Abysses [PV Naoya Akiyoshi]

Comme ton corps est fragile petit être !

L'haleine fétide du démon frappait de plein fouet Saga. Le Chevalier d'Or des Gémeaux était pris dans l'étau irrésistible qu'étaient les bras de l'habitant des Abysses*, un des Plans Extérieurs où vivaient les Tanar'ri, créatures vouées au Mal et au Chaos.
Celui auquel avait affaire Saga était un Seigneur Démon, l'Archiduc Nazbaôr, Seigneur de la Fosse de l'Agonie Sans Fin. C'était un immense humanoïde de plus trois mètres de haut et deux mètres de large, au pelage couleur de rouille sous lequel roulaient des muscles puissants, aussi solides que des câbles d'acier. Sa tête évoquait celle d'un taureau et ses yeux brillaient comme des escarboucles.

Il était apparu dans Terra, semant la terreur dans la région, terrorisant les habitants, violant les femmes, sodomisant les chèvres... C'était un jeune apprenti en magie qui l'avait invoqué par accident. Le Démon avait réussi à briser le pentacle de protection (malhabilement tracé), avait tué l'imprudent puis avait commencé son oeuvre de mort et de destruction dans le coin.

Le Chevalier d'Or des Gémeaux, qui passait par là, s'était courageusement interposé entre la créature et une ferme dont les occupants s'étaient peureusement terrés et le combat avait commencé.

La lutte avait été digne de la Titanomachie et avait duré six bonnes heures mais au final, le démon était en train de broyer le corps de Saga entre ses bras épais. L'atroce odeur de souffre agressait les narines du Saint et ce dernier sentit sa dernière heure arriver : il était puissant mais cet être l'était beaucoup plus que lui...

Un dernier sursaut de colère, d'orgueil et de volonté le ranima, faisant briller ses yeux : Non ! Je ne mourrai pas sans avoir emporté mon adversaire avec moi !
Il fit brûler son Cosmos jusqu'à son paroxysme et l'instant d'après une intense déflagration retentit dans les airs.

GALAXIAN EXPLOSION !!!!!

Que... ? put seulement articuler Nazbaôr avant que tout son corps démoniaque ne vole en éclats sous la puissance de l'attaque des Gémeaux, reçue à bout portant, capable d'ébranler les cieux eux-mêmes !

Le Chevalier d'Or fut projeté en arrière. Ce faisant, il traversa sans s'en rendre compte la frontière invisible entre la Terre et Terra et chuta rudement sur le sol. Il n'avait pas conscience de l'endroit où il se trouvait, sa vision était trouble, tout son corps le faisait souffrir : il devait certainement avoir plusieurs os cassés et le sang s'écoulait par les multiples blessures qu'il avait reçues. Par miracle, seul son visage était intact.
Son Armure d'Or était en piteux état et sa belle cape étaient en lambeaux.

Satisfait d'avoir occis le démon, il ferma les yeux et attendit que la Mort vienne le prendre...

* Voir Planescape, univers du jeu de rôle Donjons & Dragons.

Terre ...

Naoya prévoyait de partir pour Terra. Pas ce jour-là, mais le jour suivant. Pourquoi ? Et bien, il fallait qu'elle emmène la pauvre Inita dans un endroit sûr ... Un endroit où sa précédente "propriétaire" ne pourrait pas la retrouver. Quoi que, l'infirmière savait très bien que Majo devait venir de Terra. Alors, probablement que si elle voulait réellement retrouver Inita, que Naoya la ballade ici et là n'arrangerait pas les choses. Mais bon, pourquoi Majo s'amuserait à les retrouver ? Après tout, Naoya avait réussi à se sortir de cette soirée sanglante haut la main, sans qu'il ne lui arrive quoi que ce soit ! Et elle avait gagné ses épreuves et avait aussi remporté le droit de garder Inita auprès d'elle. Bon, fallait dire aussi que c'était la terranide qui lui avait soufflé ce souhait. Mais Naoya n'avait pas pu se résigner à la laisser dans la demeure. Qui sait quels traitements Majo aurait pu lui faire subir ... Enfin ...

Voilà pourquoi Naoya devait se rendre sur Terra, tout en sachant qu'elle aurait du mal, par la suite, à revenir. Enfin, façon de parler puisqu'il lui faudrait attendre une semaine, le temps que son bracelet se recharge. Sauf si elle empruntait, par hasard, un portail qui la ramènerait sur Terre. Mais bon, prendre des portails, comme ça, sans savoir qui les avaient créés, c'était risqué. Naoya aurait pu partir tout de suite. Sauf que la veille, elle n'avait pas eu le temps de voir son chef pour lui demander quelques jours. Il avait donc fallu qu'elle prenne sa garde normalement, qu'elle travaille et qu'elle aille le voir. Un bon mensonge d'ailleurs il avait fallu qu'elle lui raconte, du genre que le lycée avait besoin de sa présence la semaine qui venait, du fait que l'autre infirmière était absente. Quant au lycée, lui même avait reçu le même genre d'excuse, sauf que c'était l'hôpital qui avait besoin de sa présence. Et si Naoya se faisait choper, elle pourrait toujours effacer quelques mémoires, c'était pas grave.

On lui avait donc, finalement, accordé sa semaine. Dur, mais bon, au moins, on ne se demanderait pas où elle était passée. Parce que si elle était partie sans rien dire, pas sûre que ça aurait passé. Nan, elle se serait faite sûrement réprimandée. Quoi qu'il en soit, sa journée était finie. Naoya avait préparé quelques bagages et Inita attendait patiemment dans l'appartement que l'infirmière vienne la chercher et l'emmène loin d'ici. Après, libre à la terranide de revenir sur Terre si ça l'enchantait, mais au moins, ses blessures seraient guéries.

