Cet homme se devait de mourir. Elle en ferait son but, avec un plaisir non-caché. Une heure qu'elle mâchonnait son crayon de bois, les yeux plantés dans le vide, imaginant milles supplices. Une amie à elle, inerte car shootée à différentes drogues, ne répondait pas, allongée les bras en croix sur son lit.
Et Edge ruminait. Elle cherchait à se venger, et ce par tous les moyens. Elle inspira un grand coup, serrant les poings. Un homme s'était introduit chez elle, et avait dévalisé entiérement son magasin. Il avait tout pris. Oh, elle l'avait vue, enfin, son alarme lui avait racontée. Elle lui avait décrit qui il était, avec beaucoup de précision. Elle tapa du poing sur la table.
Cette enflure avait tout pris.
Elle n'en revenait même pas elle-même. Elle s'était montrée trop négligente, encore une fois. Elle jeta un oeil vers Lynn, à moitié délirante.
- Et je suppose que tu n'as pas de solutions, toi ? lui demanda t'elle, blasée.
- Siiiiiiii !
Elle parlait avec l'intonation d'une femme pire que saoule. Désagréable. La délicatesse féminine légendaire venait d'en prendre pour son grade.
- Ah oui ? continua t'elle, se moquant, y croyant à moitié.
- Oui. Y'a une sorcière. Tu peux lui demander de t'aider. J'la connais, je lui ai demandé de tuer mon ex. C'est vrai en plus.
Edge souleva un sourcil, atterrée par l'état de son amie. Qui tomba du lit en voulant se lever.
- Elle habite dans la rue ... Hier, j't'ai montrée la porte. T'as pas écoutée, hein ? Elle est là-bas. Elle est ... Pwooou ! Superbe, et douée. Z'allez bien vous entendre.
- Rentre chez toi, Lynn.
Cette dernière soupira, et quitta aussitôt la demeure, tombant quatre fois dans les escaliers.
Et Edge réfléchissait. Elle se souvenait de cette porte, oui. Elle fronça les sourcils. Qui ne tente rien n'a rien. Et, une demi-heure plus tard, elle était en route, vêtue de ses habituels bas-résilles déchirés, un jupon blanc taché d'encre, un débardeur noir sur lequel en flottait un - en résille aussi - et des talons aiguilles. Au pire, elle ne se payerait que la honte de sa vie. Pas grand-chose.
Elle se retrouva vite face à la porte en question. Elle mit quelques secondes avant d'oser frapper. La ruelle n'était pas bien belle, et sombre, et abandonnée. Elle en s'y sentait pas en sécurité, malgré les quelques philtres dans son sac. Elle avait ramené son alarme, pour qu'elle puisse décrire au mieux cet homme. Ce salaud. Edge grogna.