Un mégot de cigarette tomba a terre et un pied vint rapidement l’écraser avec hâte. Le jeune américain sortait, ce soir, comme la plupart des étudiants. Il fallait bien rendre crédible sa couverture, dont ! Un jeune ça sort, ça boit, des fois ça se drogue et souvent ça… fait des choses pas très catholiques avec l’abus d’alcool. De toute façon Qaalëm fait toujours des choses pas très catholiques, même sans alcool. C’est pas compliqué de se faire plaisir, et encore moins de se faire désirer ! Dehors, sous les lumières chaudes de la fin de journée, une légère brise fraîche commençait à se lever, faisant voler quelques cheveux bruns dans le vent. Malgré cette petite touche de froideur dans ses cheveux humides, Christopher ne frémit pas. Il ne craint pas le froid, il ne craint rien de toute manière.
Comme ça, il avait l’air tout à fait normal. Il était assez déçu de sa journée d’humain : cours, cours, et recours. Des balivernes et des idées sordides. Qaalëm détestait ces journées vides sans aucune compagnie. Mais ce soir, c’était son soir. Il s’amuserait. Tout en marchant, il sourit. Son sourire ? Fier et sûr, mais en même temps pervers et carnassier.
Car ce soir il va toutes vous dévorez, à commencer par toi.
Aujourd’hui il faisait preuve d’une triste banalité dans son style vestimentaire : il n’était vêtu que d’une simple chemise blanche dont les manches furent remontées jusqu’aux coudes ainsi que d’un jean un peu grand. Mais avec sa peau mâte et ses cheveux plutôt longs en bataille, ça donnait un certain style. Un peu le genre de type décontracté et assez cool, au début de sa vingtaine. Après tout, tout le monde n’était pas obligé de savoir qu’il jouait en réalité le rôle d’un lycéen, et les informations que le démon semait à son sujet variaient de personne en personne.
Sa démarche, sûre et naturelle, laissait montrer qu’il n’était pas quelqu’un de louche et encore moins quelqu’un cherchant les embrouilles. Sa route le mena dans des petites ruelles, certes petites mais n’était pas vraiment mal famées au premier regard. Finalement, les mains dans les poches, il marcha jusque dans une petite rue où il aperçut la silhouette d’une femme (pour lui cela ne faisait aucun doute). Cette inconnue s’approcha de lui et l’aborda, lui proposant manifestement ses services. Ah, une prostituée, c’est comme ça qu’on les appelle chez les Mortels.
Le regard du jeune démon vint rapidement se perdre à la naissance de sa poitrine et il glissa jusqu’à ses hanches peu couvertes. Là ? Il la déshabillait du regard. Elle était aussi plutôt belle, parce que Qaalëm regarde tout ce qui est regardable. Il adressa un sourire charmeur à la jeune femme. En réalité, le démon sourit dès lors qu’elle introduit implicitement la notion d’argent. Lui ? Payer ? Et puis quoi encore !
- J’en serais ravi… répondit-il à cette demande. Je me sentais un peu seul, ces derniers temps…
Raaah… sacré Qaalëm. Quel bon comédien. Le jeune homme se rapprocha légèrement de l’inconnue avant de lui susurrer à l’oreille :
- Vous connaissez un bon endroit, j'imagine ?
Il voulait se faire sensuel, aguicheur à son tour.