porte était aussi mortel que de se faire mordre à nouveau. Reprenant son souffle, délaissant sa dague, il regarda la vampire avec cette fois de la détresse.

"J... Je ne peux pas partir... Je me sens si mal... J'ai l'impression que je vais mourir si je reste dans cet état..."

Il s'appuya sur le tabouret du piano et se hissa sur ses jambes, tremblotant un peu plus. Le sol bougeait pour lui, en plus de sa tête qui pesait une demi-tonne. Il avait besoin de reprendre des forces de toute urgence. Il espérait que la vampire comprenne son état. Il lui fallait de quoi manger et du repos... Sûrement un bon bain puis une nuit de repos dans autre chose qu'une paillasse au sous-sol. Il tituba en s'appuyant sur un maximum d'objets croisés, laissant sa dague au sol.

"M... Mon sac... J'ai de la nourriture... Je voudrais... Retrouver des forces..."

La jeune femme se tenait calmement appuyée dos au mur, regardant ce qui avait été sa proie. Cette dernière était si faible qu’elle avait du mal à marcher, se tenant à tous les objets qu’elle trouvait sur son chemin afin de s’approcher, très lentement, de sa geôlière. L’effet ne touchait pas la vampiresse, qui se fichait royalement des problèmes des autres, en particulier de ceux de victimes nées. Car effectivement, au vu de la faiblesse physique de l’autre, il ne pouvait s’agir que d’une victime. On n’avait pas idée d’être un mâle et de se trimballer en tenue de femme. Kira n’avait aucune pitié pour les faibles, et un petit sourire cruel illumina ses lèvres. Ses yeux cramoisis ne se détachaient pas du corps androgyne qui, inexorablement, parvenait à se rapprocher du sien. Elle se souvint du moment où il avait été tellement surpris qu’elle montre une petite parcelle de ses capacités surhumaines qu’il en été tombé à terre. Avec un petit rire amusé, moqueur mais un minimum méprisant, elle avait attendu qu’il se relève. S’il ne l’avait pas fait, elle ne se serait pas souciée de le relever. Un peu de dignité, voyons. Il tremblait. Désormais désarmé, il paraissait encore plus faible qu’auparavant. Alors qu’elle allait se redresser et s’éloigner de cette chose, cette dernière lui réclama à manger. Parce qu’il croyait vraiment qu’il parviendrait à mâcher dans cet état ? Rien que déglutir lui prendrait les forces dont il avait besoin pour se maintenir debout. De plus, elle l’avait presque vidé, s’il se nourrissait maintenant sans avoir récupéré son sang, il ne parviendrait pas à envoyer correctement les vitamines et autres dans ce dernier, et mourrait d’un surplus d’apport. Soupirant un peu, notre vampiresse se rendit compte qu’elle n’avait pas trop le choix et qu’elle devait s’occuper de l’inu car après tout, il était dans sa demeure et c’était elle qui l’avait mis dans cet état.

Se redressant enfin, elle se dirigea en direction du chien, puis le saisit par le col et le traîna derrière elle, sans aucune trace de pitié. Si au moins il avait vaillamment combattu et l’avait blessée, elle aurait pu lui témoigner du respect, mais le cas échéant elle ne lui devait rien d’autre que du mépris. Le balançant sans trop le ménager sur un canapé qui prenait bien cinq mètres de long pour deux de large, elle se retourna, puis disparut. Quelques secondes plus tard, elle se tenait près du chien, assise à ses côtés, un verre à pied en main. Soupirant de nouveau, très audiblement afin de montrer à l’autre qu’il l’agaçait, elle posa ledit verre sur une de ses cuisses, en équilibre précaire, puis porta son poignet droit à ses lèvres. Sans hésitation, elle le mordit profondément, jusqu’à une veine, sans tiquer. Puis, soulevant le verre de sa main gauche –heureusement qu’elle était ambidextre-, notre créature nocturne pressa l’objet contre sa peau rougie par le sang. Ce dernier coula doucement, remplissant le récipient jusqu’à ras-bord. Redressant son bras, l’intérieur ouvert vers le plafond, elle le lécha de sa délicate langue rouge, tandis que sa plaie guérissait à vue d’œil. Puis, elle utilisa cette même main afin de redresser la tête de l’inu, la maintenant droite. Ensuite, elle porta le verre à ses lèvres, l’inclinant légèrement.

