...Non et franchement, j'ai autre chose à foutre !
Voilà la pensée qui me traverse l'esprit lorsque monsieur Tanaka, l'oncle d'un ami américain qui m'a trouvé un studio le temps de mon séjour à Seikusu, me propose d'aller assister à une cérémonie du thé traditionelle. Je ne doute pas que ce soit quelque chose de particulier à regarder et à vivre, mais le "presque-ado" que je suis encore a surtout envie d'aller traîner ses Converses au coeur de la ville histoire de dépenser quelques yens dans l'achat de figurines en résine et de mangas non-traduits, en bon touriste.
Ca fait trois jours que j'ai posé le pied en sol nippon et je n'ai eu le temps de rien, ayant préféré rattraper le décalage horaire paresseseument. Je me fais fainéant, je crois. Aucune envie de me mettre à la recherche de quelques crimes où même de me renseigner sur ce qui se passe chez moi, à l'autre bout du monde. Avant, j'étais rivé aux informations internationales et me faisait fort d'intervenir rapidement et efficacement. Mais maintenant... Je crois que je n'ai plus cette flamme, cette envie. Oh, ce n'est pas que la Justice ne m'importe plus, attention ! Je me sens vidé et je sais que cette période à Seikusu va me servir de vacances et d'occassion de faire le point sur une question cruciale : le monde a t'il vraiment besoin de Sentinel Prime ?
Tout ça pour dire que je repousse gentiment la proposition de monsieur Tanaka, qui dit comprendre parfaitement. Il parle aussi bien anglais que je baragouine japonais, c'est vous dire à quel point les conversations entre nous sont assez décousues. Toujours est il qu'il finit par s'éclipser, me laissant seul dans mon tout petit studio. Je file à la douche et y passe quelques minutes, prenant soin de me parfumer avant d'attaquer le choix de mes vêtements... Et un choix autrement plus corsé : dois-je enfiler mon costume ? Les yeux rivés sur le "S" dessiné sur le torse, je soupire avant de me dire que si je ne l'ai pas et que je viens à en avoir besoin, je le regretterais. En quelques gestes habitués à la manoeuvre, je l'enfile donc avant de le compresser contre mon corps grâce à un petit système prévu à cet effet. Parfait, plus qu'a enfiler un jean, un sweat quelconque à manches longues et ma vieille paire de lunette factice et hop, voilà que je finis par déambuler rêveusement dans les rues animées et grouillante de mon foyer d'adoption.
Je suis un parfait touriste, m'arrêtant devant ces japonaises drôlement vêtues, devant les magasins d'objets high-tech, ceux de mangas et de jeux vidéos.... Je me perds peu à peu au coeur de la ville sans pour autant m'inquiéter tant que le soir tombe, jusqu'a arriver dans ce que je suppose être le quartier des affaires, où brillent les facades siglées des logos de grandes banques internationales. Sortant le museau d'une revue coquine que j'ai acheté au détour d'une ruelle, mes yeux se posent sur un attroupement au pied d'un building, des mains se levant vers le ciel. Qu'est ce que c'est que ce bordel, au juste ? Les flics locaux sont là, des projecteurs braqués vers le toit de la banque. Je connais ce genre de situation mais mon cerveau ne fait pas la connexion dans la seconde.
J'imite tout le monde alors qu'une voix tonitruande dans un haut-parleur égraine le numéro 5, puis le 4.
Ca y est, je percute enfin alors que le "UN !" est beuglé, suivi d'un cri féminin où se lit la peur panique. Une nana ! Une nana est dans le vide ! Un moment, le temps semble figé alors que le preneur d'otage lâche son "zéro"... Et sa victime, jolie tâche rougeâtre dans le ciel japonais, qui va faire connaissance avec le macadam du Soleil Levant. Des exclamations d'horreur fusent tout autour de moi, alors que je n'hésite plus. Mes sacs tombent à terre, suivis par mes vêtements que je déchire littéralement avant de foncer comme une balle vers le ciel, tel un éclair bleu et rouge qui rattrape avec fermeté mais non sans délicatesse la victime, que je tiens par le dos et sous les jambes, comme si elle avait été une jeune mariée. Nous restons ainsi quelques secondes, flottant entre ciel et terre sous les vivas des passants tant que sous leurs exclamations de surprise... Et les vociférations du type patibulaire, un peu plus haut.
Mon regard se porte sur la demoiselle et... WOW. Je bloque un instant, les yeux écarquillés. Elle est sublime, même si sur l'instant je trouve le mot un peu faible. Une rousse flamboyante au corps dessiné au laser, moulé dans une robe qui la met en valeur à la perfection.
- Je... Euh...
D'habitude, c'est le moment où je lance quelques mots rassurants, mais j'en suis incapable. Vite, me reprendre ! Heureusement, le preneur d'otage qui hurle des insultes salées me ramène les pieds sur Terre -enfin, si on veut.
J'adresse un sourire tranquille à la rouquine, avant de m'envoler quelques mêtres en retrait pour la déposer avec précaution sur un autre toit. Alors qu'elle est en sécurité et moi flottant dans le vide, je lui adresse enfin quelques mots sensés.
- Ne faîtes rien de stupide, je reviens très vite vous chercher.
Nouveau sourire, puis signe de tête. La suite ? Filer vers la banque et coller quelques roustes aux malfaiteurs, libérant les autres otages. Rien de bien compliqué, je l'ai fais des centaine de fois par le passé. Bon, j'ai un peu perdu la main puisque certains criminels me font les rechercher dans les étages, mais je les attrape tous. Armés lourdement, mais ela reste inefficace contre moi. Les balles s'écrasent sur mon corps, les chargeurs se vident et je n'ai plus qu'a ceuillir les types, ce que je fais. Les assomant, je les laisse aux bons soins de la police avant de me diriger vers le toit où j'ai déposé la fille incendiaire.
Et je réalise qu'elle a très bien pût en descendre, étant donné qu'il y a certainement un accès vers l'intérieur de l'immeuble.
Je me pose quand même doucement sur le toit, on verra bien.