Comme à son accoutumée, Naoya était passée par le parc pour rentrer à son appartement. C'était le chemin le plus court apparemment, même si ça pouvait être risqué certaines fois du fait que des petits loubards pouvaient être dans les parages. Mais bon, fallait pas croire que la miss pouvait pas se défendre ! Après tout, récemment, elle avait tenu tête à un Vampire et elle était encore sur ses deux jambes ! Donc, elle ne risquait pas grand chose. Et puis, elle pouvait toujours griller quelques mémoires, c'était pas un problème ça. La jeune femme avait quand même accéléré un peu le pas, sait-on jamais. Mieux valait-il être sur ses gardes, que de ne pas l'être.

Alors qu'elle marchait tranquillement, Naoya redressa la tête lorsqu'elle entendit un drôle de bruit. Elle n'aurait su dire exactement quel genre de bruit s'était mais c'était pas commun. Bien sûr, elle aurait pu passer son chemin, sans se préoccuper de ce bruit. Mais non. Sa curiosité prenait toujours le dessus. Sans oublier que quelqu'un pouvait être blessé et elle ne pouvait pas laisser cette personne là souffrir ou bien mourir parce qu'elle ne voulait pas prendre la peine de voir ce qui n'allait pas. Naoya fit donc un détour et se rapprochait du bruit qu'elle avait entendu. Et après avoir quitté le sentier, voilà qu'elle tombait sur une personne qui était au sol. Il portait une armure. On aurait dit de l'or, mais Naoya n'aurait pu dire si c'était vraiment de l'or ou pas. Le pauvre homme gisait là, au sol. L'herbe avait été souillée par du sang.

"Oh la la ..."

Tout de suite, Naoya s'était rapprochée de lui. Elle avait jeté, ou presque, son sac au sol et s'était agenouillée près de l'homme. Elle avait posé deux doigts contre son cou, histoire de prendre son pouls. Vivant, il était toujours vivant, mais il était dans un état pas possible. Chose étonnante, tout de même, c'était que son visage était intact. Il n'avait pas une seule blessure, ce qui n'était pas le cas de son corps.

"Monsieur, vous m'entendez ?"

Naoya avait récupéré, dans son sac, une petite lampe que les médecins utilisaient pour regarder les yeux des patients. Elle lui ouvrit alors les paupières, histoire de voir s'il réagissait, ou pas. Problème : que faire ? Appeler une ambulance et risquer qu'on ne le prenne pour un allumé à cause de son armure ? Ou bien tenter de le ramener chez elle ? A ce rythme là, faudrait qu'elle songe à ouvrir une clinique, ou quelque chose dans le genre. Ca serait plus simple. Pas le temps de penser à cela. Il avait des plaies ouvertes, certaines plus graves que d'autres. Fallait donc aller au plus urgent. Heureusement qu'elle avait toujours quelques bandages dans son sac, ça allait lui servir !

Son esprit errait dans les ténèbres et il ne savait pas vraiment s'il était en route vers les Enfers, domaine du Sombre Monarque, Hadès ou s'il était encore en vie. Peut être qu'il était à mi-chemin entre le monde des vivants et celui des morts...

Une voix surgit du néant et il se demanda un court instant si elle n'appartenait pas à une autre personne faisant le grand voyage avec lui. Les défunts pouvaient-ils communiquer entre eux ? Voila qui ne manquait pas d'intérêt... Ou alors, peut être était-ce Thanatos en personne qui s'adressait à lui... Mais dans ce cas pourquoi avait-il une voix féminine ? Peut être un effet de son imagination...

Puis une vive lumière l'éblouit et il leva un bras pour se protéger de son éclat. Était-ce le fameux tunnel lumineux que les gens ayant vécu une near death experience racontaient avoir vu au cours de leur vision ? Dans ce cas, pourquoi lui blessait-il les yeux puisque ces derniers ne contemplaient plus le monde des vivants mais celui de l'au-delà ?

Durant un court instant, il eut la vision fugitive et brouillée d'une charmante jeune fille à la chevelure rousse qui était penchée sur lui et il eut le réflexe de poser sa main sur sa joue. Il sentit le doux contact de sa peau et il eut alors la certitude qu'il n'était pas encore mort.

Démon... fit-il d'une voix faible, ai... vaincu...

Puis il sombra dans l'inconscience, ses lèvres murmurant :

Pas mort ?...

Une main ...

L'homme avait réussi à lever un de ses bras et avait posé sa main sur la joue de la demoiselle, ce qui avait eu pour effet de l'étonner d'ailleurs ! Mais au moins, elle savait qu'il était en vie et qu'il avait encore quelques forces. Pas beaucoup, mais c'était ce qui le maintenait en vie. Il bafouilla quelques mots. Naoya crut comprendre démon. Un démon ... Jusqu'à présent, la jeune femme avait eu la chance de ne croiser aucun démon. Peut-être parce qu'il n'y en avait que peu sur Terre. Mais sur Terra, elle savait très bien que c'était différent, que les créatures étranges et insolites, et bien, on ne les trouvait pas que dans les rêves ! Naoya émit alors l'hypothèse que l'individu venait de Terra et que c'était par le plus grand des hasards qu'il avait atterri là. Une chance pour lui d'ailleurs que Naoya passait par là ! Parce qu'avec des blessures de ce genre, si elles n'étaient pas soignées, il risquerait de perdre la vie.

"Non, vous n'êtes pas mort ..."

Mais c'était pas loin. Ses yeux s'étaient refermés. Tout de suite, Naoya vérifia, à nouveau, s'il respirait toujours. Par chance, c'était encore le cas. Son torse se soulevait toujours de temps à autre, même si sa respiration était faible. La jeune femme regarda à droite, à gauche, histoire de savoir si y'avait pas quelqu'un qui ne passerait pas dans les parages. Car le ramener chez elle ... Ca allait être compliqué sans aide. Appeler une ambulance ... Pas possible. Elle n'avait pas son portable sur elle -elle l'avait oublié le matin sur sa table de nuit-. Et le laisser seul quelques instants le temps de trouver une cabine, ce n'était pas vraiment conseillé non plus. Du moins, pas tant qu'elle n'aurait pas eu un regard sur toutes les blessures qu'il pouvait avoir. Plus qu'à lui ôter son armure. Sauf que ... Naoya se demandait comment elle allait bien pouvoir enlever ce machin.