-   Et maintenant, bois. Si tu ingurgitais de la nourriture normale maintenant, ta mort n’en serait que plus certaine encore. Ceci te redonnera les forces dont tu as besoin afin de pouvoir te sustenter.

Lui laissant le verre après l’avoir bien mis entre les deux mains du terranide, elle se releva, et alla chercher le sac dont elle avait entendu parler plus tôt. Ceci dura quelques secondes, plus longtemps que cela n’aurait dû. Après tout, elle ne tenait pas forcément à admirer le spectacle d’un être faible et qui ne le méritait sûrement pas en train de boire son nectar vital. Posant le sac près de l’homme, elle fit un geste rapide et un brouillard compact se souleva du sol, avant de prendre la forme d’une chaise. S’asseyant dessus sans aucune hésitation, elle darda un regard rougeoyant et peu chaleureux sur sa victime, sans mot dire, guettant une réaction de sa part.

Theorem se sentait si faible, elle n'eut pas de mal à le tirer jusqu'à son canapé. D'ailleurs, il était vraiment huge... Cinq mètres de canapé c'était pourquoi faire ? Regarder la télé avec les oncles, les nièces et les cousins germains ? Le jeune Inu se savait pas trop ce qui se passait, mais elle s'ouvrit le poignet pour remplir le verre de sang. Du sang de vampire ? Son esprit était un peu embrouillé mais... ça ne risquait pas de le transformer quand on est pratiquement exsangue ? Il devait faire de son mieux. S'il ne faisait rien, il mourrait. Le rapport de force entre Kira et lui était titanesque, dans le sens où elle était une créature centenaire et lui un simple Inu. Il se cramponna au verre à deux mains et porta la coupe à ses lèvres. Il but doucement le contenu, grimaçant un peu. C'était dégueux... métallique, à la saveur cuivrée. Finalement, il étancha le verre avant de le reposer sur son genou, tenant encore le pied dans sa main.

"C'est... curieux..."

Il sentait ses forces revenir à fond. Comme si ses batteries s'était rechargées au maximum, il se sentait d'attaque. Il claqua plusieurs fois dans ses doigts et plusieurs étincelles apparurent avant qu'une flammèche apparue, puis enfin une flamme. Theorem sourit avant de retourner sa main et de l'agiter, éteignant la flamme. Il claque de nombreuses fois de son autre main et c'est de la glace qui apparue, formant un petit bloc de glace. Ses deux pouvoirs étaient revenu au top ! Il se sentait d'attaque pour un décathlon, un triathlon même ! Mettant le glaçon dans le verre, il se leva, regardant Kira.

"Et encore plus de votre sang peut donner certainement encore plus de pouvoirs. Mon contrôle de la température sans mon épée, c'est génial ! Je savais que ça résidait en moi, mais pas comme ça. C'est grandiose !"

Theorem subissait aussi l'euphorie du sang de vampire et lui donnait une confiance en lui sans limite. Au fond de lui, le jeune Inu le savait mais pour le moment son égo parlait à sa place. Il alla déposer le verre à pied sur une table avant de taper dans ses mains, émettant une flamme entre ses paumes.

"Alors là, tu es pardonné pour m'avoir ponctionné ! J'imagine que ça ne dureras pas, mais là je suis chargé à bloc !"