Tout en y réfléchissant, elle commença par bander les blessures visibles, afin qu'il ne perde pas tout son sang. Manquerait plus que cela d'ailleurs. Mais faudrait qu'elle désinfecte les plaies dès qu'elle aurait quelque chose pour le faire. Et ça, soit ce serait à l'hôpital, soit ... ça serait chez elle. Ouais, faudrait qu'elle monte une espèce de clinique, ça lui servirait !

Même si ce n'était pas vraiment conseillé, Naoya tenta de réveiller l'individu. Pourquoi ? Parce que l'inconscience pouvait être un état dangereux. Certains tombaient dans le coma et n'en ressortaient jamais. Elle préférait qu'il soit éveillé. Au moins, il pourrait éventuellement lui parler et elle s'inquiéterait un peu moins. Seulement, fallait encore qu'elle trouve un truc pour le réveiller. Généralement, elle frottait son poing contre le torse de ses patients, et ça avait l'effet de les faire réagir. Mais là, avec l'armure. Elle prit alors l'une de ses mains.

"Si vous m'entendez, serrez ma main."

Ca marchait parfois.

"Non, vous n'êtes pas mort ..." dit de nouveau la voix. Il ne put s'empêcher de sourire (même s'il ne savait pas s'il le faisait dans le monde réel ou s'il le faisait seulement dans son esprit) : il était beaucoup plus coriace qu'il n'en avait l'air ! De toute évidence il en fallait bien plus pour mettre fin aux jours d'un Chevalier d'Or de la trempe de Saga...

Il sentit à nouveau les doigts de l'inconnue sur son corps, tout au moins les parties non recouvertes par son Armure et il comprit qu'elle était en train d'appliquer des bandages sur ses blessures. Il sentit son esprit sombrer de plus en plus profondément dans les ténèbres épaisses et obscures de l'oubli et se dit que finalement la Mort serait une délivrance : il était las de lutter. En définitive, il aurait mieux fait de se suicider à l'issue de la Bataille du Sanctuaire, cela aurait été plus simple...

"Si vous m'entendez, serrez ma main." entendit-il de nouveau. Pourquoi ne voulait-elle pas le laisser tranquille ?! Il avait accepté son sort et s'apprêtait à entamer l'ultime voyage. A quoi bon persister à vivre si c'est pour continuer à souffrir ?
C'est alors que des tréfonds de son âme, l'Autre surgit brusquement et prit possession de lui. Ses cheveux changèrent de couleur, devenant noirs comme la nuit et son visage se durcit.

L'imbécile, dit-il à voix haute, ce n'est vraiment pas le moment de mourir ! Tu veux peut être crever mais moi je tiens à ma peau !

Il serra alors la main de l'infirmière : je vais m'accrocher à cette vie, que ça te plaise ou non !

Puis, les morceaux composant l'Armure d'Or se détachèrent comme par enchantement du corps du Chevalier et se rassemblèrent pour former une étrange statue de métal ; un casque apparut dans les airs et se posa sur la partie supérieure. Le tout se posa sur le sol.

Débarrassé de sa Cloth, Saga était torse nu, permettant à la jeune femme de voir l'ensemble de ses blessures. Les cheveux du Chevalier reprirent leur couleur normale et son expression redevint sereine...

Aucune réaction ...

Pour le moment, l'individu n'avait aucune réaction, ce qui était plutôt inquiétant. Peut-être que qu'il n'escomptait pas gagner cette bataille. Peut-être était-il en train de lâcher prise. Ah non, ça, pas question ! Pas tant qu'il serait entre les mains de Naoya. L'infirmière était du genre têtue et ne baissait pas facilement les bras, donc, d'une manière ou d'une autre, même s'il ne voulait pas s'accrocher à la vie, et bin, elle le laisserait pas claquer. Il aurait été à l'hôpital et la jeune femme aurait eu un papier entre les mains disant qu'il ne souhaitait pas être réanimé, là, d'accord, elle aurait laissé tomber. Mais là, elle n'était pas en train d'exercer à l'hôpital, donc les règles changeaient, du moins, selon la demoiselle.

Tandis que Naoya l'observait toujours, histoire de voir s'il avait une quelconque réaction, elle remarqua alors un fait étrange. Ses cheveux changeaient ... Ou du moins, sa chevelure bleu azur laissait place à la noirceur. Allons donc, qu'est-ce qui était en train de se passer ? Naoya avait vu des choses bizarres dans sa vie, mais là, on atteignait quand même des sommets. Et son visage changea d'expression par la même occasion. A ce moment là, l'infirmière fut tirée de ses pensées par une voix qui s'élevait. On aurait dit que c'était quelqu'un d'autre qui parlait ... Enfin, la voix semblait quelque peu différente et pourtant, elle semblait parvenir de l'individu qui était au sol. Quelle hypothèse devait-elle formuler ? Il partageait son corps avec une autre entité ? Quelque chose dans le genre ? Ou y'avait encore autre chose là dessous ? Difficile à dire, elle verrait bien.

Sur ce, les doigts du chevalier en armure se refermèrent sur la main de Naoya, répétant qu'il allait s'accrocher à la vie. Ouais, et bien, pas trop, parce que sinon, il finirait par lui broyer sa pauvre main dont elle aurait besoin pour s'occuper de lui. Des cliquetis se firent alors entendre, surprenant Naoya. C'était quoi encore ce bordel ? Et hop, voilà que l'armure semblait prendre des ailes et que ses différents pans se replaçaient ailleurs. Un casque se posa au dessus du tout tandis que Naoya, regardant ce drôle de phénomène, constata que l'étreinte sur sa main venait de disparaître. Il venait de la relâcher. Son visage et ses cheveux étaient redevenus comme avant.

*Ok ... Dans quel guêpier je me suis fourrée moi ?*

Le bon côté des choses, c'était, qu'à présent, elle avait une vue d'ensemble sur ses blessures. Du moins, celles qui étaient externes. Parce que vu dans l'état où il était, sûrement qu'il devait avoir quelques côtes fêlées, ou bien quelques os déplacés. Et ça, encore, c'était rien. Il pouvait aussi bien de souffrir d'hémorragies internes. Et ça, malheureusement, Naoya ne pourrait pas les diagnostiquer comme ça. Oui, bon, elle avait du matériel chez elle. Mais comment l'y emmener ? On pourrait croire que l'hôpital était le plus prêt mais, non, ce n'était pas le cas. Sans oublier que si elle arrivait à appeler une ambulance, ils seraient obligés de se garer à l'entrée du parc et ils devraient en traverser une bonne partie afin de récupérer le blessé.

Que faire donc ? Bah ... Elle verrait bien. D'abord, soigner les plaies qu'elle pouvait là, maintenant, de suite. Ca éviterait au pauvre chevalier qu'il perde tout son sang. Naoya pansa donc toutes les plaies visibles. Pour le reste, et bien ... Elle verrait bien. Elle ne pouvait pas l'emmener à l'hosto, c'était peut-être contre sa volonté. Et puis, on lui poserait tout plein de questions sur le comment du pourquoi et elle se doutait que les réponses qu'il pourrait donner paraîtraient invraisembables pour les médecins. Pas pour elle puisqu'elle connaissait l'existence de Terra. Mais pour les autres ... M'enfin.

Craignant qu'il ait lâché prise une nouvelle fois, Naoya reprit son pouls. Sait-on jamais comme on dit.

L'esprit du Chevalier d'Or flottait dans un monde étrange où les souvenirs de sa vie se mêlaient : il se revoyait jeune garçon arrivant au Sanctuaire... l'obtention de son Armure d'Or des Gémeaux... Son combat face à Seiya de Pégase... Le Grand Pope tué de ses propres mains... Une dague dorée dans sa main, pointée sur un nourrisson... Son frère Kanon qu'il avait enfermé dans le Cap Sounion... Son entraînement...

Par moment, il sentait la présence de l'infirmière, ses mains examinant son corps meurtri. Il perçut son inquiétude : visiblement elle n'avait pas le nécessaire pour le soigner et ne savait pas comment elle allait pouvoir le déplacer pour l'amener dans un endroit où elle pourrait lui dispenser des soins.

Il se concentra un court instant et l'image d'un appartement où se trouvaient des appareils médicaux apparut dans son esprit : sans nul doute celui de la rouquine. S'il ne faisait pas quelque chose pour l'aider il allait crever ici sous les yeux impuissants de l'infirmière.
Il se concentra davantage et une aura dorée l'enveloppa et l'instant d'après, ils furent chez elle. Saga avait utilisé son pouvoir de téléportation pour les amener dans l'habitat de la jeune femme. En temps ordinaire ce genre de choses n'était pas spécialement fatigant mais dans l'état où il se trouvait cela l'épuisa complètement et son esprit flotta de nouveau dans les limbes de l'inconscience...

Son Armure d'Or était restée dans le parc. Elle le rejoindrait plus tard.

Il respirait toujours. Naoya en paraissait soulagée, mais elle était quand même inquiète. De temps à autre, elle redressait la tête et jetait un coup d'oeil dans les environs. Pourquoi n'y avait-il jamais personne alors qu'on voudrait que quelqu'un passe ? Hmmm ? Y'avait des jours où, quand elle passait par le parc, Naoya était sans cesse ennuyée et elle prétextait qu'elle n'avait pas le temps, sinon on lui tiendrait la jambe pendant un moment. Mais là, comme de par hasard, y'avait personne dans les environs. Vraiment ... C'était pas cool, pour sûr. Elle ramenait la tête au niveau de l'individu, se demandant toujours ce qu'elle allait bien pouvoir faire. Peut-être que ... peut-être qu'elle espérait qu'il se réveille, ou du moins, qu'il fasse un signe. Mais elle savait très bien aussi que ça ne serait pas si facile. Pourquoi ? Avec des blessures de ce genre, il pouvait très bien se réveiller seulement dans quelques heures, voire le jour suivant. Naoya remettrait ses projets à plus tard. Après tout, le plus important, c'était qu'il s'en sorte vivant.

Alors qu'elle venait tout juste de tourner la tête une nouvelle fois, voilà qu'une lumière blanche les entourait. Tout de suite, Naoya se demanda d'ailleurs d'où est-ce que cela pouvait provenir. Elle eut juste le temps d'agripper son sac et voilà, comme de par hasard, qu'elle se retrouvait dans son appartement. L'homme était au sol. Bon, c'était pas des plus confortables, mais au moins, ils n'étaient plus dans le parc et Naoya pourrait mieux le soigner. La jeune femme se releva donc et chercha Inita, la terranide qu'elle cachait dans son appartement. Mais elle ne semblait pas être là. Ah ! Naoya lui avait demandé d'éviter de sortir, surtout avec les blessures qu'elle avait ! Mais après tout, elle lui avait aussi dit qu'elle était libre de faire ce qu'elle voulait. La poisse ...