L’inu ne sembla pas apprécier la saveur du sang vampirique, ce qui soutira un léger sourire à notre créature nocturne. Après tout, se nourrir d’hémoglobine, c’était bien son apanage, à elle, pas le sien. Il comprenait mieux ce qu’elle avait dû endurer les premières fois, lorsqu’elle devait s’habituer à ce goût pour le moins particulier. Néanmoins, à présent, elle ne s’en rendait plus compte, c’était le plus normal du monde. Même, maintenant qu’elle savait qu’elle pouvait absorber une parcelle du pouvoir de ceux qui lui offraient leur nectar vital, elle appréciait de jouer les sangsues. D’ailleurs… Son sourire devint bien plus franc lorsqu’elle se rendit compte que la créature qu’elle avait sauvée pouvait invoquer des flammes ainsi que créer de la glace. Et elle l’avait presque vidé… Donc à présent, elle pouvait faire de même. Quelle joie, car cela lui serait franchement bien utile plus tard. L’inu mit le glaçon récemment formé dans son verre vide, paraissant au sommet de sa forme, heureux. Tant mieux pour lui, après tout. Kira se disait bien qu’un être aussi faible devait s’être attiré pas mal d’ennuis et que sa vie ne devait pas être rose tous les jours, aussi s’il pouvait se sentir bien quelques instants, c’était ça de gagné.

Il paraissait avoir pris de la confiance en lui, de plus, car il la tutoyait sans vergogne. En position de domination, elle pouvait comprendre que l’on ne se gêne pas, mais il ne devait pas oublier que malgré son regain de pouvoirs, il demeurait encore très faible face à elle. Un petit chiot face à une panthère déchaînée. Ne s’en souciant pas tellement, cependant, elle ne le lui reprocha pas, se contentant d’un petit sourire ironique. Se redressant de toute sa taille face à lui, elle leva une main, qui s’enflamma sans problème. Regardant le chien avec un air satisfait, elle ajouta :

-   Je devrais te reprocher de ne pas m’avoir remerciée de t’avoir sauvé la vie, après tout je n’en étais pas obligée et la plupart de mes compagnons ne se gênent pas pour laisser leur victime agoniser des jours durant, mais étant donné que tu m’as toi-même apporté quelque chose, nous sommes quittes. D’ailleurs… Je m’appelle Kira, et toi ? Au vu de ton enthousiasme quant à mon sang, il se peut que tu deviennes accroc, j’ai vu des êtres vivants devenir de vrais drogués de sang de vampire. Donc je vais éventuellement devoir m’habituer à ta présence, alors autant pouvoir t’appeler si je désire te parler.

Éteignant la flamme qui brûlait au creux de sa main d’un geste vif, elle se retourna et alla s’assoir sur un meuble étrange, une sorte de statue toute en largeur qui lui permettait de prendre place à différentes hauteurs. Pour une jeune femme qui aimait sentir sa propre domination par rapport à ses victimes, c’était le meuble idéal. Prenant place, telle une reine dans son trône, elle pencha la tête sur le côté, le regard brûlant de vie, ironie du sort.

-   Que fais-tu, dans la vie ? Aurais-tu des proches qui auraient souffert de ta disparition ? Histoire que je sache si j’ai bien fait ou si finalement, ce n’était pas si grave que ça. Vois-tu, en général je ne sauve pas mes victimes, même s’il faut avouer que ces dernières, pour la plupart, sont des connards de première et dont la disparition peuvent sauver des vies. J’ai décidé de te laisser la vie sauve car tu me paraissais faible, j’ai eu pitié, pour tout t’avouer.

La jeune femme s’en fichait, visiblement, de blesser l’inu et de heurter sa fierté. Que cherchait-elle à faire ? Le provoquer, dans l’espoir d’une réaction qui lui prouverait que l’autre n’était pas aussi faible qu’il en avait l’air, et qu’il méritait d’avoir été sauvé ? Ou bien juste se moquait-elle de lui ? Tellement d’éventualités, et une seule réaction à venir…