*Ok, no panic. T'es chez toi. Tu vas pouvoir t'occuper de lui un peu mieux que dans le parc*

Ouais, ça, c'était le principal. Avant toute chose et le déplacer, Naoya avait récupéré une minerve. A ce propos, comme elle avait tout ce matériel médical chez elle ? Et bien, quand elle avait ramené Inita, elle avait emprunté quelques trucs à l'hôpital. Mais elle comptait les rendre ? Quand, elle ne savait pas encore mais bon, tant que ça pouvait lui servir ... Brèfle, l'infirmière était passée dans la pièce d'à côté et avait récupéré un peu de matériel, en plus de la minerve. Et voilà qu'elle la plaçait autour de son cou. Sait-on jamais, peut-être qu'il avait des problèmes aux cervicales. Mieux vaut prévenir que guérir. Du fait qu'elle avait un scanner portatif -encore un emprunt-, la jeune femme put constater les dégâts internes. Pas d'hémorragies. Une chance, elle n'aurait pas à l'emmener d'urgence à l'hosto pour une opération. Par contre, il avait quelques côtes déplacées. Mais par chance encore, encore n'avait perforé un poumon ou touché un autre organe vital.

"Vous avez de la chance ..." se dit-elle plus à elle-même que pour lui.

La chance que ses blessures ne soient pas trop graves. La chance que Naoya était passée par là, dans le parc, sinon, il serait peut-être en train de mourir. M'enfin. Restait donc encore ce problème de côtes à soigner. Mais ça, mis à part lui bander le thorax et de lui donner quelques médocs, elle ne pourrait malheureusement rien faire. Voilà pourquoi, y'a des jours où elle se demandait pourquoi elle pouvait effacer la mémoire des gens, et pourquoi, à la place, elle n'aurait pu guérir, d'une manière autre que médicale, les gens. Ainsi va la vie, on n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie, non ? Non sans mal, Naoya parvint donc à lui bander le thorax en entier. Quant aux autres blessures, et bien, elle avait repris les soins en nettoyant les plaies cette fois-ci, puisqu'elle n'avait pu le faire dans le parc. Il ne restait, à présent, plus qu'à attendre qu'il se réveille ... S'il se réveillait ...

Il ne sut vraiment s'il avait réussi sa téléportation que lorsqu'il entendit la jeune femme dire "Vous avez de la chance ..." et à ce moment là, il sut qu'il était en sûreté, entre de bonnes mains. Il ferma les yeux et laissa la demoiselle faire son travail tandis qu'il sombrait dans un profond sommeil, non plus définitif comme il l'avait voulu à l'origine, mais réparateur.

***

Plusieurs jours passèrent durant lesquels il resta inconscient. Par moments il sortait de sa torpeur pour murmurer des suites de mots incompréhensibles puis il retombait dans les abysses de son âme. Durant tout ce temps, il revivait des scènes de son existence : l'ancien Grand Pope, Sion, mort de ses mains, la tentative de meurtre d'Athéna, alors qu'elle n'était encore qu'un nourrisson, l'intervention d'Aioros du Sagittaire... Il revoyait toutes ces années durant lesquelles il avait gouverné d'une main de fer le Sanctuaire des Chevaliers Sacrés d'Athéna, sa vaine recherche de Niké et de l'Armure d'Or du Sagittaire, la Déesse de la Victoire, les interventions de "l'Autre", qui remontait de temps à autre à la surface, contrecarrant ses plans au moment fatidique...

Paradoxalement, il avait été, selon l'avis général, un excellent Grand Pope : il avait administré le Sanctuaire de manière efficace, dirigé en secret les gouvernements et chefs d'état de ce monde et empêché à multiples reprises des catastrophes civiles ou militaires dans le monde des humains, tel l'incident de Three Miles Island.
Aiolos du Sagittaire aurait-il pu en faire autant ? Saga ne connaissait pas vraiment la réponse. Mais il savait néanmoins qu'il donnerait tout pour revenir 13 ans en arrière et laisser la place de Maître du Sanctuaire à Aiolos.

Certes ce n'était pas vraiment lui qui avait agi mais son "double" maléfique mais à la lumière de ses réflexions et des derniers évènements (c'est à dire la Bataille du Sanctuaire), il se disait que c'était une excuse un peu trop facile de toujours accuser "l'Autre". "C'est pas moi m'sieur, c'est lui !"...

***

Un beau matin, il ouvrit les yeux. Il était étendu sur un lit confortable et une bonne partie de son corps était recouvert de bandages. Il essaya de bouger un peu et ressentit une intense douleur au flanc qui le fit gémir. Grimaçant, il s'allongea, essayant de se souvenir ce qui s'était passé.

Le chevalier était soigné. Seulement ... Bin, seulement, on ne se remet pas comme ça de telles blessures. Et Naoya savait que ça pouvait prendre du temps pour qu'il se réveille. Le hic ... C'était qu'elle devait se rendre sur Terra, afin de soigner convenablement Inita, mais aussi surtout pour que Majo ne retrouve pas la pauvre terranide. Et libre à elle ensuite, dès qu'elle se serait remise de ses blessures, si elle souhaitait retourner sur Terre, pour rester près de ses proches, ou bien de commencer une nouvelle vie sur Terra. L'infirmière s'en fichait. Elle n'influencerait pas sa décision. Après tout, dès le départ, Naoya lui avait bien dit qu'elles n'auraient pas une relation de maîtresse/esclave. Non ... Non pas que la jeune femme ne pouvait pas avoir quelques uns sous ses ordres ... Mais elle ne pensait pas qu'avoir un esclave était quelque chose de bien sain ... Et puis, l'idée ne lui plaisait pas du tout du tout. Donc, à éviter.

Inita était rentrée tard ce soir-là. Quant à Naoya, elle veillait sur le pauvre chevalier, attendant qu'il se réveille. Sauf que, du fait de sa longue et épuisante journée, elle avait fini par s'endormir sur le fauteuil, une main dans le vide, l'autre sur l'accoudoir, tout comme sa tête, ses lunettes toujours sur le nez. En voyant cela, la terranide avait récupéré une couverture. Elle savait où Naoya les rangeait. Et hop, voilà qu'elle s'approchait de l'infirmière. Elle lui retira ses lunettes et les posa sur la table basse, tandis qu'elle posait lentement la couverture sur son corps. Elle avait eu peur de la réveiller, mais non. Pour une fois que la jeune femme dormait ! C'était rare, du fait que, généralement, et bien, elle faisait plutôt des nuits blanches du fait de ses insomnies et ça ne la dérangeait pas plus que cela d'ailleurs. Sur ce, Inita partit se coucher, éteignant la dernière lumière et mettant ainsi tout le monde dans le noir.

Le jour suivant, Naoya était confrontée à un problème. Elle devait partir pour Terra, mais ne pouvait pas laisser le chevalier seul dans son appartement. Alors, la seule idée qu'elle avait eu ... Et bien, c'était de l'emmener avec elles. L'infirmière avait donc activé son bracelet et hop ... Voilà qu'un portail s'était formé dans l'appartement. En quelques secondes, tous se retrouvaient donc dans son chalet, sur Terra. Avec l'aide d'Inita, Naoya avait transporté le chevalier dans une des chambres, histoire qu'il se repose convenablement. Et comme part magie, son armure s'était téléportée, par la même occasion. Naoya veilla sur lui plusieurs jours, même si, à plusieurs reprises, elle avait dû s'absenter ou bien avait ramené d'autres gens chez elle pour les soigner.


**********

Finalement, un matin, tandis qu'elle dormait encore, la jeune femme entendit du bruit dans la chambre d'à côté. Se pourrait-il qu'il était en train de se réveiller ? Afin de vérifier cela, Naoya avait enfilé un peignoir, avait quitté sa chambre et s'était rapprochée de la porte de l'autre chambre. Elle bailla pendant quelques instants, le temps de se réveiller totalement et puis, elle frappa à la porte avant d'entrer. Le chevalier avait légèrement changé de place, signe qu'il était effectivement réveillé. Naoya se rapprocha alors de lui.

"Vous êtes enfin réveillé."

Elle en était soulagée d'ailleurs. Parce que son état l'avait tout de même inquiété. Mais maintenant, il semblait aller mieux, et c'était déjà le plus important.

"Vous vous rappelez de ce qui s'est passé ?" demanda-t-elle en s'asseyant au rebord du lit.

Il se demandait encore où il était lorsqu'un coup léger frappé à la porte le sortit de ses réflexions. L'instant d'après, une charmante jeune fille aux cheveux roux, vêtue d'un peignoir, entra dans la chambre. Saga ne l'avait vu qu'à travers le voile déformant de la douleur et de la semi-inconscience mais il reconnut tout de suite celle qui l'avait trouvé après son rude combat contre le Démon.

"Vous êtes enfin réveillé." fit-elle d'une voix où perçait une pointe de soulagement. Pour toute réponse il lui sourit. Il se redressa afin de mieux la regarder : pas de doute, c'était vraiment un beau brin de fille ! Sous le vêtement, il pouvait deviner un corps fin et bien formé sur lequel pas mal d'hommes devaient avoir fantasmé. Elle avait de beaux yeux bleus, qui pétillaient de vie et de malice. Quant à ses cheveux, il s'aperçut que ce n'était pas vraiment leur couleur naturelle.

Il secoua la tête, n'ayant pu s'empêcher de rougir légèrement : il venait à peine de sortir de l'inconscience et son premier réflexe avait été de déshabiller du regard son "infirmière" (il ne savait pas encore que c'était là sa véritable profession).

Oui... répondit-il, depuis combien de temps suis-je ici ?

Ses yeux se posèrent sur pièce où il se trouvait et il aperçut son Armure d'Or qui semblait l'attendre sagement dans un coin, tel un chien de garde fidèle.

Elle s'assit sur le bord du lit et, malgré lui, Saga entraperçut subrepticement la rondeur d'un sein. Comme il devait être doux et agréable au toucher ! "Vous vous rappelez de ce qui s'est passé ?"
La question le surprit un peu et il lui répondit : oui... Le combat contre le Démon... Une rude bataille ! Il me tenait contre lui, m'étouffant dans ses bras puissants... J'ai senti ma dernière heure venue... J'ai alors déclenché ma plus terrible attaque... Et puis le néant...

Il garda le silence durant quelques instants puis il lui demanda : Je m'appelle Saga. Et vous, comment vous appelez-vous ? Et on est où ici ?

L'individu s'était finalement redressé, signe que, effectivement, ça allait bien mieux. Naoya en était soulagée. Elle n'aimait pas quand elle perdait un de ses patients, surtout quand elle avait fait du mieux qu'elle pouvait pour le soigner. Et là, comme elle ne l'avait pas emmené à l'hôpital, elle savait que la guérison prendrait un peu plus de temps. Mais l'emmener dans une institution spécialisée ... C'était hors de question. On lui poserait tout un tas de questions sur ce qui lui était arrivé, comment elle l'avait trouvé, si elle le connaissait ... Des trucs dans le genre quoi. Des questions, pour lesquelles Naoya n'avait, au départ, aucune réponse. Mais maintenant, et bien, elle pourrait obtenir les réponses, puisqu'il était reveillé.

Le chevalier sans son armure n'arrêtait pas de fixer Naoya depuis qu'elle était rentrée dans la chambre. Ca en devenait presque gênant d'ailleurs. Mais bon, c'était pas la première fois qu'elle se retrouvait dans une telle situation. Après tout, hein, à l'hôpital, elle avait une tenue bien différente et qui attirait bien plus le regard des hommes. Là, encore, elle avait un peignoir. Donc, c'était bien mieux que sa petite tenue qu'elle détestait tant. Elle fut tirée de ses pensées par le chevalier qui lui demandait depuis combien de temps il était là. Euh ...

"Ca va faire un peu près cinq jours que vous étiez dans les vaps. J'ai eu peur de vous perdre à un moment. Mais tout va bien maintenant."

Naoya s'était donc rapprochée du lit et s'était assise sur le rebord de ce dernier. D'une certaine manière, elle préférait la proximité. Ou du moins, quand elle parlait à ses patients, c'était toujours un peu mieux d'être près d'eux. C'est ce qu'on lui avait appris du moins. Le chevalier lui raconta, ensuite, ce qui c'était passé. Il s'était bastonné contre un démon pas sympathique mais il avait eu finalement le dessus ... Oui, d'un côté, il était gagnant du fait qu'il avait été près de l'agonie et qu'au final, et bien, il était encore vivant. Une victoire, en quelque sorte. En tout cas, Naoya espérait qu'il ait envoyé le démon dans l'au-délà ... C'était mieux pour lui. Après quelques instants, il se présenta finalement sous le nom de Saga puis lui demanda deux autres choses. D'une, il voulait savoir comment elle s'appelait. Normal, c'était toujours mieux de pouvoir mettre un prénom sur un visage. De deux, il voulait aussi savoir où il était.

"Je m'appelle Naoya. Et vous êtes dans mon chalet, sur Terra."

Elle allait devoir lui donner une petite explication mais bon.

"Je vous ai trouvé dans un parc, sur Terre. J'aurais très bien pu vous soigner à mon appartement. Mais je devais me rendre sur Terra, pour soigner une autre personne. Et je vous ai donc emmené avec nous."

Naoya avait présumé qu'il venait de Terra, mais ce n'était peut-être pas le cas. Et si jamais il voulait retourner sur Terre pour une quelconque raison ... Et bien, il n'aurait plus qu'à attendre que le bracelet se recharge pour pouvoir profiter du voyage.

"En tout cas, je le répète, vous avez eu de la chance que je sois passée par le parc ce soir-là. Sinon, je doute qu'à l'heure actuelle vous seriez encore en vie."

Peut-être que quelqu'un aurait fini par le trouver mais Saga n'aurait pas reçu les soins adéquats assez rapidement.

Cinq jours ?! Oui, le Démon avait été un adversaire des plus coriaces... La prochaine qu'il rencontrerait une créature de cette sorte, il ferait plus attention à l'avenir. D'un autre côté celui qu'il avait combattu était haut placé dans la hiérarchie démoniaque. Si cela avait été un fiélon de moindre envergure, il l'aurait balayé d'une chiquenaude ou encore pété la nuque avec seulement deux doigts tout en finissant de lire son recueil de poésie qu'il avait acheté dans un bazar de Nexus il y a deux semaines.

Quand on y réfléchissait bien, il avait eu beaucoup de chance d'être encore en vie, beaucoup de chance que cette charmante demoiselle, répondant au nom de Naoya, passât par là, beaucoup de chance qu'elle travaillât dans le corps médical, beaucoup de chance que... Il s'arrêta car il se demandait si c'était vraiment de la chance qui avait été à l'oeuvre ou si ce n'était pas autre chose. Peut être que le Destin lui réservait autre chose qu'une mort glorieuse face à un adversaire issu du plus profond de l'Enfer.

De la chance oui... fit-il à voix basse, plus pour lui même que pour son hôtesse. Quoi qu'il en soit, je vous remercie infiniment pour votre aide. Et joignant le geste à la parole, il prit sa petite main dans les siennes et y déposa un baiser léger.

Il se leva, enfin essaya de se lever,  et ressentit une douleur au flanc : il devait bien avoir deux ou trois côtes cassées. Il n'aimait pas être alité, réduit trop longtemps à l'immobilité et il avait envie de marcher un peu. Il se dirigea tant bien que mal vers son Armure afin de constater l'étendue des dégâts : elle était fissurée en maints endroits mais elle semblait avoir moins souffert qu'il ne l'avait pensé. Sans nul doute qu'elle s'était régénérée durant le temps qu'il était resté inconscient.
Il pensait faire venir l'Urne Sacrée des Gémeaux : quand une Amure se trouvait dans son écrin, elle s'auto-réparait beaucoup plus vite. Mais il n'en fit rien : il avait besoin de toute son énergie et puis il n'y avait pas urgence, son état ne requérant pas les services de Mü du Bélier, réparateur des Armures du Sanctuaire.

Il se recoucha et demanda d'une voix douce : serait-il possible d'avoir quelque chose à manger ? Je meurs de faim ! Il ponctua cette phrase d'un sourire carnassier.

Fait du destin ? Chance incommensurable ? Naoya n'aurait su dire ce qui l'avait mis sur le chemin de Saga. Juste une coïncidence. Elle serait passée par le parc cinq minutes plus tôt, aurait fini son travail cinq minutes plus tôt, et bien, jamais elle ne serait tombée sur Saga. A l'inverse, elle serait partie cinq minutes plus tard, et bien ... Et bien elle n'aurait pas trouvé Saga non plus. Pourquoi ? Parce qu'elle n'aurait pas entendu le bruit sourd et bizarre, du fait de sa chute. Elle aurait tout simplement passé son chemin sans savoir qu'il y avait quelqu'un à l'agonie non loin de là. Et Saga ... Et bien ... Naoya ne savait pas trop comment il aurait fini. Mais le principal, c'était qu'il allait. Petit à petit, il serait de nouveau sur pied. Dans un sourire, il prit une des mains de la jeune femme et déposa un baiser, la remerciant par la même occasion. Elle en était un peu gênée mais bon.

"Oh ... Mais y'a pas de quoi. C'est tout naturel. Je ne pouvais pas passer mon chemin sans rien faire pour vous aider."

Non, ce n'était pas le genre de Naoya. Elle ne pouvait pas ne pas aider ses semblables. Même si ça pouvait la mettre en danger, elle tenterait toujours d'essayer d'aider ceux qui avaient besoin d'aide. Et jusqu'à présent, elle n'avait jamais eu d'ennuis. Donc, pourquoi ne pas continuer tout en espérant qu'elle n'aurait pas de problèmes ? Suite à cela, Saga se leva, mais chancela quelque peu. Il avait mal aux côtes. Normal à cause des blessures. Elle posa une main non loin de l'épaule de Saga, elle ne voulait pas qu'il en fasse trop.

"Doucement tout de même. N'allez pas vous faire mal."

Ca serait dommage que ses blessures se rouvrent, même si elle en doutait fortement. Mais elle ne voulait pas qu'il s'agite trop, c'était encore un peu trop tôt selon elle. Saga s'était alors rapproché de son armure pendant quelques instants et puis, finalement, il partit se recoucher. Chose encourageante, il avait faim et souhaitait mangé. Naoya se mit à sourire.

"Oui, vous devez avoir de l'appétit puisque vous n'avez pas mangé ces derniers jours."

Naoya se leva alors et s'éloigna un peu du lit. Mais avant de quitter la chambre, elle se tourna.

"Je vais vous chercher à manger. Je reviens."

Avec un nouveau sourire, l'infirmière quitta donc la chambre et descendit les escaliers. Elle se rendit donc dans la cuisine et ouvrit le frigo. Elle avait déjà du miso de prêt parce que, la plupart du temps, quand elle cuisinait, elle en faisait beaucoup. De cette manière, ça lui évitait de devoir cuisiner tout les jours. Naoya pourrait donc faire réchauffer le Miso, ça plairait sûrement à Saga. Elle avait aussi quelques Tempura aux légumes, mais aussi aux poissons. Elle en mettrait deux ou trois de chaque. Et puis, elle lui servirait aussi quelques onigris. Déjà, s'il mangeait tout ça, c'était pas mal. Et si jamais Saga en revoulait encore, et bien, il n'aurait qu'à lui dire et elle redescendrait en chercher.

Naoya fit donc réchauffer les différents plats qu'elle servirait à Saga. Pendant ce temps, elle avait sorti un plateau, deux assiettes, et des couverts. Et hop, quelques minutes plus tard, une bonne odeur se dégageait de la cuisine. Tout était prêt pour que Saga puisse manger un bout. Elle disposa le tout dans différentes assiettes et emprunta, à nouveau, les escaliers, pour retrouver Saga. Plateau soutenu par une main, elle prit tout de même la peine de frapper, histoire de ne pas le surprendre par son retour.

"Et voilà pour vous." dit-elle en rentrant dans la chambre. "J'espère que ça vous plaira."

Tandis que Naoya allait chercher à manger pour son invité, ce dernier se demandait combien de temps il allait rester en convalescence. C'est alors qu'une voix surgit dans son esprit :

- Pas mal la petite rouquine ! Je parie que t'aimerais bien te la faire, hein ?
- Qu'est ce que tu veux insinuer par là ? demanda Saga, qui avait reconnu la voix de l'Autre.
- Fais pas l'innocent ! J'ai vu comment tu la reluquais. Je parie qu'elle doit être complètement nue sous son peignoir la cochonne !
- Un peu de respect bon sang ! C'est celle qui m'a sauvé la vie !
- Qui nous a sauvé la vie. D'ailleurs si j'étais pas intervenu à un moment donné, tu, enfin on, serait en train de manger les pissenlits par la racine ! Et puis je vois pas en quoi le fait qu'elle nous soit venu en aide nous interdirait ce genre de choses...
- C'est juste que ce ne serait pas convenable c'est tout !
- Au contraire, ce serait une manière de la récompenser ! C'est pas tous les jours qu'on a la chance de tomber sur un Chevalier d'Or et encore moins qu'on lui sauve la peau. Vigoureux comme tu es, ça pourrait durer des jours entiers et ça lui fera des souvenirs quand elle sera vieille.
- TAIS TOI !!
- Moins fort par les Dieux ! Elle va nous entendre, te prendre pour un dingue et adieu la partie de jambes en l'air !
- Tu es vraiment écoeurant, tu ne penses qu'à ça !
- Et toi tu peux être stupide parfois ! N'empêche quand tu était Grand Pope et que tu besognais les servantes du Sanctuaire, t'avais plutôt l'air d'aimer ça...
- C'était une autre époque. C'est fini maintenant.
- Par Athéna, qu'est ce qu'il faut pas entendre ! Il ne tient qu'à toi que ça recommence : tu te pointes en Grèce, tu reprends les rênes du pouvoir et c'est reparti comme au bon vieux temps !
- Je ne veux plus de cette vie là !
- Oh punaise, à t'écouter j'ai l'impression que tu veux entrer dans les ordres ou quelque chose comme ça...
- A supposer que j'ai envie de revenir, les autres Chevaliers pourraient s'y opposer...
- Ils ne feront rien du tout ! Mü est trop passif, Aldébaran est un brave garçon mais il est un peu lent à la détente, Aiolia est une tête brûlée, Shaka passe son temps à méditer 24h/24, le Vieux Débris est en Chine et quant à Milo, bah ! tu es plus puissant que lui. D'ailleurs tu es plus puissant qu'eux. On te considérait comme un Dieu par le passé et c'est toujours d'actualité, crois-moi.
- Je... Chut la voila !

Des coups furent frappés à la porte, puis elle s'ouvrit et Naoya entra, portant à la main un plateau où se trouvait un repas qui répandait une odeur délicieuse.

Saga la remercia d'un sourire chaleureux et attaqua. Tout en mangeant, il repensa aux paroles de l'Autre et il ne pouvait s'empêcher de regarder de temps à autre son hôtesse. C'est sacrément bon ce que vous m'avez préparé ! fit-il entre deux bouchées. Par les Dieux, j'avais une faim de loup !